DES ÉTINCELLES DE FOI VENUES DES ÉTATS-UNIS 6 FRANCESE... · Trenta Giorni soc. coop. a r. l. ......

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Interview du cardinal Donald Wuerl, arcchevêque de Washington DES ÉTINCELLES DE FOI VENUES DES ÉTATS-UNIS XXIX e ANNÉE N.6 - 2011 - 5 Un article de Miguel Díaz, ambassadeur des États-Unis près le Saint-Siège, sur les catholiques afro-américains nella Chiesa e nel mondo nella Chiesa e nel mondo Directeur: Giulio Andreotti dans l’Église et dans le monde Directeur: Giulio Andreotti dans l’Église et dans le monde www.30giorni.it MENSILE SPED. IN ABB. POST. Tar. Economy Taxe Percue Tassa Riscossa Roma. ED. TRENTA GIORNI SOC. COOP. A R. L. ISSN 1827-6288 In caso di mancato recapito rinviare a Uff. Poste Roma Romanina per la restituzione al mittente previo addebito. If undelivered please return to sender, postage prepaid, via Romanina post office, Roma, Italy. En cas de non distribution, renvoyer pour restitution à lʼexpéditeur, en port dû, à: Ufficio Poste Roma Romanina, Italie EN SUPPLÉMENT Lecture spirituelle

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Interview du cardinal Donald Wuerl, arcchevêque de Washington

DES ÉTINCELLES DE FOI VENUES DES ÉTATS-UNIS

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Un article de Miguel Díaz, ambassadeur des États-Unis près le Saint-Siège, sur les catholiques afro-américains

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EN SUPPLÉMENT Lecture spirituelle

ÉDITORIAL

Ce qui est le plus important, ce sont les nouvelles del’étranger— par Giulio Andreotti 4

COUVERTURE

ÉTATS-UNIS

Le retour à la simplicité de la foi catholiqueinterview du cardinal Donald Wuerl — par G. Cubeddu 34

Histoire d’une fidélité hors du commun— par Jamie T. Phelps 39

We et nosotros dans la mosaïque des States— par Miguel H. Díaz 44

DANS CE NUMÉRO

REPORTAGE DE LA TURQUIE

Un modèle pour le nouveau Moyen-Orient— par L. Biondi 22

«Chercher la démocratiesans extrémismes idéologiques» interview de Bekir Karliga — par L. Biondi 25

«Ce vent nouveau qui souffle en Turquie» interview de Louis Pelâtre — par L. Biondi 26

AMÉRIQUE LATINE

Proximité et miséricorde — par G. Valente 52

Seule l’humilité rend libre des chantagesinterview de Carlos Aguiar Retes — par G. Valente 54

ANNIVERSAIRES

«Une gratitude qui grandit d’année en année»interview de Georg Ratzinger

— par R. Rotondo et S. Kritzenberger 72

NOVA ET VETERA

Introduction — par P. Mattei 60

Lebreton, théologien de grande foi — par L. Cappelletti 64

Un idéalisme intransigeant — par L. Cappelletti 66

RUBRIQUES

LETTRES DES MONASTÈRES 6

LETTRES DES SÉMINAIRES 13

LETTRES DES MISSIONS 14

COURRIER DU DIRECTEUR 19

30JOURS DANS LE MONDE 48

330JOURS N.6 - 2011

Direction et Rédaction Via Vincenzo Manzini, 45 00173 Roma - ItaliaTel. +39 06 72.64.041 Fax +39 06 72.63.33.95Internet:www.30giorni.it E-mail: [email protected]

Directeurs adjoints Roberto Rotondo - [email protected] Cubeddu - [email protected]

RédactionGianni Cardinale - [email protected] Francioni - [email protected] Malacaria - d. [email protected] Mattei - [email protected] Quattrucci - [email protected] Valente - [email protected]

Réalisation graphiqueMarco Pigliapoco - [email protected] Scicolone - [email protected] Viola - [email protected]

Recherche iconographiquePaolo Galosi - [email protected]

CollaborateursPierluca Azzaro,Pina Baglioni, M. A. Beaugrand, F.M. Babinet, Maurizio Benzi, Lorenzo Bianchi, Massimo Borghesi, Lucio Brunelli, Rodolfo Caporale, Stefania Falasca, Lorenzo Cappelletti, Gianni Cardinale, Giuseppe Frangi, Silvia Kritzenberger, Walter Montini, Jane Nogara, Stefano M. Paci, Felix Palacios, Tommaso Ricci, Giovanni Ricciardi

Ont collaboré à ce numéroMiguel H. Díaz, Jamie T. Phelphs

Bureau légalDavide Ramazzotti - [email protected]

Secrétariat de ré[email protected]

30GIORNI nella Chiesa e nel mondoest une publication mensuelle enregistrée au Tribunal de Rome en date du 11/11/1993 n° 501. Elle bénéficie dʼun financement publicdirect (Loi du 7 août 1990, n. 250).

Société éditrice Trenta Giorni soc. coop. a r. l. Sede legale: Via Vincenzo Manzini, 45 00173 Roma - Italie

Conseil dʼAdministrationGiampaolo Frezza (president),Massimo Quattrucci (vicepresident), Giovanni Cubeddu, Paolo Mattei, Roberto Rotondo, Michele Sancioni, Gianni Valente

Directeur responsableRoberto Rotondo

ImpressionArti Grafiche La Moderna Via di Tor Cervara, 171 - 00155 - Roma

Service Abonnements et diffusionVia Vincenzo Manzini, 45 00173 Rome - ItalieTél. +39 06 72.64.041 Fax +39 06 72.63.33.95E-mail: [email protected]

Ce numéro a été bouclé le 23 juillet 2011

Achevé dʼimprimer en août 2011

3OGIORNInella Chiesa e nel mondo

Directeur Giulio Andreotti

CRÉDITS PHOTOGRAPHIQUES: Reuters/Contrasto: Couverture; p.21,55,57; Andrew Stern/Redux/Contrasto: Couverture; Osservatore Romano: p.4,5,74; Bbc Video-2008: p.7,8, 11,14,16, 17,18,20; Getty Images: p.22-23,35,37,58; Lorenzo Biondi: pp.23,24,25,26, 27, 28,29,30,31,32,33; Romano Siciliani: p.26,48,50,64-65;Rafael Crisostomo/Catholic Standard: p.34,37,38; Associated Press/LaPresse: p.35,36,46,48,55,56,57,59; Piotr Spalek/Catholic Press Photo/CNS Photo: p.36; Magnum/Contrasto:p.40,46,46-47,47, 49; Archives Mill Hill Missionaries: p.41; Archives The Sisters of theBlessed Sacrament: p.42; Archives Oblate Sisters of Providence: p.43; Luke Sharrett/Redux/Contrasto: p.44; Paolo Galosi: p.45: Afp/Getty Images: p.52-53,58,58-59; Gianni Valente: p.52,53; Celam: p.54; Lalo De Almeida/Contrasto: p.56-57;Keystone/Getty Images: p.72; Corbis: p.74.

Supplément Lecture spirituelle été 2011: Commission pontificale dʼArchéologie Sacrée: Couverture; p.1,3,5,7,8,9,10,11,13,14,17,18-19,20,21,22,23,24.

En couverture:en haut, le cardinal Donald Wuerl, archevêque de Washington; en bas, des catholiques afro-américains en prière

N. 6 - 2011an

née

XX

IX Sommaire

p. 22

Reportage de la TurquieUn modèle pour le nouveau Moyen-Orient

4 30JOURS N.6 - 2011

Je voudrais aujourd’hui m’associer auxnombreuses personnes qui ont fêtéL’Osservatore romano le premier

juillet 2011, lors de l’anniversaire de ses cent-cinquanteans. Je le fais en tant que doyen des lecteurs du quotidiendu Saint-Siège car, comme je l’ai raconté en d’autres oc-casions, j’ai commencé à l’acheter en l’année jubilaire1933. J’avais 14 ans, et avec l’argent que me donnaitma mère pour le goûter, j’allais acheter L’Osservatoreau kiosque près de chez moi, non loin de la via di CampoMarzio. À l’époque, cela coûtait vingt centimes. Ce quime poussait, c’était surtout qu’en l’achetant, on avaitl’impression de faire partie d’une élite, d’acquérir unesorte de titre de noblesse. En effet, je voyais tous les joursun monsieur très élégant, coiffé d’un haut-de-forme, quil’achetait à ce kiosque; et c’est là que j’ai commencé à lefaire, moi aussi, pour me donner de la classe. Chez moi,on ne lisait pas les journaux; et à l’école, mes camaradesqui achetaient le Corriere dello Sport se moquaient unpeu de ma lecture quotidienne. Mais à la fin de la journée,

j’avais puisé à deux sources (mon Osservatore et leurCorriere) alors qu’ils n’en avaient qu’une. J’étais bienjeune, et je ne comprenais pas tout ce que je lisais, à la dif-férence de mon curé qui me disait, en me voyant avecL’Osservatore: «C’est bien, comme ça vous pouvez sa-voir qui a été reçu par le Saint-Père». À l’époque, celam’était plutôt égal, car le Pape ne me recevait pas; maisplus tard, je me suis rendu compte que l’on pouvait trou-ver des informations jusque dans la liste des audiences.Comme par exemple en septembre 1948, lorsque le pa-pe Pie XII reçut le très laïc Alberto Tarchiani, ambassa-deur à Washington, qui lui expliqua les raisons pour les-quelles l’Italie aurait eu avantage à adhérer au Pacte at-lantique, tandis que le Vatican avait quelques réserves. Lelendemain, L’Osservatore ne citait pas cette audiencedans la liste qui figurait quotidiennement en première pa-ge, mais signalait dans une petite note la présence à Ro-me de l’ambassadeur Tarchiani. Ceci, ajouté à un repor-tage sur les échauffourées dans la zone rouge de Berlinpublié le lendemain en pages intérieures, nous donnal’impression, à De Gasperi et à moi, que l’audience avaiteu lieu et qu’elle s’était bien passée.

Pour revenir au Ventennio, il est très important derappeler que L’Osservatore était le seul moyen de savoirce qui se passait en Italie et dans le monde. Dans ces an-

par Giulio Andreotti

Ce qui est le plus important, ce sont les nouvelles de l’étranger

Le cent-cinquantième anniversaire de L’Osservatore Romano

Éditorial

Ce qui est le plus important, ce sont les nouvelles de l’étranger, parce que le faitde disposer d’une source qui présente les choses avec une certaine objectivitéreprésente, dans le conformismerégnant, une exception non négligeable. De même, il est intéressant de voir dans quel ordre, selon quellesélection et de quelle manièresont présentées ces nouvelles

Distributeurs de L’Osservatore Romano devant la typographiesur une photo de 1936

530JOURS N.6 - 2011

nées-là, en effet, il était interdit de citer les affaires ita-liennes en dehors des communiqués du ministère de laCulture populaire du régime, et le fait d’acheter L’Osser-vatore comportait quelque risque, même si cela donnaitun standing aux gens qui le faisaient. Aujourd’hui quenous sommes tous égaux dans notre conformisme et enmême temps tous différents dans notre individualisme,on a peine à le comprendre.

Le journal du Vatican était boycotté, et le kiosqueétait surveillé par les fascistes; certains acheteurs, com-me l’historien Claudio Pavone, avaient été tabassés. Cenonobstant, L’Osservatore était tellement demandéqu’il tirait à plus de deux-cents mille exemplaires. On re-cherchait surtout les Acta diurna de Guido Gonella, àl’époque rédacteur de politique étrangère; ses articlesétaient très appréciés, et lus avec attention, parce qu’ilsconstituaient une fenêtre sur le monde extrêmement im-portante. À travers sa rubrique, Gonella laissait filtrerdes nouvelles des pays étrangers que la presse italienne,très surveillée, ignorait ou présentait de manière outra-geante. Les Acta diurna ont été un instrument d’infor-mation internationale précieux, qui a notamment rap-proché de l’Église des hommes qui en étaient éloignés.Mais plus en général, L’Osservatore a joué un rôle re-marquable qu’il est important de rappeler aujourd’hui, àcommencer par les messages de solidarité que le papePie XII avait envoyés aux chefs d’État de Belgique, deHollande et du Luxembourg que les troupes de Hitleravaient envahis.

Pour nous, les jeunes, c’était un honneur, un titre denoblesse, que de franchir le seuil de la rédaction deL’Osservatore romano. Gonella me recevait parfois encachette, enfreignant les règles dictées par le directeur,le comte Giuseppe Dalla Torre, qui ne voulait pas de vi-sites en rédaction. Je ne croyais pas avoir été repéré,mais bien des années plus tard, j’ai lu une interview danslaquelle l’ancien directeur de L’Osservatore racontaitavec amusement que chaque fois qu’il entrait dans le bu-reau de Gonella et que je m’éclipsais derrière la porte, ildemandait à son rédacteur: «Mais qui est ce type?».

Une curiosité, à propos du comte Giuseppe DallaTorre: j’avais eu l’idée de lui écrire que je trouvais bizarred’introduire chaque discours du Pape par ces mots: «Telque nous l’avons recueilli de ses augustes lèvres» avec,entre parenthèses, les sources des citations, et même lesréférences du Migne. Il me répondit: «Pourquoi ne le de-

mandez-vous pas vous-même au Saint-Père?». Et leschoses en restèrent là.

On se pose régulièrement la question de savoir siL’Osservatore est un journal officiel ou officieux. Autre-fois, le caractère officiel était la loi. Aujourd’hui, c’estpeut-être moins vrai, mais cela ne veut pas dire que lejournal lui-même ait changé, parce qu’un journal reflèteune situation: en réalité, ce sont les temps qui ont chan-gé; ce qui paraissait à la une hier est relégué aujourd’huien dernière page, et vice-versa. En ce qui concerne lespositions à prendre, je crois que le juste milieu est tou-jours préférable: être prudent, ne pas prétendre avoirtoujours le dernier mot, mais être toujours décidé à s’ar-rêter à l’avant-dernier. Ceci dit, la tradition n’a pas per-du sa valeur: étayer une thèse par une citation de L’Os-servatore confère une autorité impossible autrement,aujourd’hui comme hier, lorsqu’au cours de l’Assembléeconstituante, Palmiro Togliatti avait motivé son vote fa-vorable aux Accords du Latran en citant “les signaux” deL’Osservatore et en invitant Pietro Nenni à ne pas lessous-évaluer.

Mais si je devais dire ce qui a été pour moi le plus sur-prenant des coups de baguette donnés par L’Osservato-re, je choisirais celui que reçut le cardinal Ottavianilorsque les relations entre l’Italie et le gouvernement del’Union Soviétique connurent un développement crois-sant au niveau gouvernemental et institutionnel. Il y eutdes réactions de mauvaise humeur dans les milieux ecclé-siastiques, et le cardinal Ottaviani (qui était d’ailleurs unegrande figure de prêtre romain) s’en fit le porte-parole.Le lendemain, L’Osservatore écrivit, en une phrase lapi-daire, que le cardinal Ottaviani «exprimait ses idées per-sonnelles». Aujourd’hui, cela nous ne nous semble pasextraordinaire, mais à l’époque dont nous parlons, ils’agissait de tournants spectaculaires. Exprimer un avisdifférent, même de peu, c’était faire cavalier seul.

Mais aujourd’hui, dans cette multitude de médias,quel rôle pourrait jouer L’Osservatore Romano?

Ce qui est le plus important, ce sont les nouvelles del’étranger, parce que le fait de disposer d’une sourcequi présente les choses avec une certaine objectivitéreprésente, dans le conformisme régnant, une excep-tion non négligeable. De même, il est intéressant devoir dans quel ordre, selon quelle sélection et de quellemanière sont présentées ces nouvelles. Car cela repré-sente en soi un jugement – une évaluation –, fût-il im-plicite, qui révèle une orientation. Pour le reste, je lais-se aux ecclésiastiques le soin de juger la chronique vati-cane et les articles de théologie, qui ne relèvent pas dema compétence.

Je voudrais cependant conclure ce message de félici-tations à L’Osservatore en citant un passage de VittorioBachelet que le journal du Vatican avait publié dans sarubrique de pensées spirituelles. Je le conserve dansmes papiers parce qu’il n’a rien perdu de son actualité:«Les temps que nous vivons ne sont pas faciles: les diffi-cultés politiques, les incertitudes, les contradictions nousavertissent que nous avons devant nous un chemin nondépourvu de risques, qui exigera tout entiers notre sensdes responsabilités, et surtout notre simple foi, notre vi-ve espérance, notre charité la plus vraie». q

Guido Gonella dans la rédaction de L’Osservatore Romano

DOMINICAINES DU MONASTÈRE SAINTE CATHERINE

Langeac, France

Jʼapprécie 30Jours pour ses articles et ses photos

Langeac, 16 mars 2011

Monsieur le Sénateur,Il m’est arrivé d’avoir entre les mains la revue 30Jourset je l’apprécie beaucoup: non seulement les articlestrès intéressants et très profonds mais aussi les photos,celles qui reproduisent les œuvres d’art si belles… devotre inépuisable patrimoine artistique italien! C’estpourquoi je me permets de vous écrire pour vous de-mander d’avoir la bonté de m’envoyer le n° 12 de l’an-née 2010 (et aussi quelques numéros des années pré-cédentes, si cela est possible).

En vous disant d’avance mon profond merci, jevous souhaite un saint carême et une lumineuse fêtede Pâques.

Sœur Chantal Marie de Jésus

BÉNÉDICTINES DU MONASTÈRE SÃO BENTO DA BAHIA

Salvador da Bahia, Bahia, Brésil

Quem reza se salva pour les enfants de la première communion

Salvador da Bahia, 29 mars 2011

Je m’appelle frère Anselmo, osb, et je suis moine del’archiabbaye de São Bento da Bahia, au Brésil. Noussommes abonnés à la revue 30Dias et la lisons tou-jours parce qu’elle contient des textes précieux quisont un enrichissement personnel pour chaque frère

de la communauté mo-nastique.

Dans le monastère, jem’occupe de la catéchèsede cinquante-cinq enfantspour la première communion et j’écris cette lettre pourdemander, si c’est possible, que l’on m’envoie quelquesexemplaires du livre Quem reza se salva qui sera un ex-cellent support dans la rencontre et l’expérience person-nelle de chacun de ces enfants avec Jésus.

Je vous remercie d’avance de votre attention.Dans le Christ,

Père Anselmo, osb

FILLES DE MARIE IMMACULÉE

Rome, Italie

En nous souvenant de vous et de vos collaborateurs dans nos prières

Rome, 14 mai 2011

Monsieur le Sénateur,Nous vous écrivons pour vous manifester notre vivegratitude pour 30Giorni, la revue de qualité que vousdirigez et que nous continuons à recevoir pour notregrand profit spirituel et culturel.

Nous vous exprimons nos remerciements sincèresen nous souvenant de vous et de vos collaborateursdans nos prières pour que vous ayez la lumière et laforce nécessaires pour poursuivre votre précieux ser-vice en défense de la vérité.

Que la Vierge Marie, Siège de la Sagesse et Mèrede l’Église, bénisse et intensifie le grand bien que vousêtes en train de faire en ce moment particulier del’histoire.

6 30JOURS N.6 - 2011

La rédaction de 30Jours invite tous ses lecteurs, et en particulierles personnes consacrées des monastères cloîtrés, à prier pourdon Giacomo Tantardini, qui est soigné depuis quelques mois pourun cancer au poumon. Que le Seigneur nous fasse le don de de-mander avec confiance le miracle de sa guérison. Nous demandonsaussi aux parents la charité de faire prier leurs enfants.

Invitation à la prière

Lettres des monastères Lettres des monastères

Merci de tout cœur et mes vœux les plus sincèresen Jésus ressuscité.

Pour les sœurs Filles de Marie Immaculée,Sœur Anna Rosa Turco, supérieure générale

COUVENT DES CAPUCINS

Modica, Raguse

94 ans vécus comme capucin, missionnaire, prêtre, évêque

Modica, 19 mai 2011

Cher Directeur,Après cinquante-trois années de mission, dont trente-deux comme évêque, je suis revenu dans ma patrie et jereçois votre revue 30Giorni nella Chiesa e nel mondo.

J’accompagne votre travail, authentiquement évan-gélique, je lis et relis la revue en vous remerciant de la re-cevoir et en admirant votre authentique vie missionnaire.Je me trouve dans le couvent des Capucins de Modica,où je caresse ma vieillesse après une longue vie de 94 ansvécus comme capucin, missionnaire, prêtre, évêque.

Je remercie la rédaction de 30Giorni,Mgr Giorgio Scarso,évêque émérite, capucin

CLARISSES CAPUCINES SACRAMENTAIRES DU MONASTÈRE

SAN JOSÉ

Durango, Durango, Mexique

Que notre Seigneur bénisse votre travailet vous récompense au centuple

Durango, 19 mai 2011

Monsieur le Directeur,Nous nous écrivons pour vous remercier de l’envoi dela revue 30Días. Sa lecture a été très utile et nous de-mandons au Seigneur que vous puissiez continuer àfaire le bien de l’Église pour la gloire de Dieu et l’exten-sion de son Règne.

Nous sommes des clarisses capucines sacramen-taires du monastère San José à Durango, Mexique.Nous nous souviendrons toujours de vous dans nosprières ainsi que de toute l’équipe de la rédaction. ¬

Lettres des monastères Lettres des monastères

Images de la ChineLes images qui illustrent ces pages sont tirées du documentaire Wild China, produit par la BBC en 2008

Que notre Seigneur bénisse votre travail et vous ré-compense au centuple.

Merci beaucoup. Nous espérons continuer à rece-voir votre revue.

Fraternellement,Les sœurs clarisses capucines sacramentaires

DOMINICAINES CONTEMPLATIVES

DU MONASTÈRE MADRE DE DIOS

Manati, Porto Rico

La méditation sur la sainte fête de Pâquesnous a fait du bien

Manati, 25 mai 2011

Cher Monsieur,C’est un plaisir de vous écrire pour vous exprimer notreremerciement pour la fidélité avec laquelle vous nous en-voyez la revue 30 Días.Nous vous remercions parce quecette revue, si intéressante, nous est de grande utilité.

En ces jours de Pâques de Résurrection, vous nousavez envoyé, en supplément à la revue, un livret avecune méditation sur la sainte fête de Pâques, «El Hijo nopuede hacer nada por su cuenta» (Jn 5, 19) de don

Giacomo Tantardini. Cetexte nous a ravies par laprofondeur de ses idéeset la façon dont elles sontexprimées. Il a été le thè-me d’une belle et profon-de réflexion dans nos ré-unions communautaireset je voulais vous le direpour que vous sachiez lebien que ces écrits spiri-tuels nous fait à noustoutes qui les recevonsgrâce à votre bonté.

Poursuivez votreœuvre avec l’aide de Dieu et comptez sur notre prièreafin que vous puissiez continuer à diffuser tout ce quipeut aider spirituellement beaucoup de gens. Nousvous mettons tous les jours devant le Seigneur vous,Monsieur le Directeur, les membres de votre familleet vos collaborateurs pour qu’Il vous bénisse abon-damment.

Je vous remercie au nom de toute cette commu-nauté de dominicaines contemplatives.

Sœur Maria del Amor, op

8 30JOURS N.6 - 2011

Lettres des monastères Lettres des monastères

930JOURS N.6 - 2011

CLARISSES DU MONASTÈRE EUCHARISTIC LORD

Tuguegarao City, Philippines

Un “voyage” à travers le monde

Tuguegarao City, 23 mai 2011

Cher Directeur,Puisse Dieu vous donner la paix et vous bénir!Notre “voyage” avec vous et nos frères et sœurs à tra-vers le monde représente notre expérience toujourscroissante de gratitude pour le don de la foi et de notrevocation contemplative.

Merci pour nous avoir permis de toucher le visagede nos frères de différentes générations et cultures àtravers les paroles touchantes et les photographies devos articles.

C’est pour nous une grande joie d’élever desprières pour les préoccupations de notre Mère l’Égliseet de toute l’humanité dont vous nous faites prendreconscience à travers les articles de 30Giorni.

Pour le don que représente pour nous chaque nu-méro de votre revue, nous vous offrons le don de notrecœur, ouvert et en attente constante de Dieu. Nous se-rons heureuses de prier pour toutes vos intentions ettoutes celles de vos collaborateurs ainsi que pour votrepublication.

Que Dieu vous bénisse!Sœur Mary Charlemaine A. Asunción,

osc, mère abbesse

CARMÉLITES DU MONASTÈRE CRISTO RE

San Francisco, Californie, États-Unis

De la Californie

San Francisco, 23 mai 2011

Paix dans le Christ!Monsieur le Sénateur,Pourrions-nous vous demander un exemplaire de30Giorni en espagnol? Nous avons beaucoup deconsœurs venant de pays de langue espagnole.

Nous n’aurons jamais fini d’exprimer notre admira-tion pour votre revue et pour les nombreuses annéesque vous avez dédiées à sa réalisation.

Unis dans la prière dans notre Seigneur Ressuscité,Mère Rosa Maria del Carmelo, ocd

MONASTÈRE OUR LADY OF ROSARY

Manille, Philippines

Who prays is savedpour le catéchisme aux enfants

Manille, 27 mai 2011

Paix!Nous recevons depuis plusieurs années votre revue qui aune forte incidence sur notre chemin spirituel relativementaux tourments du monde que votre revue nous présente.

Nous sommes des dominicaines de vie contemplativede Manille et notre monastère a été fondé en 1979. Com-me participation à notre apostolat, nos laïques domini-cains enseignent depuis longtemps le catéchisme aux en-fants: serait-il possible de recevoir au moins cinquanteexemplaires du livre Who prays is saved? Nous savonsque nous demandons peut-être trop car nous voudrionsles recevoir gratuitement. Mais considérez cela commeune aide à notre commu-nauté, chers amis et bienfai-teurs. Nous distribuerons lelivre aussi parmi nos laïcspour qu’ils y puisent leur ins-piration. Notre profondegratitude pour le soutienconstant que vous nous don-nez à nous contemplatives.

Soyez assurés de nos in-cessantes prières pourvotre apostolat.

Très dévotement vôtre,Sœur Maria Dominica

bibliothécaire

DOMINICAINES DU MONASTÈRE DU SANTÍSIMO ROSARIO

Caranqui, Équateur

De notre cloître dominicain, nous vous accompagnons avec notre prière

Caranqui, 28 mai 2011

Monsieur le Directeur,Veuillez recevoir nos salutations filiales et affectueusesainsi que les prières de la communauté des religieuses dumonastère du Santísimo Rosario de Caranqui. ¬

Lettres des monastères Lettres des monastères

Je vous écris pour vous remercier de tout cœur pourla revue, utile et intéressante, que vous nous envoyez ré-gulièrement. Cela fait du bien de la lire et de connaître laréalité de l’Église et du monde d’aujourd’hui; c’est un ins-trument d’évangélisation et de mission pour tous ceuxqui la reçoivent.

Dans notre communauté, la revue est très bien ac-cueillie; et c’est pour cela que je vous écris: pour vous re-mercier et vous complimenter pour votre précieuse mis-sion qui, à travers la revue, est en train de devenir un ins-trument efficace pour la nouvelle évangélisation. Nous,de notre cloître dominicain, nous vous accompagnonsavec notre prière afin que vous poursuiviez votre œuvre.

Nous vous saluons en vous demandant de saluer aussipour nous toute l’équipe de la revue 30Días. Que Dieuvous bénisse tous!

Fraternellement,Sœur María Natividad Espín,

op, prieure, et la communauté

CLARISSES CAPUCINES CONTEMPLATIVES

DU MONASTÈRE DE MACAPÁ

Macapá, Amapá, Brésil

Merci pour la très belleméditation sur la saintefête de Pâques

Macapá, 29 mai 2001

À Son Excellence MonsieurAndreotti, tout notre respect etnotre souhait de paix et de bien!

Nous sommes des sœursclarisses capucines contem-platives. Notre monastère setrouve dans une zone rurale, àdouze kilomètres de Macapá,capitale de l’État d’Amapá, auBrésil.

Nous voudrions remercier non seulement pour larevue qui unit à ses qualités esthétiques des informa-tions très intéressantes et à un style intelligent la pro-fonde inspiration de la foi, mais aussi pour la très belleméditation de don Giacomo Tantardini.

Nous envoyons un “merci” vraiment grand et pleinde ferveur!

Les sœurs clarisses capucines

MONASTÈRE EWIGE ANBETUNG

Innsbruck, Autriche

Dʼun monastère du Tyrol au pied des Alpes

Innsbruck, 29 mai 2011

Cher Monsieur,Cela fait longtemps que je voulais vous écrire pourvous remercier, en mon nom et en celui de toutes mesconsœurs de la communauté, pour la revue très ap-préciée que vous nous envoyez régulièrement depuisde nombreuses années. Je sais que beaucoup de nosmonastères de l’Adoration perpétuelle du Très SaintSacrement jouissent aussi du privilège de la recevoirgratuitement. Aussi puis-je seulement vous dire: queDieu vous récompense et, comme nous disons ici,«Vergelt’s Gott!».

Je suis une sœur adoratrice chilienne, même sij’appartiens à ce monastère du Tyrol, au pied desAlpes, dans cette belle ville. Votre revue nous donnedes connaissances et des informations sur des thèmeschoisis avec soin, qui élargissent notre horizon deprière pour l’Église et pour le monde et qui, pour nous

religieuses de clôture, ne sont pas toujoursaccessibles. Il nous plaît beaucoup de lireles articles intéressants sur l’Église univer-selle et de contempler les belles imagesdes icônes et des peintures anciennes re-produites sur cette revue bénie. Quelle joied’entendre parler de cette petite fille ro-maine, pleine d’amour pour Jésus Eucha-ristie, Antonietta Meo, qui récitait uneprière très semblable à celle que nous réci-tons, nous les sœurs, chaque fois que son-ne la cloche pour le changement de tourde l’adoration. Elle est maintenant monhomonyme spirituelle!

Il y a trois ans a été béatifiée à Rome Mè-re Maria Maddalena dell’Incarnazione, fon-datrice de notre Ordre. N’ayant pas pu as-

sister personnellement à la cérémonie, j’ai regardé la vi-déo quelques mois après et ai reconnu une personne dema connaissance: vous! Ou est-ce que je me trompe?Quoiqu’il en soit, j’ai été si contente que vous ayez parti-cipé à la cérémonie de béatification. Vous êtes une per-sonne importante pour nos communautés.

Cher Monsieur, excusez-moi si je vous demandeencore quelque chose: pourriez-vous nous envoyer un

10 30JOURS N.6 - 2011

Lettres des monastères Lettres des monastères

1130JOURS N.6 - 2011

autre exemplaire de la revue en espagnol? C’est malangue maternelle et il y a des textes de théologie oud’autres textes que je voudrais mieux comprendre. Deplus, je pourrais partager la revue avec des prêtres lati-no-américains qui font leur doctorat à Innsbruck, àl’Université des Jésuites.

Ma supérieure, mes dix consœurs autrichiennes,notre postulante allemande et moi-même prions pourvous et pour toute votre équipe. Que Dieu accorde aubienfaiteur universel de la vie contemplative une bon-ne santé et encore de nombreuses années de vie.

Avec toute ma considération,Sœur María Antonieta de la Cruz Victoriosa, ap

CARMÉLITES DÉCHAUSSÉES DU MONASTÈRE DU CARMEN

Lima, Pérou

Dʼun carmel de Lima

Lima, 3 juin 2011

Cher Monsieur,De ce carmel de Lima, au Pérou, nous vous envoyonsnos salutations les plus affectueuses et fraternelles etnous voulons vous remercier infiniment pour l’abonne-ment gratuit à la revue 30Días en la Iglesia y en el mun-do qu’avec une grande générosité et régularité, vous

nous envoyez depuis déjà longtemps. Nous voulons vousfaire savoir notre gratitude pour tout le bien que vousfaites en nous tenant informées sur l’actualité de l’Égliseet sur ce qui se passe autour d’elle. C’est un instrumenttrès bon et très utile, il nous rapproche de l’Église et denos frères dans le monde.

Que le Bon Dieu vous bénisse vous et vos collabora-teurs pour le travail que vous accomplissez, pour votregrande générosité et votre grande bonté, qu’Il vous ac-corde en abondance grâces et bénédictions. Comptezsur nos prières et que notre Mère, la Vierge du Carmel,vous garde dans son Cœur immaculé.

Reconnaissantes et unies dans la prière du carmel,Mère Ana del Niño Jesús, prieure et la communauté

DOMINICAINES DU ROSAIRE PERPÉTUEL

DU MONASTÈRE PIUS XII

Fatima, Portugal

Who prays is saved pour les pèlerins de Fatima

Fatima, 6 juin 2011

Chère rédaction,Merci pour l’envoi très régulier de 30Days. Nous vousen sommes reconnaissantes. ¬

Lettres des monastères Lettres des monastères

Vu qu’ici, à Fatima, c’est la saison des pèlerinages,pourrions-nous vous demander cinquante exem-plaires de Who prays is saved? Ils viendraient s’ajou-ter au petit apostolat que nous faisons ici avec des pu-blications sur Fatima, des opuscules et des livrets.Nous savons combien il est important de souligner lavaleur des prières simples, celles qu’on nous a ensei-gnées dans notre enfance.

Si cinquante exemplaires sont trop coûteux pourvous, nous vous prions de nous le faire savoir et nouspourvoirons à participer aux frais en vous envoyantla somme nécessaire.

En vous remerciant, sincèrement vôtre,Sœur Mary Lawler

SŒURS DE LA VISITATION DE PHILADELPHIE

Philadelphie, Pensylvanie, États-Unis

Une neuvaine au Sacré Cœur pour 30Giorni

Philadelphie, 24 juin 2011

Cher Monsieur,Cela fait quelque tempsque nous voulons vous re-mercier pour l’envoi gra-tuit de votre belle et stimu-lante revue 30Giorni.Puisse Dieu vous bénir etvous récompenser abon-damment vous et vos col-laborateurs pour ce pré-cieux don spirituel!

Nous vous sommes par-ticulièrement reconnais-santes pour l’excellent ar-ticle de Giovanni Ricciardi«Do not fear anything…»sur le Sacré Cœur et sainte Marguerite Marie avec lesillustrations originales du monastère de la Visitation.

En ce moment nous sommes en train de faire uneneuvaine de messes en l’honneur du Sacré Cœur etdurant cette neuvaine nous nous souviendrons devous tous de 30Giorni en demandant au Sacré Cœurde vous donner ses plus grandes bénédictions.

Que Dieu soit loué,Sœur Françoise de Sales pour

Mère Antoinette Marie Walker, vhm

CAPUCINES DU MONASTÈRE NOTKERSEGG

San Gallo, Suisse

Cinquante exemplaires de Chi prega si salvaen allemand

San Gallo, 16 juin 2011

Messieurs,Nous nous adressons à vous dans un langage soutenucomme il convient de le faire pour contacter l’excellenterevue 30Giorni.

Permettez-nous de formuler pour vous ce souhait«Que Dieu vous bénisse!» pour la très belle revue 30Gior-ni qu’il nous est donné, en tant que communautécontemplative, de recevoir tous les mois et qui, commemiroir de l’Église universelle, est toujours bien accueillieet lue de A à Z.

Mais si nous vous contactons encore une fois, c’estpour une “question d’affaires”. Nous voudrions en effetvous passer commande de cinquante exemplaires du li-vret de prières fondamentales en allemand. Nous l’offri-

rons à ceux qui viendront nous trouver pournotre divine liturgie. Merci beaucoup!

Je prie Monsieur le Sénateur Andreotti de re-cevoir mes salutations respectueuses et je vousenvoie à vous aussi, Messieurs de la rédaction,mes salutations cordiales,

Sœur M.Gertrud Harder

CARMÉLITES DU MONASTÈRE DE COGNAC

Cognac, France

«Le Fils ne peut rien faire de lui-même»

Cognac, 4 juillet 2011

Cher Monsieur,Nous vous remercions vivement de nous envoyer réguliè-rement et gratuitement la revue 30Giorni. Nous l’appré-cions beaucoup. Nous serions heureuses de recevoir sixexemplaires du livret «Le Fils ne peut rien faire de lui-mê-me», la méditation de Pâques de don Giacomo Tantardini.

Bien sûr, nous vous dédommagerons de vos frais,dès réception.

En grande union dans la prière, avec toute notre re-connaissance.

Sœur Marie-Odile, économe

12 30JOURS N.6 - 2011

Lettres des monastères

1330JOURS N.6 - 2011

SÉMINAIRE ARCHIDIOCÉSAIN DU SAINT CURÉ DʼARS

DE MERCEDES-LUJÁN

Mercedes, Argentine

30Giorni en Argentine

Mercedes, 30 mars 2011

Je m’appelle Juan Cruz Horn et je suis un sé-minariste de l’archidiocèse de Mercedes-Lu-ján, en Argentine. J’aimerais m’abonner àvotre revue, dont je suis un assidu lecteur, maisle prix de l’abonnement n’est pas à ma portée.Je me vois obligé de me procurer des numérosen hommage pour pouvoir la lire.

Je voudrais savoir s’il est possible de bénéficierd’une réduction.

Je vous remercie d’avance de prendre ma requêteen considération.

En Jésus et Marie,Juan Cruz Horn

SÉMINAIRE SÃO CAMILO

Iomerê, Santa Catarina, Brésil

Un grand merci qui vient du Brésil

Iomerê, 9 mai 2011

Messieurs, Nous recevons régulière-ment votre excellente re-vue et nous vous en re-mercions chaleureuse-ment. Le dernier numéroest arrivé accompagné

d’un livret de méditation sur la Sainte Pâque. Il estmerveilleux. Nous saisissons cette occasion pour vousrenouveler nos remerciements les plus sincères etvous demander de bien prier pour notre province.

Avec l’expression de notre plus grande estimePère Carlos Alberto Pigatto

Sydney, 28 mai 2011

Aimable rédaction de 30Days,J’avais reçu avec un immense plaisir unexemplaire de votre revue le mois dernier, etvoici qu’il m’en arrive un autre!

Je vous en suis très reconnaissant. Votrerevue se présente bien, et son contenu faittransparaître la beauté de la vérité.

J’ai été particulièrement frappé par la mé-ditation sur la Sainte Pâque intitulée «TheSon cannot do anything on his own». Serait-ilpossible d’en acheter cinquante exemplaires

en anglais pour nos séminaristes de Sydney?Et pouvez-vous me dire comment s’effec-

tue le paiement?J’aimerais aussi savoir si vous continuerez

à m’envoyer 30Days tous les mois. Je seraisheureux de m’y abonner personnellement,mais peut-être prévoyiez-vous un envoi gra-tuit pour les séminaires? Je suis persuadéqu’une fois devenus prêtres, beaucoup denos séminaristes s’y abonneraient.

À vous dans le Christ,Père Anthony Percy,

Recteur

SÉMINAIRE GOOD SHEPHERDSydney, Australie

La méditation sur la Sainte Pâque et 30Giorni pour les séminaristes australiens

Lettres des séminaires

14 30JOURS N.6 - 2011

MISSIONNAIRES SAVÉRIENS

Vila Ulongue, Mozambique

30Giorni est un trait dʼunion avec lʼÉgliseuniverselle et avec le monde

Vila Ulongue, 25 mars 2011

Monsieur le Sénateur,Mes fraternelles salutations.Je vous remercie de tout cœur pour la revue 30Giornique nous recevons régulièrement avec grande joie.

Je suis l’évêque émérite de Lichinga. J’ai été pas-teur de ce diocèse, au Nord du Mozambique, pendanttrente ans. Lorsque j’ai atteint la limite d’âge, j’ai de-mandé à revenir à la mission de São Francisco Xavier,dans le district d’Angónia, où j’avais déjà travaillé pen-dant 8 ans. Je poursuis donc ici montravail de missionnaire avec les jé-suites qui ont fondé cette mission: jevisite les communautés et je les assis-te pour qu’elles grandissent dans lafoi, je contribue à la formation desanimateurs des communautés,j’offre mon assistance spirituelle auxsœurs missionnaires de trois pa-roisses, je suis les malades, en parti-culier les lépreux, et enfin je m’occu-pe des jeunes, surtout des étudiants.

J’apprécie beaucoup votre revue30Giorni, qui est un trait d’union

avec l’Église universelle et avec le monde.J’espère, et je vous en remercie d’avance,qui vous continuerez à nous l’envoyer.

Merci encore, Luís Gonzaga Ferreira da Silva,

évêque émérite de Lichinga

MISSIONNAIRES SALÉSIENS

Ron Phibun, Thaïlande

De la Thaïlande

Ron Phibun, 2 mai 2011

Monsieur le Sénateur,En cette veille de Pâques, j’ai reçu votrerevue 30Giorni avec surprise et avec joie,

comme un vœu de Pâques.Je pensais presque qu’elle ne serait plus arrivée. Je

dois admettre que je fais partie des chanceux qui reçoi-vent gratuitement votre journal depuis plusieurs années(au moins depuis 2000 ou 2001). Je l’ai toujours lu d’unbout à l’autre et après, je l’expédiais à un autre mission-naire qui habite à cent kilomètres de ma résidence.

Je ne vous ai écrit que deux fois (ce n’est peut-êtrepas assez!) pour vous remercier, mais cette fois, c’estpour vous confirmer que je suis encore ici, à Ron Phi-bun (depuis pas moins de 28 ans!) et pour vous direque le numéro 3 – 2011 est particulièrement intéres-sant, voire nécessaire.

Merci aussi pour les livres que j’ai reçus au fil des an-nées: les écrits de Paul VI sur saint Augustin, Chi pregasi salva (en italien et en chinois), le beau livre de Mazzo-lari Anch’io voglio bene al Papa… Quand je parle avec

mes amis prêtres thaïlandais, je merends immédiatement compte qu’illeur manque toute cette littératurechrétienne et théologique que nousautres Européens continuons à rece-voir comme patrimoine d’histoire etcomme mémoire de si nombreux épi-sodes de foi, qui permettent d’acqué-rir une mentalité d’Église universelle.

Merci. Je vous souhaite une bon-ne santé. Que la joie de Pâques nequitte jamais votre cœur, et beau-coup de bénédictions.

Don Renzo Rossignolo

Lettres des missions Lettres des missions

1530JOURS N.6 - 2011

Kannur, 10 mai 2011

Monsieur le Sénateur,Je vous remercie de tout cœur de m’en-voyer les précieux livrets en anglais Whoprays is saved.

Beaucoup de gens les utiliseront, ilsprieront et ils seront sauvés.

Et vous en serez largement récompen-sé au ciel, car, comme nous l’enseignesaint Augustin, celui qui sauve une âmeassure son propre salut.

Soyez assuré qu’avec mes nombreuxnéophytes, nous prions pour votre ma-gnifique apostolat missionnaire.

Avec ma grande estime et mes prières,je reste votre très affectionné co-mission-naire,

Père L. M. Zucol, sj

Kannur, 20 mai 2011

Monsieur le directeur,Je vous remercie de tout cœur pour ledeuxième envoi des livrets en anglaisWho prays is saved. Et maintenant, jevoudrais vous demander si vous avez enanglais la Supplica alla Madonna diPompei, qui se trouve en italien dansvotre livret Chi prega si salva. Je voudraisen faire une traduction dans la langue lo-cale, le malayalam, pour nos nombreuxnéophytes.

Je vous remercie du fond du cœur et jevous assure de mes prières pour votremerveilleux apostolat missionnaire.

Toujours en union de prière, je restevotre très affectionné co-missionnaire,

Père L. M. Zucol, sj

Lettres des missions Lettres des missions

MISSIONNAIRES JÉSUITESKannur, Kerala, Inde

Beaucoup de gens utiliseront Who prays is saved, ils prieront et ils seront sauvés

MISSIONNAIRES CAPUCINES

Fianarantsoa, Madagascar

Cette précieuse, cette merveilleuse revuearrive au bout du monde

Fianarantsoa, 13 mai 2011

Monsieur le Sénateur,Recevez nos fraternelles salutations de la lointainemission de Madagascar et l’expression de notre grati-tude pour la grande générosité avec laquelle vousnous avez envoyé les précieux livrets Chi prega si sal-va en français et en italien ainsi que d’autres publica-tions. Celles-ci se trouvent déjà entre les mains desjeunes filles que nous formons et des gens qui vien-nent prier dans notre petite chapelle.

Merci de tout cœur. Que le Seigneur vous récom-pense de votre grande générosité et de votre amourpour la prière et pour nous. Remerciez aussi vos colla-borateurs: sans eux, cette précieuse, cette merveilleu-se revue ne pourrait être connue et appréciée par per-sonne mais grâce à eux, elle arrive au bout du mondeet la Parole de Dieu, la vie de l’Église et celle du mondeparviennent à une quantité de gens.

Nous vous assurons de notre prière quotidienne

pour vous et pour la rédaction. Nous vous demandonsaussi de prier pour nous.

En union avec Jésus et avec notre éternelle recon-naissance, votre sœur dans le Christ,

Sœur Maria Amata

PAROISSE SAINT ÉTIENNE DʼADJOHOUN

Porto-Novo, Bénin

Qui prie sauve son âmepour les catéchumènes

Porto-Novo, 18 mai 2011

Chers amis de 30Jours,Je viens très respectueusement solliciter de votre hautebienveillance la faveur de m’octroyer des exemplaires devotre ouvrage Qui prie sauve son âme pour aider les ca-téchumènes ainsi que les autres fidèles sur le chemin dela prière.

En effet, comme prêtre, j’accompagne des catéchu-mènes et je me consacre à eux de tout mon cœur.

Veuillez recevoir l’expression de mes remerciementsanticipés et de mes sentiments fraternels en Christ.

Père Gislain Prudencio A. Falade

16 30JOURS N.6 - 2011

Lettres des missions Lettres des missions

PAROISSE NOTRE-DAME DE LOURDES DE DANGBO

Dangbo, Bénin

Qui prie sauve son âme, un livretmerveilleux et utile

Dangbo, 25 mai 2011

Cher monsieur, Je suis Léonora Agomma, prêtre. J’ai eu la joie de dé-couvrir chez un ami le livret Qui prie sauve son âme.Je l’ai trouvé merveilleux et vraiment utile pourchaque chrétien. Je voudrais savoir comment me leprocurer, car j’ai l’intention de le proposer à mes caté-chumènes qui sont 190 cette année. Merci.

Don Léonora Agomma

Dangbo, 6 juin 2011

Cher monsieur,J’ai reçu les livrets Qui prie sauve son âme, et je vou-drais vous exprimer dans ces quelques lignes ma grati-tude, mais aussi celle de mes catéchumènes et des fi-dèles auxquels j’ai distribué la totalité de ces livrets di-manche dernier, à la fin de la messe du soir.

Cela a été pour eux une immense satisfaction etceux qui ne l’ont pas eu ne cessent de me le demander.Tout est grâce. Que Dieu vous bénisse pour tout lebien que vous avez fait à ces jeunes.

Je vous remercie infiniment. Je serais heureux, sicela est possible, de mieux connaître 30Jours.

Don Léonora Agomma

MISSIONNAIRES DU SACRÉ CŒUR

São Gabriel da Cachoeira, Amazonas, Brésil

Quatre-cents exemplaires de Quem reza sesalva pour la population de lʼAmazonie

São Gabriel da Cachoeira, 3 juin 2011

Monsieur le Directeur, Mes salutations les meilleures!Je vous remercie de tout cœur pour l’important tra-vail que vous effectuez pour l’Église et en tant quevotre frère dans le Christ, je vous en félicite cordiale-ment.

Je me permets de me présenter. Je suis le pèreReuberson Ferreira et j’appartiens à la congrégationdes Missionnaires du Sacré Cœur. Je suis prêtre de-puis un an et demi et je travaille en Amazonie dansl’immense diocèse de São Gabriel da Cachoeira, àl’extrême nord du Brésil. J’ai été affecté à une parois-se dans cette région l’an dernier, en avril. Mon travailest nécessaire, mais extrêmement difficile: il est es-sentiellement consacré aux populations indigènes,qui comprennent plus de vingt-trois ethnies. Cela faitplus de cent ans que les salésiens assument leur mis-sion d’évangélisation ici, avec la collaboration denotre congrégation.

En vivant dans cette région et en apprenant à laconnaître, j’ai pu constater que la plupart de ses habi-tants ont une foi profonde et une pratique régulièredu catholicisme, surtout les plus âgés. Mais je suis in-quiet, car les plus jeunes manquent d’une sérieuseformation religieuse et ne connaissent même plus lesprincipales prières du christianisme.

En lisant la revue 30Dias, que l’évêque diocésainEdson Damian me passe après l’avoir lue, j’ai pu ap-précier la richesse de ses pages qui nous fontconnaître le monde de l’Église, et j’ai vu le mer-veilleux livret Quem reza se salva. Je pense qu’il rendun service exceptionnel, en encourageant la médita-tion et en faisant connaître les principales prières duchristianisme. J’en ai trouvé un exemplaire dans la bi-bliothèque du diocèse, et je dois dire que sa lecture aconfirmé ma première impression.

J’étais disposé à en acheter une grosse quantité(environ quatre-cents exemplaires), mais lorsquej’ai fait mes comptes, j’ai été découragé. En effet,notre paroisse n’est pas en mesure de payer unesomme si élevée. C’est la raison pour laquelle j’ai

1730JOURS N.6 - 2011

¬

Lettres des missions Lettres des missions

décidé de vous demander de m’envoyer ce matériel.Je m’engage, si cela est nécessaire, à contribueraux frais de port, car je désire pouvoir mieux servircette population indigène de l’Amazonie.

Je prends fraternellement congé et je reste en at-tente de votre réponse, que j’espère positive,

Bien affectueusement,Père Reuberson Ferreira, msc

DIOCÈSE DʼIGLESIAS

Nuxis, Carbonia-Iglesias

30Giorni du Kenya à la Sardaigne

Nuxis, 19 juin 2011

Chers amis,Jusqu’à l’année dernière, j’étais missionnaire auKenya (j’y ai passé seize ans) avec un confrère, àCamp Garba, dans le vicariat apostolique d’Isiolo.

Nous recevions régulièrement la revue 30Giorni enanglais, la langue officielle du Kenya, et nous ai-mions beaucoup la lire, car ce remarquable médianous permettait de recevoir des nouvelles de l’Égli-se catholique.

Je suis désormais rentré chez moi, parce quel’évêque de notre diocèse d’Iglesias nous a rappelés àcause de notre âge: j’ai 82 ans et mon confrère en a76. Ma mission a été confiée aux Missionnaires de laConsolata de Nairobi, qui font un excellent travail.

Je n’oublie pas 30Giorni, et je regrette votre re-vue, qui m’a été très utile, entre autre, pour ap-prendre l’anglais, et je serais heureux de continuerà la recevoir. Mais, de même que j’étais pauvrequand j’étais au Kenya, je suis encore pauvre ici, enSardaigne: j’aide une grande paroisse à Carbonia,qui n’a pas beaucoup de moyens. Si votre directeur,et vous-mêmes, pouviez m’aider, je pourrais célé-brer la messe à vos intentions. Que Dieu vous bénis-se tous, ainsi que vos familles et votre travail.

Père Giulio Ballocco

18 30JOURS N.6 - 2011

Lettres des missions

1930JOURS N.6 - 2011

COMPAGNIE DES PRÊTRES DE SAINT SULPICE DE MONTRÉAL

Montréal, Québec, Canada

30Giorni, une œuvre dʼéducation de lʼintelligence et de la foi

Montréal, 10 mai 2011Monsieur,Je reçois depuis plusieurs années votre splendide re-vue 30Giorni. Je suis toujours émerveillé de la qualitédes informations et de la beauté de la présentationgraphique de la revue que vous dirigez.

Vous nous tenez au courant des principaux événe-ments de l’Église universelle avec les articles sur la spi-ritualité, sur l’art chrétien, sur la liturgie, sans oublierles articles Nova et vetera.

Je ne peux que vous féliciter et vous offrir mesencouragements pour que continue à paraître cetterevue qui offre de remarquables fruits spirituels àl’Église.

Je vous écris ces quelques lignes pour vous remer-cier chaleureusement de tous les numéros que j’ai re-

çus et pour vous encourager à poursuivre votre œuvred’éducation de l’intelligence et de la foi en l’Église.

Jacques d’Arcy, pss, supérieur provincial

AMBASSADE DE LA RÉPUBLIQUE DU CONGO

Paris, France

Requête de Qui prie sauve son âme

Paris, 18 mai 2011

Monsieur le Directeur,Je suis une lectrice passionnée de 30Giorni, et je vous fé-licite pour tout le travail que vous faites pour nous tenir aucourant des nouvelles concernant l’Église et le monde.

Je vous serais reconnaissante d’avoir la gentillessede m’envoyer quatre exemplaires en français du livretQui prie sauve son âme.

Je vous remercie du fond du cœur, et je vous pried’agréer mes cordiales salutations.

Christine Mavoungou

Courrier du Directeur

Monsieur le Directeur, Nous désirons avant tout vous saluer et vous re-mercier pour l’envoi régulier de la revue 30Dias.Les efforts que vous y consacrez sont largementrécompensés par la qualité de cette publication,qui est devenue un point de référence pour tousceux qui ont la chance de la recevoir avec ses sup-pléments au riche contenu spirituel et théologique,comme la méditation sur la Sainte Pâque de donGiacomo Tantardini.

Notre gratitude et notre admiration vont à tousceux grâce auxquels elle peut être distribuée gratui-tement, un geste de générosité dans lequel nous

voyons non seulementvotre esprit de commu-nion, mais votre estimepour nous, qui avons re-çu de Dieu la mission depasteurs de l’Église duSeigneur.

Á toutes fins utiles, je vous envoie la nouvelleadresse de notre Curie métropolitaine.

Avec mon profond respect,

Monseigneur Antônio Fernando Saburido osb,archevêque métropolitain d’Olinda et Recife

ARCHIDIOCÈSE DʼOLINDA ET RECIFERecife, Pernambuco, Brésil

Merci pour les suppléments au riche contenuspirituel et théologique

Recife, 31 mai 2011

DIOCÈSE DʼASTI

Asti

“Bonne presse” pour lʼhôpital dʼAsti

Asti, 17 juin 2011

Bonjour,Je suis un prêtre du diocèse d’Asti, aumônier de l’hôpitalde cette ville depuis environ dix ans. J’ai décidé de vousécrire, poussé par le désir de mettre un peu de “Bonnepresse” à la disposition des quelque cinq-cents maladesde l’hôpital et de leurs familles. Grâce à Dieu, la chapellede l’hôpital se trouve sur un lieu de passage et elle est trèsfréquentée. Depuis quelque temps, j’y ai mis un présen-toir qui permet aux gens qui entrent de trouver (gratuite-ment) des revues et des images pieuses. L’afflux desgens est tel que ces revues disparaissent en très peu detemps (pour finir dans les chambres des malades) et quele présentoir reste souvent vide. Le budget de la chapellene me permet pas de souscrire des abonnements etc’est pour cela que j’ai pensé à vous demander votre col-laboration. N’importe quelle revue, ne serait-ce que desvieux numéros, serait la bienvenue; et peut-être cettebonne œuvre pourrait-elle devenir un moyen de faireconnaître vos publications à un public extrêmement va-rié, que ses conditions existentielles rendent particuliè-rement disponible au message chrétien.

Dans l’attente d’une réponse de votre part, je priele Seigneur de vous accorder tous ses biens,

Don Claudio Sganga

Asti, 22 juin 2011J’ai reçu hier le matériel en hommage. Merci enco-

re pour votre générosité et votre rapidité! Don Claudio Sganga

REVUE LEAVES DES MARIANNHILL FATHERS

Dearborn, Michigan, États-Unis

La personne qui traduit en anglais fait un excellent travail

Dearborn, 22 juin 2011

Monsieur le Directeur,Je désire vous féliciter pour les trois articles de commentai-re de la deuxième partie du livre de notre Pape Benoît XVIJésus de Nazareth, parus dans le numéro 3 de 2011 devotre revue. Il s’agit des articles suivants: A look at the Je-sus of the Gospels and a hearing of His words, du cardi-nal Georges Cottier, op; Faithful to the declaration“Nostra aetate”, de Riccardo Di Segni; et enfin The divi-ding line runs between trust and skepticism, de RainerRiesner.

Écrits respectivement par un catholique, un juif et unprotestant, ces articles présentent trois perspectives diffé-rentes, mais équilibrées, de la pensée de notre Pape; etchacun d’entre eux renforce ce que dit le souverain Ponti-fe. Je n’ai trouvé aucune autre revue, de ce côté-ci del’océan Atlantique, qui présente des analyses aussi équili-brées sur ce livre. Poursuivez cet excellent journalisme.

Je lis depuis plus d’un an l’édition anglaise de votre re-vue, et je dois dire que son anglais est excellent. Je suppo-se que la plupart des articles sont en italien et ceci veut cer-tainement dire que la personne qui traduit en anglais faitun excellent travail!

Père Thomas Heier, cmm,Directeur responsable

UNIVERSITÉ PONTIFICALE CATHOLIQUE ARGENTINE

“SANTA MARÍA DE LOS BUENOS AIRES”

Buenos Aires, Argentine

30Giorni, Chi prega si salva, et le Credo delpopolo di Dioen Argentine

Buenos Aires, 9 juin 2011

Monsieur le Directeur,Je suis prêtre diocésain et en mêmetemps aumônier de l’Université Ca-tholique Argentine. Je vous écrispour vous demander un abonne-

Courrier du Directeur

20 30JOURS N.6 - 2011

ment gratuit à votre prestigieuse revue, dans l’édition enlangue espagnole. Elle serait d’une grande utilité pour laformation des nombreuses personnes que je rencontredans mon travail pastoral, en particulier des couples ma-riés et des jeunes. Si je vous fais cette requête, c’est que jen’ai absolument pas les moyens de payer un abonnement.

Je vous serais également reconnaissant de m’envoyeraussi quelques exemplaire en espagnol du livret Chi pregasi salvaet du Credo del popolo di Diode Paul VI.

En priant Dieu que ma requête puisse être exaucée, jevous prie d’agréer ma cordiale estime dans le Seigneur.

Don Omar Horacio Lorente

2130JOURS N.6 - 2011

Shanghaï, 15 juillet 2011

À Monsieur Gianni Valente,Mes plus cordiales salutations de Shanghaï! Je regrette de vous écrire si tard à propos du li-vret Chi prega si salva en chinois. Nous avionsconvenu, sur votre conseil, que 30Giorni auraitpris en charge le coût total de la publication etde la distribution de ce livret. En fait, nous avonsimprimé vingt-mille exemplaires de ce livret enmai 2010, et nous les avons distribués dans tou-te la Chine. Chaque livret coûte 5 yuans (55centimes d’euro). Nous avons décidé d’en im-primer vingt-mille autres, mais nous avons be-soin de l’argent que vous nous aviez promis.

Avec mes cordiales salutations,Don Anthony Chen,

Directeur du Centre de recherches Guangqi et de la typographie du diocèse de Shanghaï

Rome, 22 juillet 2011

Cher ami,Je vous confirme, au nom du directeur de30Giorni, le sénateur Giulio Andreotti, quenous sommes très heureux de pouvoir contri-buer à l’impression et à la diffusion du livret Chiprega si salva en chinois. Le lundi 25 juillet,nous vous enverrons notre contribution (le vire-ment bancaire demandera quelques jours) ensigne de gratitude et de communion.

Pour la rédaction de 30Giorni,Roberto Rotondo,

Directeur responsable

DIOCÈSE CATHOLIQUE DE SHANGHAÏShanghaï, République populaire de Chine

Chi prega si salva dans toute la Chine

La couverture

du livret

Chi prega si salva

en chinois

22 30JOURS N.6 - 2011

Dans ces dernières années, les minorités – y compris la communautéchrétienne – ont trouvé de nouveaux espaces de liberté en Turquie. Et l’AKP, le parti au pouvoir, a démontré que l’islam et la démocratien’étaient pas inconciliables. Un exemple pour le Printemps arabe

Un modèle pour le nouveauMoyen-Orient

Reportage

par Lorenzo Biondi

U ne petite foule piétine devantle mur de roche. C’est le 29juin, fête des saints Pierre et

Paul. Nous sommes aux environsd’Antioche. Enchâssée dans la mon-tagne, une façade de pierre; et plusloin, une grotte. C’est là, nous dit latradition, que les premiers chrétiensse retrouvaient pour prier en cachet-te à cause des persécutions. Parmieux, les apôtres Paul, Barnabé etPierre, qui ont été les premiers à an-noncer le Christ. Aujourd’hui, la“grotte de saint Pierre” a été trans-formée en musée, et il faut payer sonbillet pour entrer. Deux gardienssont là pour canaliser la centaine defidèles qui voudraient s’agenouillerdevant le saint.

Mais ils n’attendront pas long-temps. Le téléphone sonne: les ser-

vices du gouverneur de la provincedonnent l’ordre de laisser entrertout le monde. On voit même arri-ver l’évêque, Monseigneur RuggeroFranceschini. Les deux gardiens seretirent, la grotte se remplit de pèle-rins et la messe peut commencer.

Ce genre de scène n’est pas rareen Turquie. Dans les dernières an-nées, les autorités publiques ontcommencé à mettre en valeur diffé-rents lieux de culte abandonnés quiautrement auraient risqué la dégra-dation. En outre, bien qu’on doivepayer un billet d’entrée pendantl’année, ces “lieux saints” sont ren-dus à la dévotion des fidèles en cer-taines occasions. Une nouveautéapparemment négligeable, mais si-gnificative d’un changement. Pen-dant des années, l’existence des mi-

norités religieuses a été niée par laRépublique fondée par Mustafa Ke-mal Atatürk. Mais aujourd’hui, au-delà des résistances et des contradic-tions, une saison prometteuse s’estouverte pour la petite communautéchrétienne en terre de Turquie.

Les signes d’un changementL’héritage du passé se fait sentir.À Ankara, une capitale occupéepar les ministères, impossible detrouver un édifice surmonté d’unecroix. Les églises existent, maiselles sont logées à l’intérieur desambassades, à l’abri de l’extrater-ritorialité et cachées à la vue. Àvrai dire, les mosquées, elles aus-si, sont rares, plutôt vétustes etécrasées au milieu d’immeublesmodernes. Si la liberté des chré-tiens en Turquie connaît des li-mites, ce n’est pas seulement àcause des conflits entre diffé-rentes religions.

C’est ce que nous explique lepère Dositheos, un prêtre ortho-doxe du patriarcat œcuméniqued’Istanbul: «Chrétiens, juifs et mu-sulmans ont toujours vécu dans cepays. Ils savent ce que la coexisten-ce pacifique veut dire. Dans lespremières décennies de la Répu-blique turque (fondée en 1923), lenationalisme a été la politique do-minante du pays, mais il s’est dissi-mulé sous le masque de l’islam. Enréalité, derrière ce mot se cachaitl’idée de la nation turque. À cetteépoque, les minorités ont perduleurs droits à cause de l’étatismekémaliste. Il n’y a qu’une dizaine

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TURQUIE

Monseigneur Ruggero Franceschini célèbre la messe dans la grotte de Saint Pierre à Antioche; Ci-contre, la mosquée d’Ortaköi et le pont sur le Bosphore à Istanbul

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d’années que l’on commence àparler de liberté religieuse, et c’estune nouveauté absolue».

Les choses avancent lentement,par degrés. Nous le voyons à Tarse,ville natale de saint Paul, où nousarrivons le 26 juin, le dimanche quiprécède la fête des saints Pierre etPaul. La communauté locale a reçul’autorisation de célébrer la messedans l’église dédiée à l’Apôtre desGentils. Construite par les croisés,au XIIème siècle, celle-ci a été trans-formée en hangar lors de l’instau-ration de la République. Ce monu-ment n’a été restauré et rouvert quedepuis quelques années, grâce àl’insistance des pères capucins et à

l’appui du gouvernement. Là aussi,elle a été transformée en musée. Lacélébration commencera dansquelques heures: les trois reli-gieuses “Filles de l’Église” qui vi-vent en ville viennent juste d’obte-nir la permission d’entrer pour net-toyer l’église. Le temps presse, ilfaut se hâter. Et à la fin de la messe,on a à peine le temps de faire dispa-raître les chaises et les ornementsliturgiques pour laisser la place auxtouristes qui payent le billet.

Dans la République “laïque” deTurquie, c’est l’État qui contrôle quel’activité religieuse ne dépasse pasles limites fixées par la Constitutionet par la loi. Les Églises ne bénéfi-cient pas d’une reconnaissance lé-gale, mais là aussi, la situation desminorités religieuses s’est sensible-ment améliorée depuis quelques an-nées. Le gouvernement du Parti dela justice et du développement(AKP) a prêté l’oreille à leurs re-quêtes. Les promesses n’ont pastoujours été maintenues, mais lanouvelle classe dirigeante turque amanifesté une disponibilité au dia-logue inimaginable auparavant. Etdans certains cas, ce dialogue a por-té des fruits tout à fait concrets.

Le président de la Fondation sy-ro-catholique d’Istanbul, Zeki Basa-temir, nous raconte qu’il est allé pro-tester parce qu’une vieille église sy-rienne d’Alexandrette – Iskenderun

pour les Turcs – était affectée depuisdes années à un cinéma porno. Ilétait désormais impossible de réta-blir le bâtiment dans ses anciennesfonctions, mais le gouvernement adécidé de l’exproprier et l’a fait dé-molir, et en 2010, il a fait construireune nouvelle église à ses frais. La fa-çade, fidèle au style traditionnel dela région, témoigne d’une sensibiliténouvelle aux problèmes des chré-tiens.

La collaboration naît souventdes relations entre les personnes,mais elle atteint aussi le niveau desinstitutions. En septembre pro-chain, par exemple, la municipalitéd’Istanbul publiera conjointementau Saint-Siège un volume sur laprésence chrétienne dans la ville auXVIIème siècle. Ce sera la premièrefois qu’une publication porte enmême temps le symbole de la Ré-publique turque et celui de l’Églisecatholique.

Malheureusement, c’est justeau moment où les relations entrele gouvernement d’Ankara et leschrétiens semblaient changer quela petite Église de Turquie a étéfrappée par des tragédies commecelle de l’assassinat de don AndreaSantoro et de Monseigneur LuigiPadovese. Il faudra encore long-temps pour que soient éclairciesles circonstances de ces assassi-nats, mais entretemps, le pouvoirpolitique a voulu manifester sasympathie aux amis des victimes.Monseigneur Franceschini, arche-vêque de Smyrne et administra-teur pro tempore du vicariat apos-tolique de l’Anatolie, nous raconteque le ministre de la Justice Sadul-lah Ergin est accouru à Iskenderunpour les obsèques de l’évêque as-sassiné. «Il a voulu savoir si nousavions quelque chose à leur de-mander», se rappelle MonseigneurFranceschini. «Je lui ai réponduque nous voulions savoir la vérité,et r ien d’autre». Au bout depresque un an, le procès de l’as-sassin du prélat et de ses éventuelsmandants va bientôt s’ouvrir.Beaucoup de gens nous confir-ment la sollicitude des autoritésqui veulent que la justice suive ra-pidement son cours, alors qu’au-trefois, on aurait pu s’attendre àune indifférence, voire une hostili-té déclarée.

Reportage

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Ci-dessus, la façade de la nouvelleéglise syro-catholique d’Alexandrette,dans la province méridionale de Hatay;ci-dessous, l’imposant mausoléed’Atatürk à Ankara

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TURQUIE. Un modèle pour le nouveau Moyen-Orient

Il y a un lien étroit entre lʼislamisme modéré de lʼAKP et ledialogue entre les religions. Nous en parlons avec le pro-

fesseur Bekir Karliga, conseiller du premier ministre Erdo-gan. Le professeur est aussi président du Comité nationalturc de lʼAlliance des civilisations, un organisme des Na-tions-Unies né en 2003 sur lʼinitiative dʼErdogan et du pre-mier ministre espagnol Zapatero.

Comment lʼislam politique a-t-il changé en Turquie?BEKIR KARLIGA: Les éléments religieux enracinés

dans la mémoire collective et dans la vie quotidienne de lasociété turque, qui avaient été mis de côté lors de la nais-sance de la République, ont refait surface après la deuxiè-me guerre mondiale avec lʼintroduction dʼun système démo-cratique et pluraliste. Le parti fondé par Necmettin Erbakanet lʼAKP sont deux expressions de la même ligne politique.Mais la particularité de lʼAKP, cʼest que ce parti essaie dʼen-courager les valeurs démocratiques en évitant le populis-me, sans sʼenfermer dans des schématismes idéologiques,et en respectant lʼhistoire de notre pays et sa réalité géopoli-tique. En matière de politique étrangère, lʼAKP recherche unnouvel ordre économique et politique qui respecte des prin-cipes de justice universelle, dʼéquité et de solidarité, sansdevenir un satellite dʼautres pays et en évitant les polarisa-tions idéologiques a priori.

Cette hypothèse politique est-elle valable pourdʼautres pays?

Les dix années de gouvernement de lʼAKP ont produit unchangement incroyable dans notre pays et dans le monde

entier. Les événements bouleversants que connaît actuelle-ment le Moyen-Orient montrent que lʼislam veut se rappro-cher de la démocratie, et la Turquie avec notre premier mi-nistre Erdogan est leur modèle.

La religion islamique accepte-t-elle le dialogue entreles religions?

Lʼislam représente le dernier anneau dʼune longue tradi-tion prophétique. Les autres religions font partie de son pa-trimoine et elles doivent être défendues, au-delà même dudialogue entre religions. Le prophète Abraham occupe uneposition importante et les trois religions qui vénèrent lʼuniqueDieu représentent une foi commune. La religion, les tradi-tions et les coutumes des juifs et des chrétiens ne doiventpas rencontrer dʼobstacles dans les États islamiques. Cetteapproche a permis à des millions de personnes appartenantà plus de vingt confessions religieuses et à de multiples eth-nies de vivre ensemble pendant des siècles dans les terri-toires ottomans. À cet égard, lʼexpérience de la Turquie peutêtre précieuse pour la jeune Union européenne qui nʼa paslʼexpérience dʼune aussi longue coexistence.

À quel point en sont les relations entre la Turquie etlʼEurope?

La Turquie a cherché, sincèrement et de bonne foi, à éta-blir des relations avec lʼUnion européenne. Malheureuse-ment, on lʼa laissée à la porte, ce qui a créé un mécontente-ment dans notre opinion publique. La nation turque est pré-sente en Europe depuis le quatorzième siècle. Lʼaccord decollaboration entre la Turquie et la Communauté européen-ne a été signé en 1959. Et aujourdʼhui, lʼUnion européenne aoublié cette histoire.

Dans ces dernières années, les rapports entre lʼOc-cident et lʼOrient ont été considérés dans une optiquede conflit. LʼAlliance des civilisations est une expérien-ce à contre-courant…

Elle a représenté une bouffée dʼair frais pour une huma-nité qui voulait sortir de la spirale du “conflit de civilisations”.106 États et vingt-et-une institutions internationales en fontpartie. Le comité national que je coordonne en Turquie étu-die le dialogue entre cultures, religions et civilisations dansnotre pays. Un “Institut de lʼAlliance des civilisations” a étécréé à Istanbul, dans lequel des étudiants de différentes na-tionalités pourront obtenir une formation de haut niveau,pour répandre une culture de paix et de tolérance dans notrepays et dans le monde.

L. B.

Interview de Bekir Karliga

«Chercher la démocratie sansextrémismes idéologiques»L’islam représente le dernier anneau d’une longuetradition prophétique. Les autres religions font partiede son patrimoine et elles doivent être défendues

Le premier ministre turc Erdogan entre ses collègues Evo Morales et Luiz Inácio Lula, au cours d’une rencontre de l’Alliance des civilisations en 2010

Le faux mythe de l’islamisation«La minorité chrétienne en Turquienourrit l’espoir qu’au cours du troi-sième mandat du parti au pouvoir,les questions en souffrance, si im-portantes pour les droits de cetteminorité, puissent finalement obte-nir une solution souhaitable», nousdit monseigneur Antonio Lucibello,nonce apostolique auprès de la Ré-publique de Turquie. «Nous obser-vons déjà des signes éloquents quivont dans la bonne direction».

Le résultat des élections du 12juin dernier sera rappelé commeune ligne de démarcation dans l’his-toire turque. L’AKP de RecepTayyip Erdogan a conquis 50% desvoix, un résultat sans précédent. Il

suffit de faire un tour dans les ban-lieues d’Istanbul pour comprendrel’une des raisons de ce triomphe.Dans les quartiers d’affaires, on voitscintiller des gratte-ciel flambantsneuf; et dans les nouveaux quar-tiers, on voit se multiplier lesénormes immeubles, les grues et leschantiers. L’économie est en bon-ne santé, la classe moyenne se dé-veloppe et son bien-être s’accroît.

Mais le succès du parti n’est passeulement une affaire de porte-feuille. «L’AKP est devenu le porte-parole des musulmans oubliés dansle processus de modernisation de laTurquie», nous explique RoberKoptas, le jeune directeur de l’heb-domadaire arménien d’Istanbul,Agos. Pendant des décennies, la

Turquie “laïque” a considéré la reli-gion comme un boulet. «La moder-nité», disait-on, «c’est la sécularisa-tion». Un message que les turcs dereligion musulmane avaient sou-vent de la peine à digérer. «Aujour-d’hui, cette partie de la société estentrée, elle aussi, dans un processusde modernisation», poursuit Kop-tas. «L’AKP veut démontrer que lesmusulmans, eux aussi, peuvent êtrede vrais démocrates».

Ce n’est pas la première foisqu’un parti d’inspiration islamiquearrive au pouvoir. C’est arrivé aussien 1996, lorsque Necmettin Erba-kan est devenu premier ministre.Dans son Parti du Bien-être, nom-breux étaient ceux qui voulaient in-troduire la loi islamique, la sharia, et

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«Ce nʼest pas à cause de lʼislam, mais de la “laïcité”turque que lʼÉglise ne peut pas avoir dʼexistence offi-

cielle». Son Excellence Monseigneur Louis Pelâtre, vicaireapostolique dʼIstanbul, nous décrit la situation de la commu-nauté chrétienne en Turquie, vue des rives du Bosphore.

À quel point les conditions de vie des chrétiens deTurquie sont-elles en train de changer?

Louis Pelâtre: Le changement est évident. Dʼun côté par-ce que la communauté catholique a changé de visage: on avu arriver un grand nombre dʼimmigrés venant des Philip-pines et de lʼAfrique, alors que le nombre de “levantins” dimi-nue. Ces derniers quittent la Turquie pour aller en France oudans dʼautres pays européens, espérant avoir une vie plus fa-cile dans un pays “chrétien”… Mais existe-t-il un pays que lʼon

peut appeler chrétien? Quand je suis arrivé en Turquie il yaquarante ans, on y respirait la xénophobie. Aujourdʼhui, il res-te quelques problèmes pour les minorités, mais est-ce diffé-rent ailleurs? En France, si un immigré sʼappelle Mohammedet cherche du travail, a-t-il les mêmes possibilités que lesautres?

En Occident, surtout après la mort de MonseigneurPadovese, on a parlé dʼune chrétienté “assiégée” en Tur-quie. Est-ce vrai ?

Cette mort a été une tragédie, mais je ne pense pas quʼellesoit due à la montée dʼun sentiment antichrétien. On parledʼun mouvement souterrain dans lʼétat turc, qui agirait contrelʼactuel gouvernement et qui aurait émergé avec lʼaffaire Er-genekon. Mais à ce jour, on a encore du mal à comprendre lescauses de cet assassinat.

«Ce vent nouveau qui souffle en Turquie»

Interview de Louis Pelâtre

Tradition et modernité coexistent sur les rives du Bosphore. Sur la photo, les quartiers d’affaires d’Istanbul formentune couronne autour d’une mosquée, dans la partie asiatique de la ville

Reportage

Le vicaire apostolique d’Istanbul raconte la vie des communautés chrétiennes dans un pays en plein changement

le premier ministre lui-même entre-tenait des contacts étroits avecquelques confréries “soufi” (mys-tiques musulmans) connues pourleur soutien à l’islam d’État. Moinsd’un an après la naissance de cegouvernement, les militaires sontlourdement intervenus dans le jeupolitique. En juin 1997, Erbakan aété obligé de démissionner. Ensuite,la Cour constitutionnelle a mis sonparti hors la loi. C’est dans ces an-nées-là qu’un groupe de politiciens

de la “nouvelle génération”, auquelappartenaient Erdogan et AbdullahGül, a pris conscience de la nécessi-té de rompre avec le passé.

Comme les Démocraties chrétiennes européennesL’inspiration islamique demeure,mais elle change d’orientation. Onvoit par exemple grandir l’influencedes associations pour le dialoguequi s’inspirent du philosophe Fe-thullah Gülen. Cemal Usak, vice-président de la Fondation des jour-nalistes et des écrivains créée parGülen lui-même, nous raconte:«Jusqu’à la fin des années Quatre-vingt-dix, la plupart des politiciensmusulmans croyaient avoir le devoird’instituer un État islamique. C’estvers l’an 2000 qu’ils ont commencéà comprendre qu’on ne peut pas

imposer la forme de l’État, qui dé-pend du consensus des électeurs.Erdogan n’a réussi à gagner quelorsqu’il a compris qu’on avait be-soin d’une version d’islam politiqueadaptée aux besoins de la Turquie».

Alper Dede, politologue del’université Zirve de Gaziantep, re-construit pour nous les premièresannées du parti d’Erdogan. Ces dy-namiques rappellent celles des Dé-mocraties chrétiennes euro-péennes: «Lorsque l’AKP a été crééen 2001, on a vu arriver des per-sonnalités de différente provenan-ce. Les cadres du parti se sententproches des Démocraties chré-tiennes d’aujourd’hui. Il s’agit depoliticiens qui penchent vers lecentre-droit, mais pas seulement.Un grand nombre d’entre eux pro-viennent de la tradition islamisted’Erbakan alors que d’autres sontnettement plus modérés. Enfin cer-tains proviennent de partis conser-vateurs d’origine laïque».

À la différence de ses prédéces-seurs, Erdogan cherche une syn-

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Certains soutiennent que la Turquie est aujourdʼhuiun pays moins “laïc” et par conséquent mois sûr pourles chrétiens…

Je ne suis pas dʼaccord. Je suis Français et je sais avecquelle dureté peut sʼexercer la laïcité: dans ma Bretagne na-tale, il était interdit de construire des écoles catholiques. Jetiens à vous rappeler que la laïcité dʼAtatürk a pris la laïcitéfrançaise pour modèle, et quʼelle a durement combattu la re-ligion, y compris lʼislam. On nʼa conservé que son aspectidentitaire et culturel. Erdogan est loin dʼêtre un fanatique,cʼest un politicien intelligent; il a compris quʼil faut sʼadresserau peuple pour ce quʼil est, et non pas pour ce quʼon imagi-ne. En ce qui concerne les chrétiens, ce nʼest pas à cause delʼislam, mais de la “laïcité” turque que lʼÉglise ne peut pasavoir dʼexistence officielle ici. Je ne pense pas que les pro-blèmes des chrétiens viennent du fait quʼil est permis auxétudiantes de porter le voile à lʼuniversité…

Vous attendez-vous à des progrès en matière de re-connaissance officielle de lʼÉglise?

Dans la situation actuelle, il est impossible que lʼÉtat re-connaisse lʼÉglise: cʼest contre la Constitution, qui ne recon-naît aucune religion, même pas lʼislam. Il semble quʼErdo-gan veuille changer les choses. Il a lui-même souffert de cet-te situation, quand il était maire dʼIstanbul et quʼil a fini en pri-son pour “atteinte à la laïcité”, parce quʼil avait cité un poètequi définissait les minarets «nos baïonnettes». Que dʼen-nuis pour une citation! Cʼest un peu comme le Pape à Ratis-bonne… Avant cet épisode, jʼavais souvent rencontré Erdo-gan et, de sa prison, il mʼa envoyé quelques messages à

moi aussi, comme à toutes les personnalités publiques de laville. Il y a encore aujourdʼhui beaucoup de gens qui sʼoppo-sent au changement quʼil souhaite; mais cʼest la démocratiequi nous a amenés à la situation actuelle et le résultat desélections doit être respecté.

La Turquie peut-elle représenter un “modèle” de co-existence entre islam et démocratie?

On parle de “modèle turc”, et cela est déjà intéressant.On peut ne pas être dʼaccord avec tout ce quʼAtatürk a fait,mais la laïcité de la Turquie a eu une influence extraordinaireau Moyen-Orient. Aujourdʼhui, la Turquie semble avoir trou-vé un nouvel équilibre, mais le dépassement de cette laïcité“dure” nʼest pas encore accompli.

L. B.

Mustafa Kemal Atatürk dépeint en prièreavec d’autres officiers de l’armée turque.On trouve souvent des images de ce genre dans les sièges de l’AKP

TURQUIE. Un modèle pour le nouveau Moyen-Orient

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L’offertoire dans l’église Saint Antoine de Padoue, à Istanbul

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thèse entre la Turquie laïque et laTurquie religieuse. Dans les siègesde l’AKP, on voit la photographiede Mustafa Kemal Atatürk accro-chée aux murs, et la photo la plussouvent choisie est celle où il est enprière avec ses amis, les mains tour-nées vers le ciel, symbole du fait queles deux Turquies ne sont nullementincompatibles.

«Les Occidentaux qui observentl’AKP», ajoute Rober Koptas,«voient des musulmans et ils ont

peur. Moi, qui suis arménien, je n’aipas peur. Il est ridicule de soutenirque l’AKP veut introduire la sharia.Ce sont de simples musulmans, desmusulmans pratiquants, comme laplus grande partie de la populationde ce pays. Cette partie du paysveut être représentée au Parlement,dans les universités, et cela est très“sain”». Chiffres en main, l’idée del’islamisation de la société ne tientpas. Dans une étude promue par lecentre d’études Tesev – une institu-

tion financée en majeure partie parl’Open Society Institute de Geor-ge Soros – il était prouvé que de1999 à aujourd’hui, le nombre defemmes qui portent le voile a dimi-nué, alors que la presse européennedit souvent le contraire. En mêmetemps, une majorité de Turcs pen-sent que l’attitude générale de la so-ciété par rapport à la religion achangé, et changé en mieux.

Le conflit entre les deux moitiésde la Turquie – la Turquie séculière

et la Turquie religieuse – n’est certespas apaisé. La tension a recom-mencé à monter en 2007, lors-qu’Abdullah Gül a été élu présidentde la République. On a craint pen-dant un certain temps qu’une partiede l’armée était prête à intervenirlourdement dans la scène politique.Cela a été l’année de l’assassinat deHrant Dink, journaliste arménienqui dirigeait alors Agos, et de donAndrea Santoro. À un autre mo-ment, la tension entre laïcistes et is-

lamistes aurait conduit les militairesà intervenir pour rétablir l’ordre.Mais le coup d’État n’a pas eu lieu.C’était le signe que le climat était entrain de changer, dans le pays com-me à l’extérieur.

Le “modèle turc”En 2002, il était difficile d’imaginerque l’AKP aurait pu imprimer untournant si important à la politiqueturque. Dans ces élections surpre-nantes, aucun des partis de gouver-

nement n’a réussi à dépasser le seuilde barrage de 10% et à entrer auparlement. Seul le parti d’Erdogan(AKP) et les kémalistes du Parti ré-publicain du peuple (CHP) l’ont fait.Avec 35% des voix, les islamistesmodérés arrivaient à contrôler lesdeux tiers du Parlement.

«L’AKP était un parti nouveau»,ajoute le professeur Dede, «et ilavait seulement l’expérience desadministrations locales». Erdogan,son leader, n’avait même pas pu

Reportage

Fidèles en prière dans la grandemosquée de Soliman à Istanbul

Une petite musulmanedans le quartier de Fatih à Istanbul

«Les Occidentaux qui observent l’AKP», ajoute Rober Koptas, directeurd’Agos, «voient des musulmans et ils ont peur. Moi, qui suis arménien, jen’en ai pas peur. Il est ridicule de soutenir que l’AKP veut introduire la sharia. Ce sont de simples musulmans, des musulmans pratiquants, comme la plusgrande partie de la population de ce pays. Cette partie du pays veut êtrereprésentée au Parlement, dans les universités, et cela est très “sain”

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TURQUIE. Un modèle pour le nouveau Moyen-Orient

poser sa candidature: quatre ansauparavant, il avait été banni “àvie” de la politique par un tribunal,pour «incitation à la haine religieu-se». Dans l’un de ses meetings, ilavait cité une poésie turque du dé-but du vingtième siècle: «Les mos-quées sont nos casernes, les cou-poles sont nos casques, les mina-rets nos baïonnettes et les fidèlesnos soldats». Il n’a été élu qu’en2003, après que la loi avait été mo-difiée par le parlement.

Dans ces conditions, peu degens étaient prêts à parier sur la du-rée de l’expérience AKP. «Pendantles premières années de ce gouver-nement», nous raconte encore De-de, «j’ai parlé avec de nombreuxresponsables égyptiens des Frèresmusulmans qui étaient sceptiquesface à ce qui se passait en Turquie.La crédibilité du parti s’est imposéeavec le début du processus Ergene-kon», c’est-à-dire encore une fois en2007, lorsqu’on a déouvert que cer-tains officiers préparaient un coupd’État et qu’ils ont fini à la barrepour cela. C’est alors que l’AKP adémontré qu’elle pouvait avoir le

dessus sur la vieille bureaucratie sé-culariste. Aujourd’hui, beaucoup dejeunes politiciens des Frères musul-mans viennent en Turquie pour étu-dier l’expérience de l’AKP. Et l’ondiscute tous les jours de “modèleturc”, dans les journaux de la Tur-quie et du Moyen-Orient.

Certes, les modèles politiquessont difficiles à exporter, nous rap-pelle Cemal Usak en prenantl’exemple de son propre pays:«Dans les années Soixante-dix, il yavait en Turquie des groupes d’in-tellectuels qui essayaient d’importerdes versions “arabes” de l’islam. Leseul résultat qu’ils ont obtenu, c’estde faire naître le radicalisme». Onpeut d’ailleurs faire le même raison-nement dans le sens contraire: «Ladémocratie et les droits de l’hommesont des valeurs universelles qui va-lent dans tous les pays, mais chaquepays doit adapter ces valeurs dansson propre contexte».

Rober Koptas, lui aussi, nous in-vite à ne pas simplifier: «Quand onparle de modèle turc, il faut savoirce que l’on veut dire. Le modèle, cen’est pas la Turquie, mais la démo-

cratie. Si le modèle était la Turquietelle qu’elle a été jusqu’à aujourd’hui– une démocratie “protégée” parles armes des militaires – alors, nonmerci. Mais ce qui se passe dansnotre pays permet de démontrerquelque chose à ceux qui disaientque l’islam et la démocratie sont in-compatibles».

Aujourd’hui, au Moyen-Orient,la Turquie est au centre de l’atten-tion. C’est en grande partie grâceau ministre des Affaires étrangèresAhmet Davutoglu, reconfirmé danssa charge après les élections. Sa po-litique de «zéro problème avec lesvoisins» à créé autour de son paysun climat favorable à la collabora-tion, et pas seulement dans le do-maine politique: les exportationsturques dans les pays limitrophesaugmentent à un rythme forcené.L’afflux de touristes ne cesse decroître. Ankara n’exporte pas seu-lement les marchandises, mais aussila culture.

Ce soft power, ce “pouvoir lé-ger” n’est pas passé inaperçu en Eu-rope. Et parmi les européistes lesplus futés, nombreux sont ceux quiinvitent à ne pas perdre cette occa-sion de rapprocher l’Orient de l’Oc-cident. Après le vote de juin, Erdo-gan a voulu démontrer qu’il est en-core intéressé par le dialogue avecl’Union européenne en instituant unministère ad hoc dirigé par EgemenBagis. Mais les négociations n’avan-cent pas. Les chapitres les plus déli-cats ont été bloqués. Au lieu de fairepression sur des questions impor-tantes comme la tutelle des droitsdes minorités, Bruxelles s’est enfer-mée dans un refus qui, vu des rivesdu Bosphore, paraît idéologique.

Réformes et compromisCar il y a encore beaucoup de travailà faire, en ce qui concerne les mino-rités religieuses. La Constitution ac-tuelle assure que la liberté religieusepeut être exercée, à condition qu’el-le ne viole pas le principe de la laïci-té de l’État. La loi turque ne recon-naît pas l’existence des Églises chré-tiennes. Emre Öktem, professeurde droit international à l’universitéGalatasaray d’Istanbul, nous donneun exemple significatif: «Le patriar-cat orthodoxe d’Istanbul n’a pas depersonnalité juridique. Technique-ment, le patriarche lui-même ¬

Le bord de mer à Alexandrette.En Turquie, il n’est pas rare de voir des femmes vêtues “à l’occidentale”côte à côte avec des femmes voilées

n’est qu’un employé au service de lafondation qui gère l’église Saint-Georges». Les “fondations” sont lesseules institutions religieuses ad-mises par la loi, et jusqu’à uneépoque récente, elles étaient sou-mises à des lourdes restrictions.«Une loi, qui remontait à 1936, in-terdisait aux fondations religieusesd’acheter des propriétés ou d’héri-ter», poursuit le professeur. Si un fi-dèle faisait une donation à l’Église,celle-ci n’avait pas de valeur juri-dique. «En 2002», précise Öktem,«une modification à la loi sur les fon-dations a été insérée parmi les me-sures d’harmonisation créées dansle contexte du rapprochemententre la Turquie et l’Union euro-péenne. C’était la première loi quiautorisât les fondations à acheterdes propriétés et à hériter. En2008, une nouvelle loi a même au-torisé la restitution des propriétésque l’État avait expropriées».

Les poignées de main d’Erdo-gan aux leaders religieux du paysn’ont pas seulement été des gestessymboliques. Le père Dositheos, dupatriarcat œcuménique d’Istanbul,nous raconte la rencontre entre le

chef du gouvernement et Sa Sainte-té Bartholomée Ier. C’était le 15août 2009. L’un des problèmes quitourmentaient le plus la commu-nauté à l’époque était la question dela nationalité des évêques. «La loiturque exige que tous les évêquesqui travaillent pour le patriarcat enTurquie soient citoyens turcs. Orrares étaient les évêques ortho-doxes qui l’étaient. Erdogan a saisicette occasion pour leur promettrela nationalité, ce qui leur aurait per-mis de travailler ici et même de pou-voir un jour être élus patriarche. Lepremier ministre a tenu sa promes-se et cela a permis au Synode or-thodoxe de survivre.

La bienveillance du pouvoir en-vers les minorités s’est souvent ma-nifestée à travers des “faveurs” dumême genre. Mais nous entendonsfréquemment dire que ces faveurs,généralement bien acceptées, nepeuvent pas suffire, et qu’il faut quecertains droits soient formalisés.Kezban Hatemi, une avocate quis’occupe depuis des années desproblèmes des minorités, nous par-le de l’hypothèse qu’Ankara signedes concordats avec les différentes

Églises chrétiennes, sur le modèledes États européens et en particu-lier de l’Allemagne. C’est une pro-position très audacieuse, qui estbien loin de la réalité concrète.Pendant longtemps encore, il pour-rait être nécessaire de se contenterde faveurs.

D’autres questions, fort déli-cates, restent encore sans solution.C’est le cas du séminaire orthodoxede l’île de Heybeliada, dans la merde Marmara. La Constitutionturque exige que tout enseigne-ment religieux soit soumis aucontrôle de l’État. Cette situationempêche les Églises chrétiennes desuivre les jeunes qui ont la vocationsacerdotale. Le père Dositheosnous dit que «Sa Sainteté et le Syno-de sont convaincus que le Premierministre veut sincèrement trouverune solution à ce problème. Maisl’État, à Ankara, fait résistance.Nous attendons l’an prochain, avecla nouvelle Constitution».

Les expectatives suscitées par laréforme constitutionnelle promisepar l’AKP sont nombreuses, maisle parti de gouvernement ne dispo-se pas de la majorité nécessaire

30 30JOURS N.6 - 2011

Reportage

«La loi turque exige que tous les évêques qui travaillent pour le patriarcat en Turquie soient citoyens turcs. Erdogan a accordé la nationalité à de nombreux évêques orthodoxes et cela a permis au Synode orthodoxe de survivre»

Ankara, mausolée d’Atatürk: un enfantjoue à imiter les soldats qui montent la garde. Le rôle joué par l’armée a radicalement changé en Turquie dans les dernières années

L’église Saint-Georges,à l’intérieur du patriarcatœcuménique d’Istanbul

pour changer la Constitution à luiseul, sans un accord avec les autresforces politiques et sans demanderl’avis du peuple à travers un réfé-rendum. La nouvelle charte nepourra qu’être le fruit d’un compro-mis entre forces différentes, etavant tout entre l’exécutif et les can-didats indépendants élus avec l’ap-pui du parti de la minorité kurde,dont fait notamment partie ErolDora, le premier chrétien à être en-tré au Parlement depuis plus de cin-quante ans. Membre de la minoritésyriaque, Dora est avocat et il a sou-vent assisté les communau-tés chrétiennes. Ce nonobs-tant, il tient à préciser qu’il aété élu avec les voix «des mu-sulmans et des chrétiens».Une représentation non sec-taire, qui souhaite faire en-tendre la voix de toutes lesminorités du pays dans leprocessus de révision de laConstitution.

«La tolérance ne suffit pas. Mais…»Les poignées de main,l’élection d’un chrétien, lelangage politique qui se mo-difie… Revenons à ce quenous dit Rober Koptas, le di-recteur d’Agos: «jusqu’ici, le“discours politique” veut queles Turcs et les Arménienssoient considérés commedes ennemis, mais ce dis-cours est en train de chan-ger». Il est vrai que la ques-

tion des minorités est encore abor-dée en termes de “tolérance”, alorsque «pour moi», poursuit Koptas,«la tolérance n’est pas l’idéal, ni levrai but à rechercher. Mais jus-qu’ici, les nationalistes voient lesGrecs, les Arméniens, les Juifscomme un danger pour la nation.Alors, face à ce discours, la toléran-ce est bienvenue».

Nous abordons aussi la questiondu génocide des Arméniens de1915. Dans les écoles turques, ona enseigné pendant des décenniesque cet événement n’a jamais eulieu; et l’opinion publique ne peutpas changer d’un jour à l’autre...Mais «si la Turquie devient une dé-mocratie accomplie, s’il devientpossible de parler ouvertement deces problèmes, le gouvernementsera en mesure de reconnaître lemassacre des Arméniens».

Le changement de mentalité esten cours, et il semble qu’on s’en soitrendu compte jusque dans les rangsdu CHP, la principale force d’oppo-sition. Son chef actuel, Kemal Kiliç-daroglu, commence à insister sur lanécessité de prêter l’oreille au pro-blème de la minorité kurde et deprendre la Turquie la plus religieuseen considération. Mais les résis-tances au sein même de sa forma-tion sont fortes et on ne peut pasencore savoir si Kiliçdaroglu réussi-

ra à atténuer le nationalisme de sonparti et à le rapprocher de ses ho-mologues sociaux-démocrates eu-ropéens. Mais le fait que l’on enten-de ces genres de discours est en soisignificatif.

Quant au rôle de l’armée dans lavie politique turque, il est en train dechanger, lui aussi. Bleda Kurtdar-can, professeur à l’université Gala-tasaray, est un expert de questionsmilitaires. Aujourd’hui, les cher-cheurs comme lui peuvent accéderau budget de l’armée et en étudierles structures, ce qui aurait été im-pensable il y a quelques années.Mais l’affaire Ergenekon n’est tou-jours pas classée. En 2007, d’aprèsle Parquet qui a enquêté sur cettestructure secrète, un groupe d’offi-ciers a planifié plusieurs meurtresspectaculaires pour agiter l’épou-vantail d’une Turquie prête à setransformer en un État islamique.Parmi ces assassinats, celui deHrant Dink, un journaliste armé-nien, de don Andrea Santoro, etdes trois chrétiens évangéliques.D’après quelques observateurs,dont les reporters de l’hebdomadai-re Agos, l’assassinat de Monsei-gneur Luigi Padovese devrait, luiaussi, être inclus dans ce complot.Et dans les dernières semaines,l’examen des pièces du procès apermis de découvrir que les put-

Les ruines de l’ancienne basilique de la Madone d’Éphèse, la première église du monde dédiée à la Vierge Marie. C’est là que s’est tenu, en 431, le Concile qui a proclaméMarie “Mère de Dieu”

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TURQUIE. Un modèle pour le nouveau Moyen-Orient

schistes avaient même envisagé detuer le patriarche œcuménique Bar-tholomée Ier.

Le complot a échoué. L’inter-vention des soldats, qui auraient dû“rétablir l’ordre”, n’a pas trouvé lesoutien nécessaire, ni en Turquie nià l’étranger. Et les communautéschrétiennes, victimes de cetteagression, continuent à espérerqu’elles pourront vivre en paixdans la terre sainte de Turquie.

Une présence discrèteSi on pense aux tragédies des der-nières années, on pourrait s’at-tendre à ce que les chrétiens soientmis en quarantaine. Mais la réalitéest plus complexe. Le 13 juin est lafête de saint Antoine de Padoue.Nous visitons l’église d’Istanbul quilui est dédiée; sa façade néo-go-thique se trouve au long d’IstiklalCaddesi, une des rues les plus fré-

quentées pour le shopping, le tou-risme, la vie nocturne. L’église elle-même voit passer un va-et-vientcontinu; mais les passants qui en-trent ne sont pas tous chrétiens. Ilsregardent autour d’eux avec curio-sité, ils observent les statues dessaints, ils demandent des rensei-gnements. Certains allument uncierge et s’arrêtent pour prier. Par-mi eux, on trouve aussi des musul-mans, des femmes qui portent levoile. Ils demandent des petitesgrâces à saint Antoine: la paixaprès une dispute, la sérénité en fa-mille, etc. Tout le monde reconnaîtla sainteté d’Antoine, au-delà desdivisions confessionnelles.

En Turquie, deux réalités oppo-sées coexistent. D’un côté, les épi-sodes de vandalisme aux dépens desreligieux. Il est difficile d’effacer desdécennies de propagande nationa-liste contre les “missionnaires” chré-tiens, accusés d’être l’avant-gardedes colonisateurs occidentaux. Del’autre côté, les rapports d’amitié quinaissent de la fréquentation entrechrétiens et musulmans.

Les sœurs d’Ivrea qui dirigentl’école italienne de Smyrne nousparlent de l’estime dans laquelleelles sont tenues par la populationlocale. Un grand nombre de leursélèves ne sont pas chrétiens. À An-tioche, le père Domenico Bertogli

nous raconte que les donations ef-fectuées en faveur du minuscule bu-reau de la Caritas locale arrivent enpartie de bienfaiteurs musulmans. Iln’y a pas de quoi s’étonner: la Cari-tas aide les nécessiteux, quelle quesoit leur religion. Les musulmans lesavent, et ils montrent leur recon-naissance par ces gestes concrets.

Et pourtant, l’organisation tra-verse actuellement des moments dif-ficiles: dans le passé, grâce à la pro-tection du Vatican, la Caritas étaitconsidérée comme une institutionliée à un État étranger, mais aujour-d’hui, elle est assujettie à la loi turquesur les fondations religieuses, et entant que telle, elle n’a pas le droit dedétenir des propriétés; elle se voitdonc obligée à les mettre au nom depersonnes physiques qui travaillentpour elle, comme par exempleMonseigneur Padovese, avant samort tragique; mais à l’heure actuel-le, les biens qui avaient été mis aunom de l’évêque sont gelés par l’É-tat, qui se refuse à les restituer à laCaritas. Or ce problème ne se seraitpas posé si l’association avait bénéfi-cié d’une tutelle “internationale”.

32 30JOURS N.6 - 2011

Reportage

Des femmes musulmanes sortent du sanctuaire de la Maison de Marie, à Éphèse; deux jeunes allument un cierge à saint Antoine de Padoue, dans l’église d’Istanbul dédiée au saint

La Caritas de Turquie a de bienpetits moyens, mais il ne faut pasgrand-chose pour porter témoigna-ge. «En termes de chiffres», nous ditle nonce, Monseigneur Antonio Lu-cibello, «notre présence en Turquieest minime; elle équivaut à la com-munauté paroissiale d’un petit villa-ge occidental. Et pourtant, notre té-moignage, que nous voulons dis-cret, porte ses fruits; nous sommesestimés et écoutés». Si on devait“mesurer” l’état de l’Église locale encomptant ses membres, il y auraitde quoi se poser des questions. Etpourtant, lorsqu’on observe lesgens d’ici, on se rend compte que lafoi les rend heureux. «On n’a pas be-soin d’une présence tapageuse»,continue Mgr Lucibello. «Ce qui estfondamental, en revanche, c’est untémoignage de vie qui ne cherchepas à s’imposer par des actionsspectaculaires».

Une religieuse, qui avait quittél’Italie au moment de l’assassinatde Monseigneur Padovese, nousavoue ses inquiétudes lors de sonarrivée en Turquie. «Je ne pouvaispas porter mon habit religieux, jene pouvais pas enseigner la reli-gion à l’école, et je me demandaisce que j’étais allée faire dans ce

pays, moi qui avait même l’habitu-de de participer aux manifesta-tions… Lorsqu’on arrive ici, oncomprend qu’il ne s’agit ni de faireni de dire quelque chose de particu-lier. Il suffit d’être ici, dans cette ter-re sainte où ont vécu les apôtres, etde faire confiance au Seigneur».

Toute l’expérience de l’Église deTurquie est là. C’est l’air qu’on res-pire parmi les enfants qui jouentdans la cour du père Domenico, àAntioche. Ou encore à Tarse,lorsque les religieux partagent leurrepas avec les gens venus des vil-lages voisins pour fêter saint Paul.Le père Roberto, quatre-vingt-cinqans dont plus de soixante en Tur-quie, allonge un billet de banque àune famille qui ne peut pas sepayer le voyage de retour. Au coursdu repas, les religieuses de l’endroitindiquent à Monseigneur Frances-chini un jeune couple ou un enfant,elles lui donnent des nouvelles desmariages et des naissances.

Avec si peu de chrétiens, onpourrait se demander ce que vien-nent faire les prêtres catholiques enTurquie. En réalité, entre les be-soins de la population locale et l’ac-cueil des pèlerins, le travail nemanque pas. Mais «il ne s’agit pas

de faire quelque chose». Il suffitd’être ici, en tant que gardiens decette terre sainte, sainte parce quec’est ici qu’est né Paul et qu’ont vé-cu Barnabé et Pierre. Saint Jeanest enterré à Éphèse, sous lesruines d’une basilique tournée versla mer. Et c’est dans cette terre ques’est “endormie” et qu’est montéeau ciel la Vierge, dont la traditiondit qu’elle aurait suivi Jean jusqu’ici.

Les pères capucins aiment rap-peler le conseil que donnait saintFrançois d’Assise à ses frères quipartaient vers l’Asie Mineure. «Il y adeux façons d’être missionnaire. Lapremière, c’est de servir toutes lescréatures humaines par amour deDieu et de confesser la foi chrétien-ne, en évitant disputes et conflits».C’est le témoignage discret. «Ladeuxième, c’est d’annoncer la paro-le de Dieu au moment où cela estagréé par le Seigneur». D’être at-tentifs aux choses de ce monde, desavoir déceler et recueillir ce qui ar-rive de bon autour de nous. q

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TURQUIE. Un modèle pour le nouveau Moyen-Orient

À Antioche, le père Domenico Bertogli nous raconte que les donationseffectuées en faveur du bureau local de la Caritas locale arrivent en partie de bienfaiteurs musulmans. La Caritas aide les nécessiteux,quelle que soit leur religion. Les musulmans le savent, et ils montrent leur reconnaissance par ces gestes concrets

Monseigneur Ruggero Franceschiniavec quelques prêtres;à gauche, le miracle des noces de Cana sur les mosaïques de l’église Saint-Sauveur-in-Chora à Istanbul

Nous rencontrons au centrepastoral de son diocèse lecardinal Donald Wuerl, ar-

chevêque de Washington, le 29 juin.

Éminence, vous êtesl’évêque du diocèse d’une capi-tale très importante, qui est en-core la “capitale du monde”.Lorsqu’on lit vos Lettres pasto-rales, on est frappé par le faitqu’elles s’adressent toujoursaux personnes qui se sont éloi-gnées de l’Église, comme sic’était votre principal souci.

DONALD WUERL: C’est en celaque consiste la nouvelle évangélisa-tion, et c’est pour cela que nous enavons fait notre objectif dans l’archi-diocèse de Washington. C’est à tra-vers ce prisme que nous voulonsvivre tout ce que nous faisons, en in-vitant les gens à revenir à la foi et lesjeunes à essayer d’apprécier, decomprendre et de vivre notre foi ca-tholique.

La raison pour laquelle j’ai écritma Lettre pastorale de l’an derniersur la nouvelle évangélisation, Dis-ciples of the Lord: sharing the vi-sion [Disciples du Seigneur: partaged’une vision ndr.], c’est justementqu’il existe une génération de catho-liques qui sont baptisés, mais qui nepratiquent pas. Il s’agit pour la plu-part de catholiques qui ont reçu unebien pauvre catéchèse pendant lalongue période qui va des annéesSoixante-dix au début des annéesQuatre-vingt-dix. Période au coursde laquelle, aux États-Unis, on neprêtait pas suffisamment attention àce qui était enseigné, ni aux textescatéchétiques et théologiques desti-nés à l’instruction de nos jeunes. Ce-ci, ajouté à la révolution culturelledes années Soixante et Soixante-dix, a fait que de nombreux catho-

liques ont tout simplement cesséd’aller à l’église. Ils se considèrentcomme catholiques, mais ils ne par-ticipent pas à la vie de l’Église.Lorsque le pape Jean Paul II a com-mencé à parler avec une forte insis-tance du besoin d’une nouvelle évan-gélisation, nous avons pris conscien-ce de l’importance d’inviter les gensà revenir à l’Église; et ensuite,lorsque le pape Benoit XVI a créé leConseil pontifical pour la promotionde la Nouvelle Évangélisation, nousavons décidé que celle-ci aurait été lecœur de toutes les initiatives de l’ar-chidiocèse de Washington. Nousvoulons être sûrs que notre invitationà revenir atteigne ceux qui se sont

éloignés. Par exemple, l’invitation àla confession, que nous avons appe-lée “The light is on for you” [La lu-mière est allumée pour toi, ndr.].Comme nous souhaitions faire redé-couvrir le sacrement de la réconcilia-tion, nous avons fait en sorte qu’ilsoit possible de se confesser danstoutes les paroisses de l’archidiocè-se. Cette expérience a duré cinq ans,à l’occasion de chaque Carême.Nous nous sommes simplement ar-rangés pour que tous les membres

de la communauté sans exception,catholiques ou non, sachent que lesacrement de la confession est unechose que les catholiques font; etque dans chacune de nos églises,tous les mercredis de Carême, de 6h30 à 20h, un prêtre était prêt à écou-ter les confessions et à souhaiter labienvenue à tous ceux qui reve-naient. Et cette invitation à revenir àla maison, nous l’avons diffusée dansle métro, à la radio, dans les autobuset sur des panneaux publicitaires.Aujourd’hui, cette initiative a été re-prise par plusieurs diocèses améri-cains et même au Canada.

Vous êtes très concret et trèsdirect dans votre catéchèse.

Dans votre Lettre pastorale Go-d’s mercy and loving presence[La miséricorde de Dieu et laprésence amoureuse ndr.],vous avez conseillé aux prêtres,aux religieux et aux laïcs de l’ar-chidiocèse de poursuivre cetteexpérience des confessions, etmême de participer tous en-semble à l’adoration eucharis-tique, en suivant l’exemple deSaint Alphonse Marie de Liguo-ri, que vous citez dans vos

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par Giovanni Cubeddu

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Le retour à la simplicité de la foi catholique

L’archevêqueDonald Wuerl en visite à l’école St. Augustine, en février 2010.Fondée en 1858,c’est la plusancienne école de Washington pour les enfantsafro-américains

écrits. C’est comme si vousvouliez leur dire «La bonne ré-ponse, ce sont les sacrements».

Je suis tout à fait d’accord. Il y aquelques années, lors d’une réuniondes évêques américains, nous noussommes dit qu’il fallait définir despriorités pour l’Église de notre pays.Et nous avons unanimement choisice qui est vraiment la priorité despriorités, à savoir l’évangélisation etla catéchèse des sacrements, le re-tour des gens aux sacrements. Celatombe sous le sens… Lorsque Jésus,le Verbe incarné, se préparait à reve-nir au Père dans sa gloire, Il a fondéune Église qui Lui ressemble, qui soità la fois spirituelle et visible, habitéepar l’Esprit Saint tout en étant faited’êtres humains. Le Concile VaticanII parle de l’Église comme du grandsacrement. Jésus a institué les sacre-ments pour pouvoir nous toucher, etpour que nous puissions Le toucher.L’Eucharistie est le plus importantde ces grands moments de ren-contre. Jésus a dit: «Faites cela enmémoire de moi». Et nous avonscompris que chaque fois que nousl’aurions fait, Il aurait été avec nous.Je crois que nos jeunes se rendentcompte que cela n’est pas seulementsimple, mais que cela est vrai. Au-jourd’hui, ce que nous demandonsaux jeunes, c’est de donner la répon-se que Pierre a donné lorsque Jésusa demandé à ses disciples: «Quidites-vous que je suis?». C’est la ques-tion que nous posons à nos jeunes:«Qui dites-vous qu’est Jésus?». Et

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Né à Pittsburgh, en Pennsylvanie, il y a 71 ans, DonaldWilliam Wuerl est ordonné prêtre en 1966, après avoir fait

ses études, entre autre, au Collège pontifical Nord-américainde Rome. Il est nommé évêque par le pape Jean Paul II en jan-vier 1986. Après deux années passées à Seattle, il est transférédans sa ville natale. En 2006, Benoît XVI le choisit pour lʼarchi-diocèse de Washington. En 2008, Mgr Wuerl accueille le Papepour son voyage apostolique aux États-Unis, et il est créé cardi-nal au cours du consistoire du novembre 2010. En mai dernier, ila pris possession de la basilique dont il est titulaire à Rome,Saint-Pierre-aux-Liens.

Biographie

ÉTATS-UNIS. Interview du cardinal Donald Wuerl

Benoît XVI impose la barrette cardinalice à DonaldWuerl à l’occasion du Consistoire du 22 novembre 2010, dans la basilique Saint-Pierre

Le Credo des apôtres, le sacrement de la confession, l’adoration de l’Eucharistie,l’invitation à revenir à la foi lancée à ceux qui se sont éloignés. Conversation avec l’archevêque de Washington, cardinal Donald Wuerl

Le cardinal Wuerl dans la basilique du Sanctuaire national de l’ImmaculéeConception à Washington

Simon Pierre a répondu: «Tu es leChrist, le Fils du Dieu vivant». Nousessayons d’aider nos jeunes à faire lamême profession de foi, à dire à Jé-sus Christ «Tu es le Fils de Dieu, jecrois en Toi». Et nous constatons quenos jeunes répondent. Ce n’est pascompliqué. Quand Jésus parlait, iln’était pas difficile à comprendre.Ce qui se passe, à mon avis, c’estque la réponse de la foi finit par êtreensevelie sous des critères unique-ment mondains. C’est pour cela quenos jeunes nous demandent aujour-d’hui de leur parler de Jésus, de leurparler de Son Évangile.

Dans votre Lettre pastoralede 2007, God’s mercy and theSacrament of Penance (La mi-séricorde de Dieu et le sacre-ment de pénitence), vous rap-pelez que la «nouvelle création»veut simplement dire un hom-me qui est racheté.

Saint Paul dit que nous sommeshabités par une bataille entre l’hom-me ancien, qui fait encore résistan-ce, et l’homme nouveau, la nouvellecréation qui se manifeste, l’hommedans la grâce, l’homme racheté parla grâce. N’est-ce pas justement ceque Jésus est venu faire, en réparanttout ce qui était cassé? La nouvellecréation, la création de grâce, c’estle Royaume, la présence de Dieu, dela paix, de l’amour, de la justice, de lacompassion, de la guérison. La nou-velle création commence pour cha-cun de nous avec le baptême. Dansle baptême, chacun devient créaturede la nouvelle création. Même si labataille se poursuit contre l’anciennecréation, qui ne veut pas nous lâcher.Chacun d’entre nous est citoyen duRoyaume, Royaume qui advient en-core maintenant, chaque fois qu’uncroyant, un homme qui suit le Christ,agit dans la bienveillance, dansl’amour, dans la vérité et dans la justi-ce. Toutes les actions qui rendent vi-sible la présence du Christ en nousfont que le Royaume existe. Unhomme qui s’était présenté commeathée m’a dit un jour: «Qu’est-ce quedes gens comme vous apportent aumonde?». Les «gens comme vous»,cela voulait dire l’Église. Je lui ai ré-pondu: «À quoi aurait ressemblé lemonde si, dans les siècles passés,dans les millénaires passés, on nenous avait pas appris les Dix com-mandements? Si on ne nous avait

pas dit que nous devons nous traiterl’un l’autre avec dignité, s’il ne nousavait pas été dit que nous sommesappelés à nous aimer les uns lesautres, et à soigner jusqu’au dernierde nos frères? Comment croyez-vous qu’aurait été le monde?». Et ilm’a répondu, ce qui lui fait honneur:«Cela aurait été une boucherie». Toutcela est le signe du Royaume qui faitbrèche dans le monde.

Une des joies de la charged’évêque, c’est que celui-ci a le de-voir d’étendre son action dans tout leterritoire de son diocèse. Et lorsque

je visite toutes ces paroisses, je dé-couvre des gens qui vivent leur foi etqui essaient de suivre le Christ en éle-vant leurs enfants, en essayant de lesaider à suivre la voie du Christ. Ondécouvre des personnes qui pren-nent soin des vieillards et des ma-lades, qui vont à la rencontre des né-cessiteux, en essayant de faire toutce que Jésus a dit.

Même aux États-Unis, les ca-tholiques vivent au centre deforces contraires. D’un côté,comme le rappellent lesévêques américains dans le do-cument In support of Cateche-tical Ministry [Pour aider le mi-nistère du catéchisme ndr.],«nous vivons dans une sociétéde plus en plus sécularisée etmatérialiste» et de l’autre, onconstate que les minorités his-

paniques, de couleur et asia-tiques sont porteuses d’une ap-proche différente…

Je pense – à l’instar de mesconfrères –, qu’il existe trois chosesqui s’opposent à la proclamation del’Évangile aux Etats-Unis, et que lepape Benoît XVI nous a rappeléeslors de sa visite ici en 2008. Ce sontle sécularisme, le matérialisme etl’individualisme. On le constate deplus en plus dans notre culture. Unebonne partie de ce qui nous est pro-posé comme culture américainevient des industries des loisirs et de

l’information. Quand on se mêle auxgens, dans les paroisses, dans lemonde du travail, on découvre quede nombreuses valeurs chrétiennesde base subsistent. On en entend ra-rement parler dans les médias. Cesvaleurs sont censurées. Tout ce qui aà faire avec la religion, la foi, et la spi-ritualité est censuré, et on finit parcroire qu’il n’existe que ce que nousvoyons à la télévision, ce que nousentendons à la radio ou ce que nouslisons dans les journaux. Ce n’estpas vrai. Mais d’autre part, commevous le disiez, on assiste aujourd’huià l’arrivée d’un grand nombre de mi-grants. Dans notre archidiocèse,nous célébrons chaque semaine lamesse en vingt langues différentes…Vingt! Ce reflet de l’Église universel-le est une bénédiction pour la capita-le des États-Unis. Les immigrés ap-

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À gauche, le cardinal Wuerl en prièredevant les chaînes de saint Pierre,conservées dans la basilique romaineSaint-Pierre-aux-Liens, à l’occasion de sa prise de possession, le dimanche 8 mai 2011; ci-dessous, le cardinal avec deuxreligieuses, à son arrivée pour la messe de Pâques dans la basilique du Sanctuairenational de l’Immaculée Conception de Washington, le 24 avril 2011

portent avec eux la richesse de leurfoi. La plupart apportent avec eux unsens de la communauté et de la famil-le qui est dramatiquement nécessairedans nos États-Unis sécularisés.Nous sommes en train d’assister àl’introduction de ce que l’ont appelle“mariage homosexuel”, comme si lemariage n’était pas déjà la réalité vé-rifiable d’un homme et d’une femmequi s’unissent, en promettant devivre ensemble, d’engendrer et d’éle-ver des enfants. Les immigrés appor-tent avec eux un sens de la commu-nauté et de la communion ecclésiale.Leur expérience de la foi inclut l’Égli-se et par conséquent la doctrinechrétienne, la tradition apostoliqueet les évêques comme successeursdes apôtres. Ceci est différent del’héritage protestant enraciné auxÉtats-Unis selon lequel «Jésus estmon Sauveur, et je n’ai besoin de riend’autre». L’Église catholique, en re-vanche, a toujours dit: «Jésus a insti-tué une famille, une famille de foi».Une partie de la tâche qui nous in-combe, c’est de soutenir les valeurstraditionnelles de la famille et de lacommunauté, en suivant les pas detous ces immigrés.

Dans le document que je ci-tais tout à l’heure, les évêquesaméricains soulignent que lesvaleurs démocratiques sontune chose, et que la foi catho-lique est autre chose. Commentvous rapportez-vous à l’autori-té civile, sur la base de cettenette distinction?

Je crois qu’il faut prendre une oudeux choses en considération. Lapremière, c’est que la société améri-

caine est une société démocratiqueet pluraliste. La deuxième, c’estqu’en tant qu’évêque de l’Église ca-tholique, j’ai un message à trans-mettre à cette société démocratiqueet pluraliste. Il y a cinq ans, lors de lacérémonie de ma prise de fonctionà la tête du diocèse, j’ai dit dans monhomélie qu’une partie de la respon-sabilité de l’Église dans la capitale denotre nation, dans cette “capitaledu monde”, c’est de faire entendrela voix de l’Évangile parmi toutes lesautres voix. Nous ne condamnonspas ces autres voix, mais nous vou-lons avoir la même liberté de faireentendre la nôtre. Mon expérienceà Washington me dit que si l’on estdisposé au dialogue, à la discussionet à l’écoute, on a parfois la possibi-lité d’introduire l’Évangile dans ledébat. Il est très important que l’É-glise soit présente. Elle doit partici-per à la réflexion des milieux poli-tiques, sociaux et culturels. Pour ce-la, il suffit que nous soyons fidèles ànous-mêmes. Nous devons être fi-dèles à l’Évangile, dire clairement cequi est et ce qui n’est pas, ce qui estvrai et ce qui est faux. La voix del’archidiocèse se fait entendre, parexemple, à travers le mouvementpour la vie, et nous sommes trèsfiers de rassembler chaque annéeles jeunes pour célébrer la messepour la vie. L’an dernier, il y avaittrente-cinq-mille jeunes, vingt-milleà la messe dans le Verizon Center,dix-mille au D. C. Armory et encorecinq mille dans toutes les églises del’archidiocèse. À travers les voix detous ces jeunes, l’Église faisait sim-plement entendre au monde poli-

tique actuel que la vie humaine estun don de Dieu.

Le débat sur la réforme sani-taire aux États-Unis n’est pasencore terminé. L’Église catho-lique ne peut pas soutenir ceuxqui favorisent l’avortement, cequi ne veut nullement dire qu’el-le s’oppose à une loi qui garanti-rait une assistance sociale et sa-nitaire à des gens qui n’auraientjamais pu se le permettre. On aparfois l’impression que de l’É-glise catholique américaine estexclusivement engagée danscette bataille pro life (pour lavie) et contre le gouvernement.

On présente souvent l’Église ca-tholique sous ce jour, comme si elles’intéressait seulement à la tentatived’abolir l’avortement. Mais il faut sa-voir qu’après le gouvernement, c’estl’Église catholique qui est le premierfournisseur de soins. Nous sommesprésents à tous les niveaux de l’assis-tance sanitaire, de l’administrationdes services sociaux, des soins auxSDF, et nous donnons notre soutienaux pauvres à travers les banques denourriture et les réserves des pa-roisses. Nous sommes aussi, toujoursaprès le gouvernement, la plus gran-de institution dédiée à l’instruction,en particulier celle des pauvres et desindigents. L’Église catholique est en-gagée dans tout ce qui est lié auxcommandements de Jésus qui nous adit de nourrir les affamés,de donner àboire aux assoiffés, de vêtir ceux quisont nus, de visiter les malades et lesprisonniers. C’est ce que nous fai-sons. Mais on n’en parle jamais, onne reconnaît jamais notre action.

ÉTATS-UNIS. Interview du cardinal Donald Wuerl

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À gauche, l’archevêque de Washington Donald Wuerl à la fin d’une rencontre de prière à l’Old Saint Mary’s Catholic Church; à droite, ilest au Verizon Center pour célébrer la messe avec vingt-mille jeunes à l’occasion du rassemblement annuel pour la vie, en janvier 2010

En 2007, les évêques américainsont publié un document, Faithful ci-tizenship (Citoyenneté fidèle), desti-né aux catholiques pour les guiderdans le processus électoral. Je penseque ce texte contient un enseigne-ment très solide; il a d’ailleurs eu l’ap-pui unanime de tous les évêquesaméricains. Faithful citizenship ex-plique aux catholiques et à tous ceuxqui le lisent qu’il faut considérer tousles aspects des questions qui sont encause. Jésus nous demande deprendre soin de la femme qui ac-couche de son enfant, mais aussi deles assister tous les deux, comme Ilnous demande d’assister les per-sonnes âgées et les nécessiteux.Tout cela fait partie du remarquablesystème de référence du service de lajustice sociale catholique.

Aujourd’hui, c’est la fête dessaints Pierre et Paul. Ce matin,à la messe matinale du Francis-

can monastery of the HolyLand, à Washington, le prêtre adit dans son homélie que dedeux personnalités impro-bables – un pêcheur et un per-sécuteur – le Seigneur a faitdeux saints.

C’est ainsi que travaille le Sei-gneur. Qui l’aurait pensé… que laroche sur laquelle le Seigneur allaitconstruire son Église aurait été unpauvre pêcheur, fruste et impulsif...Et pourtant, par la grâce de Dieu, ilest devenu le rocher sur lequel est bâ-tie l’Église. Et puis Paul, qui persécu-tait l’Église, et par la grâce de Dieuest devenu l’instrument à travers le-quel a été révélé que l’Église et Jésusne font qu’un. Quand Saul a dit: «Quies-tu?», la voix a répondu: «Je suis Jé-sus que tu persécutes». L’Église et le

Christ ne font qu’un, et c’est Paul quia été l’instrument de cette révélation.Ce matin, j’ai célébré la messe et j’aidit que l’on ne peut pas célébrer lessaints Pierre et Paul sans reconnaîtreque nous avons un lien avec Rome.Lorsque j’ai eu le grand privilège deprendre possession de l’église titulai-re de Saint-Pierre-aux-Liens à Ro-me, j’ai rappelé aux personnes pré-sentes que nous avons tous un lienspécial, que chaque catholique a unlien avec Pierre. Ce lien existe parcequ’il est la pierre de touche de notrefoi. Aujourd’hui, Pierre vit, aujour-d’hui il porte le nom de Benoît etc’est à lui que nous nous adressonslorsque nous voulons savoir ce queJésus nous dit aujourd’hui.

Quelle a été votre plus belleexpérience, en tant qu’arche-vêque de Washington?

Pour moi, la joie la plus grande dela vie de l’Église, c’est de me rendre

compte que je vis le plein essor de lanouvelle évangélisation. Nous res-semblons à l’Église des origines, quisort dans les rues et annonce pour lapremière fois aux gens qui est Jésus.Il est ressuscité, il est avec nous.Beaucoup de gens entendent cettenouvelle pour la première fois. Ilscroient l’avoir déjà entendue, ilscroient le savoir, mais en réalité,c’est probablement la première fois.Ce qui est bouleversant, c’est quel’Église d’aujourd’hui s’ouvre à un fu-tur totalement nouveau. Il y a de quoiêtre content. Dans cinquante ans,les gens regarderont en arrière et ilsdiront peut-être que c’étaient letemps où commençait le renouvelle-ment complet de l’Église.

Vous avez récemment écritdans l’un de vos articles: «Il n’y

a pas longtemps, un hommes’est approché de moi à la fin dela messe de Pâques, et il m’a de-mandé si j’avais vraiment vouludire ce qu’il avait entendu dansmon homélie: “Vous avez ditque Jésus est ressuscité dansson corps, et pas seulementdans son message”».

Il est ressuscité. Les gens ontpeut-être entendu certains profes-seurs leur dire que la résurrectionétait essentiellement une manière dedire, et que Jésus était ressuscité ausens où il exerçait une influence.Nous, nous disons: «Non, non! Il estressuscité dans Son corps». Une fois,à l’université, l’un de mes étudiantsm’a dit: «Vous affirmez que Jésus estressuscité des morts». J’ai répondu:«Oui, parce que c’est ce qu’enseignel’Église». Et lui: «D’accord, mais vousvoulez vraiment dire dans son corpset…». «Oui, c’est ce en quoi consiste

la Résurrection», ai-je dit. Il ne savaitpas que c’était ce en quoi croit l’Égli-se. Et maintenant, il le sait. J’aimeexpliquer aux jeunes qui est vraimentJésus. Nous n’avons besoin qued’une chose, c’est du Credo desapôtres. Quand je suis à Rome, je ré-side toujours au Collège pontificalNord-américain, parce que c’est làque j’ai fait mon séminaire et quec’est là que les séminaristes de Wa-shington font leurs études, encoreaujourd’hui. Chaque fois que jeviens, je les emmène à Saint-Pierre.Nous disons la messe à sept heuresdu matin, et puis nous remontons dela crypte et nous nous mettons de-vant l’autel de la confession pour ré-citer tous ensemble le Credo desapôtres. Et je leur dis: «Ici, c’est lebon endroit, vraiment». q

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À gauche, le cardinal Wuerl avec les pères franciscains du Franciscan Monastery of the Holy Land à Washington; à droite, un jeune handicapé reçoit la bénédiction de l’archevêque au termede la “messe blanche” dans la cathédrale Saint Mathieu de Washington en octobre 2010. Des personnes aux exigencesparticulières participent à cette messequi porte le nom de la couleur de l’habit baptismal, avec leurs familleset leurs amis

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L es catholiques de couleuraméricains, les black catho-lics, sont les protagonistes

d’une histoire oubliée qui voit desgens, touchés par la foi, conquérirpatiemment leur identité face àl’histoire et à la culture. C’est l’his-toire d’une fidélité hors du communà l’Église, alors que ces gens,contrairement aux autres catho-liques et aux protestants, avaientété condamnés à une invisibilité dif-fuse. Les États-Unis sont un payswasp, blanc, anglo-saxon et protes-tant, où vivent plus de protestantsque de catholiques, et nous autres,noirs catholiques, nous nous sen-tons marginalisés; nombreux sontnos coreligionnaires qui ignorentnos vicissitudes. Je n’oublierai ja-mais que petite fille, lorsque je di-sais que j’étais catholique à d’autrescatholiques, il arrivait souvent qu’ilsme disent: «Alors tu devrais êtreprotestante…». En effet, quand unNoir voulait faire partie d’une pa-roisse catholique, il était souvent“passé” à la communauté protes-tante, à l’époque où l’expressionextra Ecclesiam nulla salus étaitprise à la lettre. Ce qui veut dire quenous subissions une double margi-nalisation.

Bien sûr, si un black catholicest amené à vivre dans une com-munauté catholique structurée,comme par exemple les Irlandais,il finit par apprendre leurs danses,il fête la Saint Patrick comme eux,il absorbe toute leur culture. C’estce qui s’est passé pour moi: au furet à mesure, j’ai absorbé un peu ducatholicisme des Italiens, pour la

fête de la Table de saint Joseph, unpeu de celui des Polonais, des Alle-mands et ainsi de suite… pour lasimple raison que j’allais à l’école.

Une minorité “non négligeable”L’idée de modifier l’impression né-gative que les autres avaient denous n’est pas très ancienne: elleest née vers les années Soixante dusiècle dernier. Nous avons penséqu’en tant que communauté, nousdevions d’abord nous donner unnom, nous sentir en paix avec lacouleur de notre peau, et même enêtre fiers. Et puis nous avons redé-couvert que nos racines étaient so-lidement plongées dans le christia-nisme des premiers siècles enAfrique du Nord. Nous devions ré-cupérer cette histoire. D’ailleurs,les chiffres nous donnaient raison:il y a actuellement 270 millions decatholiques d’origine africaine, soitenviron un cinquième de la totalitédes catholiques dans le monde.Trois millions d’entre eux viventaux États-Unis, et ils sont catho-liques romains. Certains jugentque nous, les black catholics, noussommes statistiquement négli-geables, même si nous représen-tons une tradition qui remonte àtrois ou quatre générations, com-me à New Orleans, à Baltimore, àChicago et dans plusieurs États.Trois millions, sur un total de 60millions de catholiques américains,c’est exactement le nombre des ca-tholiques irlandais! Aujourd’hui, ily a aux États-Unis environ milletrois cents lieux de culte catho-

liques fréquentés en majorité pardes personnes de couleur, ou entout cas par des fidèles de diffé-rentes ethnies; et n’oublions pasceux d’entre nous qui reçoivent lessacrements dans les paroisses demajorité “blanche”, et dont onignore le nombre. On compte,parmi les catholiques afro-améri-cains, 250 prêtres, 380 diacrespermanents, 300 religieuses, sanscompter les frères laïques et les bé-névoles qui prêtent leurs services àl’Église, dont on ignore aussi lenombre. Et pensons aussi à tousceux d’entre nous, de la “diasporaafricaine” – prêtres, diacres, reli-gieux et rel igieuses, laïcs del’Afrique continentale, des Ca-raïbes ou de l’Amérique Latine –qui exercent un ministère dans l’É-glise, dont je ne pourrais pas dire lenombre exact.

À quoi croient les black catholicsÀ quoi croient les catholiques amé-ricains de couleur? Ils croient à ceque croit l’Église catholique romai-ne, et comme chaque commu- ¬

LES CATHOLIQUES AFRO-AMÉRICAINS

Ci-dessus, Jamie T. Phelps, op, directricede l’Institute for Black Catholics Studies àla Xavier University of Louisiana. Cette université a été fondéeau début du XIXème siècle par sainteKatharine Drexel et par les Sœurs du Très Saint Sacrement

Histoire d’une fidélitéhors du communRéflexions sur les black catholics à partird’une conversation avec Jamie T. Phelps, de la Xavier University of Louisiana

30JOURS N.6 - 201140

nauté de fidèles, ils le font avec descaractéristiques ou des modalitésparticulières.

Par exemple, les black catho-lics pratiquent la prière quotidien-ne; la communauté afro-américai-ne est caractérisée par son hospi-talité, par sa capacité de recon-naître et d’aimer l’humanité despersonnes, parce que c’est l’hu-manité même de Jésus, que nousdevons imiter quotidiennement.Nous accueillons tout le monde,car nous n’oublions pas que dansl’Amérique du XIXème siècle, quandles églises des Blancs étaient sépa-rées de celles des Noirs – comme levoulaient la loi et la culture del’époque – les assemblées des fi-dèles étaient constituées sur unebase ethnique, même si les messesétaient célébrées pour tout le mon-de selon le rite latin.

La sensibilité des black catho-lics est particulièrement prochede documents conciliaires commeGaudium et spes, car bien avantle Concile, nous sentions et nouspratiquions le devoir de l’Église des’ouvrir au monde; nous avonstoujours invité les autres à fairepartie de l’Église. Mes amis pro-testants, par exemple, m’invitentcontinuellement à participer à

leurs fonctions religieuses, et ilm’arrive d’accepter. Lorsquej’étais enfant, je sentais la pressiond’un quartier “œcuménique” où ily avait deux églises protestantes,l’une presbytérienne à l’est etl’autre baptiste à l’ouest, et deuxéglises catholiques, l’une au nordet l’autre au sud. Cela me pesait dedevoir marcher plus longtempsque mes camarades de classe pouraller à la messe. En plus, je necomprenais pas pourquoi certainscatholiques se conduisaient demanière bien peu chrétienne alorsque certains protestants étaient“très” chrétiens, et j’avais aussi dumal à comprendre l’interprétationdominante de l’extra Ecclesiamnulla salus. Grâce à Dieu, leschoses ont bien changé depuis.

Un autre texte qui est fonda-mental pour nous, black catho-lics, c’est La justice dans le mon-de, un document du Synode mon-dial des évêques de 1971. Moncœur a bondi d’allégresse quand j’yai lu qu’«agir pour la justice et parti-ciper à la transformation du mon-de nous apparaît clairement com-me dimension constitutive de laprédication de l’Évangile, de lamission de l’Église pour la rédemp-tion du genre humain et pour la li-

bération de toute situation oppres-sive». Nous qui avons grandi entant que gens de couleur, nousavons appris ce que veut dire lamarginalisation et l’humiliation.Même si notre identité ne se définitpas seulement par ces deux as-pects, nous étions parfaitementconscients du fait que nous ne re-présentions pas grand-chose pourles groupes culturels dominants. Etlorsque l’Église recommence à en-seigner que la justice est un élé-ment fondamental de l’Évangile,nous sommes réconfortés de sa-voir qu’une l’Église qui ne re-cherche pas la justice n’est pas lavéritable Église. En tant qu’Églisemissionnaire, nous considéronsqu’évangélisation et justice socialesont nos deux piliers.

La vie nous intéresse: commetous les fidèles catholiques, noussommes absolument contraires àl’avortement et nous le sommes demanière active. Il ne faut pas ou-blier qu’aux États-Unis, la plupartdes avortements frappent des en-fants afro-américains.

Je voudrais aussi aborder laquestion de l’homosexualité. Lacommunauté noire n’a jamais mar-ginalisé les homosexuels. L’Églisenous a enseigné que la pratique del’homosexualité est un péché, etmême si c’est ce qui nous a été ditdepuis notre enfance, nousn’avons jamais perdu de vue la di-mension humaine de la question.Les jeunes homosexuels que nousfréquentions étaient les bienvenus;chacun participait tranquillement àla vie de la communauté, qu’il soithomosexuel ou hétérosexuel. Et jecrois que c’est exactement ce quenous dit la doctrine de l’Église.

L’Église nous enseigne quenous devons prendre soin despauvres. La majorité des Noirsaméricains vit à la limite du seuil depauvreté, et ce n’est pas parcequ’ils sont paresseux: c’est simple-ment à cause de la position qui leurest assignée aux États-Unis. Nousn’avons aucune peine à obéir à ceprécepte, parce que le pauvre,c’est souvent notre frère, notresœur, notre tante où l’homme dubout de la rue. En général, nous nedonnons pas grande importanceaux liens de parenté: si quelqu’unvit dans mon quartier, je le consi-

La bénédiction traditionnelle du Mississippi

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4130JOURS N.6 - 2011

dère comme mon frère ou masœur; quand une famille prépareun pique-nique, elle sait déjà quetous les enfants du quartier vien-dront. En fait, nous sommes déjàun famille élargie… et il ne faut pass’étonner si nous sommes particu-lièrement sensibles, parmi tous lesenseignements de la doctrine so-ciale de l’Église, à celui de la digni-té de la personne.

Les racines et la conversion “un par un” Venons-en à nos racines. Notrehistoire commence en Afrique,berceau du christianisme, au troi-sième et au quatrième siècle. EnAfrique du nord, la culture de lacommunauté chrétienne était es-sentiellement romaine et méditer-ranéenne, mais aussi berbère etnoire; et des Pères comme Origè-ne, Augustin, Cyrille d’Alexandrie,les saintes martyres Perpétue etFélicité, saint Antoine d’Égypte,saint Moïse du désert, les saintspapes africains Victor, Melchiadeet Gélase, nous les revendiquonsavec orgueil, nous les considéronscomme nous appartenant, de mê-me que nous appartient l’histoirede l’Église en Égypte ou en Éthio-pie. Nous nous souvenons aussi duCongo du XVIème siècle, lorsque leroi Alphonse invitait les mission-naires portugais à propager lechristianisme en une sorte decontigüité avec le commerce desesclaves: c’est le côté amer de cettehistoire, dans laquelle le mal côtoiele bien. Mais nous n’ignorons pasqu’ils nous ont apporté la foi, mê-me s’ils ne nous ont pas estimés ànotre juste valeur.

Il faut aussi se rendre compteque notre longue histoire d’escla-vage a fait qu’on retrouve un peupartout des catholiques romainsd’origine africaine. C’est le cas,par exemple, de Benoît le Maureen Italie, et de saint Martin de Por-rés au Pérou. On peut imaginerque de nombreux membres de cet-te “diaspora” ne se reconnaî-traient pas dans la définition deblack catholics, qui peut prêter àdiscussion. C’est le cas, parexemple, avec les afro-caribéens,qui discutent les l imites de ceconcept et son inclusivité. En effet,si je déclarais à un Africain conti-

nental que je suis afro-américaine,je mettrais l’accent sur nos diffé-rences, alors que si je me définis-sais simplement “Noire”, je met-trais l’accent sur notre origine afri-caine commune, qui est indé-niable, et le mot “Noir” deviendraitune belle formule de bienvenue…

D’après l’histoire des black ca-tholics écrite par le bénédictin Cy-prian Davis, le premier catholiqueafro-américain a été Estéban, unesclave baptisé en Espagne qui adébarqué aux États-Unis en 1536avec des explorateurs de langueespagnole. Entre le XVIème et leXIXème siècle, les baptêmes des es-claves africains amenés dans lescolonies étaient administrés surconsentement des patrons. Ceuxqui fuyaient des établissements an-glais de Caroline et de Géorgieétaient invités par les Espagnols àtrouver la liberté en Floride, où onleur offrait la possibilité d’accepterle catholicisme romain. L’une desdestinations des Africains était no-tamment la ville de Saint Augusti-ne, en Floride, où ils ont vécu com-me esclaves, comme affranchis oucomme soldats, entre le XVIIIème etle XIXème siècle. Avant la guerre ci-vile américaine, de nombreux obs-tacles ont empêché que se déploieune vaste activité missionnaire enfaveur des Noirs, qu’ils soient libres

ou esclaves, pour qu’ils soientévangélisés et baptisés. Nousavons été convertis “un par un”, etnon pas par groupes ou par com-munautés: nous n’avons pas ététraités en application du cuius re-gio eius religio. Avec une circons-tance aggravante, c’est qu’auxÉtats-Unis, le fait d’être catholiquefaisait immédiatement naître lessoupçons. La “fondation” de l’État– je mets intentionnellement cemot entre guillemets, parce quel’Amérique était déjà habitée pardes autochtones – a été le fait deswasp, et les catholiques qui émi-graient en Amérique étaient malvus, considérés comme des émis-saires du Pape ayant mandat defaire obstacle à l ’autonomieconquise par rapport à l’Europe.C’est pour ne pas augmenter l’irri-tation des Blancs anglo-saxons derel igion protestante, ceux-làmêmes qui géraient la traite desNoirs, que l’Église catholique n’apas dénoncé ouvertement l’escla-vage: elle ne voulait pas compro-mettre sa réputation ni adopterune position hostile aux autoritésconstituées.

Le catholicisme arrivé auxÉtats-Unis avec les différentes eth-nies des immigrés s’est enracinégrâce aux Ir landais, aux Alle-mands, aux Polonais, aux Li-

LES CATHOLIQUES AFRO-AMÉRICAINS

Le père Herbert Vaughan, fondateur de la société missionnaire de Saint Joseph de Mill Hill, assis au centre de la photo, avec quelques pèresmissionnaires et quelques collaborateurs. Au premier rang, chapelet en main, on peut reconnaître deux afro-américains. Baltimore, 1870

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thuaniens, etc. Chaque ethnie ap-portait avec el le ses propresprêtres et elle respectait le modèledéjà établi de “ségrégation culturel-le du ministère”. On trouve encoreaujourd’hui un résidu de ce phéno-mène avec la présence, aux quatrecoins de certaines places améri-caines, de quatre églises catho-liques différentes, une pour chaqueethnie. On peut donc penser quel’émergence d’une communautéspécifique de black catholics estconforme à ce schéma.

L’esclavage et les “congrégations de couleur”Il faut néanmoins admettre que larelation du catholicisme avec lesgens de couleur a été plutôt…complexe. Du XVIème au XIXème

siècle, évêques, clergé et laïcat ca-tholiques ont interprété l’esclava-ge comme “une institution socio-économique légale”. Comme jel’ai déjà dit, dans la période colo-niale qui a précédé la guerre civileaméricaine, l’Église ne combattaitpas l’esclavage, elle se contentaitde demander qu’il soit plus hu-main. Ce n’est qu’en 1839 que lepape Grégoire XVI, se référant auBrésil, a condamné «l’indignecommerce par lequel les nègres

sont réduits en esclavage». Le dé-bat du XIXème siècle s’est focalisésur la dimension morale de la trai-te des esclaves, de sorte que lesuns sont restés neutres, les autresabolitionnistes, d’autres encoreantiabolitionnistes, sans oublierles partisans d’une abolition gra-duelle. Il existait néanmoins, ici etlà, des évêques et des prêtres quicontinuaient – sans toujours pou-voir le faire régulièrement – à bap-tiser les esclaves, à leur adminis-trer les sacrements et à leur don-ner une instruction religieuse.Avant la guerre civile, l’épiscopatavait favorisé la fondation de deux“congrégations de religieuses decouleur” dédiées à l’instructiondes esclaves et des affranchis, encontournant l’interdiction légale.John England, évêque de Charles-ton en South Caroline, et PeterKenrick, évêque de Saint Louis,ont fait construire des écoles pourles enfants de couleur et ils ont en-couragé la naissance de lacongrégation rel igieuse desSœurs oblates de la Providence,née à Baltimore en 1829, et re-connue officiellement en 1831;de même, quelques années après,

sont nées les Sœurs de la SainteFamille.

Mais que signifie exactement“congrégations de religieux decouleur”? Les lois et la pratique del’époque faisaient que, lorsque deshommes et des femmes de couleurdemandaient à suivre leur voca-tion sacerdotale ou religieuse, cet-te requête était tout simplementrejetée. Certes, ce refus n’avait au-cune base canonique, mais on ma-nipulait la situation, on s’arran-geait pour trouver des raisons ap-

paremment plausibles pour légiti-mer ce refus, comme par exemplele fait qu’ils étaient nés d’un maria-ge non canonique, ou qu’ i lsn’étaient peut-être pas catho-liques de naissance, etc. Les obs-tacles qui étaient normalementsurmontables pour les autres de-venaient insurmontables pour lespersonnes d’origine africaine.C’est pour cela que furent crééesles “congrégations séparées”. No-tons cependant que les Sœursoblates de la Providence ont ac-cueilli et instruit non seulementdes enfants de couleur, mais aussides européens.

Après la guerre civileAprès la guerre civile, à l’époque dela construction de l’État fédéral, ona vu émerger une attention nouvel-le envers les anciens esclaves avecle deuxième et le troisième Concileplénier de Baltimore (respective-ment en 1866 et en 1884), et leConcile Vatican I (1870). Les dé-bats qui en naquirent ont amené lesÉtats-Unis à prendre conscience deleurs obligations, tandis qu’un petitnombre de prêtres diocésains et dereligieuses travaillaient déjà auprès

des Noirs émancipés. Les princi-pales congrégations dédiées au mi-nistère auprès des Noirs sont néesaprès Vatican I, et plusieurs prêtres,religieux et laïcs “blancs” soute-naient ce mouvement. Citons, par-mi ces nouvelles congrégations, lespères Joséphites (Josephite Fa-thers). Ils descendaient directementdes missionnaires anglais de MillHill et furent fondés par l’un d’entreeux, John Slattery. John, un jeunehomme d’origine irlandaise, étaitné à New York. Il avait été ordonné

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Ci-dessus, sainte Katharine Drexel,fondatrice des Sœurs du Très SaintSacrement, visite une école à Beaumont, au Texas, en 1917; à droite, avec deux frères franciscainsparmi les Navajos à Lukachukai, en Arizona, en 1927

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prêtre en Grande Bretagne avant deretourner aux États-Unis où il a fon-dé les Joséphites, qui avaient latâche spécifique – objet d’un vœu re-ligieux – d’exercer leur ministèreparmi les gens de couleur. Commeon peut le lire dans sa correspondan-ce, le père Slattery était convaincuque s’il avait accepté des prêtresd’origine européenne dans son insti-tut, ces derniers auraient fini par sepolariser sur les milieux avec lesquelsils avaient le plus d’affinités, en négli-geant les gens de couleur. C’est de làqu’est né le “vœu nègre” des pèresJoséphites. Aujourd’hui encore, ilstravaillent presque exclusivementavec les afro-américains. “Saint Au-gustine”, leur glorieuse école deNew Orleans, existe encore aujour-d’hui.

On a vu naître par la suite la So-ciété du Verbe divin, les Pères duSaint-Esprit et les Edmondites. ÀRockcastle, en Virginie, les Pères duSaint-Esprit ont ouvert une écoleappelée l’“Académie militaire Sain-te Emma”; de son côté, la Sociétédu Verbe divin a ouvert le petit sémi-naire “St. Augustine” au Mississipi.

À l’exception de celles que jeviens de citer, un bon nombre de cesmultiples congrégations masculineset féminines nées exclusivementpour la mission auprès des Noirs ontrapidement fini par s’adresser à toutle monde, sans s’occuper de la cou-leur de la peau.

La congrégation des sœurs duTrès Saint Sacrement, fondée parKatharine Drexel, qui a été canoni-sée il y a onze ans, est restée fidèle àson mandat initial. Elle avait pourmission de promouvoir des pa-roisses et des écoles pour les Noirs etles afro-américains. Et la “Xavier uni-versity”, l’université de la Louisianeoù j’enseigne aujourd’hui, a été fon-dée par sainte Katharine.

Nos initiatives laïquesLes black catholics sont à l’origined’initiatives laïques qui méritentd’être citées au terme de notreconversation. Elles sont nées avantque le terme de “ministère laïque” ci-té dans les textes ecclésiastiques nedevienne une véritable rengaine auxÉtats-Unis. Daniel Rudd, qui est àl’origine de ces initiatives laïques, lesa lancées à partir de son expériencedes organisations catholiques en Eu-

rope, dont il a importé le modèle auxÉtats-Unis au XIXème siècle avec lacréation, en 1889, des Congrès descatholiques de couleur, les NationalBlack Catholic Congres ses. Il en atenu cinq au cours de sa vie, au coursdesquels évêques, prêtres et laïcs decouleur – j’ai encore dans mes ar-chives les photos de ces rencontreset je dois dire qu’on n’y voit guère defemmes… – essayaient d’ébaucherune plate-forme commune, pourmieux faire entendre leur voix dansle contexte général du ministère ec-clésial. On pouvait s’attendre à ceque Rudd se retrouve aux côtés dupère Slattery, et c’est d’ailleurs cequi s’est passé.

Au début du XXème siècle, ThomasWyatt Turner a fondé un groupe ap-pelé Fédération des catholiques decouleur, Federated Colored Catho-

lics. Les conflits raciaux continuelsauxquels il assistait le remplissaientd’amertume: il avait notamment as-sisté au lynchage, sans autre formesde procès, de 75 Noirs. Quand unsystème malade et raciste refuse leschangements, il ne faut pas s’éton-ner que la violence explose. En re-vanche, Wyatt a cherché des solu-tions constructives et sa Fédération aessayé d’aider l’Église.

Dans les années Soixante, nousavons senti la nécessité de répondreaux changements en cours dans l’É-glise et aux multiples mouvementspour les droits humains. Nous avonsrepêché la tradition des Congrès, etnous l’avons pratiquée dans les dé-cennies qui ont suivi. On a donc vu

renaître l’héritage du XIXème siècle auXXème siècle, jusqu’à la création en1970 de l’Office national des catho-liques de couleur, le National Officefor Black Catholics. On trouve aus-si, dans la foulée, le Catholic inter-racial Council, qui réunit Blancs etNoirs dans des projets communs.Toujours à l’époque de la lutte pourles droits humains, a été créé le Na-tional Black Catholic Clergy Cau-cus, à savoir une fraternité de prêtresafro-américains qui ont pour missionde s’aider mutuellement et d’aider leclergé en général. Nous avons tou-jours eu le souci de nous aider mu-tuellement et d’aider les autres, unepassion que partage l’Institut pourles études sur les catholiques de cou-leur, l’Institute for Black CatholicStudies de la Xavier University. Audébut, il était fréquenté par des gens,

Noirs ou Blancs, qui voulaient ap-profondir l’histoire des black catho-lics; mais aujourd’hui, la plupart deceux qui s’intéressent à cette histoireet qui fréquentent l’institut sont desafro-américains. Je voudrais suggé-rer à tous ceux qui arrivent aux États-Unis pour des raisons liées à leur tra-vail sacerdotal ou religieux de venir levisiter. C’est un centre missionnaire,né justement pour permettre à quin’est pas Noir de nous rencontrerplus facilement, et de toucher dudoigt ce que la communauté noire adonné et donne à l’Église.

(Texte recueilli par Giovanni Cubeddu

et revu par l’auteure)

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LES CATHOLIQUES AFRO-AMÉRICAINS

Une sœur des Oblates de la Providence avec un enfant, au Mount Providence ChildDevelopment Center de Baltimore, dans l’état de Maryland

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par Miguel H. Díaz

L e dernier recensement de lapopulation américaine – le U.S. Census – nous apprend que

vivent aux États-Unis 195,8 millionsde Blancs, 37,7 millions de Noirs,50,5 millions d’Hispaniques et 14,5millions d’Asiatiques.

Si on demande aux Hispaniquesce qu’ils pensent de leur identité, cer-

tains répondront qu’ils se sententaussi blacks – Noirs –, ce qui confir-me évidemment leurs liens avec lacommunauté noire américaine.

Avant même d’être un diplomateaccrédité près le Saint-Siège, jem’étais demandé comment les ca-tholiques afro-américains contri-buaient à une démarche que je défi-

nirais construire des ponts, desponts de compréhension et de colla-boration. Et aujourd’hui, cette dé-marche constitue la priorité de mamission à Rome. À l’époque, j’avaisdû admettre que nous avons beau-coup à apprendre de leur vision dumonde, des personnes et des rap-ports entre société et religion.

dans la mosaïque des StatesWe et nosotros

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L’histoire des afro-américains, etdes catholiques noirs en particulier,est marquée par la souffrance, parles violences subies et en particulierles lynchages; sans oublier, au coursde la période coloniale, l’esclavage,la guerre civile, l’émancipation, lesmouvements pour les droits hu-mains, d’où sont venues des person-

nalités comme Martin Luther KingJr., et enfin les lois sur les droits del’homme. Le président Obama estl’héritier de cette longue histoire. Ils’agit d’hommes qui se sont battuspour que soit respecté, en mêmetemps que leur humanité et leur di-gnité, leur blackness, leur “êtreNoirs”. L’histoire des catholiques decouleur est celle d’une fidélité horsdu commun: ils ont eu leurs pro-phètes, ils ont fait preuve d’unegrande patience et d’une grandeconstance et surtout, ils ont cruqu’un jour, le bien aurait triomphédu mal. Il est évident que, pour affir-mer leur humanité face à ceux quiles appelaient sous-hommes, ils ontpuisé leur inspiration dans un mon-de de traditions religieuses et de cul-tures variées, qui s’exprime notam-ment dans leurs Negro Spirituals.Pour ceux qui souffrent aujourd’hui,pour ceux qui cherchent leur liberté,

l’exemple des afro-américains et desblack catholics est le plus convain-cant, car leur histoire est celle d’unefidélité et d’une espérance.

Du point de vue anthropolo-gique, les catholiques afro-améri-cains possèdent, à l’instar des His-paniques, une tradition essentielle-ment communautaire; ils ont une

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Miguel H. Díaz,ambassadeurdes États-Unisprès le Saint-Siège

La progression des minoritéshispaniques et afro-américainesdonne à l’expression “e pluribusunum” une signification de plusen plus concrète, et elle aide les États-Unis à mieuxcomprendre le monde.Intervention de Miguel H. Díaz,ambassadeur des États-Unisprès le Saint-Siège

À gauche, le président Barack Obama à la fin d’un meetingsur la réforme sanitaire au College Park, dans l’état de Maryland, en septembre 2009; ci-dessous, l’annuelleQueens Hispanic Parade dans les rues de New York

LES CATHOLIQUES AFRO-AMÉRICAINS

conception relationnelle de la per-sonne humaine et de leur proprecommunauté. Communautéconçue à son tour comme “belovedcommunity”, selon la définitionqu’en a donné le philosophe JosiahRoyce (1855-1916) et qui a été ren-due populaire par Martin LutherKing Jr. Cette, définition, enracinéedans leur expérience, veut dire queles autres, ceux qui vivent autour denous, ceux qui prient avec nous à lamesse, notre voisin de palier, fontpartie de notre famille. Cette inter-dépendance est très précieuse dansnotre monde d’aujourd’hui, car elledonne un caractère positif aux diffé-rences entre les personnes. Ceuxqui se sont sentis perçus – et refusés– en tant qu’“autre” pendant dessiècles le comprennent très bien.Les afro-américains peuvent témoi-gner aujourd’hui de la beauté de cet-te interdépendance, de cette hospi-talité et de cette règle d’or qu’estl’amour du prochain.

Il m’est arrivé d’assister à unerencontre entre intellectuels noirs ethispaniques, il y a plusieurs années.Le débat portait sur ce que chacundes groupes entendait par “êtreautre”. Ce qui en émergeait, c’estl’immense valeur de la communau-té: l’accent n’était pas mis sur lemoi, mais sur la personne, commepartie du nous. C’est ce que nousexprimons en espagnol lorsquenous disons nosotros, un terme quiéquivaut au terme anglais we, maisqui a littéralement la signification de“communauté qui inclut les autres”,qui accueille les différences. Ces

deux mots ne sont pas enfermésdans les dictionnaires afro-améri-cains et hispano-américains. Ils ontdes conséquences concrètes et ilsfont comprendre la grande impor-tance que ces communautés attri-buent à la justice sociale. Martin Lu-ther King Jr. disait qu’il avait “le rêved’une société meilleure”. Dans lapratique, cela signifiait une assistan-ce socio-sanitaire pour tous, un sys-tème d’instruction accessible à tous,des initiatives pour combattre lapauvreté et pour donner un loge-ment à ceux qui n’en ont pas. End’autres termes, il s’agit de l’inclu-sion, un défi global qui peut juste-ment être relevé grâce aux idées etaux solutions confirmées par l’expé-rience de cette communauté. En cesens, il n’est pas surprenant qu’un

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Ci-dessous, Martin Luther King Jr., le quatrième en commençant par la droite sur la photo, au cours d’unemarche pour l’égalité raciale et le droit de vote à Selma,Alabama, en 1965

Le compositeur anglaisJohn Henry Newton(1725-1807)

Le philosophe américainJosiah Royce (1855-1916)

Barack Obama avec le révérend Luis Cortés Jr.,président d’Esperanza,association évangéliquede communautéshispaniques américaines,au cours du NationalHispanic Prayer Breakfastand Conference,Washington, le 12 mai 2011

COUVERTURE

4730JOURS N.6 - 2011

candidat afro-américain ait été éluprésident des États-Unis, aprèsavoir indiqué dans sa campagne lemodèle fondamental du yes we can,qui nous dit que nous pouvons at-teindre des résultats meilleurs sinous sommes ensemble, et non pasles uns contre les autres, aussi biendans notre quartier que dans le ré-seau des relations internationales.

Si on pense aux interminablesdébats sur la sécularisation auxÉtats-Unis, où l’on entend dire qu’iln’y a pas de place dans la sociétépour les idées religieuses, il faut sa-voir que la communauté afro-améri-caine a une réponse toute prête.Sans avoir besoin de citer Martin Lu-ther King Jr., nous pouvons répéter

que rien, dans l’histoire de cettecommunauté, ne peut être racontéet expliqué hors de sa foi; à com-mencer par les gospels qui aspi-raient à la libération de l’esclavage, ycompris Amazing Grace [Grâcemerveilleuse, le chant du composi-teur John Newton, composé à la findu XVIIIème siècle et devenu un véri-table hymne contre l’esclavage],pour arriver à la considérable pro-duction culturelle qui est enracinéedans cette foi et à son irremplaçable

contribution à la construction del’imaginaire collectif des Améri-cains. La communauté afro-améri-caine ne sépare pas le séculier du sa-cré, elle trouve moyen de saisir lasainteté des comportements dansles détails de la vie quotidienne; et jepense que ceci représente une va-leur, et rappelle aussi aux diplomateset aux politiciens que la religion peutsouvent être utilisée à tort, et qu’ellele sera encore, parce que le mondeest monde; mais que cette valeurreste une force qui contribue à laconstruction du bien commun.

Je n’ignore pas que certainespersonnes craignent la progressionde ces minorités, les latinos et lesNoirs, car ils croient qu’elles devien-

dront trop importantes et que la cul-ture que nous définissons wasp enviendra à rejeter cette nouveauté, cequi ouvre des perspectives drama-tiques pour l’avenir. Je persiste ce-pendant à croire que les bases desÉtats-Unis resteront solides, parceque nous sommes “e pluribusunum”. Ce n’est pas la premièrefois que nous expérimentons des se-cousses démographiques et que descommunautés entières font leur en-trée dans notre pays. À cet égard, je

crois que l’image de la mosaïque –ou si vous préférez, de la paella…–est plus adaptée que celle du mel-ting pot. Parce que dans une mo-saïque, toutes les tesselles qui com-posent le tableau final sont préser-vées, et dans la paella tous les in-grédients sont importants pourdonner de la saveur: c’est cela, le“e pluribus unum”. Ceci influence-ra positivement aussi notre poli-t ique étrangère, parce que lesÉtats-Unis, qui représentent tou-jours plus le microcosme de notreplanète, pourront mieux com-prendre les dynamiques globalesgrâce à ces dynamiques internes.

Toutes les communautés qui sontentrées dans les States l’ont fait

avec l’intention d’en faire partie;elles n’ont pas débarqué dans unelande déserte, et à présent elles nousaident en donnant leur contributionspécifique. Notons par exemple quela présence croissante de latinosaux États-Unis apporte avec elle unehistoire et une culture hispaniques,denses de relations avec le mondejuif et islamique, qui deviennent par-ticulièrement précieuses en ce mo-ment où la rencontre avec le mondeméditerranéen devient une priorité.Par ailleurs, chacun sait quellecontribution que la communautéafro-américaine a donnée et conti-nuera à donner à notre pays. Maisce que nous garderons toujours dansnos cœurs, c’est sa fidélité hors ducommun.

(Texte recueilli par Giovanni Cubeddu

et revu par l’auteure)

Ci-dessus, un rabbin dirige la prière du Sabbat avec les enfants d’unesynagogue de New York; à gauche, des afro-américains dans les rues de Harlem assistent en direct à la cérémonie d’investiture au Capitolede Barack Obama, quarante-quatrièmeprésident des États-Unis, le 20 janvier 2009

LES CATHOLIQUES AFRO-AMÉRICAINS

SACRÉ COLLÈGELa mort di Mgr Sterzinsky etde Mgr Swiatek

Le 30 juin est mort, aprèsune longue maladie, le car-dinal Georg Maximil ianSterzinsky, 75 ans, arche-vêque émérite de Berlin.Son successeur a été nom-mé le 2 juillet en la personnede Mgr Rainer Maria Woel-ki, 55 ans, auxiliaire de Co-logne depuis 2003.

Le 21 juillet s’est éteint lecardinal biélorusse Kazi-mierz Swiatek, 96 ans, ar-chevêque émérite de Minsk.Avec ces décès, le Collègecardinalice compte désor-mais 196 membres, dont114 électeurs.

ITALIENouveaux évêques en Sabine, à Urbino,et à Milan. Démission à Oppido Mamertina

Le 10 juin Mgr ErnestoMandara, 58 ans, évêque

auxiliaire de Rome depuis2004, a été nommé évêquede Sabina-Poggio Mirteto.

Le 24 juin, Mgr Giovan-ni Tani, 64 ans, recteur duGrand Séminaire pontificalromain depuis 2003, a éténommé archevêque d’Urbi-no – Urbania –Sant’Angeloin Vado.

Le 28 juin le cardinal An-gelo Scola –70 ans en no-vembre –, patriarche de Ve-nise depuis 2002, a été nom-mé archevêque de Milan.

Le 2 juillet a été acceptéela démission de Mgr Lucia-no Bux, qui a fêté ses 75 ansle 29 juin, et quitte ainsi sacharge d’évêque d’OppidoMamertina-Palmi.

ÉGLISE/1Du peuple chrétienau «catholicismemilitant»

Le 7 juillet, la Repubblica apublié un article de MicheleSmargiassi qui synthétiseune étude sur le catholicis-me en Ital ie, Geografiadell’Italia cattolica, de Ro-berto Cartocci, professeurde Sciences politiques à Bo-logne. D’après cette étude,«dans les dernières années,les mœurs religieuses natio-nales ont été secouées parun tremblement de terre quiest passé inaperçu. Untransfert de consciences,une décantation, une élec-trolyse qui ont cassé le paysen deux: au nord, la séculari-sation, au Sud, la dévotion».Il s’agit d’un processus lent,

«mais cette érosion toucheseulement ce que les socio-logues appellent “catholicis-me de majorité”, cette mas-se d’Italiens qui représenteenviron 50% de la popula-tion et qui se borne à respec-ter les préceptes en général,en se montrant à l’église àNoël et à Pâques. En re-vanche, ce qui résiste, au-tour de 30%, c’est le «catho-licisme de minorité» de ceuxqui vont à la messe tous lesdimanches, parmi lesquelsse renforce même un noyaude “catholiques militants”d’environ 10%, héritage del’impulsion de Jean Paul II,fait d’animateurs de parois-se et de membres actifs desmouvements ecclésiaux».

ÉGLISE/2Le désarroi de la foi traditionnelle

Le 7 juillet, Giancarlo Zizolacommente l’étude de Rober-to Cartocci, Geografiadell’Italia cattolica, en ex-pliquant qu’on voit s’insi-

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«Les leaders italiens, je les ai tous connus. Mais il y en a un qui m’afrappé: c’est Andreotti. La première fois, il était ministre de la Dé-fense, comme moi. C’était il y a très longtemps. Et j’étais déjà im-pressionné par sa sagesse. Un jour, je lui ai demandé comment ilavait réussi à survivre à de si nombreux gouvernements. Il m’a ré-pondu: “Vous voyez, il suffit de ne pas considérer les ministrescomme des amis. Avec les amis, on part en vacances: mais quandon est au gouvernement, c’est tout autre chose”. J’ai toujours ap-précié cette sagesse». Ainsi s’exprime le président de l’État d’IsraëlShimon Peres dans une interview publiée par le Corriere dellaSera le 2 juin. On trouve aussi, dans cette interview, une remarquesur la paix entre Israël et les Palestiniens: «Je pense qu’il faut ouvrirdes négociations directes, mais les mener avec discrétion, parcequ’il faut toujours distinguer entre les positions d’ouverture et lesinitiatives prises en coulisse […]. La bonne méthode, c’est d’ouvrirdes négociations publiquement et de les mener ensuite avec dis-crétion, pour arriver à un véritable accord».

LE PRÉSIDENT PERES,LE DIRECTEUR DE 30GIORNIET LA PAIX EN TERRE SAINTE

Shimon Peres

Angelo Scola

Dépêches Dépêches Dép30JOURS DANS LE MONDE 30JOURS DANS LE MONDE 30JOURS DANS LE MON

30JOURS N.6 - 2011 49

«La campagne que mène Israël contre l’initiative des Pales-tiniens, qui veulent obtenir la reconnaissance d’un État au-tonome à l’Assemblée des Nations-Unies en septembreprochain, est à mon avis politiquement et moralement in-correcte, et elle est liée à la question de la reconnaissanceinternationale des frontières de 1967», déclare AbrahamYehoshua dans La Stampa du 13 juillet. Après un aperçuhistorique sur la résolution de l’ONU en 1947 qui a ap-prouvé la naissance de deux États, «l’un, juif, – Israël – etl’autre, arabe – la Palestine –» et sur les guerres israélo-arabes qui ont suivi, Yehoshua continue en expliquant que:«la reconnaissance d’un État palestinien dans les frontièresde 1967 rendra exécutoire la résolution votée par les Na-tions-Unies en novembre 1947 sur la partition de la ré-gion, soutenue à l’époque par Israël, et qui a constitué la ba-se de sa légitimité internationale. Donc, si le gouvernementde Jérusalem est sincère lorsqu’il dit vouloir reconnaître unÉtat palestinien – comme il l’a répété plusieurs fois – pour-quoi s’oppose-t-il si énergiquement à la résolution prévuepour septembre? Je pense que la seule raison, c’est que cel-le-ci se réfère aux frontières de 1967». Allusion transparen-te à la thèse de certains politiciens israéliens qui ont mis enexergue l’impossibilité de défendre ces frontières… PourYehoshua, en revanche, une présence militaire raison-nable, israélienne et internationale, serait suffisante pour

protéger l’État israélien de dangers éventuels. Selon l’écri-vain, cette présence «ne mettrait pas en péril l’identité na-tionale palestinienne (de même que les bases militaires enEurope et dans d’autres régions pendant la guerre froide).Une présence militaire de ce genre est essentiellementtemporaire et un jour, si les circonstances le permettent, ilsera possible de s’en passer. Vice-versa, les civils israéliensrésidant dans une enclave de l’État palestinien constitue-raient une provocation continuelle qui attiserait la haine etles tensions». L’article se termine ainsi: «Je suis très inquietà l’idée qu’après la décision de l’ONU en septembre, unefoule de civils palestiniens, y compris des femmes et des en-fants, pourrait se déverser dans les rues des villages et desvilles pour manifester de manière non-violente (comme ce-la se passe actuellement dans plusieurs pays arabes) contredes positions militaires et des établissements israéliens enCisjordanie. L’ANP serait-elle capable de contenir ces ma-nifestations? Et que ferait Israël? Envoyer l’armée pour lesréprimer par la force? Et comment réagiraient les extré-mistes israéliens face à ces manifestations sous leurs fe-nêtres? Ce genre de scénario pourrait être évité si le gou-vernement d’Israël soutient la résolution des Nations-Uniesen septembre, et ouvre immédiatement des négociationsdirectes sur toutes les questions controversées, comme lePrésident des États-Unis l’a recommandé».

MOYEN-ORIENTAbraham Yehoshua et la proclamation de l’État palestinien

Des enfants palestiniens regardent passer une manifestation de Juifs orthodoxes dans la vieille ville de Jérusalem

pêches Dépêches DépêchesNDE 30JOURS DANS LE MONDE 30JOURS DANS LE MONDE 30JOURS DANS LE MONDE

50 30JOURS N.6 - 2011

nuer, «dans les ruines du ca-tholicisme, un modèle de re-ligion dont les adeptes, qui seveulent “athées dévots”,continuent sans scrupules àenclaver Dieu, dont ils font laclé de voûte du systèmebourgeois, un Dieu qui satis-fait pleinement les intérêtsdes pouvoirs dominants.Dans ce contexte culturel,même la foi en Dieu finit parêtre réduite à un badge iden-titaire, à un artifice qui per-met de dissimuler les intérêtssous le masque de la reli-gion». Et il poursuit: «Ce dé-veloppement contradictoireest fondamentalement lié àl’écroulement des structuresde la chrétienté établie, quipersiste à s’autocélébreralors qu’elle se trouve aubord de l’abîme. L’Église quiémerge de ces graphiquesest une grande et glorieuseinstitution, fortement affai-blie, assoupie sur sa proprepuissance bureaucratique».Et Zizola continue en citant lejésuite Bartolomeo Sorge,pour lequel la crise traverséepar la chrétienté représente«un signal de la fin du “régi-me de chrétienté”: l’amalga-me entre la foi et la politique,entre le trône et l’autel,l’épée et le crucifix, avait ca-ractérisé les siècles “constan-tiniens”, mais aujourd’hui, il“apparaît définitivement dé-passée” sur le plan historique(dans la foulée des processusde sécularisation) comme sur

le plan théologique (avec leConcile Vatican II)». Et l’ar-ticle conclut: «Du reste, Rat-zinger lui-même n’hésitaitpas à suggérer, dans une in-terview de 1997, d’aban-donner l’idée d’une Églisenationale de masse: “Nousdevons probablement nousattendre à une époque diffé-rente”, disait-il, “dans laquel-le le christianisme jouera lerôle du grain de sénevé, ungroupe de petites dimen-sions, apparemment sans in-fluence, dont les membres vi-vent intensément contre lemal et apportent le bien dansle monde”». L’article s’intitu-le: Benvenuti nel Paese cheha smarrito la fede “tradi-zionale”.

CURIE/1Changement de dirigeants à l’APSA

Le 7 juillet, a été acceptée ladémission du cardinal AttilioNicora, 74 ans, président del’Autorité pour l’administra-tion du Patrimoine du SiègeApostolique depuis le 19janvier. Son successeur estl’archevêque Domenico Cal-cagno, 68 ans, secrétaire dece dicastère depuis 2007.Ce dernier laisse la place àMgr Luigi Mistò, 59 ans, or-donné prêtre en 1976 pourl’archidiocèse de Milan.

CURIE/2Nominations aux Laïcset aux Opérateurssanitaires

Le 18 juin, Mgr Miguel Del-gado Galindo, espagnol, 48ans, membre du clergé del’Opus Dei, a été nommésous-secrétaire du Conseilpontifical pour les Laïcs, oùil était chef de bureau.

Le 14 juillet, Mgr Jean-Marie Mate Musivi Mupenda-watu, 56 ans, originaire de laRépublique Démocratique duCongo, a été nommé secré-taire du Conseil pontificalpour les Opérateurs sani-taires, où il était sous-secrétai-re depuis juillet 2009. Il estremplacé dans cette chargepar le père camillien AugustoChendi, Italien, 53 ans, jus-qu’ici officier de la Congréga-tion pour la Doctrine de la Foi.

DIPLOMATIE/1Nouveaux noncesen Hongrie, auprès de l’Asean, au Chili, en Biélorussie et en Ouzbékistan

Le 6 juin, l’archevêque Al-berto Bottari de Castello,69 ans, nonce au Japon de-puis 2005, a été nommé re-présentant pontif ical enHongrie.

Le 18 juin a été nommé lepremier nonce apostoliqueauprès de l’ASEAN (Associa-tion des nations du Sud-estasiatique). Il s’agit de l’arche-vêque Leopoldo Girelli, 58ans, nonce apostolique à Sin-gapour et Timor Est depuisjanvier dernier, délégué apos-tolique en Malaisie (pays donta été annoncé, le 18 juillet,après l’audience accordéepar le Pape à son premier mi-nistre, l’établissement de re-lations diplomatiques avec leSaint-Siège) et au Brunei,ainsi que représentant ponti-fical non résident pour leVietnam.

Le 15 juillet l’archevêqueIvo Scapolo, 58 ans, repré-sentant pontifical au Rwandadepuis 2008, a été nomménonce au Chili.

Le 15 juillet encore, l’ar-chevêque Claudio Gugerotti,55 ans, nonce en Géorgie,Arménie et Azerbaïdjan de-puis 2001, a été nommé re-présentant pontifical en Bié-lorussie.

Le 22 juillet, l’archevêqueIvan Jurkovic, 59 ans, nonceen Russie depuis février der-nier, a été aussi nommé non-ce en Ouzbékistan.

DIPLOMATIE/2Nouveauxambassadeurs non résidents

Le 9 juin Benoît XVI a reçuen audience six nouveauxambassadeurs près le Saint-Siège qui ne résideront pasen permanence à Rome. Ils’agit des représentants de laMoldavie (Stefan Gorda), dela Guinée Équatoriale (Nar-ciso Ntugu Abeso Oyana),du Belize (Henry LlewellynLawrence), de la Syrie (Hus-san Edin Aala), du Ghana(Geneviève Delali Tsegah) etde la Nouvel le Zélande(George Robert FurnessTroup). qAttilio Nicora

Fidèles à la messe du dimanche

Dépêches Dépêches Dép30JOURS DANS LE MONDE 30JOURS DANS LE MONDE 30JOURS DANS LE MON

52 30JOURS N.6 - 2011

Les évêques qui ont participé à la dernière Assemblée du Conseil épiscopal latino-américain parlent de la “Mission continentale” de leurs Églises. Pas de projets d’hégémonie culturelle, mais une “conversion pastorale” pour faciliter la foi du peuple et aller à la rencontre de chacun. Entre processus de sécularisation et tentations de néo-cléricalisme

Le samedi matin, à la gare deConstitución, dans un quartierqui ne fait certes pas partie des

“beaux quartiers” de Buenos Aires,règne l’agitation coutumière: auto-bus, taxis, gens qui entrent et sortentdu terminal, femmes portant leurscourses, policiers, vendeurs ambu-lants avec leurs charrettes. Lesjeunes des paroisses Santa Elisa etVirgen de Caacupé ont monté leurtente jaune au bord de ce tourbillonincessant d’activité humaine, à côtédu monument érigé en l’honneur dufranc-maçon Juan Bautista Alberdi,l’inspirateur de la Constitution ar-gentine. Ils appellent cette tente

Reportage

par Gianni Valente

Proximité et miséricorde

Carpa misionera, Tente mission-naire de l’Église catholique. Ils ontaussi apporté une statue de la Vir-gen de Luján, la Vierge vénéréedans le sanctuaire national et dispo-sé autour d’elle quelques tables surlesquelles ils ont posé de petites sta-tues de l’Enfant Jésus et de saint Ex-pédit, le saint des affaires pres-santes. Un de ces jeunes arpente la

gare en distribuant à tous, passantset autres, une image de Jésus sur la-quelle est imprimée une prière.Beaucoup de gens s’approchentd’eux, demandent une bénédiction,déposent dans les boîtes posées surles tables de brefs messages danslesquels ils demandent pour eux-mêmes et pour les autres la santé etdu travail, des messes et des prières

pour leurs morts, la joie et la fin deleurs tourments. Devant le père Fla-vio s’étire la longue queue de tousceux qui viennent se confesser.«Bautismos aqui, baptêmes ici»,est-il écrit sur une banderole accro-chée à un arbre. Sous cet arbre a étéinstallée une table sur laquelle deuxjeunes inscrivent les demandes denouveaux baptêmes, y compriscelles des gens qui s’approchent defaçon instinctive, par simple curiosi-té. Depuis la veille, depuis qu’a com-mencé la misión, treize baptêmesde jeunes et d’adultes ont été célé-brés devant la “Carpa católica”. Cesbaptêmes ont été préparés par descatéchistes laïques qui poursuivrontensuite leur enseignement avec lacatéchèse post-baptismale. Soudainarrive, à l’improviste, sans préavis,le père Bergoglio. L’archevêque dela métropole salue un à un les jeunesgens et embrasse don Facundo, le-quel déverse aussitôt sa voix toni-truante dans le mégaphone: «Ade-lante, approchez-vous tous de laCarpa misionera, nous allons célé-brer la messe dans quelques mi-nutes». Un ivrogne s’arrête aussi. Àonze heures du matin, il a déjàquelques verres dans le nez. Il s’ap-proche de Bergoglio, le fixe d’un airperplexe: «Moi, je t’ai déjà vu

quelque part…», murmure-t-il. Et ilajoute: «Tu es catholique, non?Alors la messe, dis-la toi!». C’est ceque lui demande aussi don Facundoen lui présentant les vêtements litur-giques pour la célébration. Puis, de-vant le petit groupe de jeunes, petitsvieux, mères de famille avec leursenfants et passants restés là pourl’occasion, le cardinal jésuite fait

5330JOURS N.6 - 2011

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La chapelle Santa María Madre del Pueblo dans le quartier Bajo Flores,de Buenos Aires

Sur la page ci-contre, à droite, deux photos de la Carpa misionerasur la Plaza de laConstitución, à BuenosAires, pendant la messecélébrée par le cardinal Jorge Mario Bergoglio

Ci-dessus, des pèlerinsaccompagnant la statuede Notre Damed’Aparecida sur la grande esplanade de la Basiliqued’Aparecida, au Brésil

AMÉRIQUE LATINE

un bref sermon. «Demandons à Jé-sus tout ce dont nous avons besoin.Demandons-le au Père en Sonnom, demandons-le-Lui pour qu’Ille demande au Père. Comme lespauvres qui se pressaient autour deLui lorsqu’Il passait dans les rues, quiLui demandaient tout. Jésus tientbeaucoup à vivre avec nous autres,avec nous tous, avec tous ceux quipassent dans les rues. S’il n’y avaiteu sur terre qu’un homme ou qu’unefemme, il aurait également offert sa

vie pour ce seul homme ou cetteseule femme».

C’est pourquoi, pense Bergoglio– de même que Facundo, don Fla-vio et tous les prêtres de BuenosAires qui vont de temps en tempsfaire des baptêmes et des confes-sions dans les gares, sur les places etmême sous l’obélisque de Plaza dela República, sur l’immense Aveni-da 9 de Julio –, ce qu’il y a de plusimportant, c’est de faciliter, de nepas faire de sélection, de ne pas op-

poser d’obstacle à ce désir de Jésus.Il faut accueillir le moindre signed’attente qui jaillit gratuitementdans les circonstances fortuites etpassagères qu’offre le temps pré-sent. Faire comme a fait l’apôtrePhilippe avec l’eunuque auquel ilavait annoncé la Bonne Nouvelle lelong du chemin. «Voici de l’eau;qu’est-ce qui empêche que je soisbaptisé?», lui avait demandé l’eu-nuque alors qu’ils passaient prèsd’un torrent. «Alors Philippe le bap-tisa. Mais quand ils furent remontésde l’eau, l’Esprit du Seigneur enlevaPhilippe et l’eunuque ne le vit plus.Et il poursuivit son chemin toutjoyeux» (Ac 8, 36-39).

Le sentiment de la précaritéaugmente mais augmententaussi les possibilités de rencontre«Dans l’Évangile», répétait le cardi-nal Aloísio Lorscheider, «les plusbelles rencontres de Dieu avec l’hu-manité ont lieu sur la route. Dessiècles d’histoire de christianismevécu ne nous disent rien d’autre».

De nos jours, toute l’Amériquelatine semble être une immense ga-

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Seule l’humilité rend libre des chantages

Interview de Carlos Aguiar Retes, nouveau président du CELAM

Carlos Aguiar Retes, 61 ans, archevêque de Tlalne-pantla (Mexique), a été nommé président du

Conseil épiscopal latino-américain (CELAM), le 19 maidernier, à Montevideo, à lʼoccasion de la trente-troisiè-me assemblée ordinaire de lʼorganisme représentatifdes épiscopats de toute lʼAmérique latine. Les évêqueset les autres délégués de toutes lesÉglises latino-américaines lui ontconfié à une très large majorité cet-te charge pour un mandat dequatre ans.

Diplômé en Théologie bibliquede lʼUniversité pontificale grégorien-ne et anciennement professeur dʼÉ-criture sainte à lʼUniversité pontifi-cale du Mexique, Aguiar en est àson second mandat de président dela Conférence épiscopale mexicai-ne. Par sensibilité personnelle etpour des raisons dʼétat civil, il repré-sente bien le secteur des évêquesqui, après les oppositions et les radi-

calisations idéologiques intra-ecclésiales des décenniespassées, sent avec plus de sollicitude la nécessité de la«conversion pastorale», préfigurée par le document delʼAssemblée du CELAM dʼAparecida (2007) comme lʼho-rizon présent de lʼœuvre apostolique de toutes lesÉglises latino-américaines.

Excellence, vous devenezprésident du CELAM dans lesannées où toutes les Églises la-tino-américaines sont appeléesà la “Mission continentale”. Dequoi sʼagit-il? Est-ce seulementune nouvelle formule pour indi-quer lʼappel habituel à la mobili-sation?

CARLOS AGUIAR RETES: LaMission continentale nʼest pasnée de rien, comme un projet abs-trait. Il y avait déjà eu, avant lʼAs-semblée générale du CELAM àAparecida, lʼexpérience de nom-

Reportage

La photo de groupe de la XXXIIIe Assemblée du Conseil épiscopal latino-américain(Celam) qui s’est déroulé à Montevideo du 15 au 20 mai 2011

re où tout bouge et change de place,où des processus économiques etsocioculturels de grande ampleurmodifient et parfois bouleversent lavie des particuliers et des masses.Dans ce contexte en rapide transfor-mation, la messe et les baptêmes ad-ministrés dans la gare de Constitu-ción sont une image concrète – par-mi les nombreuses autres possibles –de cette Mission continentale que lesÉglises latino-américaines se sontdonnée comme consigne en 2007,à Aparecida, dans la dernière As-semblée générale de l’épiscopat lati-no-américain.

Quatre ans plus tard, les évêqueset ceux qui étaient convoqués à la

XXXIIIe Assemblée du Conseil épis-copal latino-américain qui s’est dé-roulé à Montevideo du 15 au 20 maidernier, ont examiné ensemble lechemin parcouru. Ils se sont interro-gés de nouveau sur les idées et la vi-sion du Continent exprimées à laConférence d’Aparecida et en ontdiscuté.

D’après les propos et les juge-ments de quelques-uns d’entre eux,qui ont été recueillis par 30Jours àl’occasion de cette rencontre, les re-présentants de l’épiscopat partagentla même vision de la situation qui estpour eux comme un chemin ouvert,en cours de réalisation. Chemin surlequel – comme il arrive toujours –

les idées les plus riches d’espéranceévangélique fleurissent et se libèrentdans la vie quotidienne des pasteursles plus engagés dans l’expérienceconcrète du peuple de Dieu.

Une première donnée aide à éli-miner les équivoques souvent susci-tées par la propagande cléricale etanticléricale: pour les évêques pas-toralement les plus sensibles, il esttoujours plus clair que la Missioncontinentale n’est pas une stratégieni un programme; qu’elle n’est pasnon plus un appel à un nouveau mili-tantisme pour reconquérir des posi-tions perdues. «La Mission conti-nentale définie à Aparecida», ex-plique en termes aussi simples

5530JOURS N.6 - 2011

breux diocèses qui avaient commencé à se mettre danscette disposition pastorale. À Aparecida, ces expériencesconvergentes se sont retrouvées et reconnues et lʼépis-copat latino-américain tout entier a choisi de suivre la voiequʼelles suggéraient.

Quels éléments favorisent cette nouvelle unité, cepartage dʼintentions?

La constatation que nous sommes en train de passer àun nouveau contexte social. Cʼest un processus que lʼonsent surtout dans les grandes zones urbaines qui conti-nuent à sʼétendre. En ce sens, la mission proposée parAparecida a aussi été préparée par la réflexion sur les mé-gapoles. La migration des campagnes vers les villes estune constante de la vie de lʼAmérique latine. Mais ces phé-nomènes marquent maintenant le passage dʼun temps oùles valeurs chrétiennes étaient acceptées par tout le mon-de à une situation dans laquelle les modèles changent etoù est en train de se former une société pluriculturelle.

Quʼest-ce que cela comporte du point de vue pas-toral?

Nous ne pouvons pas penser que notre tâche prioritai-re est dʼêtre tout le temps sur le seuil pour vérifier si lesgens remplissent ou non les conditions administrativesrequises pour faire partie de lʼÉglise. Notre temps est ce-lui dʼune annonce, faite à tous, de lʼessentiel du christia-nisme. Une annonce faite aux gens tels quʼils sont, dansla situation concrète dans laquelle ils vivent en ce mo-ment, avec les attentes qui sont aujourdʼhui les leurs.

Dans la région du Mexique où je me trouve, il y a douzediocèses où vivent des gens qui vont et viennent tous lesjours pour essayer de subvenir à leurs besoins vitaux.Voilà, il faut se charger de toutes les nouvelles situationsde la vie commune. Il faut, par exemple, faciliter lʼaccèsaux sacrements et faire en sorte que les conditions re-quises par la paroisse ne provoquent pas la perte decontact avec lʼÉglise.

Dans les décennies passées, ce que lʼon appelle laNouvelle Évangélisation misait beaucoup sur lesgroupes et les mouvements organisés. Mais mainte-nant, après lʼhistoire des Légionnaires du Christ, quepense-t-on?

On pense quʼil faut avoir une attitude dʼhumilité, celleque Benoît XVI nous montre en permanence. Recon-naître que la fragilité humaine comporte nécessairementla possibilité réelle de chutes, du péché. Il ne sert à rien dese présenter à la société en prétendant que lʼÉglise estune institution humaine parfaite dans laquelle toutmarche bien. Se présenter ainsi part certes dʼune bonneintention. Mais nous savons quʼil y a parmi nous, en rai-son de la fragilité et de la misère humaines, des situationsdéplorables de scandale et de contre-témoignage. Lʼatti-tude dʼhumilité suggérée par Benoît XVI naît de laconfiance que la grâce de Dieu opère et peut changer leschoses. Cʼest le seul moyen de ne pas être lʼotage desmédias qui cherchent par tous les moyens à dénigrerlʼinstitution ecclésiastique. ¬

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Ci-dessus, à gauche, un groupe de petites péruviennes le jour de leur Première Communion, dans l’église Las Mercedes de Lima; à droite,la cantine pour les pauvres dans le couvent los Descalzos, où les franciscains offrent une soupe appelée Porciúncula, Lima, Pérou

que décidés Ricardo Ezzati An-drello, archevêque de Santiago duChili, «n’est pas un projet de recon-quête des portions de pouvoir socio-logique que l’Église est en train deperdre en Amérique latine et elle nepeut être comprise comme telle».Ne serait-ce que parce que, commele souligne Rubén Salazar Gó-mez, archevêque de Bogotá, l’Égli-se en tant que telle est sans intérêt,

elle n’est pas importante. Elle n’estqu’un instrument. Le Concile Vati-can II répète que l’Église est sacre-ment, et un sacrement en soi n’a pasde sens, si ce n’est en tant que signeet en tant qu’instrument. C’est celal’Église. Elle existe seulement pourservir les hommes en leur indiquantle visage du Christ». Ainsi, en Amé-rique latine aussi semblent avoir faitleur temps les discours de ceux qui,

dans les années Quatre-vingt etQuatre-vingt-dix, misaient tout surla formule presque magique de«l’évangélisation de la culture», à ad-juger à des élites militantes pour res-tituer à l’Église une position culturel-lement influente sur la scène pu-blique.

La Mission continentale, répètele brésilien Geraldo Lyrio Rocha,archevêque de Mariana, «n’est pas

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Reportage

À gauche, des fidèles brésiliens au Sanctuaire Notre-Dame d’Aparecida; ci-dessus, une photoaérienne de la favela de Paraisópolis,près de São Paulo, au Brésil

Beaucoup de gens continuent à regarder lesÉglises latino-américaines avec les yeux des annéesSoixante et Soixante-dix. Ils continuent à dénoncercomme lʼerreur la plus insidieuse et la plus grave laréduction du message chrétien à une idéologie poli-tique. En est-il vraiment ainsi?

Cela fait maintenant des années que lʼon trouve inutileet dépassé de brosser un “tableau” idéologique desmembres de lʼÉglise, si tant est que ce “tableau” ait ja-mais été une clef adéquate pour connaître dans leur réali-té les visages et les expériences des Églises dʼAmériquelatine. Aparecida a regardé lʼÉglise telle quʼelle est au-jourdʼhui et ce que le Saint Esprit lui inspire maintenant.Je crois que ce document est vraiment un signe évidentde la façon dont ces lectures idéologiques sont tout à faitdépassées. Dans la communion de lʼÉglise peuvent vivredes sensibilités diverses et diverses façons dʼaborder leschoses.

Les médias et les agences de presse catholiqueselles-mêmes décrivent souvent les hommes dʼÉglisecomme les représentants dʼune force antagonistepar rapport aux gouvernements et aux groupes poli-tiques qui sont en train de prévaloir en Amérique lati-ne. Est-ce une image plausible?

À lʼégard des événements historiques de lʼAmériquelatine, on est de plus en plus persuadé que lʼÉglise doitêtre très libre par rapport aux gouvernements, respec-

tueuse de lʼautorité établie, attentive à favoriser toutes lescollaborations possibles mais en même temps libre dedonner son avis sur ce que doit être la société. Malheu-reusement, ce schématisme idéologique dont je parlaistout à lʼheure et qui est totalement inapproprié pour regar-der lʼÉglise, ne semble pas totalement dépassé dans cer-tains pays. Il y en a encore quelques-uns qui considèrentcomme fondamental le discours idéologique pour orien-ter le gouvernement et sa politique et orienter aussi lesmasses. Mais à côté de ceux qui conservent lʼattitudeidéologique rigide du passé, il y en a dʼautres, plus prag-matiques, qui regardent les politiques sociales commedes instruments pour résoudre les problèmes.

Et dans votre pays, quel est le problème le plusmarquant de notre époque?

Au Mexique, lʼun des problèmes graves est celui desconséquences générales du trafic de drogue et de lʼargentillégal. Un problème qui ne peut être résolu sʼil nʼy a pasune véritable collaboration internationale et en particuliercelle des États-Unis. Les Américains devraient avoir uneposition beaucoup plus ferme pour empêcher le passagedes armes au Mexique. Le Mexique ne produit pasdʼarmes. Il nʼy a pas une seule fabrique dʼarmes ni dʼarme-ment militaire. Comment se fait-il que lʼon trouve si facile-ment des armes de lʼautre côté de la frontière? Cʼest là as-surément la conséquence dʼune pratique criminelle.

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une mobilisation ou une liste dechoses nouvelles à faire et de mo-ments à organiser, mais un certainesprit qui devrait marquer toute ex-pression et articulation de la vie del’Église. Dans les moments de pas-sage et de grands changementscomme ceux que nous sommes entrain de vivre, les préoccupations etle sentiment de précarité augmen-tent mais augmentent aussi les pos-sibilités de rencontre, en particulieravec les 80% de Brésiliens qui, dansle Brésil catholique, vivent leur vieloin des pratiques ordinaires de l’É-glise».

Le document d’Aparecida a prisacte que sont en cours, en Amériquelatine aussi, des processus de sécula-risation et que la foi qui a animé l’É-glise et la vie du continent pendantcinq siècles ne se transmet plus degénération en génération avec lamême facilité qu’auparavant. Letexte a invité les Églises latino-amé-ricaines à se libérer de toutes les«structures caduques qui ne favori-

sent plus la transmission de la foi» (n°365), à ne pas se complaire dansdes discours rhétoriques sur le«Continent de l’espérance» et à nerien «considérer comme escomptéou comme acquis» (n° 549). Il a aussiôté aux spécialistes des plaintes etdes récriminations leur légitimité ensouhaitant – en citant Evangeliinuntiandi de Paul VI – que «le mon-de de notre temps» puisse «recevoirla Bonne Nouvelle non pas d’évan-gélisateurs tristes et découragés, im-patients et anxieux, mais de mi-

nistres qui aient les premiers reçusen eux la joie du Christ» (n° 552).Dans la masse de réflexions, d’indi-cations et de suggestions proposéespar le document, la Mission conti-nentale n’a pas été définie comme lerésultat de la prestation des opéra-teurs pastoraux, le fruit de ceux quiprétendent construire l’Église parleurs efforts en repartant éventuelle-ment à zéro. Car «ce qu’il y a de plusimportant dans l’Église, c’est tou-jours l’action sainte du Seigneur» (In-troduction n° 5). Et chaque pas nou-veau «ne peut être fait que si nousvalorisons de façon positive ce quel’Esprit a déjà semé» (n° 262). À par-tir de cette foi qui, malgré tous lesoublis, les fragilités et les dissipa-tions, continue à se manifester dansla dévotion populaire, une dévotionsimple et sans défense comme unenfant sauvé des eaux. C’est là lesigne gratuit et surprenant de l’affec-tion pour Jésus et sa Mère, encorevivante dans le cœur d’une grandepartie des Latino-Américains.

D’une idée de l’Église régulatrice de la foi à une Église facilitatrice de la foiAu numéro 264, le même docu-ment décrit la piété populaire com-me une «confession» durable etgrandiose «du Dieu vivant qui agitdans l’histoire». Une donnée de laréalité face à laquelle l’équipe ecclé-siale a pour mandat minimal de nepas compliquer ce qui est simple. «Ils’agit de passer d’une idée d’uneÉglise régulatrice de la foi à celled’une Église facilitatrice de la foi»,

dit dans une formule un peu clin-quante mais efficace Eduardo Ho-racio García, évêque auxiliaire deBuenos Aires chargé de la pastoralepour l’archidiocèse porteño.

C’est peut-être en cela que rési-de toute la conversion pastoraleque le document d’Aparecida défi-nit comme le fruit de la gratitude etcomme la tâche spécifique desÉglises latino-américaines pour letemps présent. Dans les réflexionsde nombreux évêques, le mot quirevient le plus souvent, et ce n’estpas un hasard, est cercanía, proxi-mité. Trait distinctif d’une Église quise présente à tout le mondecomme «une mère qui va à la ren-contre de son enfant, une maisonaccueillante» (n° 370). Ainsi lesévêques de cette saison ecclésialerenouent-ils les fils qui les lient auxgénérations de leurs prédécesseurset en particulier à celle des pasteursqui, après le Concile Vatican II,avaient fait du CELAM un instru-ment efficace pour témoigner

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AMÉRIQUE LATINE

Ci-dessus, à gauche, près de l’église San Cayetano, à Buenos Aires, des fidèles reçoivent la bénédiction à l’occasion de la fête du saint patron du travail et du pain; à droite, distribution du repas dans une cantine de quartier, à Buenos Aires

que les Églises locales partageaientquotidiennement le destin et les viesréelles des peuples du Continent.«Au-delà de tout», fait remarquer levénézuélien Baltazar EnriquePorras Cardozo, archevêque deMérida, «même dans cette phase degrands changements, le fait d’êtreproche des désirs et des souffrancesdes hommes reste un trait distinctifdes Églises latino-américaines, etles gens le reconnaissent. Les genssavent que, face même à l’augmen-tation de la violence et des phéno-mènes de dégradation sociale – tou-jours payés par les plus faibles –, ilstrouveront dans l’Église une réalitéen accord véritable avec leurs désirsde paix, de tranquillité, de sécurité,et une aide concrète dans les diffi-cultés et les souffrances. Le frère ca-pucin Andrés Stanovnik, arche-vêque de Corrientes, lui fait écho:«En général», dit-il, «et en mettant àpart les cas particuliers, s’il y a uneréalité humaine qui, dans nos pays,est bien ancrée dans la vie quoti-dienne, c’est bien l’Église. NosÉglises, ce ne sont pas seulementles rencontres des évêques, commecelle d’Aparecida. Ces évêquesmarchent tous les jours avec leurpeuple. Les prêtres ne vivent pasenfermés dans leurs paroisses. Ilssont toute la journée avec les gens,dans la rue, dans les repas offertsaux pauvres, dans les écoles rurales,dans le nombre infini d’œuvres so-ciales et caritatives où ils entrentvraiment en contact avec les diffi-cultés qu’ont beaucoup de gens àjoindre les deux bouts. Ce n’est quedans les circonstances concrètes dela vie quotidienne que l’on peut par-

tager la foi et la joie de la présencevivante du Christ. Autrement, toutchemin communautaire, à lalongue, bouche l’horizon et setransforme en une ségrégation quiprend des prétextes religieux».

Le retour d’un certain cléricalisme: le vieux profil du prêtre “prince”Selon certains évêques, le boycotta-ge le plus insidieux de la perspectivede “la proximité” suggérée par laConférence d’Aparecida ne vientpas du relativisme ni de la séculari-sation, ni non plus des préjugés degroupes hostiles à l’Église. «Les plusfortes résistances», fait noter le fran-ciscain péruvien Héctor MiguelCabrejos Vidarte, archevêque deTrujillo, «coïncident avec le retourd’un certain cléricalisme. C’est aussipour cela que la conversion pastora-le définie à Aparecida regarde avanttout les prêtres et les évêques, maisaussi certains groupes et mouve-ments organisés qui, parfois, agis-sent comme des coteries en quête

de prestige et de pouvoir dans l’Égli-se». Dans certaines situations,semble affleurer à nouveau la vieillefigure de l’ecclésiastique “prince”,représentant d’une caste privilé-giée, fonctionnaire d’un pouvoir re-ligieux, traitant les sacrements com-me s’ils lui appartenaient pour affir-mer sa suprématie sur les fidèleslaïques. Et cela, éventuellement, enreprochant au peuple ses fragilitéset ses blessures, blessant dans leursouvertures et leurs attentes ceux quine seraient pas en règle avec les“conditions préalablement re-quises” de préparation doctrinale etde moralité imposées par le néo-ri-gorisme clérical montant. Un de cesstyles et une de ces organisationsque le document d’Aparecida décla-re «caduques» et qui, loin de favori-ser la transmission de la foi, ne fontque lui faire obstacle. «Il est inévi-table», note l’archevêque Stanov-nik, «que lorsqu’on pense àconstruire, à “faire” l’Église commesi c’était un projet et une conquêtepersonnelle, on en arrive à des auto-

À gauche, des catholiquesvénézuéliens pendantla procession du Dimanche des Rameaux, à Maracaibo

À droite, la processiontraditionnelle du Dimanche

des Rameaux à Cali,dans le département

de Valle del Cauca, en Colombie

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Reportage

De gauche à droite, le président de l’Uruguay, José Mujica, le président de l’ArgentineCristina Fernández de Kirchner; Luiz Inácio Lula da Silva, à l’époque président du Brésil, et enfin le président du Paraguay Fernando Lugo, pendant la “photo de famille” du Mercosur, à l’occasion du sommet qui s’est déroulé à Foz de Iguaçu, au Brésil, le 17 décembre 2010

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AMÉRIQUE LATINE

célébrations. Et l’archevêque Porrasajoute: «Des prétentions de ce gen-re marquent l’histoire du catholicis-me latino-américain depuis tou-jours. Il suffit de lire les documentspubliés par le Vatican à l’occasiondu Ve centenaire de la découverte del’Amérique. Il y avait dans le passédes gens qui, rigides en matière dediscipline, prétendaient que lesprêtres ou les religieux soient desenfants légitimes, élevés dans desfamilles régulières, capables defournir une dot. Et déjà alors, entrele XVIe et le XVIIIe siècle, arrivaientde Rome des centaines et des cen-taines de dispenses qui permet-taient de contourner ces préten-tions rigoristes».

Une Église contre-pouvoir?Le CELAM, à partir de l’époque oùil a été dirigé par des esprits librescomme l’évêque chilien Manuel Lar-raín et dom Hélder Câmara, a tou-jours reflété le sentiment prédomi-nant des épiscopats latino-améri-cains devant les géographies so-ciales et politiques changeantes del’ensemble des pays d’Amérique duSud. Ce mélange de peuples et denations que dom Hélder appelait «lecontinent chrétien du Tiers-mon-de », lorsqu’il appelait ses confrèresà combattre la misère «qui détruitl’image de Dieu qui se trouve danstous les hommes».

Maintenant, dans ces pays, seconsolide avec le temps et s’accroîtde nouveaux arrivés un assortimentvarié de gouvernements de gauche,ayant à leur tête des leaders de pro-venance et de tendances différentes– ex guérilleros, ex-militaires, natio-

nal-populistes, pragmatiques-réfor-mistes – mais appelés à gérer uneconjoncture économique en expan-sion, des processus réels d’intégra-tion politique, des déséquilibrescroissants et des programmes so-ciaux de compensation qui puissentavoir une incidence sur les condi-tions de vie de millions de per-sonnes. Une véritable effervescencecontinentale. Et dans la représenta-tion qu’en donnent les médias, leshommes d’Église sont habituelle-ment relégués dans le rôle immuablede censeurs renfrognés. Émissairesd’une corporation en lutte perma-nente avec les leaders politiques etles gouvernements et agrippée à laliste des thèmes éthiquement sen-sibles: défense de la vie, de la famille,de la liberté d’éducation.

Or c’est un fait que parmi lesévêques convoqués à Montevideopendant la dernière assemblée duCELAM, aucun ne semblait avoirl’intention d’accréditer ni, éventuel-lement, de relancer l’image hyper-médiatisée de l’Église comme bloc“belligérant” en alternative auxpouvoirs mondains. Pour tout lemonde, ce qui caractérise l’actionecclésiale, c’est la ferveur aposto-lique et la mansuétude. «L’imaged’une Église comme force antago-niste», explique l’archevêque véné-zuélien Porras, «est celle qui arrangeles gouvernements et les régimespopulistes qui en viennent souvent àdiviniser leur pouvoir. L’Église, enraison justement de son immanenceau peuple et du regard dépourvu detout messianisme avec lequel elleévalue les problèmes sociaux, estprésentée comme une corporation

en quête de privilèges». Selon l’ar-chevêque chilien Ricardo Ezzati, «ily a chez les politiques des gens quiveulent parfois faire passer l’idéeque l’organisation ecclésiastique estun facteur d’arriération, qu’elle bri-de la société et les consciences, etqui dénoncent sa tentative présu-mée de récupérer un monopole so-cial et culturel perdu. Il faut, à monavis, éviter d’apporter des confir-mations à ce stéréotype et rendreévident que l’Église ne cherche au-cun pouvoir, aucune hégémonie. El-le veut seulement apporter aux gensun message de libération qui est bonpour tous». Le cardinal Julio Ter-razas Sandoval, archevêque deSanta Cruz de la Sierra, déclare queréduire l’Église à un contre-pouvoirest une caricature qui profite à sonauteur: «En Bolivie, dans les der-nières années, l’Église a attendu si-lencieusement que surviennent leschangements tant désirés par lepeuple. Nous n’avons commencé àparler que lorsque nous avons en-tendu des discours qui invitaient àéliminer le “Dieu” des chrétiens etqui soutenaient qu’existait une divi-sion entre deux Églises, celle desriches et celle des pauvres». Le co-lombien Rubén Salazar Gómezconclut: «Ne mettre l’accent que surles interventions des ecclésiastiquesau sujet de la morale sexuelle estune déformation imposée par lesmédias. Et l’Église doit faire sonpossible pour échapper au mécanis-me de ceux qui la dépeignent com-me une corporation politique anta-goniste. Elle doit montrer à tous,avec humilité, qu’elle ne chercherien pour elle-même». q

Des fidèles avec l’image du pape Jean Paul II, le jour de sa béatification, au cours d’une messe en plein air, à Ciudad Guatemala

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par Paolo Mattei

«Non, Votre Sainteté. Le vrai danger pour la foi chrétienne, ce n’estpas l’agnosticisme, mais le gnosticisme»: cette phrase, que donLuigi Giussani a adressée à Jean-Paul II au début des années

Quatre-vingt-dix, a éveillé un intérêt qui dépasse le cercle de nos lecteurs. Lequotidien Avvenire en a parlé dans un petit article qui résume avec précisionles paroles et les intentions de don Giussani. Nous le citons intégralement:«On peut lire, dans le dernier numéro de 30Giorni, une phrase que don LuigiGiussani a adressée à Jean Paul II au début des années Quatre-vingt-dix: “Levrai danger pour la foi chrétienne, ce n’est pas l’agnosticisme, mais le gnosti-cisme”. Dans son introduction à un article de Massimo Borghesi, écrit en 2003et republié dans ce même numéro (Le pacte avec le Serpent), Lorenzo Cappel-letti fait cette réflexion: “Maintenant que sont passées deux décennies, onpeut vraiment se rendre compte du caractère extraordinairement prophé-tique du tournant de don Giussani. Tournant qui peut être confirmé par la lec-ture de l’interview publiée en avril 1992, dans laquelle don Giussani parle de lapersécution contre ceux qui ‘vivent dans la simplicité de la Tradition’. À laquestion posée par son interlocuteur: “Une vraie persécution?”, don Giussanirépond: “Oui, exactement. Aujourd’hui, la colère du monde ne se dresse pascontre le mot Église, elle ne s’éveille pas non plus à l’idée que quelqu’un sedéclare catholique, ou face à la figure du Pape comme autorité morale. Aucontraire, on constate un respect formel, disons même sincère. La haine se dé-chaîne – aujourd’hui à peine contenue, mais prête à déborder – devant des ca-tholiques qui agissent en tant que tels, des catholiques qui vivent dans la sim-plicité de la Tradition”»1.

Dans ces mêmes années, don Giussani ne s’est pas contenté de mettre enévidence le rapport entre le gnosticisme et la persécution de ceux qui «vivent

Introduction

30JOURS N.6 - 2011

1 Don Luigi Giussani: «Le vrai danger aujourd’hui, c’est le gnosticisme», in Avvenire, 14 juillet 2011, p. 27.

Commentaire de la phrase de don Luigi Giussani

dans la simplicité de la Tradition»: il a fait com-prendre de quelle façon le gnosticisme devient undanger pour la foi chrétienne.

Dans une extraordinaire intervention au coursdes exercices spirituels pour les étudiants de Com-munion et Libération, le 12 décembre 1998, il disait:«L’histoire est faite d’alternances dramatiques: lespoints objectants semblent se dilater plus que ceuxdu passé. Leur prédominance est statistiquement

l’observation la plus amère et la plus drama-tique qu’un chrétien authentique puisse faireprécisément sur la situation de l’Église. Aujour-d’hui, le fait que Jéus-Christ existe – qui Il est,où Il est, quelle route pour aller à Lui – n’est vécuque par très peu de gens, presqu’un reste d’Is-raël, et ceux-là souvent aussi infiltrés et bloquéspar l’influence de la mentalité commune»2.

Le gnosticisme n’est pas le danger pour la foien tant que culture mondaine en soi. Ceci neveut pas dire que le chrétien n’a pas le droit dejuger la culture du monde, en passant au crible –

d’un point de vue que l’on pourrait définir laïque –ses instances positives, mais aussi ses limites et seserreurs (cf. 1Th 5, 21). De ce point de vue la phra-se de Giussani: «Le vrai danger pour la foi chré-tienne, ce n’est pas l’agnosticisme, mais le gnos-ticisme» pourrait suggérer une hypothèse delecture de la culture mondaine actuelle, à savoirque, contrairement à la définition qu’on luidonne habituellement, la culture du mondemoderne ne serait pas caractérisée par la laï-cisation radicale du christianisme, mais par

une recompréhension, une réinsertion de la

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2 L. Giussani, Jésus-Christ est partie présente du réel, in 30Jours, n. 12, décembre 1998, p. 60.

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Don Luigi Giussani dans un entretien

avec Jean Paul II au début des années Quatre-vingt-dix

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«Le vrai danger pour la foi chrétienne,

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En hommage LES CHANTS DE LA TRADITION

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le dijo don Luigi Giussani

a Juan Pablo II

a principios de los años noventa

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Palavras de Dom Luigi Giussania João Paulo II no início da década de 1990

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Beilage DIE GESANGE DER TRADITION

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Chefredakteur: Giulio Andreotti

in Kirche und Welt Chefredakteur: Giulio Andreotti

in Kirche und Welt

„Nicht im Agnostizismus, sondern im Gnostizismus

liegt die Gefahr für den christlichen Glauben“Don Luigi Giussani in einem

Gespräch mit Johannes Paul II.

Anfang der neunziger Jahre

MENSILE SPED. ABB. POST. 45% D.L. 353/2003

(CONV. IN L. 27/02/04 N.46) ART.1, COMMA 1 DCB - ROMA.

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ISSN 0390-4539

Thus Don Luigi Giussani

to John Paul II

at the beginning of the ’nineties

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“Not agnosticism,

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YEAR XXIX NUMBER 4/5 - 2011 $8 / € 5

Supplement THE CHANTS OF TRADITION

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In the Church and in the World

Novavetera

et

nouveauté chrétienne dans les catégories bien connues du gnosticisme. Hypothèsequi a trouvé en la personne d’Augusto Del Noce son défenseur le plus déterminé3.

Mais au-delà de ce point de vue intéressant et intelligent sur la modernité, le gnosticis-me est le danger pour la foi chrétienne dans la mesure où, pour reprendre les mots si clairsde Giussani, «il pénètre et il bloque» ce petit troupeau «presque un reste d’Israël» qu’estl’Église. Hegel, Goethe et Jung, pour citer les trois grands maîtres du gnosticisme moder-ne qui figurent sur la couverture du dernier numéro de 30Giorni, ne sont pas en soi undanger. Le danger, ce sont ceux qui, dans l’Église, de manière plus ou moins occulte («unpoison occulte et répugnant», disait saint Augustin de l’hérésie pélagienne4), «s’infiltrentet souvent bloquent», c’est-à-dire qu’ils dénaturent la simplicité de la Tradition.

Le massacre d’Oslo, cette tragédie qui s’est déroulée le 22 juillet dernier, peut nousmontrer comment la dénaturation de la foi de l’Ancienne et Nouvelle Alliance peut dé-border sous forme de haine, la plus inhumaine et la plus diabolique. En effet, si l’homme,au lieu d’abandonner à Dieu seul, dans la prière, la Révélation de Son mystère (n’ou-blions pas qu’Apocalypse veut dire révélation), veut la construire et l’anticiper par sespropres forces, il réitère la présomption diabolique d’être comme Dieu (cf. Gen 3, 4-5).

Plusieurs lecteurs nous ont demandé de leur expliquer le plus simplement possiblece qu’est le gnosticisme. À notre avis, les quelques paroles de la deuxième Lettre deJean, le disciple bien-aimé, expliquent avec une simplicité inégalée ce que l’on entendpar gnosticisme, ou mieux par gnose (ou encore mieux par fausse gnose, parce ce quela foi en Jésus-Christ est elle-même connaissance, suscitée par l’attraction de Sa grâce).Saint Jean écrit: «Celui qui ne reste pas dans la doctrine du Christ, mais va au-delà, nepossède pas Dieu. Celui qui s’en tient à la doctrine possède le Père et le Fils» (2Jn 9). Ledanger que le gnosticisme représente pour la foi chrétienne est tout entier dans la ten-tative d’aller au-delà de la doctrine de Jésus. Au-delà de la foi des apôtres. Nous pour-rions même dire que le gnostique ne s’en tient pas à l’humanité de Jésus, cette humani-té qui selon l’apôtre Paul recueille, en une plénitude surabondante, «tous les trésors dela sagesse et de la connaissance» (Co 2, 3). Dans ce passage, Paul utilise justement lemot grec “gnosis” pour indiquer la “connaissance”.

Nous publions aujourd’hui, pour aider à la compréhension des paroles de don Giussani,l’article du père Jules Lebreton sur Origène (185-254), le théologien de l’Église d’Alexan-drie, en y ajoutant une brève biographie de l’auteur (ces deux articles ont été publiés dansle n. 5 - 1994 de 30Giorni). Lebreton écrit que la théologie d’Origène est «un idéalisme quicroit se rapprocher de Dieu en perdant de vue l’humanité du Christ».

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3 A. Del Noce, Il problema dell’ateismo, Bologne 1964, en particulier p. 27 et 192.4 Augustin, Contra Iulianum opus imperfectum II, 146: «Occultum et horrendum virus haeresis vestrae».

Commentaire de la phrase de don Luigi Giussani

Plusieurs thèses d’Origène ont été condamnées par le magistère de l’Église. Ceci neveut pas dire qu’on ne peut ni ne doit reconnaître la valeur de sa théologie dans tout cequ’elle propose de positif et d’utile pour la compréhension de la doctrine chrétienne.Nous aimons les paroles de saint Augustin: «La règle absolument authentique et invio-lable de la vérité montre que doit être désapprouvé et corrigé en chacun ce qui est fauxet corrompu, mais que doit être reconnu et accepté ce qu’il y a de vrai et de droit»5.

Bonne lecture.

30JOURS N.6 - 2011 63

5 Augustin, De unico baptismo contra Petilianum, 9, 16.

Prédication de l’Antéchrist, Luca Signorelli, chapelle de Saint Brizio, cathédrale d’Orvieto. Autour de l’Antéchrist qui écoute les conseils du démon et fait des prodiges, sont réunies de nombreuses personnes, hommes et femmes, riches et pauvres, jeunes et vieux,des gens quelconques et des personnes illustres, des laïcs et des ecclésiastiques qui conversent entre eux

veteraNovaet

L e très récent Dizionario deiteologi ne le mentionne pas.Son portrait ne figure pas

non plus parmi ceux des cent dixthéologiens que propose le derniervolume de la très célèbre œuvredogmatique (à laquelle ont collabo-ré des théologiens aussi éminentsque von Balthasar et Rahner) Mys-terium salutis. Et pourtant,presque tous ceux que l’on appelleles grands théologiens, de Chenu àDaniélou, de Leclercq à Lyonnet,de Bouyer à Marrou ont reconnu ladette qu’ils avaient à son égard.Émile Blanchet, recteur de l’Institutcatholique de Paris écrivait ainsi, enannonçant sa mort, qui eut lieu enjuillet 1956: en réalité, «on ne saurajamais quelle a été la profondeur etl’extension de l’influence du pèreLebreton».

Né à Tours en 1873, Jules Le-breton entra à dix-sept ans dans laCompagnie de Jésus. Lorsqu’il eutbrillamment terminé des étudesuniversitaires, il ne put se soustraire

aux charges d’enseignement. En1907, en pleine crise moderniste,c’est à lui que fut confiée la respon-sabilité de la chaire d’Histoire desorigines du christianisme, qui avaitété créée à l’Institut catholique deParis pour couvrir le très délicatsecteur historique-théologique desétudes sur l’Église primitive. Le pè-re de La Potterie racontait que, lerencontrant à Paris bien des an-nées plus tard, Lebreton lui avaitconfié que lorsqu’il était arrivé dansla capitale, dans les premières an-nées du XXème siècle, «un vent glacésoufflait sur Paris».

Le jeune professeur allait-il pou-voir résister au vent glacé du mo-dernisme? Certains collègues, quin’étaient pas toujours bien inten-tionnés, s’indignaient: «Il faut quevos supérieurs soient fous pourvous permettre d’accepter ce pos-te», disaient-ils. «Je n’ai pas de moi-même brigué ce poste», répondaitLebreton. «On m’y appelle. Je m’yrends».

En toute humilitéCette attitude d’humble et souve-raine indifférence l’accompagneratoute sa vie. «Sa spiritualité austè-re était, l’on s’en doute, extrême-ment opposée à toute recherched’aventure et d’évasion. Le pèren’exprimait pas de désirs», écritRené d’Ouince dans l’article qu’illu i consacra dans Études de1956. En effet, du point de vuescientifique aussi, le père Lebre-ton dédia la majeure partie de savie à des œuvres qui exigent beau-coup de travail mais ne procurentpas la gloire, du moins celle quel’on obtient parmi les hommes enmarquant sa prétendue originali-té. Dieu sait ce qu’i l en coûted’être un professeur toujours dis-ponible pendant presque quaranteans, de résumer correctement endeux volumes l’histoire de l’Églisejusqu’à Constantin pour la grandeœuvre dirigée par Fliche et Mar-tin, et d’écrire en même temps, enpermanence, des articles pour des

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Français, jésuite, il a publié des ouvrages fondamentauxsur les premiers siècles de l’Église. Beaucoup de grandsauteurs ont une dette à son égard. Et pourtant, on ne trouve pas trace de son nom dans les plus récentsdictionnaires de théologie. C’est qu’il aimait la foi de la tradition avant tout et plus que les débats savants.Esquisse d’un portrait

Lebreton, théologien croyant

par Lorenzo Cappelletti

Un commentaire de la phrase de don Luigi Giussani

revues comme Études et Re-cherches de science religieuse(revue qu’il avait fondée en 1910avec le père de Grandmaison etdont il devint directeur après lamort de ce dernier), mais surtoutde faire, jusqu’à la fin des annéesQuarante, le compte-rendu, pourle Bulletin d’histoire de cette der-nière revue, d’innombrables tra-vaux d’autres auteurs. Pendant undemi-siècle, les œuvres d’une cer-taine importance de tous les exé-gètes néotestamentaires, des pa-trologues et des historiens du dog-me ont été passées au crible de sesanalyses attentives. Analyses simesurées que pour trouver unecritique, il faut lire entre les lignes.Année XXXIV de Recherches descience religieuse, présentationde Surnaturel du père de Lubac:«Tout chrétien sait que Dieu pro-pose pour fin dernière à sa vie lavision béatifique, par laquelle éter-nellement il s’unira à son Créateuret Sauveur; il sait que cette vision

lui est promise et lui sera accordéepar une pure libéralité de Dieu;mais il peut se demander si cettefin a été proposée à l’humanitédès la création du premier hom-me, ou seulement après la chute,en prévision des mérites du Ré-dempteur; dans cette seconde hy-pothèse doit-on se représenterAdam, avant son péché, commeorienté par Dieu à une béatitudenaturelle, méritée par une viepieuse et juste, telle que les forcesde la nature la pouvaient assurer?Si cette hypothèse d’une naturepure orientée vers une fin naturel-le doit être écartée…». Cela re-vient à dire: ce que les chrétiensdoivent croire, ils le savent, les hy-pothèses sont des hypothèses et iln’est pas dit que celle de naturepure doive être écartée.

Le père Lebreton laissa inache-vée la seule œuvre qui aurait pu luiprocurer la gloire: L’Histoire dudogme de la Trinité des originesau Concile de Nicée, n’arriva pas

jusqu’à Nicée; elle s’arrêta à saintIrénée. Mais ce ne fut peut-être pasun hasard. La foi de Lebreton étaitun peu celle d’Irénée. Comme Iré-née, écrit encore René d’Ouince,le père Lebreton «se contentaitd’ordinaire d’exposer fermementla doctrine traditionnelle de l’Égli-se». Selon cette même regula fideiqui était celle d’Irénée et qu’iladopte dans la préface de l’Histoi-re du dogme: «La chaîne vive denotre tradition nous reliait plusétroitement encore et plus sûre-ment au passé que les commen-taires des exégètes et les disserta-tions des historiens».

Le vieux serviteurSa méfiance à l’égard des spécula-tions de la gnose chrétienne deClément d’Alexandrie et d’Origè-ne réapparaît dans certains de sesarticles des années Vingt. SelonOrigène, les simples croyants sontcomme des nourrissons, liés à desconnaissances élémentaires: «Ilsne savent rien que Jésus-Christ»,écrit-il, «et Jésus-Christ crucifié, es-timant que le Logos fait chair est letout du Logos; ils connaissent seu-lement le Christ selon la chair: telleest la foule de ceux qu’on regardecomme croyants».

Eh bien, le père Lebreton avoulu vivre et mourir comme eux.Redevenu comme un enfant dansles dernières années de sa viesous l’effet d’une grave maladie, ilavait confié à une sœur âgée etmalade comme lui: «Vous le com-prenez comme moi, ma Mère, ceque le Seigneur veut trouver dansses v ieux serv i teurs, c ’est laconfiance en lui. Un enfant n’apas peur de rentrer dans la mai-son paternelle. De mois en moismes forces diminuent. Cet après-midi, je me rendrai chez le méde-cin pour des piqûres mensuellesqui m’aident à vivre, à penser, àme souvenir. Quand elles ne meferont plus d’effet, je laisseraitomber tout cela et je vivrai dansla maison paternelle comme unenfant docile et confiant, répétantla parole: “Scio cui credidi. Jesais en qui j’ai mis ma confiance”.Il ne se dérobera pas». q

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Le père Jules Lebreton.Il est né à Tours

en 1873 et mort à Paris en 1956

veteraNovaetNovaetArchives de 30Jours - Mai 1994

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Sur cette page et sur les pages suivantes, quelques images du cycle de fresques conservées à l’intérieur du monastères de clôture

des Augustines des Quatre Saints Couronnés, à Rome. Ci-dessus, la représentation de l’art Grammatique

Jules Lebreton écrivit dans les années Vingt deux articles sur Origène.La théologie du maître d’Alexandrie «est un idéalisme qui croit se rapprocher de Dieu en perdant de vue l’humanité du Christ »

par Lorenzo Cappelletti

Un idéalismeimprudent

Commentaire de la phrase de don Luigi Giussani

Sur le numéro 12 de 1922 de Recherches descience religieuse (revue qu’il avait fondéeen 1910 avec le père de Grandmaison), le

père Jules Lebreton publiait un article intitulé Lesdegrés de la connaissance religieuse d’aprèsOrigène. Au cours des années 1923 et 1924,sur la Revue d’histoire ecclésiastique paraissaitun long article (divisé en deux parties) du mêmeauteur sur le même thème ayant pour titre Ledésaccord de la foi populaire et de la théologiesavante dans l’Église chrétienne du IIIème

siècle. En 1972, la maison d’édition Jaca Bookpubliait dans la collection “Strumenti per un lavo-ro teologico”, sous la forme d’un petit livret, unetraduction italienne des deux articles de Lebretonintitulée Il disaccordo tra fede popolare e teolo-gia dotta nella Chiesa del terzo secolo (avec,soit dit en passant, une erreur sur la date du se-cond article). Bien que plus de vingt ans se soientécoulés depuis l’édition italienne et plus desoixante-dix depuis les publications originales, lalecture que Lebreton propose de l’origénisme,dont il souligne la distance qui le sépare du depo-situm fidei, se révèle d’une lucidité inégalable; ils’agit, de plus, d’un leçon de très grande actuali-té, car l’origénisme est, dans l’entre-temps, loind’avoir disparu.

1. De la philosophie à l’hérésie«Pour les simples fidèles, comme jadis pour saintClément de Rome, le mystère de la Trinité, le Pè-re, le Fils et le Saint-Esprit, c’est la foi et l’espoirdes élus; ils voient tout dans la perspective du sa-lut et, au centre, la croix du Christ, sa mort ré-demptrice, sa résurrection, gage de la leur. Ilspeuvent dire, comme Origène le leur reproche,qu’ils ne savent que Jésus-Christ et Jésus-Christcrucifié. Les savants voient dans le même mystèrela solution de toutes les énigmes du monde: com-ment un Dieu infiniment parfait a-t-il pu créer?C’est par son Verbe. Comment ce Dieu invisibles’est-il fait connaître? Encore une fois c’est parson Verbe. Création par le Verbe, révélation parle Verbe, ce sont à coup sûr des doctrines authen-

tiquement chrétiennes; mais, chez les écrivainsantérieurs, elles sont considérées surtout dansleurs relations avec le dogme du salut: si Dieu acréé le monde, c’est pour son Église, c’est pourses saints; ces considérations sont ici [chez lesAlexandrins] plus effacées; ce qui passe au pre-mier plan, c’est le problème philosophique quipréoccupait tous les penseurs. […] Attirés sur leterrain des philosophes, les théologiens chrétienssubissent leur influence: la génération du Verbede Dieu est décrite par eux en fonction du problè-me cosmologique. Pour créer le monde, Dieu, quide toute éternité contient en lui son Verbe, le pro-fère à l’extérieur» (Le désaccord de la foi popu-laire et de la théologie savante dans l’Églisechrétienne du IIIème siècle, 2ème partie, p. 15).

2. L’humanité de Jésus-ChristLa chair que le Fils tient de Marie et que celle-ci amise au monde n’est pas soulignée comme lelieu du salut mais elle sert à la résolution d’unproblème philosophique. «“Étant donc pous-sés”, dit Origène, “par une vertu céleste et plusque céleste, à adorer uniquement notre Créa-teur, laissons de côté l’enseignement du com-mencement du Christ, je veux dire l’enseigne-ment élémentaire, et élevons-nous à la perfec-tion, pour que la sagesse qui est manifestée auxparfaits, nous soit manifestée à nous aussi” (cf.Periarchon IV, 1, 7). Cette vertu “céleste”, c’estcelle qui nous permet de dépasser l’enseigne-ment élémentaire, pour atteindre les réalités in-telligibles, le monde “céleste”» (Les degrés de laconnaissance religieuse d’après Origène, p.290). Lebreton s’empresse de faire cette re-marque: «C’est là sans doute une conceptiontrès fausse et dangereuse de l’incarnation du Filsde Dieu et de ses abaissements; mais cette erreurest bien dans le sens de l’origénisme, idéalismeimprudent qui croit se rapprocher de Dieu enperdant de vue l’humanité du Christ» (ibid., p.286). Attention! Chez Origène le christianismespirituel n’exclut pas le christianisme corporel, lechristianisme secret n’exclut pas le christianis-

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veteraNovaetArchives de 30Jours - Mai 1994

me manifeste, l’Évangile éternel n’exclut pas l’É-vangile tel qu’il est compris par les simples chré-tiens. Lebreton écrit même que pour Origène «lafoi simple a pour objet central Jésus-Christ cruci-fié; c’est une connaissance salutaire sans doute,mais c’est une connaissance élémentaire; c’estle lait des enfants; la miséricorde de Dieu la pro-pose faute de mieux à ceux qui sont trop faiblespour s’élever plus haut, pour “connaître Dieudans la sagesse de Dieu”. Aussi ne sera-t-on passurpris de voir Origène, en un autre texte duContra Celsum, défendre cette foi des simplescomme étant non pas absolument la meilleure,mais la meilleure possible, vu l’infirmité de ceuxà qui elle doit être proposée» (ibid., p. 267).Mais en fait, c’est précisément cette motivationprésentée en défense de la foi des simples quirend celle-ci vaine. Lebreton rapporte ce que ditOrigène dans son Commentaire de Jean:«“L’Évangile que croient comprendre les gensdu vulgaire, enseigne l’ombre des mystères duChrist. Mais l’Évangile éternel, dont parle Jean,et qu’on appellera proprement l’Évangile spiri-tuel, présente clairement à ceux qui compren-nent tout ce qui concerne le Fils de Dieu, et lesmystères que font voir ses discours, et les réalitésdont ses actions étaient les symboles. […] Pierreet Paul, qui d’abord étaient manifestement juifset circoncis, ont reçu ensuite de Jésus la grâced’être tels en secret; ils étaient juifs ostensible-ment pour le salut de la plupart, non seulementils le confessaient par leurs paroles, mais ils lemanifestaient par leurs actes. Il faut en dire au-tant de leur christianisme. Et de même que Paulne peut pas secourir les Juifs selon la chair, si,lorsque la raison le demande, il ne circoncit pasTimothée, et si, lorsqu’il est raisonnable, il ne secoupe pas les cheveux, il ne fait pas l’offrande,si, d’un mot, il ne se fait pas Juif pour les Juifsafin de gagner les Juifs, ainsi il ne se peut faireque celui qui se doit au salut de beaucoup [Origè-ne parle de lui-même] puisse secourir efficace-ment par le christianisme secret ceux qui en sontencore aux éléments du christianisme manifes-te, les rende meilleurs, les fasse parvenir à ce qui

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Saint Pierre sur les épaules de la personnification de la vertu

de la charité, sous les pieds de laquelle se trouve le vice

de la haine, représenté par Néron

Commentaire de la phrase de don Luigi Giussani

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est plus parfait et plus élevé. C’est pourquoi ilfaut que le christianisme soit spirituel et corpo-rel; et quand il faut annoncer l’Évangile corporelet dire que l’on ne sait rien parmi les charnelsque Jésus-Christ et Jésus-Christ crucifié, on doitle faire. Mais quand on les trouve perfectionnéspar l’Esprit et portant en Lui du fruit et épris de lasagesse céleste, on doit leur communiquer le dis-cours qui s’élève de l’Incarnation jusqu’à ce quiétait auprès de Dieu”» (ibid., p. 273-274).

3. La tradition secrèteLa tradition unique de l’Église, dont parle Irénéeet qui est confiée avant tout à la garde de l’évêquede Rome, se scinde inévitablement, en suivantOrigène, en une double tradition: «d’un côté, l’É-glise visible, montrant, comme elle le fait chezIrénée ou Tertullien, la succession épiscopale, quila rattache, par les apôtres, au Christ; de l’autre,une élite, connue de Dieu seul, cachée aux yeuxdes hommes, se réclamant, elle aussi, d’une tra-dition apostolique, mais confidentielle, secrète,transmise sous le manteau» (ibid., p. 292). Si l’onva jusqu’au fond des choses, on découvre nonseulement qu’il y a désormais deux traditions,l’une exotérique (publique, c’est-à-dire catho-lique), l’autre, celle qui compte, ésotérique (secrè-te, c’est-à-dire gnostique), mais que ces deux tra-ditions ne transmettent pas le même depositum.

Ni en ce qui concerne l’objet: «L’enseigne-ment réservé aux simples est l’enseignement mo-ral; la révélation des mystères, et particulière-ment de la Trinité, est le secret des parfaits. […]Ces deux enseignements, l’un proposé à la foule,l’autre réservé aux parfaits, se distinguent parleurs objets: aux uns l’injonction des préceptesmoraux, aux autres la révélation des secrets di-vins. […] Origène souvent oppose la connaissan-ce de l’humanité du Christ à celle de sa divinité:aux charnels on ne peut prêcher que Jésus-Christ crucifié; mais à ceux qui sont épris de la sa-gesse céleste on révèle le Verbe qui est auprès deDieu. […] Il met au premier rang ceux “qui parti-cipent au Logos qui était dans le principe, qui ¬

Saint Paul sur les épaules de la personnification de la vertu

de la concorde, sous les pieds de laquelle se trouve le vice

de la discorde, représenté probablement par Arius

veteraNovaetArchives de 30Jours - Mai 1994

était auprès de Dieu, au Logos Dieu”; au secondrang, ceux “qui ne savent rien que Jésus-Christ etJésus-Christ crucifié, estimant que le Logos faitchair est le tout du Logos; ils connaissent seule-ment le Christ selon la chair: telle est la foule deceux qu’on regarde comme croyants”» (ibid., p.276-279).

Ni en ce qui concerne la méthode. Les vérités,différentes en ce qui concerne l’objet, le sontaussi sur le plan de la méthode de connaissance:«Les uns croient, les autres connaissent; les pre-miers se rendent à une autorité supérieure, ga-rantie par des miracles, et leur foi est fragile; lesseconds contemplent les vérités religieuses aux-quelles ils adhèrent, et cette adhésion est ferme»(ibid., p. 281).

On peut même dire que dans la tradition pu-blique aucune vérité n’est transmise et que nesont transmis que de pieux mensonges. «Ces vé-rités élémentaires qu’on lui enseigne [au peuple]sont-elles du moins strictement et toujours desvérités? Origène le dit le plus souvent et par là ils’oppose aux gnostiques; mais on trouvera aussichez lui telle page inquiétante où l’enseignementélémentaire apparaîtra comme un mensongesalutaire: Dieu trompe l’âme pour la former»(ibid., p. 295).

Bref, dans le rapport de subordination qui estcelui des vérités élémentaires par rapport aux vé-rités plus élevées, les premières finissent par êtreconsidérées comme des fables. Dans les homé-lies sur le prophète Jérémie, Origène comparel’action de Dieu à l’éducation que les adultes don-nent aux enfants. Selon Origène: «Nous les trom-pons par des épouvantails, qui sont nécessairesd’abord, mais dont ensuite ils reconnaissent la va-nité» (ibid., p. 295, note 2).

4. Rome gardienne de la foiLebreton montre clairement comment Rome adepuis le début résisté à cette altération de la foi. Ilprésente l’opposition d’Hyppolite à Zéphyrin etensuite à Callixte (dont sortira au début du IIIème

siècle le premier schisme dans le siège romain)

comme l’opposition d’une foi savante à une foisimple. Lebreton rappelle comment dans les Phi-losophoumena, Hyppolite met dans la bouchede ses ennemis des expressions qui, dans son es-prit, les discrédite: «Zéphyrin répète tantôt: “Je neconnais qu’un Dieu Jésus-Christ, et, en dehors delui, aucun Dieu engendré, ayant souffert”; etd’autres fois: “Ce n’est pas le Père qui est mort,mais le Fils”. Ces traits sont confirmés par toutl’ensemble du traité: Hippolyte est un théologien,fier de sa science, grand lecteur des philosophesgrecs, qu’il dénonce comme les pères de toutesles hérésies [cette condamnation radicale de l’hé-résie à partir non de la simplicité de la tradition ec-clésiale mais de la culture – qu’il nous soit permisde le noter – est très instructive]; il nous présenteses adversaires: Zéphyrin, un esprit borné; Callix-te, un intrigant; leurs adhérents, des intelligencesvulgaires autant que des âmes souillées» (Ledésaccord de la foi populaire et de la théologiesavante dans l’Église chrétienne du IIIème

siècle, 1ère partie, p. 489). Or Origène ne fut pasétranger à cette opposition schismatique auxévêques légitimes de Rome. Il arriva en effet à Ro-me, juste à l’époque où Zéphyrin était évêque(199-217) et il adhéra, semble-t-il, au schismed’Hyppolite. C’est probablement pour cela quequelques années plus tard, en 230, quand Origè-ne sera déposé par son évêque d’Alexandrie d’É-gypte, le pape Pontien réunira rapidement un sy-node pour approuver cette décision en condam-nant lui aussi Origène. Chose que ne firent pasbeaucoup d’autres évêques d’Arabie, de Palesti-ne, de Cappadoce.

Quelques années plus tard, celui qui était alorsévêque de Rome, Denys, intervint contre un dis-ciple d’Origène, (répondant lui aussi au nom deDenys), devenu évêque d’Alexandrie en 247, etdénonça ses thèses dangereuses. Lebreton écrit:«En face de ces thèses, la position prise par De-nys de Rome et son concile est la position tradi-tionnelle de l’Église de Rome. […] Ici, commedans les autres documents romains, ce qu’ontrouve, c’est l’expression authentique de la foi;point de spéculations théologiques, point de sub-

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Commentaire de la phrase de don Luigi Giussani

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tilités dialectiques, peu d’érudition scripturaire;mais la déclaration catégorique de la foi profes-sée par l’Église. Denys de Rome avait une hautevaleur personnelle: Denys d’Alexandrie en ren-dait témoignage et saint Basile aussi en fait ungrand éloge; mais ici ce n’est ni l’érudit ni le théo-logien qui parle, c’est le Pape.

Il ne se complaît pas pour sa part dans les spé-culations théologiques, et il se soucie peu decelles des autres; on a remarqué que son argu-mentation ne tient pas compte des subtiles dis-tinctions alexandrines sur les trois personnes ousur le double état du Logos; il ne se soucie que desconclusions les plus apparentes, soit que les au-teurs de ces doctrines les aient formulées eux-mêmes, soit qu’elles lui paraissent s’en dégagerspontanément, et, parce que ces conclusionssont un danger pour la foi, il les rejette et, avecelles, la théologie qui les a portées.

La lettre de Denys d’Alexandrie, malgré sesimprudences ou ses maladresses, était bien loin, àcoup sûr, de l’enseignement d’Arius; mais la lettrede Denys de Rome a déjà l’accent de Nicée: mê-me souci de l’unité divine, même décision souve-raine et catégorique dans la définition de la foi.Cette barrière infranchissable, contre laquelle,soixante ans plus tard, l’hérésie se brisera, c’estelle qui arrête dès lors une théologie aventureuse.Les fragments de Denys d’Alexandrie, nousl’avons déjà remarqué, ont un caractère tout diffé-rent de la lettre de Denys de Rome: ce n’est pasun juge de la foi que l’on trouve chez lui, c’est unexégète et surtout un métaphysicien épris de sesbelles spéculations. Il s’y complaît encore danscette Apologie, tout entière destinée à mettre enlumière son orthodoxie, et dont la plupart desfragments ne nous sont connus que par le choixpieux et très attentif qu’en a fait saint Athanase.Si, malgré cette sollicitude de l’écrivain lui-mêmeet de son défenseur, sa pensée nous apparaîtbeaucoup moins ferme et moins exacte que cellede l’évêque de Rome, nous en conclurons que saspéculation était pour lui un guide moins sûr quene l’était, pour Denys de Rome, la foi commune»(ibid., 2ème partie, p. 9 à 11). q

Saint Laurent sur les épaules de la personnification de la vertu

de la libéralité, sous les pieds de laquelle se trouve le vice

de l’avarice, représenté par Judas

veteraNovaetArchives de 30Jours - Mai 1994

72 30JOURS N.6 - 2011

«L e jour le plus importantde ma vie». Joseph Rat-zinger a toujours défini

ainsi le jour de son ordination sa-cerdotale, le 29 juin 1951. Et nuln’ignore que ce même jour, sonfrère Georg a été ordonné avec lui,dans la cathédrale de Freising, enBavière. C’est la raison pour la-quel le nous avons demandé àMonseigneur Georg Ratzinger, untémoin d’exception, de revenir surses souvenirs de ce matin d’été1951, à l’occasion de ce soixantiè-

me anniversaire de sacerdoce. Encommençant par le récent jubilé.

Monseigneur Ratzinger,quels souvenirs avez-vousgardés, au fond de votrecœur, de ces journées où l’onfêtait le soixantième anniver-saire de votre sacerdoce?

GEORG RATZINGER: Je nepeux vous cacher qu’au début, j’au-rais aimé célébrer cet anniversaireen privé, sans participer à des céré-monies solennelles, parce que je

n’avais pas encore retrouvé mesforces après mon opération au ge-nou: en effet, ce genre de cérémo-nies requiert une certaine fraîcheurphysique et mentale.

Mais je suis content qu’il en soitallé autrement, parce qu’il y a eu desmoments très touchants, comme lamagnifique célébration organiséedans la cathédrale de Freising parl’Institut Benoît XVI, qui s’occupede la publication de l’œuvre complè-te du Saint-Père. C’est dans la ca-thédrale de Freising que nous avons

Anniversaires

«Une gratitude qui granditd’année en année»

La familleRatzinger aprèsla premièremesse des deuxfrères, le 8 juillet 1951

Interview de Monseigneur Georg Ratzinger, ordonné il y a soixante ans en même temps que son frère Joseph

par Roberto Rotondo et Silvia Kritzenberger

été ordonnés prêtres, mon frère etmoi, et je me sentais vraiment chezmoi. La journée a commencé par larécitation des Laudes et puis, aprèsquelques messages de bienvenue etd’autres interventions, nous avonsdéjeuné avec d’autres prélats,quelques cardinaux, les évêquesauxiliaires et naturellement des amisde longue date. Un autre momentimportant a été la messe dans macollégiale, Saint Jean-Baptiste:l’église était comble et l’atmosphèreétait solennelle. Et enfin, le troisiè-me rendez-vous a été la messe àSaint-Pierre de Rome: quelle émo-tion de penser que notre jubilé s’in-sérait avec la commémoration so-lennelle des saints Pierre et Paul, siimportants pour Rome et pour l’É-glise universelle!

Quelle joie pour votre frèrede vous avoir à ses côtés!

Cette joie, nous la ressentonschaque fois que nous nous voyons.Nous nous retrouvons régulière-ment depuis toujours et bien en-tendu, nous ne voulons pas renon-cer à cette habitude maintenantque nous avons franchi le seuil dela vieillesse, une phase de la viedans laquelle ce sentiment d’ap-partenance réciproque est plusfort que jamais.

Qu’avez-vous pensé, le 29juin 1951? Le Pape a dit, enévoquant le jour de son ordi-nation: «À soixante années dujour de mon ordination sacer-dotale, j’entends encore ré-sonner en moi ces paroles deJésus: “Je ne vous appelleplus serviteurs, mais amis!”,que notre grand archevêque leCardinal Faulhaber nousadressa, à nous les nouveauxprêtres, à la fin de la cérémo-nie d’ordination…»

J’ai pensé que j’étais en train devivre un tournant fondamental,comme tous ceux qui deviennentprêtres, parce que l’ordination sa-cerdotale confère à l’homme unenouvelle qualité de vie, elle le faitdevenir un “chargé de mission” du

Christ, qui doit apporter au mondele mystère et la parole de Jésus-Christ. Au fil des ans, j’ai peu à peucompris à quel point étaient vraiesces paroles de l’Évangile de Jeanque le cardinal Faulhaber nousavait adressées: l’ordination sacer-dotale comporte une amitié parti-cul ière avec le Christ, car el leconfère un mandat particulier.Avec ce mandat, il nous est donnéde prendre conscience, et de nousémerveiller, en constatant à quel

point le Seigneur “met la patte”,pour ainsi dire, dans notre vied’hommes.

Comment ce jour a-t-il étévécu dans votre famille?

Une expérience de joie, une ex-périence unique. Dans ce qui avait été jusque là la vienormale d’une famille, avait fait ir-ruption un événement qui étaitconsidéré à l’époque comme undon: le sacerdoce, un événementqui nous introduit dans un mondedifférent, dans l’éternité. J’avaistrois ans de plus que mon frère,mais la guerre avait bouleversé nosprojets, et le sort a voulu nous don-ner la joie de vivre ensemble notreordination et notre première mes-se. À l’époque, en effet, les diffé-rences d’âge entre les candidats au

sacerdoce étaient grandes au sémi-naire de Freising.

Quelles ont été les per-sonnes qui ont eu la plus gran-de influence sur votre forma-tion de prêtres et de chrétiens?

Notre recteur, Michael Höck,était une figure de proue pour lesséminaristes du “Domberg”, legrand séminaire de Freising. Il reve-nait de cinq années passées dans lecamp de concentration de Dachau.Sa vie avait été celle d’un prêtre ¬

BENOÎT XVI. Ses soixante ans de sacerdoce

Le 29 juin 1951, dans la cathédrale de Freising, le cardinal Faulhaber ordonneplus de quarante séminaristes, parmi lesquels Georg et Joseph Ratzinger

7330JOURS N.6 - 2011

Les deux frères Ratzinger à la sortie de la cathédrale de Freising, le jour de leur ordination sacerdotale

pieux, dévot et engagé. Il avaitquelque chose de paternel, il étaitbon, compréhensif, et nous leconsidérions plus comme un pèreque comme un supérieur. Il avaitsurtout à cœur, en ces temps diffi-ciles, d’aider chacun de nous àtrouver la bonne voie.

Au cours du déjeuner dontvous nous avez parlé, le Papea évoqué cette année 1951 ensoulignant qu’alors, le mondeétait totalement différentd’aujourd’hui et que l’Alle-magne avait besoin d’une re-construction morale et maté-rielle. Aviez-vous l’impressionde participer à cette recons-truction, même si vous étiezdestinés au sacerdoce?

Nous sommes tous conditionnéspar l’époque dans laquelle nous vi-vons, nous partageons avec leshommes de notre temps leurs diffi-cultés, leurs préoccupations, maisaussi leurs joies. En ce sens, nousavons contribué, nous aussi, à cetteœuvre de renouvellement. Mais ilfaut dire qu’il ne s’est pas agi d’unprogrès univoque, parce qu’au fur età mesure que l’économie se dévelop-pait, et avec elle la richesse et le bien-être, on a vu émerger une certainedécadence morale, et que d’autresaspects négatifs ont accompagné ceprocessus de reconstruction.

Lorsque vous étiez au sémi-naire, vous saviez déjà quevous n’alliez pas suivre la mê-me voie. Vous vous êtes consa-

cré à la musique, et votre frèrea préféré l’enseignement de lathéologie…

Oui, le bon Dieu nous a faitsuivre des chemins différents. Jedemandais toujours au Seigneur deme permette de travailler dans ledomaine de la musique sacrée, depouvoir chanter sa Louange à tra-vers la musique. Et si je regarde mavie, je dois dire qu’Il a merveilleuse-ment exaucé mes prières. Il m’apermis de travailler avec le chœurde la cathédrale Saint-Pierre, à Ra-tisbonne, le Regensburger Dom-spatzen, que j’apprécie beaucoupet qui a des qualités probablementuniques dans le monde catholique.

Quelle est, à votre avis, lasituation actuelle de la mu-sique sacrée dans l’Église?

Elle varie d’un endroit à l’autre,d’un pays à l ’autre. En ce quiconcerne mon expérience, je peuxdire que la cathédrale de Ratisbon-ne a la particularité de cultiver lechant grégorien et la polyphonievocale classique, une longue tradi-tion qu’elle a su conserver après leConcile, tout en allant de l’avant.La musique a toujours eu une im-portance fondamentale pour la viereligieuse, parce que le langageparlé n’atteint que la raison, tandisque la musique engage l’hommetout entier dans la louange de Dieu.La musique sacrée aura toujoursune grande importance, même siles modalités peuvent varier. Nousdevons nous assurer que la musiquesoit cultivée de manière à atteindrepleinement son but, qui est deconduire les hommes à Dieu.

Une dernière question: sil’on pense à ce 29 juin, qu’est-ilresté chez le Pape d’aujour-d’hui du jeune prêtre de 24 ansordonné il y a soixante ans ?

Ce qui est resté est énorme,parce qu’est restée la gratituded’avoir reçu la grâce d’êtreprêtre, la même que celle que jeressens. J’espère que restera enmoi la joie que nous avons res-sentie ce jour-là, la gratitude pouravoir reçu cet appel. Et j’espèremême que cette gratitude grandi-ra d’année en année. q

74 30JOURS N.6 - 2011

La cathédrale de Freising, en Bavière

Anniversaires

Le repas offert à Benoît XVI par le Collège cardinalice, à l’occasion du soixantièmeanniversaire de son ordination sacerdotale, Salle ducale, le premier juillet 2011

est le mensuel international le mieuxinformé sur la vie de l’Église. Dans ses pages, les événements politiques et ecclésiastiques les plusimportants commentés par les intéressés. Dans chaquenuméro, des dossiers historiques, des reportages et desinformations venant du monde entier, des événementslittéraires et artistiques, des inédits.

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