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ch Reihe an den Schulen | Collection ch dans les écoles | Collana ch nelle scuole BERNASCONI Yari Nuovi giorni di polvere / Nouveaux jours de poussière Nuovi giorni di polvere / Nouveaux jours de poussière Poèmes. Édition bilingue italien / français Éditions d'en bas, Lausanne, 2018 Tradotto da / traduit par Anita Rochedy 176 pagine / pages CHF 28.00 ISBN 978-2-8290-0569-5 www.enbas.net Biographie Yari Bernasconi Yari Bernasconi est né en 1982 et vit à Berne (Suisse). Il a publié entre autres les plaquettes et recueils de poésie suivants : Lettera da Dejevo (Alla chiara fonte, 2009), Non è vero che saremo perdonati (dans l'anthologie Undicesimo quaderno italiano di poesia contemporanea, Marcos y Marcos, 2012), Da un luogo vacillante (Isola, 2013), Nuovi giorni di polvere (Casagrande, 2015, Prix Terra Nova 2016 de la Fondation Schiller) et La città fantasma (Nervi, 2017). Biographie Anita Rochedy Anita Rochedy est la traductrice de deux récits de Paolo Cognetti : Le garçon sauvage (Zoé, 2016) et Les huits montagnes (Stock, 2017).

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BERNASCONI Yari Nuovi giorni di polvere / Nouveaux jours de poussière

Nuovi giorni di polvere / Nouveaux jours de poussière Poèmes. Édition bilingue italien / français Éditions d'en bas, Lausanne, 2018 Tradotto da / traduit par Anita Rochedy 176 pagine / pages CHF 28.00 ISBN 978-2-8290-0569-5 www.enbas.net Biographie Yari Bernasconi Yari Bernasconi est né en 1982 et vit à Berne (Suisse). Il a publié entre autres les plaquettes et recueils de poésie suivants : Lettera da Dejevo (Alla chiara fonte, 2009), Non è vero che saremo perdonati (dans l'anthologie Undicesimo quaderno italiano di poesia contemporanea, Marcos y Marcos, 2012), Da un luogo vacillante (Isola, 2013), Nuovi giorni di polvere (Casagrande, 2015, Prix Terra Nova 2016 de la Fondation Schiller) et La città fantasma (Nervi, 2017). Biographie Anita Rochedy Anita Rochedy est la traductrice de deux récits de Paolo Cognetti : Le garçon sauvage (Zoé, 2016) et Les huits montagnes (Stock, 2017).

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Nouveaux jours de poussière Nouveaux jours de poussière est la traduction du recueil de poèmes de Yari Bernasconi, Nuovi giorni di polvere (Casagrande, 2015). La première partie du recueil s’ouvre et se ferme en chiasme sur un paysage de ruines et d’abandon : Lettre de Dajevo. L’instance narrative se partage entre deux voix, celle à la première personne qui fait echo à celle d’un « tu » qui l’accompagne dans une traversée marquée par les horreurs et les désastres qui se trouvent historiquement stratifiés dans la réalité. De l’Estonie ravagée à la longue liste des morts lors des travaux du tunnel du Gothard, de l’histoire d’un eugénisme caché en Suisse envers les gens du voyage à l’éruption du volcan Merape en Indonésie, ou des pérégrinations dans la lande irlandaise aux traversées de paysages italo-suisses, le témoin – le « tu » – révèle les indices de ces univers dévastés. La deuxième partie de ce recueil au titre sans illusion – Il n’est pas vrai que nous serons pardonnés – signifie l’implacable situation de celui qui hérite d’un passé qui fait irruption dans le présent sans aucune consolation possible et de celui qui risque par son indifférence ou son inattention de prolonger le désastre qui marque notre époque.

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Nuovi giorni di polvereNouveaux jours de poussière

Traduit de l’italien par

Anita Rochedy

PréfaceFabio Pusterla

Note de la traductrice

Éditions d’en basCentre de traduction littéraire de Lausanne

Service de Presse Suisse2018

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Prologo

Dici che abbandonando i caseggiatiavevano rotto tutto, i russi: raschiato i pavimenti non crollati, abbattute le !nestre e le porte, sradicate le tubature, le sale scoperchiate con le stanze, i corridoi.

Nell’ombra, però, sotto i segnidi propaganda, un muretto si tienein piedi, quasi !ero.Come in attesa di un’esecuzione.

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Prologue

Tu dis qu’en abandonnant les maisons,ils avaient tout saccagé, les Russes : défoncéles planchers encore d’aplomb,abattu les fenêtres et les portes,déraciné la tuyauterie, mis les intérieurs à découvert,avec leurs pièces, leurs couloirs.

Dans l’ombre, pourtant, sous les signesde propagande, un muret se tientdebout, presque !er.Comme dans l’attente d’une exécution.

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1.

Vince l’odio, e le parole mordono col furore di chi sbrana per impulso, torcendo tante voci in una voce.

Il vento non ti spezza il !atosull’orlo del dirupo: parlie nulla ti attraversa il volto.

*

Dici del tuo paese perché è vostro,

adesso, tutto vostro. Ritornato consunto,

come uno straccio smagliato, un cuore

che agonizza ma pulsa.

Dici l’identità, ma io ti guardo indi&erente,

spalancando al vuoto un altro vuoto.

*

Sotto la macchia un reticolo di gallerie,

di magazzini, di parcheggi. Spazi di ricreazione,

un tempo, di saluto. Adesso, sotto la macchia,

vagano i cocci e i vetri, i groppi di metallo,

i residui distorti della furia.

*

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1.

La haine l’emporte, et les paroles mordent

avec la rage de celui qui, d’instinct, attaque,

entortillant tant de voix dans une voix.

Le vent ne te coupe pas le sou(e

au bord de la falaise : tu parles,

et rien ne traverse ton visage.

*

Tu dis ton pays parce qu’il est à vous,

maintenant, tout à vous. Retourné en lambeaux,

tel un chi&on usé jusqu’à la corde, un cœur

qui agonise mais qui bat.

Tu dis l’identité, mais je te regarde indi&érent,

renvoyant au vide un autre vide.

*

Sous le maquis un entrelacs de galeries,

d’entrepôts, de parkings. Aires de récréation,

un temps, de rencontre. Sous le maquis, maintenant,

roulent les tessons et les verres, les pelotes de métal,

les restes déglingués de la furie.

*

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Il garage è un’arcata vegetale:in basso spingono piantume ed erba,di sopra alcuni ciu# si lasciano tentare

dalla terra vera: la gravità li scioglie

e li abbandona.

Le pareti e il cemento,

sotto i gra#, hanno ferite più profonde;

e morbida è la terra, il cuscino di foglie.

Forti i rami, i tronchi imperturbabili…

*

Crepitano le o&ese, la cancrena:

dentro i muri, tra i mattoni e la calce,

bisbiglia la voragine, l’assenza, mentre la terra

si dissalda. Si avvelenano gli occhi.

*

Dopo il brandello di strade una piazza,

un quadrato d’asfalto. Come nuova,

sotto le foglie: pochi segni dell’uomo,

mentre avanzano le lumache a incerare,

a (ssare con resina lo specchio del villaggio.

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Le garage est une arcade végétale :

en bas pressent les plantes et l’herbe,

en haut quelques tou&es se laissent tenter

par la terre réelle : la gravité les défait

et les abandonne.

Les murs et le ciment,

sous les lézardes, ont des plaies plus profondes ;

et douce est la terre, le coussin de feuilles.

Forts les branchages, les troncs imperturbables…

*

Les coups pleuvent, la gangrène :

dans les murs, au milieu des briques et de la chaux,

murmure le gou&re, l’absence, pendant que la terre

se délite. Que le venin monte aux yeux.

*

Passé le lambeau de rues une place

un carré d’asphalte. Comme neuve,

sous les feuilles : peu de traces de l’homme,

alors que les limaces continuent de cirer,

d’enduire de résine le miroir du village.

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2.

Sostiamo sotto il muro di piante. Il Balticoscaglia ventate d’acqua che non è pioggia:viene dal basso. I rami si difendono dal freddo.Penso all’onda e alla sua dentatura. Penso alla sabbiache si avvicina viscosa.

*

Ancora un’esplosione, oltre le piante.M’immagino uno sbarco, l’urlo teso alla nebbia che scopre le sue fauci, l’orizzonte ristrettoprima bianco poi sordo di terrore.

Ma questo è soltanto uno scheletro,un silenzio di ossa: li immagino carponi,davanti a loro stessi, in questo luogo di ferite.Dove un rombo ci investe da lontano.

*

Non ricordo il dolore. Non posso piangeredi quello che so: anche i miei nonni,reduci a modo loro, sono troppo lontani.

Ma tu vivi e respiri il presente del fango,il disordine, la foresta...

*

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2.

Nous faisons halte sous le mur de plantes. La Baltiqueenvoie des rafales d’eau qui n’est pas de la pluie :elle vient d’en bas. Les branches se protègent du froid.Je pense à la vague et à sa denture. Je pense au sable

qui s’approche, visqueux.

*

Encore une explosion, derrière les plantes.

J’imagine un débarquement, le cri à la gueule du brouillard

qui montre les dents, l’horizon fermé,

d’abord blanc puis sourd de terreur.

Mais ce n’est qu’un squelette,

un silence d’os : je les imagine ramper,

face à eux-mêmes, dans ce lieu de blessures.

Où un grondement nous secoue de loin.

*

Je n’ai pas souvenir de la douleur. Je ne peux pleurer

pour ce que je sais : même mes grands-parents,

rescapés à leur manière, sont trop loin.

Mais toi tu vis et tu respires le présent de la boue,

le désordre, la forêt…

*

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Mi perderei dentro questo cunicolo,dove reti metalliche pericolantisi tendono alle oscillazioni dell’ariae vibrano nel buio le voci incementate.Mi perderei nel grembo di quest’ombra,se potessi. Mi lascerei assorbire come l’odio:ignaro.

*

Gli spazi d’ombra mi chiamano per nome:guardo all’uscita di questo corridoiola luce bianca di chi vive, mentre altri corpivagano sottoterra. Nessun asfaltoregge la loro pena, nessun muro li cristallizza:mi rigiro nel buio, lentamente, con i morti.

*

Racconti che tuo padre era un linguista,un esperto di Bulgakov. Russo, quindi,e ti volti a cercare un tassello mancante,a nascondere un corpo deturpato.

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Je me perdrais dans cette galerie,où des grilles métalliques branlantes

se tendent sous les oscillations de l’air

et où vibrent dans le noir les voix encimentées.

Je me perdrais dans le giron de cette ombre,

si je pouvais. Je me laisserais absorber comme la haine :

ignare.

*

Les zones d’ombre m’appellent par mon nom :

je regarde au bout de ce couloir

la lumière blanche des vivants, quand d’autres corps

rôdent sous la terre. Aucun asphaltene porte leur peine, aucun mur ne les &ge :je me retourne dans le noir, lentement, avec les morts.

*

Tu racontes que ton père était un linguiste

un expert de Bulgakov. Russe, donc,

et tu tournes la tête pour chercher une cheville manquante,cacher un corps dé&guré.

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! "

3.

Crollo lento quando cresce il tuo grido:la tua rabbia esige consensi, giustizia,ma io mi allontano. Seguo il percorsoche o!rono i buchi, gli spiragli di fango

in mezzo ai tronchi.

Forse ti fuggo

e ritorno ai miei boschi con le piante

senza nome: più solide della tua guerra,

più gravide di odori e di nodi. Più vicine

del tuo pianto negato.

*

Ho scelto io di sedermi in silenzio

ad aspettare? Tu ti muovi fra i blocchi

ma ti piace la crepa che sgretola il muro

portante, pronto a trascinare nella terra

non il primo e non l’ultimo boato.

E ti consola il villaggio di strazi evidenti:

così facile la speranza, chiara la condanna.

Non ho scelto io questa libertà

senza censure, incrostata all’assenza

di sangue.

*

! #

3.

Je m’écroule, lent, quand s’élève ton cri :

ta colère exige con)rmation, justice,

mais je prends le large. Je suis le tracé

qu’o!rent les trous, les spirales de boue

au milieu des troncs.

Peut-être que je te fuis

et retourne à mes forêts aux plantes

anonymes : plus solides que ta guerre,

plus chargées d’odeurs et de nœuds. Plus proches

que ta plainte niée.

*

Est-ce moi qui ai choisi d’attendre assis

en silence ? Tu circules parmi les blocs

mais elle te plaît la crevasse qui grignote le mur

porteur, prêt à entraîner sous terre

ni le premier ni le dernier vacarme.

Et le village te console d’évidents supplices :

l’espoir est aussi facile que la condamnation est claire.

Ce n’est pas moi qui ai choisi cette liberté

sans censure, incrustée dans l’absence

de sang.

*

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$ %

Sei sicura ed è già qualcosa, mi dico,

ma non dipende da te, che m’accompagni

fra le macerie come si fa con i bambini:

lo sguardo teso a una mia colpa vaga,

levigata dal tempo e dai luoghi. Non vedi?

Non mi riconosco nelle tue crepe, nei muri,

negli angoli scuri: né qui, né altrove.

C’erano i sentieri battuti, una volta, ma l’erba

e le foglie hanno vinto: non c’è più niente

dei percorsi nella foresta. Li attraversi nel dubbio,

il volto &sso che si perde nelle radici.Avessi avuto io le tue pianure e i tuoi lividi: sarei io ad accompagnarti, adesso: gli occhi tesi,forti, sicuri di evidenze.

*

A un crocevia la nostra Opel si lamenta.Non so che cosa tenga le gomme salde,schiacciate da tratti fangosi e altri secchidi polvere, tra sassi e asfalti abbandonatiall’erosione. Attraversiamo Dejevo così,

su una carrozza di lamiera sporca,

per strade impaludate da un’attesa inesausta

e incolore: né verità, né bandiera.

*

$ &

Tu es sûre, et c’est déjà quelque chose, je me dis,

mais ça ne dépend pas de toi, qui m’accompagnes

parmi les ruines comme on le fait avec les enfants :

les yeux rivés sur ma faute vague,

atténuée par le temps et les lieux. Tu ne vois donc pas ?

Je ne me reconnais pas dans tes crevasses, dans les murs,

dans les coins sombres : ni ici, ni ailleurs.

Les sentiers tracés étaient là, autrefois, mais l’herbe

et les feuilles ont pris le dessus : il ne reste plus rien

des chemins dans la forêt. Tu les parcours dans le doute,le regard &xe qui se perd dans les racines.Si j’avais eu moi tes plaines et tes ecchymoses,je t’accompagnerais maintenant : le regard tendu,fort, sûr des évidences.

*

À un carrefour, notre Opel se lamente.Je me demande par quel miracle les roues tiennent,écrasées sur des mètres de boue et d’autres, secs,

de poussière, entre cailloux et asphalte livrés

à l’érosion. Nous traversons Dejevo comme ça,

dans un tas de ferraille sale,

le long de routes empêtrées dans une attente inexorableet incolore : ni vérité, ni étendard.

*

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' (

Passeggiamo su un detrito del mondo, disperdendo le nostre tracce in una tracciapiù grande, lungo costole di case

e di #nestre spezzate. Respiriamo

la rabbia assorbita dal muschio,

l’odio urlato dai popoli.

Guarderesti oltre, se potessi, ma in te

suonano gli anni scuri dell’infanzia,

le ristrettezze; così stritoli l’aria nel pugno,

e questo vento diventa uno scoppio,

il tuo lamento in fuga.

*

Un gra%to che spacca la vegetazione:

sotto i cappelli e i visi severi, lo Sputnik

sembra sbiadire, gira su se stesso

in preda ad altre spinte. Sembra decidere

per il ritorno: azzerare la partenza

con una pioggia di schegge di metallo.

Seguo la linea indecisa degli alberi: niente

è più disperato di quest’odore di ruggine,

delle radici nel cemento: bloccate,

senza la forza per andare oltre.

' )

Nous nous promenons sur un rebut du monde,

semant nos traces dans une trace

plus grande, le long d’arêtes de maisons

et de vitres brisées. Nous respirons

la colère absorbée par la mousse,

la haine hurlée par les peuples.

Tu regarderais ailleurs, si tu pouvais, mais en toi

résonnent les années sombres de l’enfance,

les privations ; alors tu écrases l’air dans ton poing,

et ce vent devient une explosion,

ta plainte en exode.

*

Un gra%ti qui casse avec le vert :

sous les coi+ures et les visages sévères, le Spoutnik

semble pâlir, tourne sur lui-même,

en proie à d’autres revers. Il semble opter

pour le retour : annuler le départ

dans une pluie d’éclats de métal.

Je suis la ligne indécise des arbres : rien

n’est plus désespéré que cette odeur de rouille,

les racines dans le ciment : arrêtées,

trop faibles pour aller plus loin.

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3 *

Epilogo

Il proprietario dell’auto ringrazia.

Prende le chiavi e ritorna al suo locale

a luci rosse. La cittadina si ravviva

in qualche bar del centro, le luci abbagliano

i turisti, gli alberghi di wellness sulla costa

si lasciano assorbire dal fondale notturno.

C’è un castello, a Kuressaare,e c’è una passeggiata che ne attornia la cinta:sentieri e ponti pedonali.Molti #nlandesi ci vengono per ristorarsi.

Per scacciare i fantasmi e le angosce.

*

Viaggiamo tra le teste molli dell’autobus.

Le nostre parole s’increspano

nel ronzio del motore, la gravità del buio.

L’autista russo dice sì con un cenno:apre le porte e ci fa scendere prima,dov’è più comodo per noi.Lo ringraziamo con le mani alzate,mentre Tallinn, davanti ai nostri occhi,è sempre uguale: fredda e bagnatanel fermento di voci.

3 ,

Épilogue

Le propriétaire de la voiture remercie.Il prend les clés et retourne dans son baraux néons rouges. La petite ville se ranimedans quelque bistrot du centre, les lumières éblouissentles touristes, les centres de wellness sur la côtese laissent envelopper par le décor nocturne.

Il y a un château, à Kuressaare,et une promenade tout autour :sentiers et passerelles.Nombre de Finlandais viennent s’y ressourcer.Chasser leurs fantômes et leurs angoisses.

*

Nous voyageons entre les têtes molles de l’autobus.Nos mots se prennentdans le ron2ement du moteur, la gravité de l’obscurité.Le chau4eur russe fait oui de la tête :il ouvre les portes et nous laisse descendre plus tôt,là où c’est plus pratique pour nous.Nous le remercions de nos mains levées,tandis que Talinn, sous nos yeux,est toujours la même : froide et détrempéedans le ferment des voix.