Croatie - download.e-bookshelf.de · BANJA LUKA SARAJEVO PODGORICA VENÉZIA FIRENZE FORLI Imola...
Transcript of Croatie - download.e-bookshelf.de · BANJA LUKA SARAJEVO PODGORICA VENÉZIA FIRENZE FORLI Imola...
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LISTE DES CARTES
Le littoral croate. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
La Slovénie (littoral et Karst) . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
L’Istrie Croate . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
Umag. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62
Pore|. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
Rovinj . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
Pula . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
Opatja . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
Le golfe du Kvarner . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
Rijeka. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
Vinodol, le Velebit, Rab, Pag . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
Les îles de la Dalmatie septentrionale . . . . . . . . . . . . 138
Zadar . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 142-143
Šibenik . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156
De Slibenik à Split . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 158
Trogir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160
La Riviera de Makarska . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 168
Split / Palais de Dioclétien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 170
Split . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173
Les îles de Dalmatie moyenne . . . . . . . . . . . . . . 184-185
La Dalmatie du Sud . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 200-201
Dubrovnik . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 206-207
Le Monténégro (littoral) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 222
3
LE LITTORAL CROATE
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ALBANIAALBANIAALBANIA
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ANDANDAND
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ZAGREBZAGREBZAGREB
RAVENNA
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PESCARA
BARI
TRIESTETRIESTETRIESTE
LJUBLJANA
RIJEKARIJEKARIJEKA
SPLITSPLITSPLIT
BANJALUKA
SARAJEVO
PODGORICAPODGORICAPODGORICA
VENÉZIAFIRENZE
FORLI
ImolaFaenza
CesenaArezzo
Pésaro
ÁscoliTeramoTeramoTeramo
Chieti
Manfredónia
Barletta
AndriáMolfetta
Brindisi
Karlovac
KlagenfurtKlagenfurtKlagenfurt
VillachUDINE
ZadarZadarZadar
Mostar
Shkodra
ArgentaArgentaArgentaPratoPratoPrato
Pontassieve
S. Pietro
Macerata
S. Benedetto
GiulianovaRoseto
Ortona
Vasto
Térmoli
S. SeveroS. Giovanni
MonteSant'Angelo
Margherita
Mola
MonopoliFasano
PortogruaroChióggiaChióggiaChióggia
Bibione
KoperKoperKoperPore[Pore[Pore[
PulaPulaPula
Pazin
LabinLabinLabin OpatijaOpatijaOpatija
Gorizia Zelin
PostojnaPostojnaPostojna
RupaRupaRupa
Kranj
Ko[evje
Celje
SisakSisakSisak
JablanacJablanacJablanac]uta Lokva]uta Lokva]uta Lokva
BihaBihaBihaøøø
Gra[acBosanskiPetrovac
BosanskaKostajnica
Glina
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BosanskaKrupa
Prijedor
Lipik
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DrvenikDrvenikDrvenik
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Herceg-NoviHerceg-NoviHerceg-Novi
Kotor
PetrovacPetrovacPetrovac
UlcinjUlcinjUlcinj
Pljevlja
Djundjevica
Uvac
Prijepolje
TitovoU»ice
Sjenica
Tu®iloviøTu®iloviøTu®iloviø
Dre»nik Grad
Korenica
Novomesto Kr®ko
MrkonjiøGrad Kotor-
Varo Derventa
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Stolac
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Benkovac
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RogoznicaRogoznicaRogoznica
Livno Jajce
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SinjSinjSinj
Bugojno
Jablanica Kiseljak
Zenica
Travnik Doboj
Tuzla
Cesenático
Cérvia
S. Marino
UrbinoGúbbio
Cattólica
Fano
Senigállia
Camerino
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Amandola
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Sv. JureSv. JureSv. Jure176217621762
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DelniceDelniceDelnice
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LE LITTORALCROATE
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ACHEVÉ D’ IMPRIMÉ / LÉGENDE DES CARTES
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LÉGENDEÀ ne pas manquer (sur la carte) (dans le texte)Très intéressant (sur la carte) (dans le texte)Numéro correspondantdans le texte et sur la carteNuméro correspondantdans le texte et plan de villeNuméro correspondantdans le texte et plan de détaiBâtiment publicou importantHôtel, restaurantMarché, monumentHôpital, bureau de posteÉglise, cimetière
(curiosité, monument)
Lieu mentionnédans le texte
Aéroport international /aéroport, aérodrome
Patrimoine mondial (UNESCO)
Sommet(altitude en mètres)
Parc national,réserve
Distanceen kilomètres
Plage
Phare, caverne
Office de tourisme
Parking, Arrêt d'autobus
Frontière d’Étatavec poste frontière
Autoroute
Voie rapide
R. à grande circulation
Route principale
Route secondaire
Piste, voie carossable
Chemin de fer
Zone piétonne
Ferry-boat
Numérotation d. routes
(lieu)
ACHEVÉ D’ IMPRIMÉ: Guide Nelles: Croatie – MonténégroAll rights reserved© Nelles® Verlag GmbH, 81379 München, Machtlfinger Str. [email protected], www.Nelles.comÉdition 2012ISBN 978-3-86574-386-2
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TABLE DES MATIÈRES
Liste des cartes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2Achevé d’imprimé / Légende des cartes /Responsabilité de l’éditeur . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
É HISTOIRE ET CULTURESites incontournables / Introduction . . . . . . . . . . . . 12Aperçu historique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14L’histoire de l’Istrie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17L’hitoire de la Dalmatie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26La Croatie aux XIXe et XXe siècles . . . . . . . . . . . . . . 37
Ê LA SLOVÉNIEKoper . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45Hrastovlje . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48Škocjanske jame (grottes de Škocjan) . . . . . . . . . . . 49Lipica . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49Postojnska jama (grotte) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50La Riviera slovène . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51FICHE PRATIQUE : restaurants et curiosités . . . . . . . 54-55
Ë L’ISTRIELa côte occidentale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59Excursions dans l’arrière-pays . . . . . . . . . . . . . . . 79La côte orientale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86FICHE PRATIQUE : restaurants et curiosités . . . . . . . 90-93
Ì RIJEKA ET LE GOLFE DU KVARNERLe golfe du Kvarner . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97Rijeka . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98L’île de Krk . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104L’île de Cres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110L’île de Lošinj . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114FICHE PRATIQUE : restaurants et curiosités . . . . . . 115-117
Í LE CANAL DU VELEBITVinodol . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121Senj . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125Le parc national des lacs de Plitvice . . . . . . . . . . . 127Le Velebit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128L’île de Rab . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129L’île de Pag . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132FICHE PRATIQUE : restaurants et curiosités . . . . . . 134-135
6
TABLE DES MATIÈRES
Î ZADAR ET LA DALMATIESEPTENTRIONALEDe Starigrad à Zadar . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139Zadar . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141Les îles de Dalmatie septentrionale . . . . . . . . . . . . 146De Biograd à Murter . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149FICHE PRATIQUE : restaurants et curiosités . . . . . . 150-151
Ï ŠIBENIK ET TROGIRŠibenik . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155Les îles au large de Šibenik . . . . . . . . . . . . . . . . 158Trogir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161La route des châteaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163FICHE PRATIQUE : restaurants et curiosités . . . . . . 164-165
Ð SPLIT ET LA RIVIERA DE MAKARSKASplit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169Kaštel Klis. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 174Sinj . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 174Omiš . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175La Riviera de Makarska . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 176FICHE PRATIQUE : restaurants et curiosités . . . . . . 178-179
Ñ LES ÎLES DE LA DALMATIE MOYENNEL’île de Bra| . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183L’île de Šolta . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 187L’île de Vis. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 187L’île de Hvar . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 188L’île de Kor|ula . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191FICHE PRATIQUE : restaurants et curiosités . . . . . . 194-195
Ò DUBROVNIK ET LA DALMATIE DU SUDLe delta de la Neretva . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 199La presqu’île de Pelješac . . . . . . . . . . . . . . . . . . 199Dubrovnik . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 203L’île de Mljet / Les Îles Élaphites. . . . . . . . . . . . . . 215Cavtat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 217FICHE PRATIQUE : restaurants et curiosités . . . . . . 218-219
Ó LE MONTÉNÉGROLe Monténégro . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 221FICHE PRATIQUE : restaurants et curiosités . . . . . . . . 225
7
TABLE DES MATIÈRES
Ô THÈMES PARTICULIERSLe Karst . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 228Les sports nautiques sur le littoral croate . . . . . . . . 230Cuisine et vins . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 234
Õ GUIDE PRATIQUE
SLOVÉNIEPréparatifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 238
Informations touristiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . 238Formalités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 238Douane . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 238
Renseignements pratiques. . . . . . . . . . . . . . . . . 238Animaux domestiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 238Argent et change . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 238Circulation routière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 238Gastronomie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 239Location de véhicules . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 239Poste / Téléphone . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 239Représentations diplomatiques . . . . . . . . . . . . . . 239Santé. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 239
CROATIEPréparatifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 240
Informations touristiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . 240Climat / Quand partir ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 240Douane . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 240Formalités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 240Douane . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 241
Se rendre et se déplacer en Croatie . . . . . . . . . . . . 241En avion / En train / En bateau . . . . . . . . . . . . . . . 241En bus / En voiture / À moto . . . . . . . . . . . . . . . . . 242
Informations pratiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 243Argent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 243Électricité / Gastronomie / Jours fériés . . . . . . . . . . . 244Location de voitures. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 244Numéros utiles / Photographie . . . . . . . . . . . . . . . 244Poste . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 244Pourboire / Représentations diplomatiques . . . . . . . . 245Soins médicaux / Sports . . . . . . . . . . . . . . . . . . 245Téléphone . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 246
Mini-lexique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 247
Auteurs / Crédit photographique . . . . . . . . . . . . . 249Index . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 250Hébergement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 257
SITES INCONTOURNABLES
xx La vieille ville de Koper (p. 46) :héritage culturel vénitien, Palais préto-rial du XVe s.
xxSveti Trojstvo, Hrastovlje (p.48) : église fortifiée avec célèbrefresque de 1490 représentant une Dansemacabre .
xxŠkocjanske Jame (grottes deŠkocjan ; p. 49) : grottes carstiques auxstalactites spectaculaires
xxLipica (p. 49) : haras de traditionde chevaux lipizzans.
xxGrottes d’Adelsberg (p. 51) :grottes carstiques spectaculaires aux“rideaux” de stalactiques impression-nants.
xxPiran (p. 52) : une jolie petite villesur la Riviera slovène.
xxPore| (p. 64): vieille ville animée,construite sur un site romain, avec saxxbasilique Eufrazijana (Euphra-sius), trésor d’art byzantin. Pore| estentourée de pinèdes, de lagunes et deplages de rochers et de galets.
xxRovinj (p. 69) : ville adratique an-cienne, très photogène, d’influence ita-lienne avec, en face, de petites îles ver-doyantes.
xxMotovun (p. 80) : village pitto-resque perché sur une colline, avec res-taurants de spécialités aux truffes, ate-liers d’artistes et vue panoramique im-pressionnante à 360o
xxOpatija (p. 88) : Nobles villas da-tant de l’époque de l’Empire Austro-hongrois, air salin très agréable etlongue promenade de 12 km qui longela côte rocheuse.
xxParc national de Plitvi|ka Jeze-ra (Lacs de Plitvice, p. 127) : lors d’unvoyage en Dalmatie il ne faut en aucuncas manquer cette merveille de la na-
ture : 16 lacs carstiques turquoises, re-liés par 92 cascades, et entourés d’im-menses forêts.
xxZadar (p. 141) : en pénétrant dansla ville la plus importante de la Dal-matie du Nord, on retrouve les tracesd’une riche Histoire.
xxŠibenik (p. 155) : dans la plus an-cienne ville slave de l’Adratique, il faitbon flâner dans les ruelles pittoresques.Un joyau : la cathédrale xxSveti Jakov,le bâtiment de style renaissance le pluscélèbre de Croatie.
xxParc national de Krkapark (p.157) : la Krka, rivière qui traverse l’ar-rière-pays carstiques de Šibenik, est si-nueuse et possède de nombreuses cas-cades.
xxTrogir (p. 161) : cette vieille villemoyen-âgeuse située sur petite île vautle détour, sa cathédrale xxSveti Lovroabrite de nombreux chefs d’œuvre.
xxSplit (p. 169): derrière les murail-les romaines qui entourent la vieilleville se cache le xxPalais de Dioclé-tien. Ce palais imposant où l’empereurromain passa la fin de sa vie est extrê-mement bien conservé.
xxZlatni rat (p. 186) : la “corned'or” à l’ouest du port de Bol (île Bra|)est une merveilleuse plage de sable depetits galets.
xxÎle de Hvar (p. 188) : baignades etrandonnées, paysages magnifiques, pe-tits villages pittoresques et nature in-tacte, cette île toute en longueur est unvéritable paradis pour les vacanciers.
xxKor|ula (p 192) : “le petit Du-brovnik”. La ville la plus importantede l’île Kor|ula doit son nom à son belemplacement et à sa très jolie vieilleville.
xxDubrovnik (p. 203) : la merveil-leuse vieille ville de la métropole de laDalmatie du Sud est célèbre dans lemonde entier. Un xxrempart impo-sant et particulièrement bien conservéentoure un ensemble impressionnant debâtiments historiques, dont lexxKneæev dvor (Palais des Recteurs)qui réunit style renaissance et baroque.
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SITES INCONTOURNABLES
Pages précédentes : voir et être vu – unaprès-midi sur la Pjaca de la ville de Hvar.Une mosaïque de la basilique Euphrasius,joyau d’art byzantin, Pore|. À droite : plagemunicipale et vieux port à Dubrovnik.
INTRODUCTION
Les vallées fertiles et les collinescouronnées de petits villages pittores-ques qui vous auront charmé en Slo-vénie vous enthousiasmeront aussi enIstrie croate. Vous y découvrirez de pe-tites bourgades charmantes et les paysa-ges de l’arrière-pays istrien vous rap-pelleront ceux de la Toscane.
Un lion de Venise en pierre trône àl’entrée de chaque vieille cité. En flâ-nant dans les ruelles de Pore| ou dePula, vous trouverez des témoignagesde l’histoire romaine. Dans les villescôtières comme Rovinj, on parle en-core en partie italien. Le long de la côteadratique d’Opatja, vous verrez desvillas somptueuses au charme nostal-gique de l’époque de la monarchie au-trichienne et pourrez goûter dans lescafés des promenades à la fameuseKremschnitte, la tarte à la crème vien-noise.
Vous chercherez en vain des plagesde sable en Istrie, mais découvrirez parcontre de petites plages de galets à l’eaucristalline, adossées à des rochers.
Pins et cyprès, formations karstiques,plages de rochers et de galets ourlent lacôte adriatique de la Dalmatie sur 330km de longueur. La mer est d’un bleuprofond et de magnifiques pinèdes d'unvert profond abritent les petites baiesidylliques.
Pêcheurs et bergers y vivent depuisdes siècles et les paysans continuent in-lassablement à cultiver dans ce sol cail-louteux légumes, olives et raisins. Lesamateurs de baignades et de voile ap-précient les paysages variés de l’archi-pel des îles karstiques dalmatiennes, oùon trouve encore des sites inhabités. Lasolitude attend également les randon-neurs sur le Mont Biokovo qui sur-plombe la côte à 1700 mètres.
Les vieux ports de la Dalmatie témoi-gnent d’une longue tradition. Plusieursd’entre eux, comme Split, étaient déjàdes cités florissantes à l’époque des Ro-mains. Restaurés avec soin, ces ports at-tirent les visiteurs de la Côte adriatiqueet certains d’entre eux ont déjà le statutde patrimoine culturel mondial del'Unesco. La ville de Dubrovnik à elleseule vaut déjà le voyage.
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INTRODUCTION
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L’Âge du bronzeVers 1800-1200 av. J.-C. Implantation d’llly-riens dans les Balkans. Des tribus Istriennes etliburniennes peuplent la péninsule et le golfe duKvarner. Les colonies istriennes s’implantentsur des collines au sommet desquelles se trou-vent lieux de culte et résidences seigneuriales(culture de Gradina).
Antiquité et domination romaineÀ partir de 1200 av. J.-C. À l’Âge du bronze,des tribus illyriennes s’implantent dans les ré-gions de la Dalmatie et de l’Istrie. La plus impor-tante d’entre elles est celle des Dalmates.Dès le IXe s. av. J.-C. Des Grecs s’établissenten Dalmatie et fondent d’importantes coloniescomme Tragurion (Trogir), Epidauros (Cavtat,au sud de Dubrovnik) ou Pharos (Hvar).À partir du IIIe s. av. J.-C. La puissance ro-maine s’étend progressivement vers le sud del’Adriatique. La Dalmatie devient province illy-rienne dont Salona (Split) est la capitale. Pen-dant un bref laps de temps, cette ville devien-dra, sous le règne de Dioclétien, centre admi-nistratif de l’Empire romain.177 av. J.-C. Les Romains soumettent les Illy-riens ; I’Istrie devient province romaine (Histra).395 Annexion de I’Istrie à l’Empire romaind’Occident.425 Le christianisme devient religion d’État.
Les grandes invasions493-536 Pour freiner l’influence des Germains,Byzance dépêche les Ostrogoths commandéspar Theodoric. Ils se rendent maîtres de l’lstrieet de l’ltalie du Nord et rompent avec Byzance.535-54 Guerre entre Byzantins et Goths. LeNord de l’Italie et l’lstrie reviennent à I’Empirebyzantin. Dès I’an 500, les Slaves (dont desCroates et des Slovènes) arrivent dans la régiondes Balkans.Dès le VIe s. Des tribus croates s’implantentdans le nord de l’lstrie et le golfe du Kvarner.
Le Moyen-Âge et les temps nouveauxVers 800 Les Lombards conquièrent l’lstrie by-zantine et l’Italie du Nord. Les Francs, menéspar Charlemagne, ont raison des Lombards etimposent leur domination sur I’Adriatique sep-tentrionale. Des missionnaires francs convertis-sent les tribus slaves.
879 Après le Grand Schisme, les Croates re-connaissent le pape comme chef suprême del’Église.925 Tomislav est couronné premier roi deCroatie. L’Istrie et le golfe du Kvarner sont incor-porés au jeune royaume croate.1102 Les Croates reconnaissent la suprématiehongroise qui persistera pendant 800 ans.Dès le XIIIe s. Le commerce avec l’Orients’avérant très prometteur, Venise cherche àexercer la suprématie sur les voies maritimes etles ports disséminés sur la côte dalmate.
1409 La Hongrie cède la Dalmatie à la Répu-blique de Venise qui exerce désormais son pou-voir par le biais de gouverneurs vénitiens placésdans les villes de la côte adriatique.XIVe /XVe s. Luttes d’influence entre les Habs-bourg qui règnent sur l’arrière-pays slave et laSérénissime.1420 Venise étend sa domination sur l’arrière-pays de l’Istrie occidentale. L’Istrie connaît alorsun véritable essor culturel et économique.XVIe s. Attaques ottomanes en Istrie ; pirateriedans le golfe du Kvarner.
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APERÇU HISTORIQUE
L’amphithéâtre de Pula, héritage de la domi-nation romaine en Istrie.
1571 La flotte hispano-vénitienne vainc lesvaisseaux turcs dans le golfe de Corinthe.
Périodes autrichienne et napoléonienne1797 Napoléon scelle le déclin de Venise.L’lstrie et le Kvarner deviennent autrichiens.1805 Par le traité de Presbourg signé entre Na-poléon et l’Autriche, celle-ci cède l’istrie et laDalmatie à l’Italie.1809-13 Napoléon crée les provinces d’lllyriequi regroupent l’Istrie, la Dalmatie, la Slovénie,le Tyrol du Sud et l’ouest de la Carinthie.
1815 Le Congrès de Vienne attribue la Dal-matie à l’Autriche-Hongrie qui stimule le déve-loppement de l’économie et des transports.Grâce à l’extension du réseau ferroviaire et ma-ritime, le tourisme se développe sur le littoral.
XXe et XXIe siècles1918 Après la Première Guerre mondiale, créa-tion du Royaume des Serbes, Croates et Slovè-nes. L’Istrie reste tout d’abord autrichienne.1919 Putsch de D’Annunzio à Fiume (Rijeka).L’Italie récupère l’Istrie, Lošinj, Cres et Trieste.
Après 1945 Avec la création de l’État de You-goslavie, I’Istrie est intégrée à la Croatie fé-dérée. Le maréchal Josip Broz Tito fait du toutnouvel État, regroupant les divers groupes eth-niques, une république fédérative reposant surdes principes socialistes. Mais en 1948, c’est larupture avec Moscou : la Yougoslavie est ex-pulsée du Kominform.Dans les années 1950, la Yougoslavie cherchesa propre voie socialiste. Bon nombre de Ser-bes, de Slovènes et de Bosniaques s’établis-sent en Istrie. Une industrie moderne (Rijeka,Pula) ainsi que le tourisme s’y développent.Années 1960/1970 Sur la côte adriatique secrée une infrastructure touristique moderne quifournit au pays de précieuses devises.La mort de Tito en 1980 marque le début d’unegrave crise économique et politique. La montéedes nationalismes au sein des divers groupesethniques fait vaciller I’État yougoslave.1991 Sécession de la Slovénie puis de laCroatie. La Dalmatie devient l’une des cinq Ré-publiques de Croatie. En décembre 1991, lavieille ville de Dubrovnik (Dalmatie du Sud), quifait partie du patrimoine mondial de l’Unesco,est la cible des tirs de roquettes des troupes ser-bo-monténégrines. En Dalmatie du Nord, desSerbes de la Krajina mitraillent les cités histori-ques de Zadar et Šibenik. Ce qui reste de l’exÉtat yougoslave, de majorité serbe, tente des’assurer un accès important à la mer.1991-95 Les combats incessants dans l’arrière-pays dalmate et en Bosnie amènent une vagued’immigration en Istrie. L’industrie du tourismeen paie le lourd tribut.Après la mort de Tudjman le 12.12.1999, le pré-sident Stipe Mesi| entame dès 2000 le proces-sus de démocratisation de la Croatie.2005 Pour ne pas compromettre davantage sonadhésion à l'UE, la Croatie autorise l’arrestationdu Général Ante Govina, criminel de guerre. Lesnégociations pour l'entrée de la Coatie à l'UEpeuvent commencer.2007 Élections parlementaires. Égalité entre leparti conservateur HDZ et le parti social-démo-crate.2008 Gouvernement de coalition sous la direc-tion du premier minstre Ivo Sanader (HDZ).2010 Ivo Josipovi|, pro-européen, et engagépour la lutte contre la corruption, est élu prési-dent. La Croatie vise son entrée à l'UE en 2013.
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APERÇU HISTORIQUE
L’architecture des villes côtières illustre laprésence vénitienne pendant des siècles.
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HISTOIRE DE L’ISTRIE
HISTOIRE ET CULTURE
L’ISTRIE
L’Istrie est l’une des destinations lesplus prisées du tourisme balnéaire de lacôte adriatique. Très tôt, cette pres-qu’île a été un lieu de contacts entre dif-férents peuples et a engendré des échan-ges culturels intenses. Parmi ces nom-breuses influences ethniques, Venise,qui a dominé la région pendant plus de500 ans, a donné à l’Istrie son cachetparticulier.
Préhistoire et Antiquité
La presqu’île d’Istrie peut se targuerd’être l’une des premières régions habi-tées en Europe. Des fouilles effectuéesdans la grotte de Šandalja, en Istrie duSud, attestent un habitat préhistoriqueremontant au paléolithique, il y a800 millénaires.
À la fin de l’âge du bronze eut lieu lamigration de la tribu indo-européennedes Istriens-Illyriens, venus d’Europecentrale. Les Istriens vivaient de chasseet de pêche, et connaissaient déjà l’éle-vage. Sur la côte, les baies abritées seprêtaient à la pêche et à la navigation etpermettaient des échanges commer-ciaux suivis avec les Dalmates, lesGrecs et les Étrusques.
Avec ses collines et ses reliefs mon-tagneux, l’arrière-pays de la presqu’îled’Istrie offrait des conditions idéalespour la construction de forteresses bienprotégées. La manière particulière dontles Illyriens agençaient leurs cités estappelée plan gradina. Au sommet descollines et montagnes, les lieux saints,les bâtiments administratifs et les habi-tations étaient disposés de manière cir-culaire autour des résidences du gou-vernement. L’ensemble de la zone ha-bitée était entouré d’épais remparts,
semblables à ceux d’un château fort. Cetype de peuplement a laissé son em-preinte dans la structure urbaine denombreuses villes, jusqu’à nos jours.Les Romains surent reconnaître lesatouts de l’urbanisme illyrien.
Grâce à leur haut degré de dévelop-pement, les Illyriens soumirent la partieoccidentale de la péninsule balkaniqueet s’implantèrent sur le sol italien, dansles Pouilles. Ils établirent des rapportscommerciaux avec la civilisation hellé-nique, tout en pénétrant vers le nord-est.Des marchandises provenant des ré-gions baltiques trouvaient leur débou-ché en Méditerranée. Chez les chroni-queurs grecs de l’Antiquité, l’Istrie et larégion du Kvarner sont mentionnéesdès le VIe siècle avant notre ère. L’im-portance des échanges commerciauxdes Illyriens dans l’Antiquité est at-testée par les céramiques dites de Gna-tya, découvertes lors de fouilles au norddes Alpes et en Grèce, ainsi que par despièces de monnaie et des sculpturesgrecques trouvées notamment en Istrie.
L’Istrie sous domination romaine
L’arrivée des Romains correspond àdes changements profonds. Après s’êtrerendus maîtres de la péninsule desApennins, les Romains s’avisèrent deconquérir l’Adriatique. Les “appels àl’aide” des communautés grecques demoyenne Dalmatie leur en fournirent leprétexte. Dès le IIIe siècle, les Romainsmirent fin à la piraterie pratiquée par lestribus illyriennes du clan des Dalmates.En très peu de temps, Rome prit le con-trôle d’autres régions du pourtour del’Adriatique.
Après avoir bâti la forteressed’Aquilée sur le golfe de Trieste en 182avant J.C., les Romains poussèrent jus-qu’en Istrie. Sous le commandement deleur chef Épulon, les Istriens se retirè-rent dans la place forte de Nesactium, àl’extrême sud de la presqu’île. À lasuite d’un long siège, cette place fortetomba elle aussi aux mains des Ro-
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HISTOIRE DE L’ISTRIE
À gauche : texte du haut-relief de Valun (îlede Cres) rédigé en écriture glagolithique.
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mains. L’Istrie tout entière était alorssous domination romaine. Les Romainscommencèrent à tracer un réseau devoies destinées à relier entre elles leursdifférentes bases stratégiques. Sur d’an-ciennes colonies istriennes, ils firentériger des camps fortifiés dont les deuxprincipaux sont Pola (Pula) et Paren-tium (Pore|). Ces deux ports devinrentdes centres administratifs et commer-ciaux.
Sous le joug de Rome, les Illyriensdurent céder leurs terres à des vétéransromains et à de grands propriétaires ter-riens. Les Illyriens devenaient serfs, etmême, dans certains cas, esclaves.Avec l’entrée en fonction de l’empereurAuguste (31 à 14 av. J.-C.), le droit decité fut reconnu à tous les habitants del’Istrie. Les villes istriennes reçurent lestatut de municipes, subordonnés à laprovince romaine d’Istria.
Du fait de sa situation géographiqueet géopolitique et des routes qui la re-
liaient à l’Italie, la ville d’Aquilée, àl’extrême nord du bassin adriatique,était située à la croisée des principauxaxes terrestres et maritimes. DepuisAquilée, la via Postumia rejoignaitEmona (Ljubljana) et la Pannonie. Uneautre voie romaine menait à Tarsatica(Rijeka) en passant par Tergeste(Trieste), d’où d’autres voies partaientpour Siscia (Sisak) et la province deDalmatie en longeant la côte.
La via Flavia, qui débutait à Ter-geste, longeait le littoral de l’Istrie et as-surait la prospérité du commerce, enparticulier avec l’Italie. Les grandesvilles comme Pola et Parentium étaientdes ports florissants où transitaient desproduits comme les olives, l’huile et levin destinés aux marchés. Même àRome, les archéologues ont retrouvédes amphores provenant d’Istrie.L’Istrie recèle – en particulier aux alen-tours de Pula – nombre de trésors d’ar-chitecture romaine. Ainsi, par exemple,l’amphithéâtre et le temple d’Auguste,ou la villa impériale de Rustica sur lesîles Brijuni.
Au IIe siècle après J.C., l’héritage ro-
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HISTOIRE DE L’ISTRIE
Ci-dessus : les Illyriens étaient passés maî-tres dans l’art de la transformation des mé-taux (bronze gravé,V e siècle).
main était si enraciné en Istrie queRome vit même se succéder à la tête deson immense empire des souverainsd’origine illyrienne. C’est ainsi quevers la fin du IIIe siècle, Dioclétien, ori-ginaire de Salone, capitale de la Dal-matie (province illyrienne sous tutelleromaine), accéda au pouvoir. L’érec-tion du palais de Split à l’instigation deDioclétien valut à l’Illyrie de revêtirpour un temps le rôle de plaque tour-nante de l’empire romain (voir aussiHistoire de la dalamatie.)
En 313 après J.-C., lorsque fut pro-clamé l’édit de tolérance de Milan ga-rantissant la liberté de culte au sein del’empire, Pore|, Pula, Novigrad et Ko-per devinrent les premiers diocèseschrétiens. Des évêchés se substituèrentaux anciens municipes dont ils reprirentles fonctions politiques, sociales et éco-nomiques. Certains de ces évêchés ontdonné naissance, au fil des siècles, à desplendides chefs d’œuvre comme la ca-thédrale de Pula ou la basilique Euphra-sius à Pore|.
En 395 après J.-C., les fils de Théo-dose divisèrent l’empire en un Empire
romain d’Orient et un Empire romaind’Occident. L’Istrie continuait d’appar-tenir à l’Empire d’Occident, Ravenneayant été désignée comme son centreadministratif.
L’Istrie à l’époque des grandesinvasions
À la fin du IVe siècle, les grandes in-vasions transformèrent profondémentles structures du peuplement en Europe.C’est ainsi que sous le commandementd’Alaric 1er, les Wisigoths pénétrèrenten Italie en l’an 399, après avoir traver-sé l’Istrie. En 452, ils furent suivis desHuns venus de la plaine de Pannonie.Sur ordre de leur chef Attila, ils détrui-sirent la merveilleuse Aquilée, avant dese diriger sur Rome, et précipitèrentl’arrière-pays de la presqu’île dans unevéritable crise économique qui n’épar-gna que les grandes villes côtières.
Après avoir destitué le dernier empe-reur romain, Romulus Augustus, Odoa-cre, le chef des armées germaniques,prit en 476 le pouvoir en Italie. Byzance– la Nouvelle Rome – empêcha cepen-
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dant qu’il n’étendît son pouvoir jusquedans la partie orientale de l’Adriatique :sous Théodoric (également connu sousle nom de Didier de Berne), Byzanceenvoya les Ostrogoths en Italie. Sa dé-faite lors d’une bataille décisive au nordde Tergeste (Trieste), sur le fleuveSo|a, frontière actuelle entre la Slo-vénie et l’Italie, scella le destin d’Odoa-cre. les Ostrogoths s’imposèrent alorscomme les nouveaux maîtres de l’Italieet de l’Istrie.
À la mort de Théodoric, l’empire desGoths s’effondra immédiatement. SousJustinien, Byzance mit à profit cette dé-bâcle pour étendre sa domination versl’Ouest, afin de soumettre la Méditer-ranée tout entière. En 555, l’Istrie et laDalmatie devinrent ainsi possessionsbyzantines. Avec l’exarchat de Ra-venne, Byzance fonda son centre admi-nistratif et lança la reconstruction
d’Aquilée. Ceci favorisa un nouvel es-sor culturel de l’Istrie, qui, bien que decourte durée, laissa une empreinte en-core manifeste aujourd’hui. La richessedes mosaïques de la basilique Euphra-sius à Pore|, dont la parenté avec lesmosaïques de Ravenne est indéniable,en est un témoignage. Il est d’ailleursfort probable qu’elles aient été réaliséespar les mêmes artisans.
Avant que la culture romaine n’ycède le pas à la culture gréco-byzantine,un autre mouvement migratoire préci-pita l’Istrie et la Dalmatie dans l’insta-bilité. Vers l’an 500, d’importantes tri-bus slaves venues du Dniestr et du Da-nube dans les Carpates orientales tra-versèrent la Pannonie avant d’envahirla région comprise entre la Drave et laSave. Depuis cette région, des tribuscroates avancèrent jusqu’à la côteadriatique pour pénétrer en Istrie et enDalmatie.
À compter de l’an 600, elles s’établi-rent dans l’arrière-pays côtier. L’ar-rière-pays ayant subi, du fait des inva-sions, des destructions importantes, etByzance n’ayant pas encore établi sonadministration, les tribus slaves purenty poursuivre la colonisation de vastesterritoires.
Les villes côtières bien fortifiées etqui portaient toujours l’empreinte latinese virent contraintes d'unir leurs forces-pour ne pas être dominées tôt ou tardpar la supériorité slave. Mais elles nepouvaient pas compter sur Byzance,trop éloignée pour empêcher l’expan-sion des Slaves.
Le haut Moyen Âge :Lombards et Francs
Lorsque les hordes germaniqueslombardes envahirent l’Istrie au VIIIe
siècle, elles ne rencontrèrent pas de ré-sistance assez efficace pour les arrêter.Sans réussir à se rendre maîtres de la to-talité de la presqu’île, elles avaientnéanmoins conquis les villes côtières ets’étaient assuré par là une position stra-
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HISTOIRE DE L’ISTRIE
Ci-dessus : le temple d’Auguste à Pula, unexemple d’architecture romaine. À droite : untémoignage du règne byzantin en Istrie : labasilique d'Euphrasius à Pore|.
tégique. À Novigrad, les Lombardscréèrent un évêché et firent de la villeun centre administratif important.L’Istrie allait demeurer sous domina-tion lombarde même après que lesLombards eurent poussé leur extensionen Italie du Nord – via Cividale dans leFrioul jusqu’à Pavie, au sud de la villede Milan.
Le pape adressa alors à Charlemagneun appel à l’aide, dans lequel il l’en-joignait d’amener des renforts contreles incursions des Lombards en terri-toire romain. Ceci conduisit à un chan-gement de régime en Italie. En 788, lesFrancs absorbèrent le royaume desLombards, y compris l’Istrie, qui jus-qu’alors appartenait toujours à By-zance.
Afin d’asseoir leur domination, lesFrancs regroupèrent leurs possessionspeuplées en majorité de Slaves du Suden une seule entité administrative, dontle gouvernement fut confié à des mar-graves. Le duc Jean qui reçut de la cou-ronne franque les nouveaux territoires àtitre de fief, introduisit la féodalité enIstrie. Les codes juridiques hérités de
l’Antiquité furent adaptés aux nouvel-les structures du pouvoir. Ainsi prit finl’autonomie dont avaient joui les villescôtières. Le droit ancien n’était appli-qué que dans la mesure où il ne restrei-gnait pas les pouvoirs du nouveau sou-verain.
Les nouveaux maîtres avaient pourobjectif essentiel d’affaiblir les villes,susceptibles de ne leur apporter qu’untiède soutien. Aussi, les Francs intro-duisirent de nouvelles taxes, comme ladîme et l’octroi, qui sanctionnaient plusparticulièrement les villes et évêchésautonomes.
La création de centres urbains à l’in-térieur des terres visait aussi à affaiblirles villes côtières. Dans les nouvellesvilles, les Slaves furent des relais fia-bles du pouvoir en place. D’anciennescolonies illyriennes comme Buzet fu-rent largement agrandies. La structureurbaine tenait compte de la structuregéologique : autour de la place du mar-ché, rues et ruelles formaient des cer-cles concentriques. Dans certaines loca-lités, cette structure est encore recon-naissable aujourd’hui.
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Moyen Âge et Renaissance
Jusqu’au XIe siècle, les Croates ac-crurent leur influence depuis la Dal-matie, par une première pénétrationvers le Nord, à tel point qu’une partie del’Istrie orientale et la région du Kvarnerfurent intégrées au royaume croate. Lesguerres de succession à l’intérieur duSaint Empire romain germanique ayantpris fin, la situation politique se stabili-sa également en Istrie. La querelle desInvestitures de 1074 eut une incidencesur la presqu’île, car le pape concédal’Istrie au patriarche d’Aquilée, ce quiprovoqua un conflit permanent entre lepouvoir religieux et le pouvoir séculier.Lorsque, au début du XIIIe s., celui-civoulut abandonner l’Istrie à Louis deBavière, le patriarche s’y opposa. Leterritoire de la puissante Bavière prenaiten effet en tenailles le domained’Aquilée, ce qui déplaisait à l’Église.
Aussi l’Istrie fut-elle divisée en deux :la région montagneuse (au nord-est) futcédé aux comtes Devina, les plainesaux comtes de Görz tandis qu’Aquiléeconservait la zone côtière. Lorsque, parla suite, les prétentions territoriales etles incursions d’Aquilée – suivies decelles de Venise – se multiplièrent, lesdeux familles nobles se soumirent auxHabsbourg qui leur promettaient la pro-tection de leurs domaines.
Au XIIIe siècle, l’empire, cette foisgouverné par les Staufen, connut uneautre crise d’envergure. L’Istrie subis-sait les rivalités permanentes entre lescomtes Devina et de Görz d’une part, etentre Venise et Aquilée d’autre part. En1420, la République de Venise s’appro-pria définitivement la zone côtière, siconvoitée pour la richesse de ses villeset pour ses salines. Venise s’emparaégalement de quelques villes importan-tes de l’arrière-pays, telles que Moto-vun et Buje. Par le truchement de suc-cessions, les comtes perdirent le restede la presqu’île au profit des Habsbourgqui restèrent en sa possession jusqu’en1797.
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Ci-dessus : les Slaves reprirent le plan descités illyriennes établies au sommet des colli-nes et ceintes d’une muraille (ici, à Završje).À droite : lion ailé de saint Marc (Novigrad).
Les années vénitiennes furent pourl’Istrie celles de l’apogée culturel etéconomique. L’absence de conflits desuccession et le retour à la paix firentprospérer le commerce. Les conditionsétaient réunies pour un grand épanouis-sement culturel ; mais les guerres contreles Turcs et les nombreuses épidémiesfurent un obstacle à la diffusion de laRenaissance puis de l’art baroque enIstrie.
Au XVIe siècle, l’Autriche et Veniseétaient en lutte contre l’Empire otto-man. Chassés par les Turcs de Klis, leurville d’origine située à proximité deSplit, les Uskoks s’installèrent près deSenj, d’où ils semèrent la terreur dans legolfe du Kvarner ; en 1597, ils conqui-rent même Rovinj. Pendant la guerredes Uskoks (1615-1617), ces redouta-bles pirates réussirent, avec l’aide desAutrichiens, à bouter les Vénitiens horsd’Istrie. Mais la chance tourna : lesUskoks perdirent la protection de l’Au-triche ainsi que leur capitale, Senj. Ain-si, la côte retomba aux mains de la puis-sance maritime de Venise.
Jusqu’en 1797 et donc jusqu’à l’ar-
rivée de Napoléon, la situation poli-tique demeura inchangée. Conformé-ment au traité de Campo Formio, l’Au-triche cédait la Belgique à la France etobtenait en échange la Vénétie et lapresqu’île d’Istrie avec la Dalmatie.Avec la défaite de l’Autriche à la ba-taille d’Austerlitz en 1805, ces territoi-res revinrent à la France qui avait désor-mais sous son contrôle tous les ports deson adversaire.
La domination napoléonienneconduisit à l’abolition de la féodalité.Mais l’égalité des droits entre tous lescitoyens parvint rarement à s’imposer,tant la société féodale était profondé-ment enracinée, en particulier dans lesriches localités de la côte. Par ailleurs,les partis nationaux croate, slovène etdalmate (ainsi que serbe) voyaient dansle principe d’égalité apporté par la révo-lution française une chance de plusgrande indépendance, au moins sur leplan économique avec, à terme, la pers-pective d’une éventuelle autodétermi-nation politique. L’Istrie, la Dalmatieainsi que le Tyrol oriental, la Carinthieoccidentale et la Slovénie furent réunies
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aux provinces d’Illyrie. Celles-ci rede-vinrent possession autrichienne à lasuite du congrès de Vienne, annoncia-teur de la déroute de Napoléon.
Il apparaît clairement que jusqu’auXVe siècle, l’Istrie fut sujette à des in-fluences culturelles nouvelles. À partirde 1420, l’art gothique vénitien impré-gna notablement l’architecture is-trienne. Partout on vit apparaître cesloggias citadines (les plus belles étantcelles de Koper et Pula). Les palais cita-dins de style gothique vénitien ayantappartenu aux riches marchands témoi-gnent du formidable essor commercialque connut la région. Les campanilesérigés à l’époque romane furent trans-formés en bâtiments gothiques sous ladomination de Venise. L’architectureintérieure des églises connut égalementune splendeur nouvelle.
Le XVe siècle vit naître une école depeinture autochtone qui, à partir d’in-fluences étrangères, développa un stylechampêtre istrien. Hrastovlje (à l’est deKoper) et Beram (près de Pazin) offrentles exemples les plus éloquents de cestyle pictural. C’est dans ces localitésque travaillèrent les maîtres Ivan etVincent de Kastav(Rijeka).
La Renaissance s’y propagea cepen-dant aussi difficilement qu’à Venise. ÀSvetvin|enat, la place, l’église, la curieet la loggia du XVIe siècle forment unrare exemple d’ensemble architecturalurbain de style Renaissance. Il en fut demême pour l’art baroque qui atteignitl’Istrie tardivement (vers 1700), celle-cine disposant ni des fonds ni de l’espacenécessaires pour accueillir l’art baroqueet sa profusion d’ornements.
L’écriture glagolitique
Durant la première moitié du IIe
siècle, l’Istrie relevait entièrement de
l’œcuménisme romain sur le plan cultu-rel et, ce par l’intermédiaire des ordresreligieux qui faisaient autorité en la ma-tière. Néanmoins les Slaves – et en par-ticulier les Croates – s’efforcèrent decréer leur propre langue et écriture. AuIXe siècle, les apôtres des Slaves, lesdeux frères grecs Cyrille et Méthode,introduisirent la première écritureslave, le glagolitique. Les Croates mo-difièrent par la suite les lettres arron-dies, leur donnant un aspect plus angu-leux.
Dans sa forme archaïque, l’écritureglagolitique, qui comptait 38 lettres,correspondait parfaitement à la phoné-tique des langues slaves et servait aussià noter les chiffres. Cette invention gé-niale des deux missionnaires envoyéspar Byzance pour évangéliser les Sla-ves était suspecte aux yeux de Rome,qui s’avisa alors d’interdire l’écritureglagolitique. Dans beaucoup d’égliseset de paroisses de villages, les inscrip-tions glagolitiques, toujours présentes,prouvent qu’en dépit de toutes les inter-dictions, cette écriture fut longtemps enusage. D’ailleurs, il fallut beaucoup detemps à l’écriture latine pour s’imposerdéfinitivement en Istrie.
En 1248, le pape autorisa pourtant laliturgie glagolitique dans les régions oùelle était déjà en usage depuis saint Jé-rome. La majorité des œuvres littérairescroates du Moyen Âge furent impri-mées en glagolitique. Ce n’est pas unhasard si les plus grandes imprimeriesétaient installées en Istrie qui s’était ap-propriée cet art plus vite que la Dal-matie plus méridionale. Avant l’inven-tion de l’imprimerie, de nombreux scri-bes en Istrie (à Beram, Ro|, Hum etDraguÿ) écrivirent de merveilleux codesliturgiques illustrés.
Les sciences humaines étaient égale-ment bien représentées. Au XIVe siècle,le pope Mikula de Gologica rédigea unpremier code des lois inspiré du droitcoutumier slave. Et si plus tard les tradi-tions et les arts populaires croates devi-nent importants, il est indéniable que
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À droite : contre la volonté du gouvernementitalien, Gabriele d’Annunzio prit en 1919l’initiative d’annexer Rijeka (Fiume) au nomde l’Italie.
les grands chefs-d’œuvres culturels del’Istrie ont éte créés sous l’influence despuissances étrangères qui l’ont do-minée.
L’Istrie du XIXe siècle à nos jours
Lorsqu’en 1814, l’Istrie revint à ladynastie des Habsbourg, l’italien etl’allemand devinrent les langues obli-gatoires. Sous la monarchie austro-hon-groise, les Slaves durent lutter pour lasurvie culturelle. La population ruralesut empêcher l’éradication de sa languevernaculaire, le “tchavaque”. Les po-pes, garants des traditions, acquirentune grande influence.
Les langues de l’empire austro-hon-grois étant devenues langues officielles,l’analphabétisme était fort répandu par-mi les Slaves. Leur langue n’était en-seignée dans aucune école. En l’ab-sence d’enseignement de qualité, lespostes lucratifs dans l’industrie im-plantée par les Autrichiens restaientinaccessibles aux Slaves. Croates etSlovènes n’avaient droit qu’aux tra-vaux de manutention, mal rémunérés.
Avant que le mouvement national n’ap-porte des changements notables, la Pre-mière Guerre mondiale éclata, ané-antissant tous les rêves nationalistes.
La dislocation de l’Autriche-Hongriefut l’occasion pour la toute jeune Italiede faire valoir ses prétentions sur lapresqu’île d’Istrie. Les grandes villesportuaires de Trieste, Pula et Rijeka de-vinrent des pommes de discorde. L’Au-triche les revendiquait parce qu’elleavait besoin d’un accès à la mer. Or, laperte des villes portuaires aurait balayéles rêves de puissance des Habsbourg.Le célèbre putsch de Gabrieled’Annunzio, qui valut à l’Italie d’entreren possession de Fiume (Rijeka), empê-cha l’Autriche de reprendre réellementpied dans la région.
Avec l’Italie comme “puissance pro-tectrice”, le fascisme se répandit aussien Istrie. Pour la population slave, il futsynonyme de représailles. La résistancearmée au cours de la Seconde Guerremondiale conduisit à la libération de lapresqu’île. En 1943, à Pazin, l’Istrie futproclamée territoire indépendant. Avecla création, en 1945, de l’État yougos-
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lave, elle fut intégrée à l’État fédéré deCroatie, et appartenait désormais à la“République populaire fédérative deYougoslavie” dirigée par le parti com-muniste de Tito. Après la SecondeGuerre mondiale, les ports jouèrent unrôle primordial, car ils furent le lieud’implantation de l’industrie lourde.
Au milieu des années 1950, la régiondécouvrit grâce au tourisme unedeuxième source importante de reve-nus. C’est à cette époque que les hautslieux touristiques furent aménagés.
Aujourd’hui, cette région connaît unboum sans exemple au nivau du tou-risme. On a beaucoup investi dans leshôtels et les centres de vacances pourrépondre aux exigences plus élevéesdes vacanciers, de nombreux restau-rants, bars et pensions privés apportentun peu d’air frais au secteur du tourismeautrefois sous monopole d’État.
L’HISTOIRE DE LA DALMATIE
La Dalmatie englobe actuellement lacôte adriatique très accidentée de l’îlede Pag à la baie de Kotor, y compris lesîles situées au large de celle-ci. Le litto-ral est bordé par les Alpes dinariquesdont l’altitude moyenne est de 1 500 m.À l’extrémité qui surplombe la côte ausud-est, la chaîne montagneuse, parfoislarge de 300 km, est affectée de fractu-res verticales formant des vallées pro-fondes. Les paysages karstiques qui do-minent en Dalmatie et le caractèreabrupt des versants qui plongent dansl’Adriatique ont toujours rendu diffici-les échanges et communication entrel’arrière-pays et les villes côtières.
Ceci explique pourquoi la culture la-tine et occidentale s’est maintenue sousune forme presque inchangée sur le lit-toral, tandis que l’arrière-pays slave eutà subir tour à tour la domination de By-zance puis des Ottomans.
Sur le plan culturel, l’empreinte bal-kanique slave est moins marquée sur lelittoral. Les villes de Zadar, Šibenik,Trogir, Split, Kor|ula et Dubrovnik at-
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Ci-dessus : en Isitrie, le tourisme est au-jourd’hui le polus important secteur écono-mique (Rovivinj). À droite : sculpture illyri queen bronze, III e s. av.J .-C.
testent d’ailleurs une filiation trèsétroite avec la culture méditerranéenne.
Autrefois, lorsqu’il était questiond’un clivage entre la côte et l’arrière-pays, on faisait référence aux condi-tions naturelles contrastées. Aujour-d’hui, le clivage désigne en général lerenouveau des nationalismes. La quasi-totalité de la côte appartient à laCroatie, à l’exception de la partie méri-dionale qui dépend du Monténégro.Quant à l’arrière-pays, il est rattaché es-sentiellement à la Bosnie. Un coupd’œil sur la carte suffit à se faire uneidée de cette situation : les frontièresdes nouveaux États reflètent la longuehistoire géomorphologique de ces ré-gions.
Des Illyriens aux Romains
À l’instar de ce que connut l’Istrie, larégion balkanique comprise entre lacôte et le lac Ohrid vit s’installer des tri-bus illyriennes vers 1200 à 800 av. J.-C.Les Istriens et les Libournes s’établi-rent au nord de la côte adriatique (enIstrie), tandis que les Dalmates s’instal-lèrent au sud et donnèrent son nom à laDalmatie.
À l’image de ce qui s’était produit enIstrie, les tribus illyriennes s’installè-rent d’abord dans les régions monta-gneuses reculées de Dalmatie. À partirdu VIe siècle, les Dalmates et les Libur-niens s’établirent également sur lespresqu’îles et les îles de la côte et y fon-dèrent leurs premières villes. Ils jetè-rent ainsi les bases d’un commerce quiallait devenir florissant. Comme lesIstriens, les Dalmates savaient fabri-quer le bronze. De nombreuses offran-des funéraires (casques et récipients) entémoignent. Il se peut que cette décou-verte et les matières premières néces-saires à la fabrication du bronze soientparvenues en Dalmatie via la route del’ambre, grâce au commerce pratiquéavec des peuples installés plus au nord(peut-être des Celtes).
Le Ve siècle vit l’arrivée des pre-
miers marchands grecs en quête de pro-duits et de nouveaux débouchés. Leurvenue provoqua un renouveau du com-merce de la région adriatique, mais aus-si de la piraterie.
Les Grecs, cependant, ne se limitè-rent pas aux activités commercialesmais fondèrent eux aussi des colonies.La plus importante fut celle de Vis, dontle nom renvoie à Denys de Syracuse(IVe siècle av. J.-C.). Les premières co-lonies implantées sur les îles essaimè-rent sur la péninsule. Ce fut la fondationde Trogir, d’Aspalathos (Split) etd’Épidaure (Cavtat).
Les Illyriens reprirent à leur comptede nombreux aspects de la civilisationhellénique, notamment dans les domai-nes du droit, de la religion ou de la tech-nique. Ils fondèrent aussi à leur tour desvilles-États florissantes sur le modèledes cités grecques. Ces villes devinrentpour les colonies grecques une sérieuseconcurrence. L’expansion de la puis-sance politique illyrienne conduisit àune guerre pour la suprématie sur lacôte dalmate. Après avoir côtoyé lesGrecs pendant deux siècles, les Illy-
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