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N° 77 octobre-novembre 2005 Magazine de l’Université de Genève Science du sport, conscience du corps

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N° 77 octobre-novembre 2005Magazine de l’Université de Genève

Science du sport,conscience du corps

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Perspectives

L’Université du 3e âge,

Bernard Hauck, président de l’Université genevoise du 3e âge depuis 2003, revient sur trois décennies d’activitésdédiées aux plus de 60 ans, ainsi que sur le futur de cette

institution qui fut la première du genre en Suisse

Campus: l’Université genevoise du 3e âge (UNI3) fête cetteannée ses 30 ans. Quel bilan peut-on tirer de l’expérience?> Bernard Hauck: En 1975, lors de sa première année d’exis-tence, UNI3 avait réuni 440 membres. Aujourd’hui, nos acti-vités attirent plus de 2400 personnes, chiffre qui démontreque notre institution répond à un réel besoin. UNI3 s’estd’autre part imposée comme un pont efficace entrel’Université et la société civile. Ce succès, nous le devons engrande partie au bénévolat des 140 personnes qui acceptentde donner de leur temps pour que tout fonctionne au mieux.

Quelle est la vocation première d’UNI3: former ou divertir?> Nous sommes clairement situés sur le versant des loisirs. Entermes de formation, l’Université accueille des étudiants detous âges et propose de nombreux programmes de formationcontinue. De son côté, UNI3 est un moyen de profiter dutemps de la retraite pour élargir son horizon et ses connais-sances, s’accorder à l’actualité, prendre le temps de chercherà savoir tout ce qu’on a toujours voulu savoir, quels que soientson passé, sa formation et son expérience.

Quel type de services offrez-vous à vos membres?> Notre activité essentielle est l’organisation de conférences.Nous en proposons plus de 50 au cours de l’année acadé-mique, sur des thèmes comme la littérature, les sciences, lamédecine, les arts, les sciences sociales et juridiques, la phi-losophie et la religion, l’histoire et la géographie. Nous dis-posons, par ailleurs, d’une trentaine de groupes de travail etnous organisons des visites guidées par des spécialistes, ainsique des semaines thématiques dans la maison quel’Université possède à Sils, dans les Grisons. Enfin, des ateliersréunissant enfants et grands-parents ont été mis sur pieddepuis quelques années déjà avec le concours du Jardin bota-nique, et ces moments connaissent depuis un succès qui nes’est jamais démenti.

Quelle est la proportion d’anciens universitaires parmi vosmembres?> Ils représentent environ 30% du total. Aucun prérequisn’étant nécessaire pour profiter de nos prestations, UNI3attire majoritairement des personnes qui, pour des raisonstrès diverses, n’ont pas eu l’occasion ou la possibilité de fré-quenter les bancs de l’Académie durant leur formation pro-fessionnelle. Leurs motivations principales sont la curiositéintellectuelle, le plaisir et la volonté de s’engager dans uneforme de loisir actif.

De quelle nature sont vos relations avec l’Université?> UNI3 est devenue une fondation de droit privé en 1990.Depuis, elle est liée à l’Université par une convention. Dansles faits, la collaboration est excellente. Le Rectorat est repré-senté au sein de notre conseil de fondation et de notrecomité. Et c’est à l’Université ou dans son giron que nousrecrutons la plupart de nos conférenciers. L’Université metpar ailleurs à notre disposition un auditoire, des locaux pournotre secrétariat et pour les réunions des groupes. Elle nousapporte en outre son soutien logistique pour des questionstechniques ou administratives. Si quelque chose devait êtreamélioré, il s’agirait peut-être d’optimiser nos contacts avecles facultés, notamment pour éviter de faire doublon avec lesthèmes abordés dans le cadre des cours publics.

Quelles sont vos principales ambitions pour le futur?> Les nouveaux retraités sont beaucoup plus sollicités queceux de 1975. Ils ont le choix entre de très nombreuses acti-vités, que ce soit dans le domaine des loisirs ou de la culture.Pour faire face à cette concurrence croissante, il faut quenous parvenions à faire encore mieux connaître nos activités.Nous projetons, par ailleurs, de lancer une enquête afind’évaluer les besoins des plus de 60 ans. Il s’agira ensuited’adapter l’offre en conséquence. Enfin, il nous paraît impor-tant de parvenir à offrir aux personnes qui ne peuvent plus sedéplacer des prestations de qualité à domicile.

Propos recueillis par Vincent MonnetRéférence: www.unige.ch/uta

une formule qui vieillit bien

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CampusUniversité de GenèvePresse Information Publications Rue Général-Dufour 24 - 1211 Genève [email protected] www.unige.ch/presse/Secrétariat, abonnements30 francs pour une annéeT 022/379 77 17F 022/379 77 29Comité de rédactionJean-Paul Descœudres / Pascal GarcinJean Kellerhals / Mauro NatalePierre SpiererResponsable de la publicationDidier Raboud

RédactionVincent Monnet / Anton VosFabienne Bogadi / Pierre Chambonnet

CorrectriceSamira PayotDirection artistique et graphismeADB Atelier Dominique BroilletChatty EcoffeyPhotographesFrançois Schaer / Olivier VogelsangPhotolithographieLobsiger PhotolithosImpressionATAR Roto Presse, Vernier Tirage : 21’000 exemplaires

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Université de Genève

RENDEZ-VOUS28 > L’invitéZacharie Kasongo, pionnier du développement en Républiquedémocratique du Congo et étudiant à l’IUED: «La société civile,c’est la voix du peuple»

30 > Extra-murosJean-François Fayet vient de passer un an dans les archives de l’ex-Union soviétique pour collecter des documents sur les relationsdu régime avec la Suisse durant l’entre-deux-guerres. Récit

32 > ParcoursBien qu’il ne soit pas préparé à ce genre de demandes, le pharmacienest souvent le premier recours du patient: il donne des conseilsmédicaux, fait de la prévention et redirige les personnes en détresse.Une nouvelle formation continue universitaire a été pensée pour luivenir en aide

34 > EtudiantsNée dans l’entre-deux-guerres et deux fois grand-mère, Margot Wahlest une des doyennes des étudiants de l’Université de Genève.Elle raconte pourquoi elle s’est inscrite en Faculté de théologieaprès une vie déjà bien remplie

37 > A lire

38 > En bref

40 > Nouvelles thèses

sommaire > octobre - novembre 2005

12 – 27DOSSIERScience du sport,conscience du corps> Bengt Kayser, directeur de l’Institut dessciences du mouvement et de la médecinedu sport, souhaite faire évoluer le métier demaître de sport avec la nouvelle formation

universitaire en la matière proposée dès la rentrée 2005

> Le sport revêt une importance socio-économique croissante,à tel point qu’une branche nouvelle du droit lui a été consacrée.Entretien avec Margareta Baddeley, professeure de droit civil

> Miroir de nos sociétés, l’étude des pratiques sportives met en évidence une foule de comportements surprenants voire paradoxaux

RECHERCHE 4 > MédecineUne désynchronisation des cellules à insuline est peut-être à l’origine du diabète de type II. C’est ce que suggèrentles travaux d’une équipe du Département de physiologiecellulaire et du métabolisme

6 > SociologieLe travail ou la santé génèrent davantage de changements dansla vie quotidienne que les grands événements socio-historiques.Tel est le constat dressé par une étude menée en parallèle à Genève et à Buenos Aires

8 > BiologieEn étudiant le passage d’une cellule d’un état inactif à celui de division cellulaire, des biologistes ont découvert une ciblethérapeutique potentielle contre des infections fongiques,voire contre le cancer

10 > AstronomieLes étoiles primordiales, aujourd’hui disparues, perdaientprobablement jusqu’à la moitié de leur masse à cause de leur propre rotation

11 > ThéologieDécédé il y a tout juste quatre cents ans, Théodore de Bèze a laisséderrière lui une correspondance pléthorique qui permet de renou-veler l’image de ce grand personnage curieusement peu étudié

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Après un repas, réveillées par l’aug-mentation du taux de glucose dans lesang, les cellules � entrent en actionavec une unité à faire pâlir d’envie unchef d’orchestre. Par vagues successiveset parfaitement synchronisées, des mil-lions de ces cellules, dispersées dans lepancréas en petits groupes appelés îlotsde Langerhans, relâchent de l’insuline,une hormone qui permet à l’organismed’absorber le sucre. Au bout d’un certaintemps, cette symphonie s’éteint deconcert lorsque le taux du nutrimentrepasse sous un certain seuil. Cela faitdes décennies que les chercheursessayent, en vain, de comprendre lemécanisme responsable d’une coordina-tion si minutieuse. La perte de cette syn-chronisation est, en effet, un des signesavant-coureurs du diabète de type II (lireci-dessous), une maladie en constanteprogression. Il se pourrait bien, pour-tant, qu’un des rouages de cette méca-nique de précision ait été identifié,comme l’indique un article paru dans larevue Diabetes du mois de juin, par uneéquipe de chercheurs menée par PaoloMeda, professeur au Département dephysiologie cellulaire et du métabo-lisme. Mieux: les scientifiques seraientsur la piste d’une caractéristique géné-tique subtile qui pourrait prédisposer augrippement de ce rouage.«Dans notre travail, nous avons identifiél’élément qui assure la synchronisation descellules � et nous décrivons, sur des modèlesanimaux, comment, lorsque cet élément nefonctionne pas, apparaissent les premierssymptômes du diabète, explique PaoloMeda. Notre hypothèse est de dire que,contrairement à ce que l’on pense, les cellules� des diabétiques de type II ne sont pas si

altérées que cela lorsqu’on les regarde indi-viduellement. Elles demeurent capables deproduire de l’insuline. Seulement, elles n’ar-rivent plus à la relâcher au bon moment, demanière coordonnée.»

Souris transgéniquesTout le travail repose sur l’étude d’uneprotéine appelée connexine 36 (Cx36).Identifiée à Genève en 2000, elle res-semble à un tuyau traversant la mem-brane et peut se connecter à une struc-ture identique arborée par la cellule voi-sine. Les tunnels ainsi formés permet-tent l’échange de signaux chimiques.Toutes les cellules de l’organisme, àquelques rares exceptions près, possè-dent des connexines (il en existe unevingtaine de sortes). La particularité dela forme 36, c’est qu’elle se trouve exclu-sivement sur les cellules � du pancréaset certains neurones.Les études ont porté sur des souris géné-

tiquement modifiées de manière à cequ’elles ne puissent plus fabriquer laprotéine Cx36. Résultat: chez ces ani-maux, le taux d’insuline se maintientconstamment à un niveau élevé, mêmelorsqu’il n’y a plus de glucose dans lesang. «On retrouve ce symptôme chez les dia-bétiques dès les premiers stades du dévelop-pement de la maladie, note Paolo Meda.Un taux élevé et constant d’insuline dans lesang a pour conséquence, à terme, une dimi-nution du nombre de récepteurs qui lui sontassociés sur les tissus cibles, comme le foie.Petit à petit, une résistance à l’hormoneapparaît et cela débouche sur le diabète,c’est-à-dire une incapacité à absorber le sucrequi est dans le sang.»Ensuite, en soumettant les rongeurs àdes doses de glucose pour simuler leseffets d’un repas, les chercheurs n’ontmesuré aucune réaction des cellules �,aucune synchronisation de leur activité,ni d’oscillation dans l’émission d’insu-

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Le diabète de type II ne résulte pas forcément d’un dysfonctionnement des cellules� productrices d’insuline. Il s’agit peut-être d’un manque de synchronisation entreelles. C’est le scénario que soutient l’équipe du professeur Paolo Meda

> Le diabète de type I, qui touche surtout lesenfants et les adolescents, se caractérise par l’inca-pacité du pancréas à produire de l’insuline.> Le diabète de type II, qui apparaît plutôt à l’âgeadulte, correspond à l’incapacité progressive ducorps à répondre correctement à l’action de l’insu-line. Plus de 90% des diabétiques sont de type II.> On estime que 170 millions de personnes souf-frent de diabète dans le monde. Ce chiffre pourraitdoubler d’ici à 2030. En Suisse, on estime lenombre de malades à plus de 200 000 personnes(3% de la population).

> Les causes de cette crois-sance sont principalementune nourriture non équili-brée et trop riche, l’obésitéet la sédentarité.> Les complications les plusfréquentes sont: la cécité,l’insuffisance rénale, lesmaladies cardiaques quisont responsables de 50%des décès parmi les diabé-tiques, neuropathie etamputation des membresinférieurs.

La maladie en deux mots

De la désynchronisationpeut na

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line. Ce que l’on observe également chezles personnes dans les tout premiers ins-tants de la maladie. Il a fallu augmenterles doses considérablement pour que lesystème réponde par une productionsupplémentaire d’insuline.

Une cause indirectePourtant, malgré ce dysfonctionnementde leur métabolisme, les souris transgé-niques n’ont jamais développé le dia-bète proprement dit, même après plu-sieurs années, voire générations. Leschoses ont toutefois changé lorsqu’ellesont été soumises à un régime compa-rable à celui qui est responsable de l’ap-parition du diabète chez l’homme:sédentarité et alimentation riche engraisse et en calories. Ensix semaines, les sourissont en effet devenuesintolérantes au glucose,un état débouchant sur lediabète. Les rongeurs nor-maux, soumis aux mêmesconditions, sont quant àeux restés sains.«Il est sûr que cette connexineest indispensable à la syn-chronisation des cellules � età l’oscillation de l’émissiond’insuline, mais cela ne signi-fie pas encore qu’elle est direc-tement responsable de lamaladie, précise PaoloMeda. Il se peut toutefois queson absence entraîne deseffets moléculaires qui sont,eux, à l’origine du diabète.Modifier les connexinesexerce une inf luence sur leflux de calcium à travers lescellules et, du coup, sur l’ex-pression d’autres gènes.»Chez l’homme, le gène dela Cx36 est situé sur lechromosome 15. Au granddam des chercheurs,aucune mutation de cette

séquence n’a pu être associée au diabète.Toutefois, après une investigation minu-tieuse, ils ont découvert un polymor-phisme – une inversion de l’une destrois lettres codant pour l’un desquelque 350 acides aminés de la Cx36 –qui pourrait faire l’affaire. Une tellevariation est très commune entre lesêtres humains et ne porte généralementpas à conséquence. Cette fois-ci pour-tant, sur la centaine de diabétiques ana-lysés à ce stade, ce polymorphisme a étéfréquemment retrouvé sur les deuxchromosomes de la paire 15, alors qu’ilest rare chez les sujets sains. Des simu-lations par ordinateur ont indiqué quece petit changement pourrait suffirepour modifier complètement la struc-

ture spatiale de l’ARN (la molécule inter-médiaire entre le gène et la protéine).Un changement susceptible de dimi-nuer la production de Cx36.L’objectif de l’équipe genevoise est désor-mais de développer un produit capabled’augmenter le rendement de la Cx36au cas où elle serait déficiente. Les cher-cheurs ont établi un partenariat avecune firme danoise qui a déjà conçu unetelle substance agissant sur laconnexine 43, impliquée dans l’infarc-tus du myocarde – une étude cliniqueest en cours aux Etats-Unis. Le dévelop-pement d’un médicament spécifique àla Cx36 risque néanmoins de prendreencore plusieurs années. ■

Anton Vos

ître le diabète

L’obésité est une des principales causes du diabète de type II.

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Loin des yeux, loin du cœur. Selon lesrésultats d’une récente enquête menéeau sein du Département de sociologie,les changements perçus comme les plussignificatifs au long de la vie concernenten tout cas essentiellement la sphère pri-vée et le niveau individuel. Les attentatsdu 11 septembre 2001, les grandes crisesalimentaires ou les catastrophes écolo-giques tiennent ainsi une place nette-ment moins importante que le cadre detravail ou la santé dans les réponsesrécoltées à Genève et à Buenos Airesentre 2003 et 2004. La recherche CEVIE –Changements et événements au cours dela vie – montre par ailleurs que ces pré-occupations varient en fonction de laposition occupée dans le parcours de vieet que l’entrée dans l’âge adulte consti-tue le moment marqué par le plus grandnombre de changements.

Récolte parallèle«L’étude Swilso-o*, que nous menons depuis1994 au Centre interfacultaire de gérontolo-gie, permet de suivre les changements perçuscomme importants au cours de la grandevieillesse, explique Stefano Cavalli, chargéd’enseignement au Département desociologie et coresponsable de larecherche CEVIE. Or, nous manquions depoints de comparaison pour interpréter effi-cacement les résultats obtenus. Après un pre-mier test concluant conduit auprès dequelques étudiants durant l’année acadé-mique 2002-2003, nous avons décidé de menerl’enquête de façon plus approfondie auprèsd’une frange plus large de la population.»Fait relativement rare, la récolte de don-nées a été effectuée en parallèle à Genèveet à Buenos Aires (Université nationalede Luján et Faculté latino-américaine de

sciences sociales), grâce auxcontacts que possède le profes-seur Lalive d’Epinay enArgentine.Concrètement, un question-naire standardisé a été distribuéauprès de membres de cinqclasses d’âge quinquennales (20-24, 35-39, 50-54, 65-69, et 80-84ans). Il leur était demandé dedécrire les principaux change-ments survenus au cours del’année précédente, de citer lesgrands tournants de leur vieainsi que quatre événementssocio-historiques particulière-ment lourds de conséquences àleurs yeux.

A chacun son changementPour ce qui est du court terme,les chercheurs ont constaté quemême si les grandes tendancessont similaires, les change-ments sont globalement plusfréquents en Argentine qu’enSuisse. Dans les deux pays, l’en-trée dans la vie adulte est lapériode la plus mouvementéede l’existence: dans la tranchedes 20-24 ans, près de quatrepersonnes sur cinq disent ainsiavoir connu un changementimportant dans l’année précé-dente, contre un peu plus de lamoitié des 80-84 ans. Sur l’en-semble des résultats, lesdomaines les plus cités concernent lemonde professionnel (premier emploi,licenciement, retraite) et l’environne-ment spatial (migration, déménage-

ment, entrée en EMS), qui représententenviron 15% des réponses. Viennentensuite la santé (12%), la famille et l’édu-cation (11%), le couple, les loisirs et le

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Qu’est-ce qui faitchanger

Les grands événements survenus au moment de l’entréedans l’âge adulte sont ceux qui nous marquent le plus

durablement. Tel est le constat dressé par une étude menéeparallèlement à Genève et à Buenos Aires

le monde?

Les attentats du 11 septembre 2001 sont cités comme un fait particulière-ment marquants par 58% des moins de 25 ans, contre 4% seulement despersonnes de plus de 80 ans.

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Outre son intérêt scientifique, l’étudesur les changements au cours de la vie –conduite par Christian Lalive d’Epinay etStefano Cavalli en Suisse; Liliana Gastron,Julieta Oddone, Gloria Lynch et DeboraLacasa en Argentine – a également permisà un groupe d’étudiants en sociologie de 2e

cycle de mettre un pied dans l’univers de larecherche. Côté genevois, quelque 80 étu-diants des volées 2003-2004 et 2004-2005participant au séminaire «Parcours de vie,âges et générations» ont mené à bien larécolte, la saisie et la codification des données, avant de procéder à une premièreanalyse des résultats.Dans un deuxième temps, un petit groupede volontaires a poursuivi le travail endehors des heures de cours dans la pers-

pective d’une prochaine publication dans la collection du Centre interfacultaire degérontologie et du Département de socio-logie baptisée «Questions d’âge». Grâce à un financement de la Fondation Boninchiet du Département de sociologie, deuxétudiantes participant à cet atelier derecherche ont également eu l’occasion de pousser l’expérience un peu plus loin,en accompagnant Stefano Cavalli enArgentine pour un séminaire commun dedeux semaines entre le 2 et le 13 mai 2005dernier. But de l’opération: clarifier une sériede questions concernant les conditions derécolte et la codification des données, dis-cuter des différences entre les deuxcontextes et élaborer un plan conjointd’exploitation des données.

Au final, l’expérience a laissé une impres-sion très positive aux deux étudiantes qui ont eu la chance de faire le voyage.Gaëlle Aeby a ainsi choisi de consacrer son mémoire de licence au développementd’un volet de l’étude. Elle s’intéressera de façon plus détaillée aux motivationsqui ont poussé les personnes sondéesà citer tel ou tel événement.«Grâce à cette expérience, la recherche estdevenue quelque chose de beaucoup plusconcret pour nous, témoigne de son côtéEmilie Rosenstein. Un univers accessible ausein duquel on réalise soudain que l’on peutavoir des choses à dire et une place à tenir,sentiment qu’il est plutôt rare d’éprouver sur le banc d’un auditoire.» VM

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décès d’un proche (6%). Les facteurs éco-nomiques ou les atteintes écologiques nesont par contre pratiquement jamaismis en avant (respectivement 3 et 1%),comme s’ils n’avaient aucun impact réelsur le quotidien.Dans le détail, à chaque tranche d’âgecorrespond un type de changement. Lesquestions d’éducation préoccupent ainsisurtout les jeunes, tandis que les 35-54ans citent en premier lieu le monde pro-fessionnel. Les aînés sont quant à euxlogiquement davantage touchés dansleur santé.

Génération 11 septembreL’évaluation des changements, elle, estplutôt ambivalente: ils sont générale-ment considérés de façon positivedurant la jeunesse, mais deviennentdavantage associés à un sentiment deperte avec l’avance de l’âge, même si desgains restent possibles jusque dans lagrande vieillesse. Il ne faut pourtant pas s’y tromper:contre toute attente, le décès est dansun quart des cas associé à la fois à uneperte et à un bénéfice (fin d’une longuemaladie, par exemple), tandis que lamoitié des entrées en EMS sont considé-rées comme positives. Et si la dyna-

mique entre les gains et les pertes aucours de la vie est essentiellement lamême dans les deux pays, les jeunesArgentins mentionnent plus de change-ments négatifs que leurs homologuessuisses, et leurs opinions semblent éga-lement plus tranchées.Consacré aux changements socio-histo-riques, le dernier volet du sondagerévèle que les Suisses n’ont guère étémarqués par le refus de l’EEE ou l’acces-sion des femmes au suffrage universel(2% des réponses), pas plus que parTchernobyl ou les grandes crises alimen-taires de ces dernières années (vachefolle, fièvre aphteuse). Les attentatscontre le World Trade Center sont enrevanche cités par 58% des 20-24 ans.Mais ce chiffre décroît d’un groupe d’âgeà l’autre et les personnes de 80 à 84 ansne sont plus que 4% à évoquer l’événe-ment. Pour eux, le fait marquant resteindubitablement la Seconde Guerremondiale, alors que les quinquagénairesinsistent pour leur part sur les premierspas de l’homme sur la Lune, Mai 68 oul’assassinat de Kennedy.«Compte tenu du poids attribué à l’actualité,nous nous attendions à voir les attentats du11 septembre figurer au premier rang danschaque classe d’âge, complète Stefano

Cavalli. Mais dans les faits, les gens ont ten-dance à mentionner en premier lieu commeimportants les changements qui sont surve-nus au moment où ils avaient entre 20 et 25ans. C’est un effet bien connu en sociologie ouen psychologie (le reminiscence bump). Latransition de l’adolescence vers la vie adulteest une période caractérisée par l’ouvertureau monde, à laquelle il faut sans doute ajou-ter l’influence de la primauté, l’événementcité étant souvent le premier fait marquantintervenu sur le plan chronologique. Il estcependant encore trop tôt pour dire si on par-lera un jour d’une génération 11 septembrecomme on évoque celle de Mai 68». ■Vincent Monnet

* Swiss Interdisciplinary Longitudinal Study on theOldest Old, dirigée par le professeur Christian Lalived'Epinay.

Des étudiants en première ligne

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C’est le conte de La Belle au bois dor-mant, mais à l’envers: l’histoire finiraitbien si l’on pouvait s’assurer que le per-sonnage principal ne puisse plus jamaisse réveiller. C’est à peu près – ou plutôtde manière très imagée – ce que des cher-cheurs du Département de microbiolo-gie et de médecine moléculaire ont réa-lisé avec leur objet d’étude favori, lalevure de la bière Saccharomyces cerevisiae.Claudio De Virgilio, professeur boursier,et ses collègues ont en effet identifié unmécanisme moléculaire indispensablepour qu’une cellule puisse sortir de sonétat dit de quiescence (une sorte d’hiber-nation dans laquelle la plupart des cel-lules eucaryotes passent la majorité deleur existence) et entrer dans sa phase dedivision cellulaire. Ce processus pourraitdès lors devenir une cible thérapeutiqueintéressante dans la lutte contre cer-

taines infections fongiques, voire contrele cancer, à condition que les résultatsobtenus par les Genevois, publiés dans larevue Molecular Cell du 1er juillet, demeu-rent valables chez l’être humain.«Il existe de très nombreux champignons quipeuvent infecter l’homme et se montrer dan-gereux, explique Claudio De Virgilio. Letrès opportuniste Candida albicans, parexemple, très proche de Saccharomycescerevisiae, est une importante cause de mor-bidité chez les personnes atteintes du sida etdont le système immunitaire est déprimé.Mais il y en a d’autres, comme les multiplesespèces Aspergillus, qui sont responsablesde mycoses plus ou moins dangereuses. Leproblème lorsqu’on traite les infections fon-giques, c’est qu’une partie des champignonsest en quiescence. Dans cet état, ils sont trèsrésistants aux médicaments et survivent sansproblème au traitement. Ils peuvent se

réveiller plus tard et redémarrer l’infection enproliférant. Du coup, une stratégie consistantà “endormir” les champignons puis à lesempêcher de se réveiller pourrait donc s’avé-rer très utile. Notre étude ouvre une pistedans cette direction.»

Longue survieEn principe, pour la levure, l’entrée enquiescence est une réponse naturelle àdes conditions extérieures devenuessubitement défavorables. Le manque denourriture, par exemple, pousse les cel-lules à cesser de se diviser, à diminuerleur activité et à commencer à accumu-ler des réserves d’énergie. Leur métabo-lisme ralentit drastiquement et leurparoi subit une modification qui la rendplus épaisse (expliquant en partie larésistance aux médicaments). Dans cetétat, la levure peut survivre très long-temps – plus d’un siècle – et attendre desjours meilleurs.«Le phénomène de la sortie de la quiescenceest très peu étudié, précise Claudio DeVirgilio. La plupart des recherches se concen-trent sur la phase de division cellulaire. C’estassez paradoxal, puisque environ 90% des cel-lules eucaryotes sont continuellement dans

En étudiant le passage des cellules d’un état «inac-tif» à celui de division, des chercheurs genevois ont

découvert une cible thérapeutique potentiellecontre les infections fongiques et le cancer

Ne pas réveiller le path

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un état de quiescence – c’est le cas notam-ment de la majorité des cellules d’un êtrehumain adulte. Dans notre laboratoire, nousnous sommes donc intéressés aux méca-nismes moléculaires permettant de sortir decet état (nous étudions aussi comment leslevures y entrent, mais c’est une autre his-toire). Nous avons commencé par forcer noslevures à s’“endormir”. Nous y sommes par-venus en utilisant la rapamycine.»La rapamycine est un médicamentconnu depuis longtemps et qui est utilisépour inhiber TOR, une protéine-clé res-ponsable du contrôle de la croissance descellules. On retrouve un analogue trèsbien conservé de cette molécule cheztous les eucaryotes, donc également chezl’être humain. La rapamycine est notam-ment utilisée comme immunodépres-seur – elle empêche la prolifération descellules T – chez les personnes qui ontsubi une greffe d’organe afin d’éviter lephénomène de rejet. Les chercheursgenevois se sont aperçus que le médica-ment, appliqué sur la levure, accélèrel’entrée des cellules dans l’état de quies-cence. «Normalement, nous affamons noséchantillons pour les “endormir”, mais ceprocessus peut prendre jusqu’à trois jours,

note Claudio De Virgilio. Avec la rapamy-cine, nous obtenons le même résultat en deuxou trois heures seulement.»L’autre avantage qu’offre la levure estque son génome a été entièrementdécrypté et ses 5700 gènes identifiés. Lelaboratoire genevoisdétient en outre une col-lection de 5000 mutantsprésentant chacun unealtération sur un gène dif-férent – les quelques cen-taines de mutations res-tantes étant létales etdonc inexploitables dansce cas. Les chercheurs ontalors exposé toutes leurslevures à la rapamycinepour les amener dans unétat de quiescence avant de les replacerdans un milieu normal censé lesréveiller. Plusieurs se sont avérées inca-pables de sortir de leur léthargie. Troisd’entre elles ont retenu l’attention deschercheurs.«Les trois gènes de levure en question codentpour des protéines, baptisées Ego1, Gtr2 etEgo3, qui appartiennent à un même com-plexe, explique le professeur. Elles sont

toutes associées à la membrane de la vacuole,l’organelle qui s’occupe de dégrader et de recy-cler les protéines contenues dans la levure etdevenues inutiles. On a remarqué que cettevacuole grossit considérablement sous l’effetde la rapamycine, jusqu’à occuper presquetout l’espace dans la cellule. Ensuite, durant laphase de réveil, elle reprend sa taille normalechez les individus sauvages, alors qu’elledemeure énorme chez les trois mutants.»

Une cible de choixLes chercheurs ont montré qu’un bonfonctionnement des protéines EGO estindispensable à la sortie de l’état dequiescence consécutif à l’inhibition deTOR par la rapamycine. Une étude pluspoussée de la relation entre ces diffé-rentes molécules indique, selon les cher-cheurs, l’existence d’un mécanisme decontrôle de la croissance des cellules quiest disposé sur la membrane vacuolaireet qui pourrait être sensible justement àla disponibilité en nutriments. Commeindiqué plus haut, cette découverte sug-gère immédiatement une stratégie delutte contre les infections fongiques. Letraitement pourrait consister à utiliser larapamycine, qui endormirait les cham-pignons, et un médicament encore àdévelopper, qui inhiberait les protéinesEGO (ou les gènes associés) pour empê-cher que l’agent infectieux ne se réveille.Une autre application possible concernele cancer. Il se trouve qu’à l’instar de laprotéine TOR, Gtr2 possède un homo-logue très semblable chez l’être humain:

le Rag C. Par ailleurs, chez l’homme, à lafois TOR et Rag C sont surexprimés danscertaines cellules tumorales. Ainsi, si lafonction de Rag C, comme son homo-logue Gtr2, est également impliquéedans la sortie de l’état de quiescence descellules, il pourrait représenter une ciblede choix pour un traitement anticancé-reux. ■

Anton Vos

Les levures «Saccharomyces cerevisiae» avec, en rouge, les membranes vacuolaires. Sur la ligne du haut:une souche sauvage soumise à un traitement de rapamycine de plus en plus long. Sur la ligne du bas:

une souche transgénique dont le gène EGO1 est muté. Les vacuoles finissent par prendre toute la place.

ogène qui dort

Le laboratoire genevoisdétient une collection de 5000 mutants,un pour chaque gène

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Les premières étoiles à avoir illuminénotre univers il y a 15 milliards d’annéesétaient bien différentes de celles quel’on voit aujourd’hui. La plupart étaientdes astres géants dont la durée de vieétait très courte (quelques millions d’an-nées seulement) et la composition chi-mique ne comportait pas, ou seulementdes traces, d’éléments métalliques –c’est-à-dire, dans le jargon des astro-nomes, tous les atomes plus lourds quel’hélium. Même s’il ne reste plus aucunede ces étoiles de première génération

dans notre galaxie, une équipe del’Observatoire de Genève est parvenue àdécrire certains aspects de leur exis-tence passée. Dans un article à paraîtredans la revue Astronomy & Astrophysics,Georges Meynet, maître d’enseigne-ment et de recherche, André Maeder,professeur, et Sylvia Ekström, docto-rante, montrent l’importance de la rota-tion dans l’évolution de ces astres. Selonle modèle qu’ils ont développé, ce mou-vement circulaire peut entraîner, chezles étoiles très pauvres en métaux, laperte de la moitié de leur masse.

Explosions et synthèse«Le nuage de gaz à partir duquel les pre-mières étoiles de l’univers se sont formées estcomposé exclusivement d’éléments légerscomme l’hydrogène et l’hélium, expliqueGeorges Meynet. Les atomes plus lourdssont encore absents puisqu’ils ne peuventêtre synthétisés que dans les étoiles et lors dessupernovae. Ces explosions éjectent de lamatière dans l’espace à partir de laquellenaîtront les étoiles suivantes. Ainsi, de géné-ration en génération, la quantité d’élémentsplus lourds dans les astres augmente. Nous

avons étudié un modèle d’étoile présentantun taux de métal très faible (100 000 foismoins que le Soleil). Il ne correspond doncpas à des astres de toute première généra-tion, mais à ceux qui seraient apparus justeaprès les premières supernovae. Nous vou-lions savoir quel effet la rotation – toutes lesétoiles en ont une – pouvait avoir sur leurévolution, étant donné leur composition chi-mique particulière. C’est une question quel’on ne s’était encore jamais posée.»Une des particularités d’une étoile peumétallique qui tourne sur elle-même est

que les mouvements deconvection sont plusimportants et assurentun meilleur mélange dumatériel stellaire. Ainsi,les éléments lourdsfabriqués au cœur del’astre lors de la combus-tion de l’hydrogène etde l’hélium, au lieu d’yrester, sont rapidementamenés en surface. Cetapport entraîne uneaugmentation de l’opacité des couchessupérieures, donnant une prise à la pres-sion du rayonnement sous-jacent. Il naîtainsi un vent stellaire qui éjecte de lamatière dans l’espace. Ce phénomènepourrait être si important qu’il seraitcapable de diminuer de moitié la massede ces étoiles. «On pensait que les étoiles àfaible métallicité perdaient peu de matière,souligne Georges Meynet. Notre travailmontre qu’en cas de rotation, c’est lecontraire qui se passe. Ce résultat n’a toute-fois pas été confirmé par l’observation.»De ce point de vue, un autre résultat del’étude genevoise apporte davantage de

satisfaction. Les chercheurs ont en effetégalement estimé l’évolution de la com-position chimique de ces étoiles, notam-ment celle du carbone, de l’azote et del’oxygène. Et la valeur finale de ces tauxprésente des similarités frappantes avecceux que l’on mesure dans les étoiles lesplus anciennes connues. «C’est le casnotamment avec l’étoile la moins métalliqueque l’on connaisse actuellement, découverterécemment, poursuit Georges Meynet.L’article paru dans la revue Nature du 14 avril 2005 indique notamment que cetastre contient 200 000 fois moins de fer quele Soleil.»Cette étoile fossile, baptiséeHE1327–2326 et située dans le halo de la

Galaxie, c’est-à-dire dans la sphère trèsdiluée qui englobe le disque de la Voielactée, est probablement une des der-nières survivantes d’une époque depuislongtemps révolue. Toutefois, si elle pré-sente des abondances de carbone, azoteet oxygène relativement conformes auxprédictions du modèle genevois, ellerenferme aussi des taux inexplicable-ment bas de lithium et de strontium.Une donnée qui suggère que les astro-physiciens n’ont pas fini de percer tousles secrets de l’étoile mystérieuse. ■

Anton Voswww.unige.ch/sciences/astro/

Les étoiles primordiales, aujourd’hui disparues, perdaient probablementjusqu’à la moitié de leur masse à cause de leur propre rotation. Un résultat

tiré du fond des âges par une équipe de l’Observatoire de Genève

Le ballet amaigrissant

des premières étoiles«On pensait que les étoilespeu métalliques perdaientpeu de matière. Notre travail montre le contraire»

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C’est sans doute l’une des plus impor-tantes entreprises éditoriales jamaismenées en Suisse. Lancée en 1960, etprofitant depuis du soutien du Fondsnational de la recherche scientifique,l’édition de la correspondance deThéodore de Bèze vient de débouchersur la publication d’un 27e volume,parmi la quarantaine prévue d’ici à2016. De cette masse d’informations,souvent inédites, se dégage un portraitsensiblement différent de celui quenous a légué l’historiographie du XIXe

siècle. Pour en faire la preuve, l’Institutd’histoire de la réformation (IHR) orga-nisait cet automne, à l’occasion du 400e

anniversaire de sa disparition, le pre-mier colloque scientifique internationaljamais consacré au prédicateur.

Réseau de renseignementDire que Bèze fut un homme de lettrestient du pléonasme. Auteur à la modedans ses jeunes années, ce natif deVézelay, dans l’Yonne, fut également uninfatigable épistolier. Sa correspon-dance, qui couvre une période excep-tionnellement longue puisque Bèzevécut jusqu’à 87 ans, comprend en effetplus de 3000 entrées. Des lettres écritesdans leur grande majorité en latin, quitissent un réseau de communicationétonnamment dense à travers l’Europe.«A une époque qui ne connaît pas les jour-naux, l’échange de courrier reste le moyen leplus efficace de se transmettre les nouvellesdu monde, explique Alain Dufour, quiparticipe à l’aventure depuis le début, ily a plus de quarante ans. Et Bèze était trèsbien informé. Probablement mieux que lesmembres du Conseil de Genève, pourtantappelés à diriger la ville et qui ne se pri-

vaient pas de venir à la pêcheaux renseignements. C’estpourquoi ces documents inté-ressent aujourd’hui non seu-lement les spécialistesde la Réforme, maisl’ensemble des sei-ziémistes.»Outre Genève,qui détient laplupart descourriers des-tinés à Bèze,Zurich, Bâle,L o n d r e s ,E d i m b o u r g ,Marbourg etHambourg pos-sèdent égalementun certain nombre d’originaux. Deséchanges avaient également lieu avec lesPays-Bas, la Hongrie, la Pologne, la Hesseou le Palatinat. D’autres manuscrits,dont deux volumes de 600 feuillets ven-dus en viager à un baron tchèque, sontconservés à Gotha, en Allemagne. Parispossède quelques pièces dans les fondsde la Bibliothèque nationale, ainsi quede très anciennes copies provenant del’est de l’Europe. L’essentiel de la corres-pondance de Bèze avec la France a cepen-dant été détruit, probablement pourprotéger ses contacts.C’est qu’il est très impliqué dans lesguerres de religions. En 1561, il est ainsichargé de représenter les intérêts de sespairs au colloque de Poissy, réunionorganisée par la reine Catherine deMédicis et le roi de Navarre afin de trou-ver un moyen terme entre les belligé-rants. Dans les années qui suivent, c’estégalement lui qui signe les proclama-

tions du prince de Condé, tout en sedémenant pour trouver un peu de sou-tien auprès des protestants allemands.Détail piquant: les lettres qu’il adressealors à Calvin sont adressées à «M. Despeville à Villefranche», histoirede brouiller les pistes.La conversion d’Henri IV, qui annonce larestauration de l’autorité royale enFrance, ne laisse pas Bèze inactif. Sescours à l’Académie, dont il devient lepremier recteur en juin 1559, ses fonc-tions de prédicateur et la rédaction de

deux ou trois ouvrages parannée ne lui laissent guèrede temps libre. Hormisquelques parties de chasse, sa

correspondance n’évoqued’ailleurs presque jamaissa vie personnelle ni sesétats d’âme. Rare

exception: la men-tion d’une prosti-

tuée qui fut noyéepour avoir offertses charmes à dejeunes céliba-

taires, lesquels furentgraciés après avoir été

menacés d’être mis au pilori sur la placedu Molard.

Un créateur polyvalentComme le soulignent les chercheurs del’IHR, il ne faut cependant pas s’y trom-per: «L’image de Théodore de Bèze a beau-coup pâti de l’influence de Calvin, constam-ment mise au premier plan. Le personnagen’est pas aussi austère qu’on a souvent voulule faire croire, explique Irena Backus,coordinatrice scientifique du projet:Bèze tel qu’il nous apparaît aujourd’huiétait beaucoup plus créatif dans son activitélittéraire qu’en matière de théologie. Mais cequi frappe surtout, c’est la très grande poly-valence du personnage. Une épaisseur qui atrès bien été illustrée par le colloque de cetautomne, où il fut autant question de litté-rature, de droit et de politique que d’exégèseou de théologie à proprement parler.» ■Vincent Monnetwww.unige.ch/ihr/

Disparu il y a quatre cents ans, le réformateur de Vézelay a laissé derrière lui une correspondance

pléthorique, éditée par une équipe genevoise.Une masse d’informations qui permettent

de renouveler l’image d’un grand personnagecurieusement peu étudié

Bèze en toutes lettres

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Science du sport,conscie

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> Bengt Kayser, futur directeur de l’Institut des sciences du mouvement et de la médecine du sport, explique sa volonté

de faire évoluer le métier de maître de sport et présentela nouvelle formation universitaire en la matière proposée

dès la rentrée 2005

> Le sport revêt une importance économique et socialecroissante, à tel point qu’une branche nouvelle du droit lui a

été spécifiquement consacrée. Entretien avec MargaretaBaddeley, professeure au Département de droit civil

> Miroir de nos sociétés, les pratiques sportives permettent demettre en évidence une foule de comportements surprenantsvoire paradoxaux. Leur immense popularité repose, en partie,

sur une très ancienne complicité avec les médias

Dossier réalisé par Anton Vos et Vincent MonnetPhotographies: François Schaer

La formation de maître de sport àl’Université de Genève, actuellementpeu attractive, vit une profonderéforme dont les premiers signes se fontsentir cette rentrée. Un des architectesde ces changements, Bengt Kayser,futur directeur de l’Institut des sciencesdu mouvement et de la médecine dusport, précise également sa vision de lapratique du sport et de la santé phy-sique de la population. Pour lui,d’ailleurs, mieux vaut cumuler unedemi-heure d’activité physique quoti-dienne que pratiquer un sport une foispar semaine. Entretien.

Campus: Vous serez le directeur del’Institut des sciences du mouvementet de la médecine du sport (ISMMS) quidoit remplacer l’actuelle Ecole d’éduca-tion physique et de sport (EEPS).Pourquoi cette réforme?> Bengt Kayser: D’abord, parce quel’EEPS n’attire pas assez d’étudiants.

Dans lesUniversités deBâle, de Berneet de Lausanneainsi qu’àl’Ecole poly-t e c h n i q u efédérale deZurich, ils sontentre 80 et

plus de 100 par année à s’intéresser auxétudes en éducation physique. Jusqu’àl’année dernière, à Genève, nous n’encomptions qu’entre 10 et 20. Il faut direque, depuis 2001, cette branche étaitune mineure dans le cadre des licencesbidisciplinaires des Facultés de lettres,de sciences et de sciences économiqueset sociales. Le fait de devoir passerd’abord trois ans dans une autre facultén’a pas attiré les étudiants. Dernier pro-blème: l’EEPS n’a actuellement qu’unevocation de formation et non derecherche scientifique. ➡

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nce du corps

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Où en est la création formelle del’Institut?> Le Conseil de l’Université doit encorese prononcer. Si son avis est favorable,l’Institut verra peut-être le jour cetteannée encore, après approbation par leConseil d’Etat.

Quoi qu’il arrive, vous proposerez, dèsla rentrée 2005, une formation univer-sitaire en «sciences du mouvement etdu sport». En quoi va-t-elle consister?> Sa première fonction demeurera biensûr celle de la formation des maîtres desport. Mais elle ira plus loin. Uneenquête réalisée auprès de plus d’unecentaine de maîtres de sport a révéléchez eux le besoin de connaissancessupplémentaires en matière de biomé-decine, de biologie de l’exercice et depromotion de la santé (activité phy-sique, alimentation, comportements àrisques, etc). Nous constatons égale-ment que l’épidémie de sédentarité etd’obésité se développe en Suisse,entraînant dans son sillage une aug-mentation de nombreuses pathologiesgraves. Face à cette problématique, lemaître de sport occupe une place privi-légiée puisqu’il entre en contact avectous les enfants et qu’il est un spécia-liste de l’activité physique. En ajoutant

de nouveaux éléments à son enseigne-ment, il pourrait transmettre à sesélèves des comportements plus en adé-quation avec la biologie de leur corps.Mon souhait est que le maître de sportdevienne à terme un agent de santé: unpromoteur de l’activité physique auquotidien et d’une alimentation saine.C’est pourquoi nous avons créé une for-mation à part entière qui déboucherasur un baccalauréat (180crédits) et une maîtrise(90 crédits) universi-taires en sciences dumouvement et du sport.Concrètement, en plusdes activités physiques etsportives habituelles, lesétudiants suivront descours de médecine, desociologie du sport,d’histoire du sport, depromotion de la santé,etc. Notre recette sembled’ailleurs être sédui-sante, puisqu’au mois demai dernier, plus de 80 étudiantss’étaient déjà annoncés aux examensd’admission.

Vous parlez d’hygiène de vie et desanté, mais pas de performances spor-

tives. C’est pourtant à ces dernières quel’on associe habituellement le sport.> Il existe une confusion dans lasociété entre activité physique et sport.On traduit trop souvent «je dois êtrephysiquement plus actif» par «je doisfaire plus de sport». C’est une erreur.On peut être en parfaite harmonie avecson corps sans jamais pratiquer desport. Il vaut mieux parfois ne pas en

faire, d’ailleurs. Certains sports(extrêmes ou mal pratiqués) peuvents’avérer dangereux. En revanche, cequi est important, c’est l’activité phy-sique intégrée au quotidien: se dépla-cer à pied ou à vélo, prendre les esca-

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«L’épidémie de sédentaritéet d’obésité se développeen Suisse, entraînantune augmentation de pathologies graves»

> Le futur Institut des sciences du mouvement et de lamédecine du sport (ISMMS) se veut transversal. Pour favori-ser la cohésion et les échanges, il regroupera les compé-tences de différentes unités déjà existantes – notammentaux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Par exemple,l’Unité d’orthopédie et de traumatologie du sport à Cressy-Santé, en ce qui concerne ses activités académiques, seraaffiliée à l’ISMMS tout en restant dans le Département dechirurgie. Les responsables du projet étudient encore la pos-sibilité de procéder à des doubles nominations. C’est-à-direque les personnes-clés céderaient une partie de leur tempsde travail pour être au service de l’ISMMS.

> Le projet a été lancé, il y a six ans déjà. En 1999, PeterHolenstein, le directeur de l’Ecole d’éducation physique etde sport (EEPS), commence une réorganisation et uneréforme. Les sports universitaires et l’EEPS ont été séparés

en 2001 et, simultanément, le Rectorat a proposé à laFaculté de médecine de réformer l’EEPS. L’idée de créer un institut, censé assurer les fonctions de recherche, de formation et de service à la collectivité, est alors lancée.Il a ensuite fallu concevoir un premier projet, le faireapprouver par le Collège des professeurs, ouvrir un posteprofessoral, choisir le bon candidat, le faire approuver,lui laisser le temps de prendre la mesure sur le terrain avec les personnes concernées, rédiger un deuxième projet,plus précis, le soumettre lui aussi à la Faculté, et ainsi desuite. La démocratie au sein de l’Université est sauve, maisce ne sont pas moins de six années qui se sont écoulées.Au moment de mettre sous presse, il restait encore à obtenir l’approbation du Conseil de l’Université puis du Département de l’instruction publique et,finalement, du Conseil d’Etat.

L’ISMMS, six ans de gestation déjà

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liers au lieu de l’ascenseur, jardiner…Un minimum d’une demi-heure, dis-tribuée tout au long de la journée,durant laquelle le rythme cardiaque etrespiratoire s’accélère un peu. Ce n’estpas beaucoup, n’est-ce pas? Pourtant,deux tiers de la population genevoisen’y arrivent pas. Et ces gens-là, en rai-son de leur sédentarité, voient aug-menter considérablement le risque dedévelopper de nombreuses patholo-gies, et pas des moindres puisqu’ils’agit de maladies cardio-vasculaires,de diabète, d’hypertension, de plu-sieurs cancers, etc. Entre une personneactive et sédentaire, le risque de déve-lopper certaines de ces affections estmultiplié par un facteur allant de 1,25à plus de 4.

La sédentarité touche-t-elle surtout lespersonnes âgées?> Non. Elle concerne tout le monde,même les enfants. Certains groupes dela population sont certes plus touchés,comme les personnes âgées. Mais unindividu de 40 ans, qui travaille dansun bureau et se déplace uniquement envoiture ou en scooter, vit tout aussi dan-gereusement. Il est vrai également quela situation en Suisse est un peu moinsgrave que dans d’autres pays voisins –l’Allemagne, notamment, qui a dépasséles Etats-Unis en matière de retombéesnéfastes de la sédentarité. Mais ce n’estqu’un retard. Toutes les tendances lemontrent. Dans le cadre du servicemilitaire, les performances des nou-velles recrues aux tests physiques d’en-

trée sont en baisse depuis dix ans. Noussommes donc confrontés à un défi, carles coûts de santé engendrés par lessédentaires sont énormes. Ils se chif-frent en milliards de francs par annéeen Suisse.

Sur quelles études vous basez-vouspour affirmer qu’une demi-heure d’ac-tivité physique par jour suffirait àréduire le risque de maladie?> Plusieurs grandes études collectivesont été réalisées ces dernières années,impliquant chaque fois des dizaines demilliers de personnes. La plus fameuseest peut-être le Harvard Nurses HealthStudies, au cours de laquelle descohortes de 80 000 infirmières ont étésuivies durant plus de vingt ans. Lesrésultats (qui touchent tous les aspectsde la santé) ont été publiés en plusieursfois dans des journaux comme le NewEngland Journal of Medicine. Il en ressortnotamment qu’une activité physiquerégulière est indispensable pour pré-server son capital santé. Le doute n’estplus possible: le corps humain estconçu pour être actif.

Que voulez-vous dire?> De nombreuses observations paléon-tologiques soutiennent cette idée.Physiquement, nos ancêtres, qui sontapparus il y a plusieurs millions d’an-nées, devaient être capables de cueillir,de chasser et de s’enfuir pour survivre.Cette contrainte se retrouve au niveaumoléculaire. Nos gènes ont en effet étésélectionnés au cours de l’évolution detelle manière qu’ils s’expriment defaçon optimale dans un environne-ment où l’on bouge souvent. En dessousd’un certain niveau d’activité physiqueau quotidien, ils commencent à dys-fonctionner, entraînant des affectionscomme l’ostéoporose, les coronairesqui se bouchent, le diabète, l’hyperten-sion, certains cancers, etc. Plusieurs ➡

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études ont montré que juste après unseul exercice musculaire, voire dans lesjours qui suivent, certains gènes sontactivés et des protéines, absentes nor-malement, sont soudainement pro-duites. Chez les gens sédentaires, parexemple, les muscles deviennent insen-sibles à l’insuline et perdent leur effi-cacité dans la capture du glucose quicircule dans le sang. Mais dès que cespersonnes recommencent à faire del’exercice, on mesure immédiatementun effet bénéfique sur ce mécanisme. Ilexiste bien sûr des variations entre

individus, mais, de manière générale, ilfaut qu’un minimum de flux énergé-tique traverse quotidiennement lecorps pour conserver un bon état desanté.

A l’inverse, pratiquer trop de sport peutse révéler néfaste.> En effet, le surentraînement repré-sente une sorte de surmenage du sys-tème. Le corps humain a ses limites.Elles sont probablement atteintes parles coureurs cyclistes au Tour de France.Il existe une belle étude réalisée parune équipe de Maastricht sur descyclistes ayant participé à la GrandeBoucle dans les années 80. Les cher-cheurs ont administré aux cyclistes del’eau doublement marquée avec dudeutérium (2H) et un isotope rare del’oxygène (18O). Comme le corps rejettedu CO2 et du H2O, les chercheurs ont pu

mesurer la différence de disparition deces éléments dans l’organisme – le deu-térium disparaît en effet uniquementen fonction des pertes d’eau alors quele 18O disparaît aussi en fonction de laproduction de CO2. On peut en déduirele taux du métabolisme sur la longuedurée. On peut ensuite calculer le rap-port entre les calories dépensées en unjour par le sujet et les calories qu’ildépenserait s’il était resté couché 24heures. Pour une personne sédentaire,ce rapport varie entre 1,2 et 1,3. Ilatteint 1,4 ou 1,5 lorsqu’on s’active une

demi-heure par jour. En respectant lesrecommandations de l’Organisationmondiale de la santé afin de rester enbonne santé sans prendre de poids, ildevrait monter au moins à 1,6 (cela cor-respond à une activité physique de 60 à90 minutes par jour). Il faut être ungrand sportif pour dépasser le seuil de2, mais les cyclistes du Tour de Francearrivent à 5 pendant les jours degrandes étapes de montagne. C’est-à-dire qu’ils dépensent jusqu’à 10 000kcal par jour. En plus, les meilleursd’entre eux perdent peu de poids parcequ’ils sont capables de manger énor-mément pour compenser.

Le sport pratiqué de manière modérée,c’est tout de même profitable, non?> La base, je le répète, c’est l’activitéphysique quotidienne. Si, en plus, onajoute des sessions de fitness, d’aéro-

bic, de course, c’est très bien. Et si par-dessus le marché on pratique un sportcomme le football ou le tennis, c’estencore mieux. Mais il ne faut pas setromper. Aller une fois par semaine aufitness sans rien faire le reste du temps,ce n’est pas si bon pour le corps. Parailleurs, les bénéfices offerts par lesport augmentent rapidement audébut, mais stagnent ensuite très vite.Il faut alors tenir compte des effetsnégatifs. Et quelle est la cause de lamajorité des accidents de jeunesse? Lesport. La traumatologie du sport coûte

également beaucoup d’argent à lasociété. Plus d’un milliard de francs paran en Suisse. Cela dit, comme l’a souli-gné l’ancien conseiller fédéral AdolfOgi, cette pratique représente, surtoutpour les jeunes, une bonne façon d’ap-prendre des leçons essentielles pour lavie en société dans un climat de jeu etde détente.

La population sait de plus en plus com-ment se maintenir en bonne santé.Pourtant, la sédentarisation et l’obé-sité gagnent du terrain. Que faut-ilfaire?> Le changement des comportementsne peut pas passer uniquement par laconscientisation du public (tout lemonde sait déjà qu’il est bon pour lasanté d’avoir une activité physiquerégulière). Il faut admettre que c’estdans la nature humaine que d’échap-

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per par tous les moyens à l’exercice phy-sique. Pour reprendre l’explicationpaléontologique, cela n’avait aucunsens pour nos ancêtres de courir lemarathon juste pour le plaisir. Le corpshumain a été conçu au cours de l’évo-lution selon deux contraintes: une acti-vité physique régulière pour bien fonc-tionner et, inversement, l’économied’effort, dès que c’est possible. Notresystème est très fort pour stocker l’éner-gie sous forme de graisses. Cela avait unsens lorsque les périodes de vachesmaigres étaient très fréquentes. La

paresse a peut-être un fondement géné-tique, qui sait? C’est pourquoi je suisfavorable à la contrainte douce, notam-ment dans notre environnementconstruit. Par exemple, c’est une erreurde conception que d’installer un esca-lator à côté d’un escalier, comme celase voit presque partout. Les gens font laqueue pour utiliser l’escalier roulant.

Cela ne signifie pas qu’il faut les élimi-ner (certaines personnes en ont vrai-ment besoin), mais simplement lesdéplacer un peu plus loin. Si l’on ajou-tait l’exercice physique comme nouvellecontrainte dans l’architecture et l’urba-nisme, je suis sûr que cela aurait unimpact positif sur la santé publique. ■

Les SMS:plus de muscledans la tête> La formation universitaire en sciences dumouvement et du sport (SMS), qui a commencéen octobre 2005, se trouve pour l’instant sousl’égide de l’Ecole d’éducation physique et desport (EEPS) destinée à céder bientôt sa place àl’ISMMS. Le baccalauréat universitaire équivautà 180 crédits et la maîtrise à 90.

> Au cours de la 1re année, les étudiants suivrontdes cours de médecine le matin. Ces enseigne-ments ont été choisis pour garantir une forma-tion solide en sciences de la vie. Les après-midiseront consacrés à l’introduction aux branchesthéoriques comme la sociologie du sport, l’his-toire du sport ou la pédagogie. Sans oublier,bien sûr, les heures d’activité physique et spor-tive durant lesquelles seront aussi enseignéesles techniques d’apprentissage des différentssports.

> Au cours de la 2e et de la 3e année, l’étudiantpoursuit sa formation en sciences du mouve-ment et sport, qui lui prendra la moitié de sontemps. L’autre moitié sera consacrée à des coursdans une autre faculté. Cela permet derépondre aux exigences du Département del’instruction publique qui souhaitait, jusqu’àmaintenant, que les maîtres de sport bénéfi-cient d’une double compétence.

> A partir de 2008, et d’après les projets actuels,la maîtrise universitaire proposera trois orien-tations possibles. La première est l’enseigne-ment à l’école primaire et secondaire. Laseconde, «Santé, fitness et activités physiquesadaptées», vise notamment à former des pro-fessionnels pour aider des patients blessés oumalades à réintégrer une activité physiquesaine. La troisième, «Entraînement et perfor-mance», propose une formation plus approfon-die en biochimie et physiologie de l’exercice.

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«Installer un escalator à côtéd’un escalier est une erreur.Les gens font la queue pour

utiliser le premier »

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C’est une pionnière. Depuis plus detrente ans, Eliane Perrin se passionnepour la sociologie du sport, disciplinequ’elle a longtemps enseignée àl’Université de Genève. Professeure à laHaute Ecole de santé Genève et àl’Institut d’économie et management dela santé à l’Université de Lausanne, cher-cheuse au sein du Département de psy-chiatrie des Hôpitaux universitairesgenevois, elle poursuit aujourd’hui sestravaux avec une passion et un franc-par-ler peu communs. Ses diverses activitéslui ont notamment permis de mettre enlumière quelques paradoxes inhérents àla pratique physique, ainsi qu’à notrerapport au corps, tout en explicitant lacurieuse relation avec la mort que trahitl’émergence des sports à risques.«L’intérêt des sciences sociales pour le sportest assez récent, explique la sociologue.L’exercice physique étant présenté depuis plu-sieurs générations comme la solution à tousles maux, il est longtemps resté difficiled’aborder le sujet en tant que problématiquescientifique. Et encore plus de trouver desfonds pour le faire. Les choses ont un peu évo-lué depuis. Heureusement, car les pratiquessportives constituent un fantastique miroirde nos comportements. On y distingue latrace de tous les grands changements qui ontmarqué nos sociétés: développement techno-logique, mondialisation de l’économie, indi-vidualisation des valeurs, course contre levieillissement et la mort…»

David contre GoliathOmniprésent sur les écrans de télévision,source de gigantesques rassemblementspopulaires et énorme marché écono-mique, le sport tient à l’évidence uneplace à part dans le monde d’aujour-d’hui (lire également en page 20). Uneposition privilégiée dont l’origine seraitd’abord à chercher du côté de la puis-

sante symbolique que véhiculent le sportet la compétition. Contrairement à cequi se passe dans la vie quotidienne, toutle monde dispose en effet théorique-ment des mêmes chances de victoire surla ligne de départ, et toute défaite nepeut être que temporaire puisqu’il y apossibilité de revanche. Dans cet univers,David a donc toujours sa chance contreGoliath. «Même si c’est en grande partie uneillusion, cette idée est un puissant levier,complète Eliane Perrin. Vu sous cet angle,le sport représente une métaphore quasimentparfaite de la démocratie et de l’égalité, unespace échappant à la cruauté des rapportsde force sociaux et économiques.»

Forme de guerre sans victimes, la com-pétition constitue par ailleurs un excel-lent support identitaire dans un mondeoù les valeurs traditionnelles que sont letravail, la famille, la patrie et l’égliseconnaissent un déclin vertigineux. «Dansnos sociétés contemporaines, le “je” a totale-ment supplanté le “nous”, poursuit la socio-logue. De nos jours, plus personne n’est prêtà mourir pour la patrie ou à se sacrifier pourle bien de la collectivité, à l’exception peut-être de quelques illuminés. Dans ces condi-tions, plutôt que de s’identifier à la nation,beaucoup de gens parviennent à combler leurbesoin de repères en vouant un véritable culteà un champion ou à une équipe. Et lorsqu’on

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Miroir de nos sociétés, les pratiques sportives permettent de mettreen évidence une foule de comportements surprenants voire paradoxaux.Explications avec Eliane Perrin, enseignante et chercheuse en sociologie

Du grigri à l’EPOLa plupart des sportifs prétendent ainsi qu’unecompétition, c’est d’abord dans la tête que cela se gagne. Mais a-t-on jamais vu quelqu’un nager,courir ou pédaler avec son cerveau? «Il y a unepart subjective très importante dans toute pra-tique sportive, explique Eliane Perrin. Il n’y a sou-vent que très peu de différences physique ou tech-nique entre athlètes d’une même catégorie. Le“petit plus” vient de l’état d’esprit avec lequel onaborde la compétition.» Pour être en mesure dedonner le meilleur de soi-même, et par consé-quent d’avoir une chance de gagner, il faut doncd’abord être persuadé d’être le plus fort, commel’illustre l’anecdote suivante. Peu après la chutedu Mur, l’entraîneur d’un grand club de footballrusse décide de soutirer de l’argent à ses joueurspour acheter l’adversaire. Mais en réalité cessommes ne quittent pas sa poche. «Ce stratagè-me a fait l’effet d’un puissant dopant, poursuitEliane Perrin. Convaincus qu’ils gagneraient quoi

qu’il arrive, les joueurs sontparvenus à éviter le stress,l’angoisse de mal faire et lapeur de la défaite propre àla pratique de haut niveau.Forts de cet état d’esprit, ilsont mieux joué et enchaînéles victoires jusqu’à cequ’une première défaiterévèle le pot aux roses.Ce genre de comportementsest à rapprocher desdiverses superstitions quientourent les stades et lesvestiaires. Avec le dopage,c’est un processus similairequi est en jeu, si ce n’est quedans ce cas les risques pourla santé sont beaucoup plusimportants.»

En course contre

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bataille à longueur d’année pour assurer unquotidien par ailleurs souvent jugé médiocre,c’est un excellent moyen de s’offrir de bellesvictoires à moindre coût.»Le phénomène est d’autant plus pré-gnant que notre rapport au corps a consi-dérablement évolué en quelques décen-nies. L’idée qu’il n’y a plus grand-choseaprès la vie est désormais très largement

partagée. Sans paradis ni enfer, l’hommen’a donc d’autre choix que de profiterpleinement de son passage ici-bas. Etpour ce faire, il ne dispose d’aucun autresupport que son enveloppe charnelle,devenue source et clé de tous les plaisirs.Dans un tel système de pensée, contrai-rement aux sociétés qui croient en une

forme de réincarnation, la mort incarnelogiquement la peur suprême et lavieillesse le mal absolu. Or, beaucoupconsidèrent aujourd’hui que la pratiqued’un sport permet de repousserl’échéance en se donnant davantage dechances de vivre vieux et de vieillir enbonne forme.«Mieux: elle offre une possibilité unique de

côtoyer, voire de dépasser cette souffrance quinous effraie tant, commente la sociologue.Le coureur de fond comme le footballeur ontl’impression qu’ils sont capables de gérer lesdouleurs qu’ils s’infligent. Même si dans lesfaits c’est généralement faux, il y a derrièrecette idée le sentiment d’être plus fort que lamort. Le paradoxe, c’est qu’à chaque fois

qu’un progrès technologique permet deréduire les risques – comme l’améliorationdes fixations de ski par exemple – on assisteà l’émergence de comportements plus dange-reux – dans le cas présent, le développementdu hors-piste. Comme si une vie sans sel nevalait pas la peine d’être vécue.»Autre mouvement de fond: si le sportdemeure une affaire de compétition,même au niveau amateur, celle-ci se jouede plus en plus fréquemment contre soi-même. Il n’y a pas si longtemps, il exis-tait des temps, des lieux et des structuresspécifiques pour l’exercice physique. Onse rendait au stade pour courir, dans sonclub pour jouer au tennis ou pratiquer sagymnastique. Or, cette façon de faire a

progressivement été supplan-tée par des activités indivi-duelles qui ont envahi l’espacepublic, comme le skate-board,le fitness et surtout le trèspopulaire jogging. Autant dedomaines dans lesquels chacunpeut fixer ses propres règles,décider de ce qui est bon et dece qui ne l’est pas, et gérer sespulsions de façon autonome.«Cette montée en puissance del’auto-contrôle n’est de loin paspropre au sport, précise ElianePerrin. On retrouve le même genrede phénomènes avec le télétravailou dans le monde universitaire,puisque les étudiants sont désor-mais priés d’élaborer leur cursusindividuellement, selon ce qu’ilsestiment être leurs propresbesoins.»

Bains de fouleDe manière là encore assezparadoxale, cette tendance àl’individualisation des pra-tiques sportives a été accompa-gnée par l’émergence d’im-menses rassemblements,comme le marathon de NewYork, au cours desquels l’indi-vidu est noyé dans une fouleimmense et soumis à toutessortes de règlements. «Du point

de vue identitaire, c’est essentiel, expliqueEliane Perrin. Le fait de se noyer dans lamasse de ses semblables permet de se rassu-rer, de sentir son appartenance au groupe. Etc’est aussi l’occasion de côtoyer les meilleursspécialistes de sa discipline, de faire la mêmecourse qu’eux et de marcher dans leurs pas,littéralement.» ■

soi-même

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Zidane, Beckham,Ronaldo, Schumacher ouTiger Woods: loin devantle pape, les acteurs ou lespopstars, les sportifsrègnent en maître sur lascène médiatique. Auxquatre coins du monde,leurs noms ornent desmillions de T-shirts, cou-vrent les unes des maga-zines et servent de faire-valoir à toutes sortes deproduits, du rasoir autéléphone portable. Soit,mais comment expliquerune telle suprématie etquels en sont les dan-gers? Spécialiste del’image et en particulierde la médiatisation dusport, qu’il enseigne ausein des Universités deLausanne et de Genève,Gianni Haver apportequelques éléments deréponse en revenant surles principales étapes dufructueux concubinage qui lie sport decompétition et médias de masse depuisprès d’un siècle et demi.

Bénéfices partagés«La naissance des sports modernes, commele tennis, le football, la boxe, le rugby ouencore le basket-ball, dès 1850 environ, cor-respond presque parfaitement à l’émer-gence de la presse populaire, expliqueGianni Haver. Aux premiers clubs, fédéra-tions et autres règlements structurantaujourd’hui encore la plupart des activitéssportives répondent ainsi le développementde l’alphabétisation, l’apparition de larotative et l’émergence des périodiques

illustrés.» D’emblée la relation se révèledes plus fructueuses. Les médias trou-vent en effet dans le sport une mannequotidienne de spectacle qu’ils ne seprivent pas d’exploiter, tandis que lesport profite de cette formidablevitrine pour multiplier son impact surla société.A l’origine pourtant, les moyens sontlimités. Pour rendre compte d’un évé-nement sportif dans les premièresannées du siècle, il n’existe pas d’autressolutions que le compte-rendu écrit oula réalisation de films très courts à par-tir de caméras fixes. La radio opère unepremière révolution. En introduisant le

direct, elle permet en effet de créer unlien immédiat avec l’événement, décu-plant ainsi sa force dramaturgique.

Au-delà du réelDeux générations plus tard, c’est latélévision qui prend le relais. A laparole, s’ajoutent dès lors l’image, lesplans rapprochés, le ralenti… Grâce aumontage, qui évolue rapidement, ainsiqu’à l’amélioration et à la multiplica-tion des caméras, les prestationsoffertes deviennent de plus en plussophistiquées. L’heure est au spectacletotal et aux retransmissions plus vraiesque nature. «Il y a effectivement quelque

L’immense popularité dont jouissent aujourd’hui certains athlètes ne doitrien au hasard. Elle repose sur la très ancienne complicité qui lie compétition sportive et actualité

De l’audimat dans

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chose d’irréel dans la manière dont onmontre le sport aujourd’hui, commenteGianni Haver. Au point qu’un certaindécalage s’est installé entre ce que voit lespectateur et ce que perçoit le téléspecta-teur. Aujourd’hui, certaines personnes sonten effet déçues lorsqu’elles se rendent dansun stade. Beaucoup d’éléments considéréscomme habituels et permettant de renforcerla dramaturgie de l’événement lorsqu’il esttélévisé sont en effet absents des gradins.Faute de mise en scène, le spectacle perd deson intensité et donc de son intérêt.»L’installation du petit écran dans lamajorité des foyers va de pair avec unautre phénomène essentiel dans notreperception actuelle du sport: la starifi-cation. A partir des années 50, en effet,le professionnalisme devient la règle

pour les champions. Le vainqueur n’estplus un Monsieur Tout-le-monde, fac-teur ou boucher de son quartier, maisun individu suivi et entraîné depuis sajeunesse, ce qui suppose d’importantsinvestissements. Sur le terrain, commeen dehors, un athlète coûte cher et sedoit donc d’être rentable. Et pour cefaire, l’essentiel n’est pas tant de réali-ser de bonnes performances sur le ter-

rain que de savoir utiliser au mieux sonimage par le biais du sponsoring, de lapublicité ou des produits dérivés.Conséquence logique: alors que, dansles premières décennies du siècle, l’ac-cent était systématiquement mis sur ladimension collective du sport, l’indi-vidu et l’exploit personnel, systémati-quement valorisés par les médias, pas-sent désormais au premier plan, l’ath-lète devenant un véritable objet deculte.

Un nécessaire questionnementCette dévotion pourrait prêter à souriresi elle était sans risque. Ce qui n’est mal-heureusement pas le cas. Terreau fertileet très sensible politiquement, le sport

s’est en effet avéré par lepassé un excellent fer-ment pour les mouve-ments nationalistes etles idées xénophobes. Etil pourrait faire demainle lit d’une autre formed’embrigadement, peut-être moins néfaste, maistout aussi insidieuse.Un bon supporterconsacre en effet passa-blement de temps,d’énergie et d’argentpour se tenir au courant

de l’actualité de son équipe, suivre lescampagnes de transfert ou acheter lemaillot de la nouvelle saison. Des res-sources dont il ne dispose plus pourréfléchir à son propre sort ou pour cher-cher à améliorer sa condition. Avec lerisque d’une certaine aliénation pourne pas dire d’un abrutissement.«Les enjeux sont devenus tels qu’il est capi-tal de conserver une certaine distance par

rapport au monde du sport, expliqueGianni Haver. A mon sens, les personnesqui sortent de l’Université avec un bacca-lauréat ou une maîtrise en sciences du sportne devraient pas uniquement être de bonsjoueurs de basket ou des coureurs perfor-mants, mais des individus capables de s’in-terroger sur leur pratique. Or, il se trouveque la plupart des gens que je vois dans mescours sont avant tout des pratiquants pas-sionnés qui cultivent une très grande proxi-mité avec leur sujet d’étude. De fait, ils ontparfois tendance à perdre de vue l’idée quele phénomène sportif tel que nous leconnaissons aujourd’hui n’est pas le fruitd’une génération spontanée, mais la consé-quence d’une évolution construite dans ladurée, selon une mise en scène répondant àdes règles et des codes précis.» ■

Sur le terrain, comme endehors, un athlète

coûte cher et doit doncêtre rentable

les starting-blocks

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En matière de sport, l’essentiel est-il departiciper? Oui, mais cela ne concernepas que les sportifs. Jugez plutôt: Endécembre 2004, la chaîne cryptéeCanal+ a acquis l’exclusivité des droitsTV de la Première Ligue française defootball pour la période 2005-2008 enmettant sur la table la somme de 2,7milliards de francs. Pour la période2007-2014, la marque allemande Adidasdéboursera à la FIFA (Fédération inter-nationale de football association) envi-ron 350 millions de francs de sponso-ring, en liquide et en nature.Individuellement, le sportif le mieux

payé du monde, le champion de golfaméricain Tiger Woods, a engrangé prèsde 153 millions de francs en 2004, suivide très près par le pilote allemand deformule 1 Michael Schumacher et ses152 millions de francs. Les Jeux olym-piques d’Athènes en 2004 ont impliquépas moins de 100 000 personnes (ath-lètes et leur entourage, journalistes,employés) et entraîné plusieurs chan-tiers d’envergure. En moyenne, lesconsommateurs de l’Union européennedépensent 2% de leur budget (un chiffreen augmentation constante) à l’achatd’articles ou de services de sport, y com-

pris les jeux qui y sont associés. La listen’est pas exhaustive.

Champs à défricher«Le sport est devenu tellement important,du point de vue économique et social, qu’ilrecouvre presque tous les domaines dudroit», note Margareta Baddeley, profes-seure au Département de droit civil, res-ponsable d’un cours à option sur lesujet et auteure d’un grand nombred’articles traitant des divers aspects dudroit du sport, et en particulier dudopage (lire ci-dessous). Le champ d’ac-tion est non seulement large, maisencore en grande partie non défriché.Certes, les juristes adeptes des parties àgros sous peuvent se plonger dans lesaffres des droits de retransmission à latélévision et sur Internet ainsi que des

Droit du sport:

les douze travaux d’Le sport revêt une importance économique et sociale croissante, à tel pointqu’une branche nouvelle du droit lui a été spécifiquement consacrée

Campus: Que pensez-vous de la luttecontre le dopage telle qu’elle estmenée aujourd’hui?> Margareta Baddeley: Les associationssportives ont le droit d’émettre desrègles, elles ont donc aussi celui desanctionner les comportements qui lesviolent, y compris ceux qui ont trait audopage. Mais lorsqu’elles décidentd’une punition, elles doivent faire atten-tion. Un sportif, même s’il a commis unefaute, reste un sujet de droit. Il a notam-ment le droit de savoir de quoi il est sus-pecté, de s’exprimer, d’être informé demanière motivée de la décision prise àson égard, bref de bénéficier d’une pro-cédure correcte. Le contrôle antidopage

doit également respecter la personnali-té, c’est-à-dire par exemple qu’un mini-mum d’intimité doit être assuré lors duprélèvement d’urine qui doit être effec-tué à des heures acceptables et non aumilieu de la nuit. Finalement, les échan-tillons doivent évidemment être mani-pulés avec précaution. On a vu parfoisdes fioles être transportées dans la cha-leur, sans fermeture, leurs étiquetteséchangées, etc.

Les punitions, en cas de culpabilité,vous paraissent-elles proportionnées?> En ce qui concerne la sanction, j’esti-me que ce n’est pas parce que la luttecontre le dopage est importante que

l’on doit forcément punir les contreve-nants sévèrement. Dans tous les cas, ilest indispensable du point de vue juri-dique de savoir ce qui s’est passé. Jepense surtout aux jeunes de 15 ou 16 ans en disant cela. S’il est avéré qu’untel athlète a consommé une substanceinterdite, a-t-il pu le faire à son insu?Sinon, a-t-il compris de quoi il s’agissait?On ne peut pas ignorer le degré de lafaute dans cette problématique,comme cela se fait dans tous les autresdomaines du droit, d’ailleurs. Que l’ondisqualifie un athlète dopé, soit, maisqu’on lui inflige sans distinction unblâme, une amende et, surtout, unesuspension de deux ans ou plus,

«Pour une lutte antidopage mesurée»Margareta Baddeley, professeure au Département de droit civil.

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contrats de sponsoring. Mais il ne s’agitpas là des seuls aspects intéressants.Selon la chercheuse genevoise, la base,dans le droit du sport, demeure l’asso-ciation sportive, forme sociale élémen-taire choisie tant par le petit club (leclub de tennis régional, l’association defootball de la commune, etc.) que par lesfédérations nationales (commeSwissOlympic) et internationales (UEFA,FIFA…). Ce sont ces dernières qui émet-tent les règles à respecter par tous lessportifs durant les compétitions. Desrègles, d’ailleurs, le sport en génère unequantité énorme. Il ne faut pas moinsde deux classeurs pour rassemblertoutes les données techniques du foot-ball de l’UEFA, par exemple. Celles-ciprécisent la taille du terrain de jeu, lepoids du ballon, les droits de transfertsdes joueurs, l’organisation de manifes-tations, les aspects de sécurité, etc.«Il existe beaucoup de conflits dans le sportparce qu’il y a beaucoup de normes, maisaussi parce que cette activité est basée sur lacompétition et la volonté de gagner, doncsur la confrontation, précise Margareta

Baddeley. Petit à petit, les fédérations ontdû mettre au point un processus de résolu-tion de conf lits interne. Mais en cas dedésaccord persistant, étant donné que cesstructures ne peuvent pas être juge etarbitre à la fois, un arbitrage extérieur estdevenu indispensable. Il peut être demandé

soit au juge étatique, soit à’une instancearbitrale équivalant à une juridiction éta-tique, c’est-à-dire impartiale, indépendanteet garante d’une procédure correcte. Ce n’estque durant les années 90 que des instancesarbitrales nationales et internationales spé-cifiques au sport se sont progressivementcréées. La plus connue est le Tribunal arbi-tral du sport (TAS) à Lausanne qui, aujour-d’hui, tranche une quantité importante delitiges dans presque toutes les disciplinessportives.»

Sportif employéPar ailleurs, le sport entretient une rela-tion très particulière avec le droit dutravail. Non seulement les carrièressportives ne ressemblent à aucuneautre (elles sont de courte durée, le typede travail exercé est peu habituel, leshoraires sont peu réguliers, les bles-sures fréquentes), mais, en plus, le sta-tut de l’athlète professionnel sur le mar-ché du travail a longtemps été fragile.«L’arrêt de la Cour européenne de justicedans l’affaire du joueur de football Bosmanen 1995 est connu pour avoir élargi auxsportifs la libre circulation des personnes ➡

Hercule

comme le prévoyaient les réglementa-tions de certaines fédérations interna-tionales par le passé, cela me paraîtplus problématique. De telles sanctionspeuvent proprement détruire une car-rière sportive, qui est déjà très courte.C’est pourquoi je préconise la mesure.

Pourtant, ce n’est pas ce que l’on obser-ve sur le terrain…> Malheureusement, beaucoup de res-ponsables de la lutte antidopage,même si leurs préoccupations sont légi-times, vont trop vite trop loin. Lesjuristes suisses ont néanmoins réussi –à mon sens – à améliorer sensiblementle code de l’Agence mondiale antidopa-

ge (AMA). Lors d’une conférence àCopenhague en 2003. ils ont évoquél’article 28 du Code civil suisse, qui affir-me que l’on ne peut pas porter atteintede manière injustifiée à la personnalitéd’autrui. Les délégués suisses ont alorsfait valoir que des sanctions dispropor-tionnées dans la lutte antidopage pou-vaient violer cette loi. C’est entre autresgrâce à eux qu’un nouvel article a vu lejour dans le code de l’AMA, lequel pré-voit «l’annulation et la réduction dessanctions en cas d’absence de faute oude faute minime».

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Les blessureL’Unité d’orthopédie et de traumatologie du sport

de l’Hôpital universitaire de Genève traite plus de 6000consultations et 750 interventions chirurgicales par an.

Et la tendance est à la hausse. Présentation

au sein de l’Union européenne, ce qui n’étaitpas le cas avant, poursuit MargaretaBaddeley. Mais il a également été jugéinadmissible qu’une prime de transfertdoive être versée par un club à l’autre pourl’achat d’un joueur. Cette coutume faisaitdes joueurs une denrée négociable et s’ap-parentait de ce fait à la traite des esclaves,toutes proportions gardées. Aujourd’hui, leschoses sont plus acceptables. Le footballeurchange librement de club à la fin de soncontrat de travail. Il signe toutefois uncontrat de longue durée, souvent de cinqans, comportant une clause selon laquelle lejoueur qui part avant le terme doit uneindemnité à son club. Cette somme est, bienentendu, versée par le nouveau club.»

Cavagnoud et HeyselQuant à la responsabilité civile etpénale, elle est illustrée notammentpar les accidents comme celui du stadedu Heysel à Bruxelles (dont les 20 ansont été commémorés le 29 mai dernier)et de la skieuse française RégineCavagnoud. Dans ce dernier cas, l’en-semble des personnes impliquées ontété, dans un premier temps, acquittéespar les tribunaux en Autriche, où ledrame s’est déroulé. Mais à leur retourdans leur pays, les responsables del’équipe de Régine Cavagnoud ont étéattaqués par la justice française. Motif:alors que le règlement sportif ne pré-voyait que quatre descentes d’entraîne-ment pour chaque équipe, ils en ontautorisé une cinquième pour RégineCavagnoud, sans en avertir les respon-sables des autres équipes, ni le person-nel sur les bords de la piste. Ainsi, l’en-traîneur allemand a commencé à pré-parer le terrain pour les prochains cou-reurs et s’est fait faucher par surprisepar la skieuse française – il a eu la viesauve après un coma prolongé. Sebasant sur les devoirs imposés par lesrègles sportives, la justice pénale acondamné les responsables français àtrois mois de prison avec sursis et 5000 euros d’amende. ■

Jacques Ménétrey n’est pas MadameSoleil, mais il n’a pas besoin de lireles journaux pour savoir quel jour lesstations de ski ouvrent leurs pistes.En principe, dès le lendemain, lespremiers blessés sont annoncés àl’unité qu’il dirige, celle d’orthopé-die et de traumatologie du sport(UOTS) de l’Hôpital universitaire deGenève. Toute l’année durant,genoux, chevilles, épaules, poignetset dos forment le quotidien de cemédecin et de son équipe qui s’affai-rent à réparer ce que le sport à ten-dance à casser. Et la somme de travailva plutôt en augmentant, étant

donné la croissance continue dunombre des adeptes des pratiquessportives, qu’elles soient tradition-nelles ou extrêmes. Le marathon deNew York, pour ne citer qu’unexemple, a attiré 85 000 coureurs en2005 – contre 2000 en 1976.Parallèlement, la pratique du hors-piste, du freestyle, du roller en villeet d’autres disciplines nouvelles etrelativement risquées se développe.Résultat: l’UOTS, qui n’a été crééeofficiellement qu’en 2003, enregistreactuellement pas moins de 6000consultations et 750 interventionschirurgicales par année.

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«Nous vivons dans une société qui nousassiste tellement dans nos déplacements,que nous avons perdu notre faculté naturelleà reconnaître nos limites physiques,explique Jacques Ménétrey. A force deprendre les escaliers roulants, les ascen-seurs, le scooter ou la voiture, on ne sait plussi l’on est capable de monter cinq étages àpied. C’est ainsi que certaines personness’engagent dans des défis qui les dépassent,comme ce patient que j’ai soigné pour unesurcharge articulaire du genou et qui vou-lait participer au Tour du Mont-blanc

(155 kilomètres de long et 8500 mètres dedénivelé positif), une course extrême que lesmeilleurs bouclent en 21 heures.»Le responsable de l’UOTS ne manie passeulement le bistouri. L’équipe deJacques Ménétrey, en collaboration avecd’autres chercheurs de la Faculté demédecine, est en effet également activedans la recherche médicale. «Les lésionsles plus fréquentes dans le sport touchent lesligaments croisés antérieurs, précise lemédecin genevois. Nous essayons donc dedépister les personnes qui présentent un

risque accru de se blesser à cet endroit. Il estensuite possible de remédier à ces faiblessespar des exercices spécifiques. Par ailleurs,nous étudions également les effets que peu-vent avoir les ondes de choc sur la guérisondes tendinites.»

Guérison musculaireLes recherches des médecins genevoisprésentent aussi un volet plus fonda-mental, focalisé sur l’amélioration de laguérison musculaire. L’idée est de déve-lopper de nouvelles techniques de trai-tement, notamment du côté des théra-pies cellulaires et des facteurs de crois-sance. «Il est évident que l’objectif de notre

travail est thérapeutique, précise JacquesMénétrey. Il concerne les traumatismesmusculaires, les myopathies ou encore lesinfarctus cardiaques. Il est malheureuse-ment tout aussi évident que nos résultats –ainsi que ceux des nombreuses équipes dumonde actives dans le domaine – sont sus-ceptibles un jour d’être détournés à des finsde dopage. La bonne nouvelle est que nousen sommes conscients. Par conséquent, nouscollaborons avec les instances officielles.Nous pouvons ainsi, en parallèle, développerdes techniques de contrôle.» ■

Université de Genève

s, un tribut inévitable

recherche dossier l’invité extra-muros étudiants actualitéssport

Bouger juste avec CASAPSAvant de se lancer dans une quelconque activitéphysique ou sportive, mieux vaut savoir de quoi on est capable. Doté d’un équipement très perfor-mant, le Centre d’analyse et de conseil à la santé et aux activités physiques et sportives (Casaps),qui devrait être inauguré durant l’automne 2005,permettra à chacun d’évaluer son état de forme etson potentiel personnel. «Notre objectif est d’arri-ver à toucher prioritairement les étudiants qui nepratiquent pas d’activités physiques et que l’on peutconsidérer comme sédentaires, explique AntonioLatella, responsable du Bureau des sports del’Université et initiateur du projet. Pour ce faire,nous disposons d’une batterie de tests permettantde mesurer aussi bien la force que la souplesse oul’endurance.» Le Casaps sera aussi capable de réali-ser des mesures de «bio-impédance», qui permet-tent de définir les pourcentages de masse grais-seuse, osseuse et musculaire pour chaque indi-vidu. «C’est important dans la mesure où une per-sonne qui désire perdre du poids ne travaillera pasde la même façon que quelqu’un qui veut gagneren résistance, poursuit Antonio Latella. Dans tousles cas, nous veillerons à ce que les participants nesouffrent pas trop sur les machines et qu’ils nerepartent pas dégoûtés par l’expérience.»Avant et après l’effort, un entretien est d’ailleursprévu avec un maître de sport, qui permettra decerner à la fois les objectifs poursuivis et lesmesures préconisées pour y parvenir. Pour ceuxqui le désirent, un rendez-vous sera également

agendé quelques moisaprès la première séanceafin de constater les effetsdu test à moyen terme.Selon une logique similaire,le professeur Bengt Kayserconduira une étude auprèsd’un panel de participantsen vue de vérifier l’efficacitéréelle de ce dispositif,auquel sont égalementassociés l’Antenne santé del’Université, l’ISMMS-EEPS,ainsi que le centre Cressy-Santé pour ce qui est dessportifs d’élite ou d’éven-tuels cas pathologiques.

Casaps: 7, ch. Edouard-Tavan,1206 Genève.Coût du test: 20 francs pour les étu-diants. Egalement ouvert aux mem-bres de la communauté universi-taire selon les disponibilités, à untarif qui reste à fixer.Renseignements et inscriptions:secrétariat du Bureau des sports del’Université, 4, rue de Candolle,2e étage. T. 022/379 77 22,F. 022/379 11 09, [email protected]

«Nous avonsperdu notre sensnaturel à recon-naître nos limitesphysiques»

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Pour réussir sa carrière, il faut une vision d’avenir et le bon partenaire.

Nous recherchons une relève de qualité, capable d’enthousiasme et d’engagement, qui ait envie

d’aller de l’avant, avec un sens aigu des responsabilités. Vous avez brillamment terminé vos études,

vous avez une personnalité convaincante et vous faites preuve de vraies compétences sociales? Alors,

vous disposez des meilleurs atouts pour faire carrière chez nous. Le Career Start vous ouvre des

perspectives passionnantes au Credit Suisse, au Credit Suisse First Boston et au Credit Suisse Asset

Management. Nous vous attendons.

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Université de Genève

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recherche dossier l’invité extra-muros étudiants actualitéssport

«C’est maintenant qu’il faut tenir, allez-y,courage!» Le compteur indique 290 wattset le patient, moulinant sur son vélorelié à une dynamo, est prié de mainte-nir son effort à ce niveau durant encoretrois minutes supplémentaires. Ça vaêtre difficile. L’air qu’il expulse dans unmasque – relié à un ordinateur par untuyau – commence à lui brûler sérieu-sement les poumons. Les battements deson cœur, enregistrés par un cardiofré-quencemètre, sont au maximum. Lesgouttes de sueur deviennent des tor-rents, les cuisses chauffent, le compteurdescend de 20 watts, il faut relancer,encore… «Vous êtes partant pour monter à320 watts?» Un refus immédiat lâchédans un râle met fin à l’exercice.

Tests de puissance La scène se déroule à Cressy-Santé, surla commune de Confignon. Installédans les locaux appartenant à l’Unitéd’orthopédie et de traumatologie dusport (UOTS), le Swiss Olympic MedicalCenter dispose de tout le matérielnécessaire pour effectuer les tests fonc-tionnels et de physiologie de l’effort.Reconnu par Swiss Olympic, l’instancequi gère le sport d’élite dans le pays, lecentre offre une plateforme techniquedestinée surtout aux sportifs profes-sionnels (l’équipe de hockey Genève-Servette est venue dernièrement semesurer aux machines), mais aussi àtous les autres, y compris au coureur dudimanche. «Nous pouvons effectuer destests de puissance, de vitesse, d’endurance et

des mesures anthropométriques, expliqueXavier Jolis, qui a été préparateur phy-sique de Michael Schumacher etd’Alinghi avant de travailler à Cressy.Nous pouvons également mesurer leVO2max, qui correspond au volume maxi-mal d’oxygène qu’un sujet peut utiliser aucours d’un effort total. Cette valeur, quioscille entre 35 (sédentaires) et 80 (athlètestrès entraînés), correspond à la “cylindrée”du sportif. Elle est le reflet de ses capacitésphysique.»

Mieux se connaîtreLe Swiss Olympic Medical Center, quipossède aussi une antenne à l’Hôpitalde Beau-Séjour et à l’Hôpital des enfantsen ville de Genève, joue aussi un rôle deprévention. «Nous dispensons des conseilsaux gens qui viennent nous voir afin qu’ilslimitent au maximum les risques d’acci-

dents, précise Jacques Ménétrey, respon-sable de l’UOTS. Au sportif occasionnel,nous expliquons les quelques règles de basequ’il devrait suivre: la progression dans l’ef-fort et apprendre à connaître ses capacitésphysiques pour ne pas les surestimer.L’individu plus averti peut obtenir ici desrenseignements sur la meilleure manièred’atteindre les objectifs qu’il se fixe. Quantà l’athlète professionnel, il peut tester samécanique, dépister ses carences et ses fai-blesses ainsi que trouver les moyens de lescombler.» ■

Renseignements:Swiss Olympic Medical CenterCressy-SantéRoute de Loëx 99 – 1232 ConfignonTél. 022/727 15 50Unité d’orthopédie et de traumatologie du sport:www.chirurgie-geneve.ch/

Mieux vaut prévenir…Le Swiss Olympic Medical

Center propose aux sportifs de tous niveauxde tester leurs capacités

physiques pour améliorerleurs performances,

mais aussi pour éviter lesblessures

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Campus N° 77

recherche dossier l’invité extra-muros étudiants actualitésZacharie Kasongo

Zacharie Kasongo Lukongo, pionnier du développement en République démocratique du Congo, a réalisé une étude sur la débrouillardise des populations civiles en situation de guerre

Campus: Vous êtes au bénéfice d’unebourse d’étude à l’IUED depuis 2000 etvous avez défendu votre travail dediplôme en étude du développement àGenève. De quoi s’agit-il?> Zacharie Kasongo Lukongo: J’ai étudié ladébrouillardise des populations ensituation de guerre, plus précisémentdans ma province d’origine, leManiema. J’ai réalisé mes recherchesdurant les guerres dites «de libération»et celle «de rectification» (lire ci-des-sous). La région était totalement encla-vée, sans liaison de train ni d’avions.Sans aucun moyen de transport, lesgens ne pouvaient pas s’éloigner de plusde 10 kilomètres de leur lieu d’habita-tion, ni se ravitailler. Les milices se trou-vaient autour des champs et empê-chaient les paysans de travailler. Lapopulation était prise en otage par l’ar-mée régulière, stationnée dans les vil-lages et les villes, et la milice, hantant laforêt. Résultat: en plus de toutes lesexactions accompagnant la guerre, lamalnutrition avait élu domicile.

Comment les gens se sont-ils organisés?> Il fallait notamment s’approvisionneren sel et en savon. J’ai vu comment lesgens ont fabriqué du savon à base decendres et d’huile. Pour le ravitaille-ment en sel, des jeunes gens à Kasongo,une ville du Maniema, se sont organiséset ont pris des vélos pour parcourir les700 à 800 km qui les séparaient deBukavu ou des autres villes de l’est.Certains d’entre eux ne rentraient pas,morts de fatigue, de faim ou assassinés.Cela a duré plus d’une année. Dès qu’ily a eu une accalmie, les petits commer-

çants se sont associés à leur tour pourorganiser des transports aériens jusqu’àBukavu – la liaison ferroviaire n’étaittoujours pas rétablie – pour apporter lesproduits de première nécessité àKasongo ou Kindu, le chef-lieu.

Est-ce que la guerre a bouleversé lasociété au Maniema?> Oui et un des chapitres de mon travailest consacré à ces changements, spécia-lement ceux touchant les relationsentre hommes et femmes. Kindu etKasongo sont des bastions de l’Islam auCongo. Les femmes y étaient brimées etne pouvaient pas se montrer sur laplace publique. Avec la guerre, lesfemmes sont devenues les responsablesde la famille. On les a autorisées à com-mercer et elles ont pu se rendre auxabords des mines d’or, par exemple,pour vendre leurs marchandises. LesONG, juste après le conflit, ont profité

de ce contexte pour éveiller laconscience de la femme. Et maintenant,il existe des associations de femmes quirevendiquent leurs droits. Elles se mani-festent surtout dans le cadre des trèsnombreuses affaires de viols qui sontutilisés comme une arme de guerre.

Avant vos études, vous vous êtes renducélèbre pour avoir lancé les bases de lasociété civile du Maniema. D’où vousest venue cette inspiration?> Tout a commencé en 1990, alors querégnait un air de révolte dans le paysaprès la tentative avortée de Mobutud’instaurer le multipartisme et de réali-ser une consultation populaire. J’étaisen dernière année à l’Université deBukavu, dans le Sud-Kivu et cela faisaitdix jours qu’il n’y avait plus d’électriciténi d’eau sur le campus. J’ai pris la têted’une contestation estudiantine et nousavons réussi, après un face-à-face tendu

«La société civile,c’est la voix du pe

««

Les guerres du Congo> En 1993, Mobutu attise la haine ethnique au Katanga pour déstabiliserson principal opposant politique, originaire de cette région. Des milliersde personnes sont tuées.> En 1994, après le génocide rwandais, plus d’un million de réfugiés déferlentsur le Kivu, réveillant une guerre larvée entre les Tutsi et Hutu du Congo.> Lorsque Kagamé prend le pouvoir au Rwanda, il veut se débarrasser descamps de réfugiés situés au Congo. C’est l’objectif de la guerre de 1996, ditede libération du Congo, menée par Laurent-Désiré Kabila, aidé par le Rwanda.> Kabila entre au Congo sans rencontrer de résistance, poursuit sa route jusqu’à Kinshasa, et prend le pouvoir.> De 1998 à 2003 sévit la guerre dite de «rectification», conduite par le RCDGoma qui voulait renverser Laurent-Désiré Kabila.> En 2001, Laurent Désiré Kabila est assassiné et remplacé au pouvoir par son fils Joseph Kabila.

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avec les forces de l’ordre, àobliger le directeur de lacompagnie d’électricité àbrancher lui-même le cam-pus sur une ligne qui nesubissait pas de coupures.Le même jour, j’ai été pro-pulsé à la tête du comitédes représentants des étu-diants. C’est comme ça queje me suis fait remarquer,notamment par PierreLumbi, responsable d’uneorganisation locale dedéveloppement, et futurministre du Congo. Monexpérience de l’incurie dupouvoir m’a décidé, à la finde mes études, à rentrer àKindu, afin d’y mettre surpied avec des amis une société civile.

C’est quoi au fond la société civile?> C’est l’ensemble des rapports interin-dividuels, des structures familiales,sociales, économiques, culturelles etreligieuses qui se déploient dans unesociété en dehors du cadre et de l’inter-vention de l’Etat. C’est ce qui rested’une société quand l’Etat se désengagecomplètement. Ce qui est le cas auCongo. La société civile regroupe doncles organisations qui ne font pas partiedu gouvernement: syndicats, confes-sions religieuses, ONG… Elle est deve-nue un parlement du peuple. Très sou-vent, on a constaté que les vrais parle-mentaires, les élus, jouent davantage lerôle de porte-parole de leur parti que dupeuple. La société civile a été structuréepour parler du peuple.

La société civile est-elle populaire?> Très. A tel point que quand il y a eu laréforme monétaire, les gens ont refuséd’utiliser la nouvelle monnaie tant quela société civile n’avait pas donné son

aval. Aujourd’hui, elle est devenue unacteur incontournable dans toutes lesréunions politiques. Le revers de lamédaille, c’est que les opposants ontinventé tous les arguments possiblespour nous attaquer. On nous a accusésde tous les maux. Je suis d’ailleurs partien 1995, car la situation était devenuetrop dangereuse pour moi. J’ai doncdécidé d’aller à Bukavu, puis à Goma.J’ai travaillé dans le développement purau Rwanda comme professeur, puisconsultant. Finalement, j’ai obtenu unebourse pour venir étudier à l’IUED àGenève en 2000.

Le 30 juin dernier, la République démo-cratique du Congo commémorait l’ac-cession à l’indépendance en 1960. Etait-ce une occasion de réjouissance?> Oui et non. On craignait la violence,aussi bien dans le pays que dans les mis-sions à l’étranger. Des mesures de sécu-rité ont été prises dans les grandes villespour éviter les troubles, mais, de toutefaçon, l’insécurité est toujours pré-sente. Il y a des tueries presque chaque

jour. A Goma, dans l’est du pays, si l’onpasse trois ou quatre jours sansentendre de coups de feu, on se dit quequelque chose ne tourne pas rond. J’aimoi-même été la cible de tirs en octobre2003. La balle est passée à 10 centi-mètres de ma tête. Une autre fois, nousnous rendions en mission au lacEdouard et nous avons croisé trois mili-taires bien armés qui nous ontdemandé de les transporter. Nousn’avions pas de place. Ils nous ont lais-sés passer lorsque nous avons expliquéque nous formions une expéditionscientifique. Le véhicule suivant a eumoins de chance. Il a été attaqué par lesmêmes hommes. Bilan: six morts. AuCongo, il est difficile de faire la distinc-tion entre milices et militaires. Le motqu’on utilise pour les décrire est«hommes en armes non autrementidentifiés». Et l’on ne peut faireconfiance à aucune de ces personnes. ■

Propos recueillis par Anton Vos

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Campus N° 77

recherche dossier l’invité extra-muros étudiants actualitésMoscou

Jean-François Fayet vient de passer un an dans les archives de l’ex-Union soviétique pour collecter des documents sur les relations du régime avec la Suisse durant l’entre-deux-guerres. Récit

C’est la mémoire de l’Union sovié-tique. Immense archipel de béton, lesArchives d’Etat de Moscou emplissentune dizaine de tours, hautes d’autantd’étages. Une petite cité se déployantdans un dédale de couloirs, de salles etde bureaux et qui a curieusement étépréservée des changements qui boule-versent le reste du pays depuis l’effon-drement du régime communiste. Cetunivers très particulier, Jean-FrançoisFayet le connaît bien pour l’avoir fré-quenté quotidiennement durant prèsde deux ans. Maître assistant au sein duDépartement d’histoire, il revient eneffet d’un deuxième séjour de douzemois à Moscou financé par un subsidedu Fonds national suisse de larecherche scientifique (FNS). Une expé-rience vécue en famille, qui lui aura per-mis de rassembler suffisamment dematériel pour remplir son agendadurant les cinq prochaines années.Récit.«Pour un chercheur suisse en partance pourMoscou, la principale difficulté est de devoirse débrouiller seul, explique l’historien. LeFNS offre un important soutien financier,mais aucune structure n’est prévue pourvous aider à organiser le quotidien, réglerles problèmes administratifs, à la différencedes Français qui disposent de structuresd’accueil et d’un cadre d’échanges scienti-fiques.» Un inconvénient d’autant pluspesant que l’expédition s’est faite enfamille et que celle-ci ne s’est pas tou-jours montrée aussi enthousiasmée parl’aventure que le chercheur.

Mobilier d’époqueIl a donc d’abord fallu trouver un loge-ment susceptible d’accueillir un coupleet deux petites filles âgées respective-ment de 6 mois et de 4 ans. Coup de

chance: une semaine avant de larguerles amarres, Jean-François Fayet croisel’annonce d’une professeure d’univer-sité russe qui, pour cause de séjour enChine, cherche à louer son appartement

pour une durée d’une année. Situé aucentre de la capitale et à 45 minutes desArchives d’Etat, le logement fait partied’un immeuble qui appartenait autre-fois à la Société soviétique des écrivains.D’époque, le mobilier et la décorationsemblent ne pas avoir changé depuisBrejnev. «Grâce à d’anciens Suisses de Moscou, nousavons rapidement pu trouver une nounoupour notre cadette, commente l’historien.

L’aînée a pour sa part rejoint un jardind’enfants russe. Après trois mois, c’est ellequi corrigeait mes fautes d’accent. Plussérieusement, les Moscovites nous ont sem-blé plutôt surpris de voir des étrangers faire

le choix de partager leur quo-tidien, ce qui nous a généra-lement valu un bon accueil.Et ce, même si le pouvoir etles médias entretiennent unepsychose du terrorisme etune xénophobie de plus enplus marquée.»Les questions d’inten-dance réglées, reste àconquérir ce saint dessaints que représententles Archives d’Etat. Etpour ce faire, mieux vautse montrer patient. Danscet univers où ni le décorni les comportements nesemblent avoir changédepuis la perestroïka, lamoindre autorisationimplique ainsi quantité dequestionnaires et de cour-riers à en-tête. «Il ne fautjamais s’énerver, mais jouerles humbles, ne pas hésiter àremplir dix fois le mêmedocument si nécessaire et dis-poser d’une bonne réserve de

papier à en-tête, complète Jean-FrançoisFayet. Il existe une hiérarchie entre lesdivers laissez-passer, le fameux “propusk”.Pour obtenir le bon et ne pas être ensuitelimité dans ses recherches, il est fortementrecommandé de définir son sujet de façonplutôt large, voire même ambiguë.»Une fois dans les murs de l’institution,c’est le savoir-faire qui fait toute la dif-férence. Souvent en place depuis trenteou quarante ans – les Archives d’Etat

Voyage dans la mémoir

Institut des archives historiques, rue Nikolskaia.

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recherche dossier l’invité extra-muros étudiants actualitésMoscou

souffrant d’un cruel problème de recru-tement étant donné la faiblesse dessalaires proposés – les gardiens dutemple, qui sont au demeurant d’excel-lents archivistes, ont développé desliens quasi affectifs avec les documentsdont ils ont la responsabilité. Une rela-tion très intime avec laquelle le cher-cheur est obligé de composer. «Il m’afallu près de deux mois pour obtenir cer-taines lettres écrites par les dirigeants desannées 20 et depuis longtemps déclassées,raconte-t-il. Pour l’employée en charge de cefonds, me faire voir ces documents, c’était unpeu la même chose que partager ses lettresd’amour de jeunesse avec un inconnu.»

Une relation informelleA défaut d’être toujours facile, la pêcheest pourtant fructueuse. Il faut dire que,dans ce registre du moins, les eauxrusses sont particulièrement riches.Appuyé sur un énorme appareil bureau-cratique, l’Etat soviétique a en effetcultivé tout au long de son existence unepassion peu commune pour le docu-ment écrit. Autant pour assurer lecontrôle social de la population quepour légitimer le pouvoir en place, toutou presque a été conservé, classé etrépertorié. Ce qui représente une massed’informations d’autant plus grandeque les fonctionnaires du régime s’ef-forçaient de lire l’intégralité des publi-cations n’émanant pas officiellementdu Parti communiste, mais touchant deprès ou de loin le monde ouvrier. Et cedans le monde entier, fait probablementunique dans l’histoire de la planète.«Mon principal centre d’intérêt concernaitles documents relatifs à l’inf luence sovié-tique en Suisse durant l’entre-deux-guerres,explique Jean-François Fayet. A cetteépoque, comme la Confédération se refusait

à reconnaître l’Union soviétique, il n’y avaitaucune relation officielle entre les deuxpays. Cela ne veut pas dire qu’il n’y avaitpas de contacts, mais que la Suisse officiellen’en n’a gardé aucune trace. C’est l’histoirede cette relation informelle que je me suisefforcé de reconstituer à partir des archivessoviétiques. Et de ce point de vue, le faitd’être resté relativement longtemps sur

place a constitué un atout indéniable. J’aieu le temps de fouiller dans le bas des pages,de m’intéresser à des problématiques quin’avaient a priori pas forcément de rapportdirect avec mon sujet et de composer avec lestracasseries administratives ou les“réunions spontanées” du personnel. Etresur le terrain, pouvoir toucher ces docu-ments, sentir cette atmosphère si particu-lière s’est par ailleurs avéré une aventurefantastique, un bonheur comparable à celuiqu’on éprouve enfant lorqu’on fouille dansun grenier.»Des archives consultées par le cher-cheur, dont le dépouillement et l’ana-lyse devraient suffire à l’occuper durantles cinq prochaines années, il ressortclairement que, pour les Russes, l’objec-tif n’est pas tant de recruter de nou-veaux communistes en Suisse que d’yétablir des réseaux de relations suscep-tibles d’accréditer l’idée que le régimeest fréquentable. Afin d’être en mesurede défendre les intérêts de ses ressortis-sants à l’étranger et de récupérer l’en-semble des avoirs nationalisés durant la

Révolution, Moscou court en effet aprèsune plus large reconnaissance interna-tionale. Mais la Suisse est rétive.Fédéraliste, polyglotte et disposant d’unréseau médiatique tentaculaire, chaquevillage ou presque ayant son journal,elle est surtout foncièrement anticom-muniste. Et les rares individus qui osentbraver le consensus sont rapidementramenés dans le droit chemin par lapression de leurs concitoyens. Boycott,licenciement, refus de prêt bancaire:tous les moyens paraissent appropriéslorsqu’il s’agit de fermer la porte auxsoviets. «Durant tout l’entre-deux-guerres,la pression sociale est telle à l’intérieur de laConfédération qu’il n’y a aucune alternativeà la pensée dominante, complète Jean-François Fayet. Si bien qu’au lendemain dela Seconde Guerre mondiale, lorsque com-mence la Guerre froide, les Suisses sont prêtsdepuis presque trente ans à faire face.» ■

Vincent Monnet

re de l’URSS

«Me faire voir ces documents, c’étaitun peu comme partager des lettresd’amour de jeunesse avec un inconnu»

Moscou

Suède

Norvège

Finlande

Ukraine

Kajastan

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Campus N° 77

recherche dossier l’invité extra-muros étudiants actualitésparcours

Bien qu’il ne soit pas préparé à ce genre de demandes, le pharmacien estsouvent le premier recours du patient: il donne des conseils médicaux,

fait de la prévention et redirige les personnes en détresse. Une nouvelleformation continue universitaire a été pensée pour lui venir en aide

La scène se passe dans une pharmacie.Une femme très maigre veut obtenir unmédicament, mais c’est impossible.Elle n’a pas l’ordonnance requise. Elles’agite. Le ton monte. L’employée del’officine s’efforce de rester calme, maisla dame s’énerve et se met à crier. Elletremble, visiblement en manque dedrogue. Impuissants, les collègues de lapharmacienne finissent par appeler unmédecin.Cet épisode illustre tout le paradoxe despharmaciens d’officine. Certes, ilsacquièrent de solides connaissancesscientifiques. Ils sont incollables surtoutes les questions touchant à la chi-mie, la botanique, l’immunologie ou labactériologie. Mais il leur manque cer-taines armes pour faire face à leur pra-tique quotidienne. «Dans nos sociétés, laprécarité est de plus en plus grande,explique Sabina Sommaruga, pharma-cienne à Genève et coauteure d’un rap-port sur la formation continue dans laprofession*. Comment se comporter face àune situation de détresse? L’expérience et lebon sens ne suffisent pas toujours. D’autrepart, de plus en plus de clients demandentdes conseils d’ordre médical. Les franchisesd’assurance sont de plus en plus élevées et ilshésitent avant de prendre rendez-vous chez lemédecin. Nous devons impérativement leurapporter une réponse adéquate.»

Derrière le comptoir«L’université n’a pas pour rôle de dispenserune formation professionnelle, estimequant à lui Jean-Luc Veuthey, professeuren pharmacie à l’Ecole de pharmacieGenève Lausanne (EPGL). Elle est là pourformer des chercheurs.» S’il est vrai que lamoitié des étudiants se destine à la

recherche et à l’industrie pharmaceu-tique, l’autre moitié se retrouve bel etbien derrière un comptoir, face auxclients. Bien sûr, il existe une formationcontinue à destination des pharma-ciens depuis longtemps. Elle offre desmatières telles que la comptabilité ou lagestion du personnel. Mais elle ne suffitpas à résoudre le malaise qui granditdans la profession.

Lacunes et besoinsC’est pourquoi, il y a dix-huit mois,le service de formation continuede l’Université de Genève réali-sait l’étude évoquée ci-dessus*afin de déterminer les lacuneset les besoins du pharmaciend’officine et de mettre surpied une formation continueadéquate (lire ci-contre). Lerésultat? «Un consensus impres-

sionnant (100% des répondants) s’est d’em-blée dégagé sur le fait qu’en dehors de lavente de médicaments et du conseil sur le bonusage de ceux-ci (…), les pharmaciens doiventêtre des professionnels de santé capables defaire face de manière compétente à unensemble de problèmes qui

Pharmacie:quand le client devien

La formations’adapte

> En janvier 2006, une nouvelle formationcontinue universitaire s’ouvrira à l’inten-tion des pharmaciens désireux de déve-lopper leur pratique professionnelle. Cecertificat en «pharmacie clinique et santépublique» a pour objectif d’apporter auxprofessionnels concernés des connais-sances en matière de médecine clinique,de santé publique, de réseaux de santé et de problèmes psychosociaux.

> D’une durée de 150 heures réparties sur deux ans, le programme peut sesuivre en cours d’emploi. L’enseignementest volontairement interactif avec desétudes de situations réelles, des ateliers,des interventions d’experts, des travauxde groupe ou des débats.

> Les thèmes abordés reflètent notam-ment le souci d’une meilleure connais-sance clinique: plan de vaccination chezl’enfant, hyperactivité, VIH, contraceptiond’urgence, contrôle du poids, hyperten-sion, solitude, adhésion du patient au trai-tement, dépression ou santé au travail.

> Le programme complet (mais non encore définitif puisqu’il doit encore être approuvé par un certain nombre d’instances décisionnelles) peut être demandé auprès de sabina [email protected]

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recherche dossier l’invité extra-muros étudiants actualitésparcours

t un patient

dépassent la question du médicament», sti-pule le rapport.Les chercheurs ont identifié quatreaxes de compétences à améliorer. Lepremier est clinique. «Le pharmacien doitrépondre à des questions de santé, de méde-cine, mais sans jouer au médecin», expliqueAndré Rougemont, professeur et direc-teur de l’Institut de médecine sociale etpréventive et responsable de la nou-velle formation continue. Le deuxièmeporte plutôt sur des problématiquespsychosociales. «Comment recevoir untoxicomane, un malade du sida ou une

dame âgée qui raconte que son mari ne selève plus? Vers quel organisme les diri-ger?»,interroge André Rougemont.Le troisième axe concerne unemeilleure connaissance du réseaumédico-social de proximité, et des orga-nismes de recours (médecin, EMS, liguesde la santé), à même de répondre auxproblèmes qu’on pose au pharmacienmais pour lesquels il n’est pas armé.Enfin, le dernier axe a trait à toutes lesquestions liées à la prévention et auxgrandes questions de santé publique.«Derrière toute cette discussion, il y a une

interrogation éthique, souligne AndréRougemont. C’est comme pour le médecin,qui doit en premier ne pas nuire ou pourl’ingénieur à qui l’on demande de construireun barrage qui ne se rompe pas.» ■

Fabienne Bogadi

* «La pharmacie d’officine comme lieu de premierrecours du système de santé», par Jean-DanielRainhorn, Andréa Isenegger, Daniel Muscionico, SabinaSommaruga, Université de Genève, mars 2005.

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Campus N° 77

recherche dossier l’invité extra-muros étudiants actualitésportrait

Margot a du tempérament, de l’ambi-tion et n’aime pas rester inactive. Troisraisons a priori banales d’entreprendredes études supérieures. Sauf qu’à la dif-férence de ses camarades de promotion– nés pour la plupart entre les années70 et 80 – Margot Wahl a vu le jourdurant l’entre-deux-guerres, en Prusseorientale. Deux fois grand-mère, ellearpente aujourd’hui les travées del’Université de Genève, où elle poursuitun cursus en Faculté de théologie. Elledémarre à la rentrée sa troisièmeannée, avec un baccalauréat à la clé.Son but? Obtenir un doctorat, ni plus nimoins. «Avec un mari physicien, deux filsmédecins et un chercheur en biologie molé-culaire, je suis l’une des dernières de lafamille sans doctorat. Mais je les avais aver-tis: Maman l’obtiendra aussi un jour!»s’amuse-t-elle, une pointe d’accent ger-manique dans la voix.

Tripoli, Hambourg, GenèveLes vraies raisons de ce choix sont enréalité ailleurs: «C’était dans la logique demon parcours, explique l’étudiante auregard clair, en agitant des mains quiracontent l’histoire de sa vie. Je me suistoujours intéressée à la philosophie, lascience – la physique plus précisément – et lareligion. Pour moi, ces trois disciplines repré-sentent des voies complémentaires vers unemeilleure compréhension du sens de la vie.»Face à cet objectif, la démarche que vasuivre Margot tout au long de son exis-tence est simple: elle fera une choseaprès l’autre. A l’âge de s’inscrire àl’Université, Margot choisit, elle, de par-tir. A 22 ans, elle a soif d’inconnu et derencontres. Ainsi, après s’être intéres-sée aux langues et au journalisme, ellepart plus de deux ans en Libye, pour tra-vailler au Ministère de l’économie.«C’était l’époque du roi Idriss, une périodepas toujours facile pour une jeune filleseule.» Refusant les demandes en

mariage qui lui parviennent ennombre, elle décide finalement de reve-nir en Europe afin de fonder unefamille.Retour à Hambourg et nouveau cap: lascience. Au moment où s’y construit uncentre de recherches de particules élé-mentaires, elle frappe à la porte de

l’Institut de physique de l’Université dela ville. «J’ai pris le bus, j’ai dit bonjour, jesuis Margot, je m’intéresse à ce que vousfaites.» Passé l’étonnement, les diri-geants du centre l’embauchent. Margottravaille pendant quatre ans commeassistante du directeur de la recherche.Elle jette les bases d’un bureau des rela-tions publiques pour l’Institut et meten place un journal. Elle épouse à cettepériode un physicien, qui, recruté parle CERN, vient s’installer à Genève.Margot et sa famille vivent depuis dansune maison au jardin fleuri de la ban-lieue genevoise.Ses trois enfants devenus grands,Margot s’attaque à un autre de sescentres d’intérêt: la religion. Elle pro-pose sa candidature au Conseil œcu-

CULTURERota farceur

Les Activités culturelles de l’Universitéinvitent le Conservatoire de musique, la

Haute Ecole d’arts appliqués et leDépartement de musicologie de

l’Université à unir leurs talents pourprésenter «Le Chapeau de paille

d’Italie», un opéra de Nino Rota, d’aprèsune pièce d’Eugène Labiche. Les repré-

sentations auront lieu dimanche 23,mardi 25 et mercredi 26 octobre à 20h

au Bâtiment des Forces Motrices.Activités culturelles, 4, rue de Candolle, 1211 Genève,

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au 2 février. Elles sont ouvertes auxjoueurs débutants, moyens et avancés.

Le dernier délai pour l’inscription au 1ercours est fixé au 2 novembre 2005.

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Semaines de glisseLe traditionnel camp de ski de Zermatt

se tiendra du 9 au 14 janvier 2006. Laclôture des inscriptions est fixée aumardi 19 novembre 2005. Prix: étu-

diants 740 francs/ anciens 960 francs/autres 1100 francs. La semaine à Crans-Montana se tiendra pour sa part entre

le 6 et le 11 mars 2006. La clôture desinscriptions est fixée au 4 février 2006.

Prix: étudiants 500 francs/anciens700francs. Ces tarifs comprennent le

voyage, l’abonnement sur tout ledomaine skiable, l’hôtel en demi-pen-

sion, ainsi que des cours de ski parmoniteurs diplômés. Le camp de Saint-Moritz est reporté. Pour plus de détails,une séance d’information sera organi-

sée le mardi 8 novembre à 18 h 30,UNI-Mail, salle R 170.

Bureau des sports, 4, rue de Candolle 1211 Genève,Tél. 022/379 77 22, e-mail: [email protected], Internet:

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Etudier à 70 ans,Deux fois grand-mère, Margot Wahl poursuit des étudesde théologie à l’Université. Elle vise un doctorat après une vie déjà bien remplie. Rencontre

DR

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Université de Genève

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recherche dossier l’invité extra-muros étudiants actualitésportrait

ménique des Eglises, où elle travaillerajusqu’à la retraite, en 2003. Une cessa-tion d’activité professionnelle qui cor-respond au moment idéal pour entre-prendre des études: «Je veux aujourd’huiacquérir le background académique corres-pondant à ce que j’ai fait en pratique toutesces années, afin de situer mes expériencesdans un contexte historique plus large etmieux les communiquer.» Apprendre àpresque 70 ans? «Aucun problème, répondl’intéressée. Ce n’est pas plus difficile d’ap-prendre aujourd’hui qu’hier. Je pense que mamémoire est intacte, d’autant plus que je lasollicite beaucoup.» Margot est en effet

très active et quand elle n’a pas l’occa-sion de voyager, elle correspond avec lemonde entier depuis son ordinateurportable.A l’université: sociologie, psychologie,philosophie, histoire, langues mortes…Ce programme chargé ne l’effraie pas.

Au contraire. Son seul souci est qu’ellene parvienne pas à se concentrer suffi-samment sur ses études: «Quand les petits-enfants sont là, il n’est plus question que j’ap-prenne l’hébreu.» Elle déplore néanmoinschez elle une certaine paresse qui lui avalu son premier échec scolaire. «Cetteannée, j’ai raté un examen de grec. Mêmemon examen de conduite, je l’avais eu du pre-mier coup!» Sa seule consolation: «La plu-part des étudiants “normaux” ont eux aussiéchoué», plaisante-t-elle.Avec ces derniers, ses relations sontd’ailleurs excellentes. Au début de soncursus, Margot se tenait en retrait, à

cause de son statut de «doyenne». Ellen’avait aucune appréhension à l’idée dese retrouver dans ce milieu, elle ne sou-haitait simplement pas s’imposer: «Jevoulais voir comment ça se passait. Mais trèsvite, les étudiants et les professeurs sont venusvers moi. Depuis, certains, qui pourraient être

mes enfants, sont devenus de vrais amis. Ilsviennent souvent à la maison.» Au centredes discussions: les cours, les examens,mais aussi la vie en général.

Elargir l’horizonAvec les conférences qu’elle donnedepuis des années – une activité qu’ellepoursuit en parallèle à ses études –,Margot a l’occasion de s’adresser à despublics très variés. Elle a même retrouvésur les bancs de l’Université des étu-diants à qui elle s’adressait du temps deses activités au Conseil œcuméniquedes Eglises.Quant aux professeurs, ils ne font pas dedifférence de traitement entre Margotet le reste des étudiants. «Bien sûr, audébut, ils étaient un peu surpris que je donnemon opinion et que je la défende. Une atti-tude qui n’est pas toujours celle des jeunesétudiants.» Le prochain défi de Margot?«J’aimerais simplement continuer ce que jefais, explique-t-elle. Communiquer avec lesgens, pour mieux nous comprendre et nousrespecter. Elargir mon horizon en apprenanttoujours plus. Et puis, quand j’aurai 90 ans,je me teindrai les cheveux en rouge carotte,j’achèterai une Porsche vert foncé, et j’iraifaire de l’archéologie. Je veux m’asseoir dansle sable, déterrer des petits débris de choses, etréfléchir longtemps.» ■

Pierre Chambonnet

ou l’art de faire une chose après l’autre

«Quand j’aurai 90 ans, je me teindrai les cheveux en rouge carotte, j’achèterai

une Porsche vert foncé et j’irai faire de l’archéologie»

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Université de Genève

recherche dossier l’invité extra-muros carrière actualitésà lire

Ecrit par le rédacteur en chef du quotidien Le Courrier, MarcoGregori, et la journaliste indépendante Sophie Malka, cetouvrage retrace l’affaire Rylander qui a défrayé la chroniquegenevoise durant près de cinq ans. Le Suédois Ragnar Rylander,qui a occupé une place de professeur à la Faculté de médecinede l’Université de Genève à temps partiel, s’est intéressé entreautres à l’influence sur la santé de la fumée passive. Dans uneconférence de presse tenue le 29 mars 2001, Jean-CharlesRielle, médecin, et Pascal Diethelm, ancien cadre de l’OMS,l’accusent d’être à la solde du fabricant de cigarettes PhilipMorris et de s’être rendu responsable de fraude scientifique. Lechercheur suédois attaque ses deux détracteurs pour diffama-tion. Ainsi commence un imbroglio juridico-scientifique quise termine par l’acquittement de Jean-Charles Rielle et PascalDiethelm en décembre 2003 et la publication par l’Universitéde Genève du rapport de la Commission d’enquête d’établis-

sement des faits en octobre de l’annéesuivante. L’Université est souvent pré-sentée dans le livre comme un frein à larecherche de la vérité, une institutionqui, sans s’opposer aux deux Genevois,ne leur facilite pas pour autant la tâche.A la fin de l’ouvrage Ragnar Rylanderrevient, lors d’une interview, sur cetteaffaire qui a mis en évidence ses activi-tés secrètes de consultant à la solde destabagistes. Ce travail journalistique aété commandé par les associations

CIPRET et OxyGenève dont les responsables respectifs sontJean-Charles Rielle et Pascal Diethelm. A.Vs«Infiltration, une taupe à la solde de Philip Morris», par Sophie Malka et MarcoGregori, Editions Georg, 2005, 170 p.

Après la barque pleine, lacoquille vide: fortementcritiquée durant laDeuxième Guerre mon-diale, la politique d’ac-cueil de la Suisse ne faitpas meilleure figuredurant la seconde partiedu siècle. C’est ce quedémontre cet ouvrage col-lectif réalisé sous la direc-

tion de Hans Mahnig, politologue suissedécédé en 2001. Enjeu considérable danspresque tous les pays occidentaux, l’im-migration occupe aussi le devant de la

scène politique suisse depuis des décen-nies. A raison puisque le pays a connu undes taux d’immigration les plus élevésd’Europe au cours du XXe siècle. LaConfédération n’est pourtant jamaisparvenue à élaborer une politique d’in-tégration cohérente, les mesures adop-tées répondant surtout aux exigences del’économie. Conséquence: une politiqueau coup par coup, reposant sur une séried’accords bilatéraux plutôt restrictifs etdestinés à éviter l’Uberfremdung tantredouté par certains. La donne changeau cours des années 80. Mondialisation oblige, la population

immigrée se fait plus nombreuse et plushétérogène, tandis que les formationsd’extrême droite se crispent sur leurspositions xénophobes. Soucieuse des’adapter aux normes internationales enmatière de droits de l’homme, la classepolitique nationale reprend un momentl’initiative, mais les résultats obtenus nesont guère convaincants, le modèle «destrois cercles», qui s’impose dans lesannées 90, se voyant rapidementcontesté sans qu’une alternative par-vienne à émerger. VM«Histoire de la politique de migration, d’asile et d’inté-gration en Suisse depuis 1948», sous la direction deHans Mahnig, Editions Seismo, 2005, 468 p

La santé, un droit mal partagéReconnu comme un droitfondamental, l’accès à lasanté reste fort mal par-tagé à l’échelle de la pla-nète. Dans un monde oùles disparités entre paysriches et pauvres augmen-

tent chaque jour, de très larges frangesde population se voient privées de trai-tements efficaces faute de moyens éco-nomiques. Ainsi, si l’espérancemoyenne de vie dans les pays industria-lisés dépasse aujourd’hui les 80 ans,elle stagne en dessous de 40 ans dansles pays les plus démunis d’Afrique. Demême, 98% des 10,5 millions des

enfants de moins de 5 ans décédés en2002 vivaient dans les pays en voie dedéveloppement, tandis qu’en Afriquesubsaharienne, seuls 50 000 des 4 mil-lions de personnes touchées par le sidabénéficieraient d’une thérapie anti-rétrovirale. Aboutissement du cycle deconférence «Santé, droits de l’hommeet mondialisation» conçu par le Forumde l’Université de la Société acadé-mique de Genève et lancé en octobre2002, ce premier tome réalisé sous ladirection de Yaël Reinharz Hazan etPhilippe Chastonay est un appel auxconsciences. Par le biais d’une série decontributions émanant de personnali-

tés telles que Bernard Kouchner, Rony Brauman, Stephen Marks ouMary Robisnon, il vise à sensibiliseracteurs politiques, travailleurs sociauxet citoyens aux implications éthiques,politiques et économiques de la mon-dialisation en matière de santé. Destextes à méditer sans réserve, en atten-dant les deux volumes suivants quiseront respectivement consacrés aux nouvelles formes d’insécurité et aux violences politiques (lire égale-ment Campus n°62). VM«Santé et droits de l’homme. Les maladies de l’indif-férence (vol. 1)», sous la direction de Yaël ReinharzHazan et Philippe Chastonay, Editions Médecine ethygiène, 2004, 262 p.

Affaire Rylander: le livre

Immigration: la Suisse pilote à vue

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Campus N° 77

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La tête dans les étoiles

> Ariel Ruiz i Altaba etGregor Thut primés par la Fondation LeenaardsDeux chercheurs de la Faculté de médecineont été distingués, le 16 juin dernier, à l’oc-casion de la remise du Prix Leenaards pourla promotion de la recherche scientifique2005. Il s’agit du professeur Ariel Ruiz iAltaba, connu notamment pour ses tra-vaux sur les cancers de la prostate, de lapeau et les tumeurs du cerveau, ainsi quedu docteur Gregor Thut, spécialiste del’imagerie fonctionnelle du cerveau. Lesdeux lauréats partageront, dans le cadre deleurs collaborations respectives,700000francs suisses sur trois ans, afin dedévelopper leurs recherches sur le fonc-tionnement du cerveau. Le professeur Ruizi Altaba se focalisera sur le rôle des cellulessouches dans la construction et le main-tien des structures cérébrales, tandis queGregor Thut s’intéressera à la façon dontnos cinq sens interagissent pour améliorernos performances quotidiennes.

> Laurent Miéville, devientvice-président de l’ ASTPLaurent Miéville, responsable du Bureaude transferts de technologies et de com-pétences de l’Université de Genève(Unitec), a été nommé vice-président del’Association des professionnels euro-péens de science et de transferts de tech-nologies (ASTP). Cette institutionregroupe plus de 350 professionnels actifsdans le transfert de technologies dans260 institutions et 32 pays. Son principalobjectif est de développer et de rendreplus professionnel le transfert de techno-logies entre la recherche de base euro-péenne et l’industrie. La nomination d’unreprésentant de l’Université de Genève àun tel poste apporte une reconnaissanceinternationale aux efforts déployés depuis1998 par l’institution genevoise au traversd’Unitec, son bureau de transferts detechnologies. Elle ouvre, par ailleurs, lavoie à l’obtention d’un savoir-faire inéditen matière de valorisation des connais-sances scientifiques.

Décès du professeurPietro BalestraProfesseur honoraire de laFaculté des SES, ancien directeurdu Département d’économétrieet ancien président de la Sectiondes sciences économiques, leprofesseur Pietro Balestra estdécédé jeudi 23 juin dernier àl’âge de 70 ans. Après un PhD inEconomics en 1965 à Stanford,Pietro Balestra a été nommé pro-fesseur en économétrie àl’Université de Fribourg. En 1980,il a rejoint Genève pour succéderau professeur Luigi Solari (titu-laire de la première chaire enéconométrie en Suisse et fonda-teur du Département d’écono-métrie). Chercheur de renom-mée internationale doté degrands talents pédagogiques etde qualités humaines reconnues,le professeur Balestra a forte-ment contribué au rayonnementde la Faculté des SES, ainsi qu’audéveloppement de l’économé-trie. Après sa retraite genevoise,en 2000, il avait choisi de pour-suivre son activité d’enseigne-ment et de recherche au sein dela Faculté des Sciences écono-miques de la jeune Université dela Suisse italienne de Lugano,dont il a été l’un des membresfondateurs.

Dans le cadre de l’année mondiale de la physique,la compagnie Miméscope présentera, du 21 octobre au 4 novembre dans la salle de spectacle des Activités cultu-relles de l’Université, une série de 19 représentations de«Au Fil des étoiles». Evoquant la vie et la mort des étoilesà la manière d’un conte, ce spectacle créé en janvier 2005au théâtre du Forum Meyrin, mêle narration, images vertigineuses, chorégraphies et musique. A l’issue de

certaines représentations, la Passerelle permettra par ailleurs à des chercheurs de mettre en lumière un domaine particulier de leur discipline en dialoguantdirectement avec le public à la manière de ce qui se fait durant les cafés des sciences.Renseignements: [email protected], www.mimescope.ch, 022 379 73 94

Le coin des ré

Une chaire Jean Monnet pour Christine KaddousProfesseure à la Faculté de droit et directrice du Centre d'études juridiques euro-péennes, Christine Kaddous s'est vu attribuer une chaire Jean Monnet pour une pério-de de cinq ans. Financée par la Direction générale de l'éducation et de la culture de laCommission européenne, elle permettra notamment à Christine Kaddous d’organiserdiverses conférences et autres actions contribuant au débat sur l'Europe.

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recherche dossier l’invité extra-muros carrière actualitésen bref

Du 3 au 23 octobre, l’Université s’expose au Centre commercialde la Praille. Soucieuse d’établir une relation de confiance entrela société et la science, de démocratiser l’accès aux études etd’aiguiser la curiosité du grand public, l’alma mater genevoiseprésente dans ce cadre inédit une série de photographies illus-

trant ses diverses recherches. Un certain nombre d’animationsludiques complètent le programme: un atelier de lévitation, unedégustation de glaces à l’azote, des contes égyptiens et desspectacles de marionnettes.Renseignements: www.unige.ch, www.la-praille.ch

L’Université s’expose à la Praille

Le 2 septembre 2005, à Hong Kong, le pro-fesseur Michel Mayor s’est vu récompensépar le Prix annuel d’astronomie de laFondation Shaw, pour avoir découvert etcaractérisé les orbites et les masses des pre-mières planètes circulant autour d’autresétoiles, révolutionnant ainsi notre compré-hension des processus qui président à laformation des planètes et des systèmes pla-nétaires. C’est en ces termes, pour le moinsélogieux, que la Fondation d’origine chi-noise salue les travaux historiques du cher-cheur basé à l’Observatoire de l’UNIGE ainsique ceux de son homologue nord-améri-cain Geoffrey Marcy. Accompagné d’unmontant d’un million de dollars, que MichelMayor devra partager avec son homologuenord-américain, Geoffrey Marcy, égalementprimé, le Prix Shaw s’inscrit dans le cadre detrois récompenses du même type, respecti-vement destinées à honorer des travauxexceptionnels dans les domaines de l’astro-nomie, de la médecine et des sciences de lavie ainsi que des mathématiques. Etabliessous les auspices de M. Run Run Shaw, cesdistinctions visent à primer des individus

qui ont accompli une importante décou-verte dans le monde scientifique, mis aupoint une application d’envergure ou dontles recherches ont eu un impact profondsur le bien-être de l’humanité. Selon lecomité de la Fondation Shaw, des travauxtels que ceux des professeurs Mayor etMarcy annoncent l’émergence d’un nouvelâge d’or de l’astronomie au XXIe siècle.Alors que les outils des disciplines tradi-tionnelles seront amenés à résoudre lesgrandes questions de l’astrophysique, denouvelles fenêtres sur l’Univers s’ouvrirontvia l’utilisation des neutrinos et de la radia-tion gravitationnelle pour explorer desconfigurations inédites de la matière et del’énergie, jusque-là inaccessibles aux labo-ratoires terrestres. A l’image des résultatsobtenus par le prof. Mayor et son équipe,les astronomes de l’Observatoire del’UNIGE œuvrent au cœur de ces nouveauxdéfis scientifiques.

> Gisou van der Goot etDominique Soldati-Favrereçoivent une bourse Howard HughesLes professeures Gisou van der Gootet Dominique Soldati-Favre ont été sélec-tionnées parmi 500 candidats issus de 62 pays en vue de l’obtention d’unebourse Howard Hughes Medical Institute.Les deux chercheuses du Départementde microbiologie et de médecine molécu-laire bénéficieront chacune d’un montantde 400 000 dollars sur une période decinq ans pour poursuivre leurs travaux.Gisou van der Goot s’efforce de parvenir à une meilleure compréhension desmécanismes permettant à la toxine del'anthrax de retarder les réponses immu-nitaires habituelles. Dominique Soldati-Favre projette pour sa part de caractériserles protéases grâce auxquelles unefamille de protozoaires, appelésApicomplexa, s'attache à des celluleshôtes et les infecte. Et ce, en s’appuyantsur Plasmodium falciparum, le parasiteresponsable de la malaria.

Accordsde collaborationDeux nouveaux accords de collaboration entre l’Université de Genève et des universités étrangères ont été signés par le recteur André Hurst.Le premier établit les bases d’une collaboration avec l’Université nationa-le centrale de Taïwan, le second – qui concerne plus particulièrementl’Ecole de traduction et d’interprétation – avec l’Université linguistique de Moscou. Cette collaboration perpétue un accord déjà existant entrel’Ecole de traduction et l’Institut de traduction Maurice Thorez, ancienneappellation de l’Université linguistique de Moscou.

compenses> Michel Mayor, lauréat de la Fondation Shaw

Le RUIG boucle son 5e appel d’offresLe Réseau universitaire international de Genève(RUIG) a approuvé neuf projets de recherchedans le cadre de son 5e appel d'offres. Chaqueprojet s'inscrit dans une des thématiques priori-taires du RUIG: le développement durable, lesrelations sociales équitables, la mondialisation,le dialogue interculturel et les droits humains.Le montant des subsides attribués à ces projetsavoisine les 2 millions de francs. La date limitede soumission pour le 6e appel d'offres est fixéeau 5 avril 2006 (instructions disponibles sur le site www.ruig-gian.org).

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SCIENCES> Abächerli, VitalImprovement of workability andsuperconducting properties ofhigh tin content (Nb, Ta, Ti)[3 souscrit]Sn bronze route wiresTh. phys. Genève, 2005; Sc. 3590Directeur de thèse:Professeur René Flükiger

> Akzaz, AbderrahmanTests séquentiels pour des distributions angulairesTh. math. Genève, 2004; Sc. 3589Directeur de thèse: Professeur F. Streit

> Aubert, LaurentLes feux de la déesse: rituels villageois du Kerala (Inde du Sud)Th. anthropol. Genève, 2004;Sc. 3548Directeur de thèse:Professeur André Langaney

> Baertschiger, ThierryNon-linear structure formation inthe gravitational "N"-body problemTh. phys. Genève, 2004; Sc. 3563Directrice de thèse:Professeure Ruth Durrer

> Blanc, AurélienOrthogonalité chromatique: réactions sélectives contrôlées par la longueur d'onde et développement de groupes protecteurs photolabilesTh. chim. Genève, 2004; Sc. 3560Directeur de thèse:Professeur Alexandre Alexakis

> Condevaux-Lanloy, ChristianExtension de l’interface entre langages de modélisation et codesd’optimisation: application à la programmation stochastiquemulti-étape linéaire et non linéaireTh. inform. Genève, 2004; Sc. 3562Codirecteurs de thèse:Professeur Bastien Chopard,Professeur Jean-Philippe Vial

> Feki, AnisMolecular characterizationof tumor suppressor gene BARD1function in development and tumor suppressionTh. biol. Genève, 2004; Sc. 3567Directeur de thèse:Professeur Karl-Heinz Krausewww.unige.ch/cyberdocuments/theses2004/FekiA/meta.html

> Ferrand, AlexandreSubstitutions énantiosélectives sur des acétals «méso» et des «gem»-diacétates prochirauxTh. chim. Genève, 2004; Sc. 3554Directeur de thèse:Professeur Paul Müller

> Gilardoni, Simone SilvanoStudy of particle production andcapture for a neutrino factoryTh. phys. Genève, 2004; Sc. 3536Directeur de thèse: Professeur Alain Blondel; codirectrice: DocteurAlessandra Lombardi (CERN, Genève -Accelerators and Beams Division)

> Hasler, Claude-AlainGeometry and internal disconti-nuities of an Ypresian carbonatereservoir (SIT field, Tunisia)Th. sc. Genève, 2003; Sc. 3430Directeur de thèse:Professeur Eric Davaud

> Jaquet, YannisFunctional dissection of Su(var)3-7, a heterochromatic proteinfrom DrosophilamelanogasterTh. biol. Genève, 2004; Sc. 3558Directeur de thèse: Professeur Pierre Spierer, codirectrice:Docteur Marion Delattre

> Jorry, StephanThe Eocene nummulite carbonates(central Tunisia and NE Libya):sedimentology, depositional environments, and applicationto oil reservoirsTh. sc. terre Genève, 2004; Sc. 3540Directeur de thèse:Professeur Eric Davaud,codirecteur: Docteur Bruno Calinewww.unige.ch/cyberdocuments/theses2004/JorryS/meta.html

> Koval, OleksiyStochastic image modeling in data hiding applicationsTh. inform. Genève, 2004; Sc. 3559Codirecteurs de thèse: ProfesseurThierry Pun, Professeur SviatoslavVoloshynovskiy, professeur adjointsuppléant

> Leboulanger, BenoîtEvaluation de l’ionophorèse inver-sée comme méthode non invasivepour le monitoring thérapeutiqueTh. pharm. Genève, 2004; Sc. 3504Directeur de thèse: Professeur Richard Guy, codirectrice Docteur Maria Begoña Delgado-Charrowww.unige.ch/cyberdocuments/theses2004/LeboulangerB/meta.html

> Legré, MatthieuMétrologie des fibres optiquesbasée sur la physique quantiqueTh. phys. Genève, 2004; Sc. 3570Directeur de thèse:Professeur Nicolas Gisinwww.unige.ch/cyberdocuments/theses2004/LegreM/meta.html

> Le Guern, PierreCaractérisation pétrographique et pétrotexturale des éolianitesholocènes et pléistocènesTh. sc. terre Genève, 2004; Sc. 3574Directeur de thèse:Professeur Eric Davaudhttp://www.unige.ch/cyberdocuments/theses2004/LeGuernP/meta.html

> Liu, YanwenMeasurement of the cross sectionfor production of prompt diphotonin [p-pbar] collisions at[sqrt(s)]=1.96 TeVTh. phys. Genève, 2004; Sc. 3571Directeur de thèse:Professeur Allan Geoffrey Clark

> Lopez Neumann, Victor GonzaloPrincipe de Hasse et courbes de genre 2Th. math. Genève, 2004; Sc. 3582Directeur de thèse:Professeur Daniel Coray

> Miljkovic-Licina, MarijanaFunctional analysis of evolutiona-rily-conserved regulatory genesinvolved in developmental plasti-city and neurogenesis in HydraTh. biol. Genève, 2004; Sc. no 3584Directeurs de thèse: Professeur Pierre Spierer, Docteur Brigitte Galliot

> Moll, ThomasThe role of the «Yaa (Y-linkedautoimmune acceleration)»mutation and the Fc gammareceptor type IIB (FcgRIBB) inthe control of lupus-likeautoimmune responses in MiceTh. biol. Genève, 2004; Sc. 3552Directeur de thèse: Professeur Shozo Izui, codirecteur: Professeur Duri Runggerwww.unige.ch/cyberdocuments/theses2004/MollT/meta.html

> Rollason Gumprecht, VictoriaMichèlePain in the elderly patient: anupdated review of current researchand therapeutic practice: futureperspectives suggested by novelexperiments with tramadolTh. pharm. Genève, 2003; Sc. 3473Directeur de thèse: Professeur PierreDayer, codirecteurs: Professeur Jean-LucVeuthey, Professeure Nicole Vogt

> Riegert, DavidDésymétrisations énantiosélectivesdes aziridines et cyclopropanes«méso» spiroactivésTh. chim. Genève, 2004; Sc. 3553Directeur de thèse:Professeur Paul Müller

> Saad, Maged MohamedAbdel-HalimProteomics of type-three secretedproteins of «rhizobium» sp.NGR234 helps unravel the secretsof legume-«rhizobium» interactionsTh. biol. Genève, 2004; Sc. 3583Directeur de thèse: Professeur William J. Broughton, codirecteur:Docteur William J. Deakin

NouvellesThèses

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> Schindl, MichaelPréparation et caractéristiques decouches biaxiales d’Yba2Cu3O7-�

déposées par pyrolyse d’aérosol surdes rubans d’Argent texturés et dessubstrats de SrTiO2(100)Th. phys. Genève, 2004; Sc. 3568Directeur de thèse:Professeur René Flukiger

> Selvaraju, RaghuramThe role of the secreted phosphoprotein osteopontinin regulation of central nervoussystem myelinationTh. biol. Genève, 2004; Sc. 3515Codirecteurs de thèse: Docteur UrsulaBoschert (Serono PharmaceuticalResearch Institute - Department ofImmunology), Professeur Jean-ClaudeMartinou

> Seuret, PatrickInteractions intermoléculaires etcohésion moléculaire: inhibiteursviraux, colonnes de séparationHPLC et microdépôts métalliquesTh. chim. Genève, 2004; Sc. 3433Codirecteurs de thèse: ProfesseurJacques Weber, Professeur JeanTronchet, professeur honoraire

> Sinha, Bhanu Nath ManueleThe molecular mechanism of host cell invasion byStaphylococcus aureusTh. biol. Genève, 2004; Sc. 3546Directeur de thèse: Professeur Daniel P. Lew, codirecteurs: Professeur Karl-Heinz Krause, Professeur Pierre Spierer

> Som, AbhigyanRigid-rod b-barrel pores as catalystsTh. chim. Genève, 2004; Sc. 3581Directeur de thèse: ProfesseurStefan Georg Jean-Petit-Matile

> Sordé, NathalieRigid-rod b-barrel pores as enzyme sensorsTh. chim. Genève, 2004; Sc. 3575Directeur de thèse: Professeur Stefan Georg Jean-Petit-Matilehttp://www.unige.ch/cyberdocuments/theses2004/SordeN/meta.html

> Taillefert, SergeFonction de Id et régulation de sonexpression au cours de l’embryoge-nèse chez Xenopus laevisTh. biol. Genève, 2004; Sc. 3572Directeur de thèse: ProfesseurJean-Claude Martinou; codirecteur:Docteur Georges Spohr

> Tarchini, BasileParalysis in spontaneous and engineered HoxD deletionsTh. biol. Genève, 2004; Sc. 3578Directeur de thèse:Professeur Denis Duboule

> Vinciguerra, ManlioNa+-sensing pathway in kidney col-lecting duct principal cells: controlof Na,K-ATPase expressionTh. biol. Genève, 2004; Sc. 3549Directeur de thèse: ProfesseurAlessandro Capponi, codirecteur:Docteur Eric Féraille

> de Weber, IvanVieillissement ou négligence de l’informatique moléculaireTh. biol. Genève, 2004; Sc. 3557Directeur de thèse:Professeur Didier Picard

> Zsenei, AndrásSearch for the B0d� ��K*0 Decayat CDF and Studies of ATLASSilicon Tracker ModulesTh. phys. Genève, 2004; Sc. 3510Directeur de thèse:Professeur Allan G. Clark

> Wattenhofer, Marie ElisabethJosianeNon-syndromic deafness on chromosome 21Th. biol. Genève, 2004; Sc. 3591Directeur de thèse: Professeur Stylianos E. Antonarakis, codirecteur:Professeur Ueli Schibler

MEDECINE> Antonelli, EricDétection échographique des collections liquidiennes après césarienne et hystérectomie etmorbidité postopératoire associéeTh. méd. Genève, 2004; Méd. 10412Directeur de thèse:Docteur Antoine Weil, privat-docenthttp://www.unige.ch/cyberdocuments/theses2004/AntonelliE/meta.html

> Ardu, StefanoEvaluation de l’adaptation internede moignons préprothétiquesadhésifs après test de fatigue in vitro: influence du matériau de fabrication du tenonTh. méd. dent. Genève, 2004; Méd. dent. 635Directeur de thèse: Docteur Didier Dietschi, privat-docent

> Boffi El Amari, EmmanuelleTraitement et pronostic des bacté-riémies à Pseudomonas aeruginosaTh. méd. Genève, 2004; Méd. 10406Directeur de thèse: Docteur Christian Van Delden, privat-docentwww.unige.ch/cyberdocuments/theses2004/BoffiElAmariE/meta.html

> Bugnon-Reber, Anne-ValérieEtude d’observation de l’utilisa-tion des antibiotiques en milieuhospitalier suisse romandTh. méd. Genève, 2004; Méd. 10410Directeur de thèse:Professeur Antoine de Torrentéwww.unige.ch/cyberdocuments/theses2004/Bugnon-ReberA-V/meta.html

> Büttner, Michael ThomasHaloperidol dans la préventionet le traitement des nausées et vomissements: une revue systématique des essais randomi-sés et contrôlésTh. méd. Genève, 2004; Méd. 10407Directeur de thèse:Doctor Martin R. Tramèr, privat-docenthttp://www.unige.ch/cyberdocuments/theses2004/BuettnerM/meta.html

> Dayer, RomainHémimélie tibiale: présentation de quatre casTh. méd. Genève, 2005; Méd. 10418Directeur de thèse:Professeur André Kaelinhttp://www.unige.ch/cyberdocuments/theses2005/DayerR/meta.html

> Favrod-Coune, ThierryEvaluation de l’impact à longterme d’un programmeexpérimental d’activité physiquede longue durée en groupe chez des patients diabétiques et cardio-vasculairesTh. méd. Genève, 2004; Méd. 10370Directeur de thèse:Professeur Alain Golayhttp://www.unige.ch/cyberdocuments/theses2004/Favrod-CouneT/meta.html

> Feki, AnisRôle de BARD1 comme suppres-seur de tumeur dans un modèleanimalTh. méd. Genève, 2004; Méd. 10401Directeur de thèse:Professeur Karl-Heinz Krausehttp://www.unige.ch/cyberdocuments/theses2004/FekiA/meta.html

> Galgano, CamilloEvaluation des propriétés biologiques et de scellement de 4 matériaux endodontiques = [In vitro evaluation of the biologi-cal and sealing properties of fourendodontic sealers]Th. méd. dent. Genève, 2005; Méd. dent. 636Directeurs de thèse: ProfesseurIvo Krejci, Docteur Serge Bouillaguet,privat-docenthttp://www.unige.ch/cyberdocuments/theses2005/GalganoC/meta.html

> Giannelli, SandraEvolution de la symptomatologieinitiale et survie des personnesâgées après implantation d’un stimulateur cardiaque définitifTh. méd. Genève, 2004; Méd. 10404Directeurs de thèse: Docteur Jean-Jacques Perrenoud, privat-docent,Docteur François Herrmann,privat-docentwww.unige.ch/cyberdocuments/theses2004/GiannelliS/meta.html

> Hechmati, GuyEpidémies de grippe: système d’information pour la prise de décision en santé publiqueTh. méd. Genève, 2004; Méd. 10392Directeur de thèse:Professeur André Rougemontwww.unige.ch/cyberdocuments/theses2004/HechmatiG/meta.html

> Inan, H. CigdemL’étendue de l’anesthésie rachi-dienne isobare influence-t-elle la durée et les conséquences hémodynamiques du bloc spinal?Th. méd. Genève, 2004; Méd. 10377Directeur de thèse: DocteurZdravko Gamulin, chargé de courshttp://www.unige.ch/cyberdocuments/theses2004/InanC/meta.html

Université de Genève

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Campus N° 77

MEDECINE> Jundt Herman, NicolePancréatite aiguë chez l'enfant: la nutrition entérale par sondenasojéjunaleTh. méd. Genève, 2005; Méd. 10416Directrice de thèse:Professeure Claude Le Coultrehttp://www.unige.ch/cyberdocuments/theses2005/JundtHermanN/meta.html

> Li, DongmeiImpact des antibiotiques et des déterminants de résistance sur l'expression et le contrôlemoléculaire des facteurs de virulence des souches nosoco-miales de «Staphylococcus aureus»Th. méd. Genève, 2005; Méd. 10419Directeurs de thèse:Professeur Daniel P. Lew,Docteur Pierre Vaudaux, privat-docenthttp://www.unige.ch/cyberdocuments/theses2004/LiD/meta.html

> Maggi, StefanoSyndrome coronarien aigu: analysedes délais dans la prise en chargeTh. méd. Genève, 2004; Méd. 10397Directeur de thèse: Docteur GuidoDomenighetti, privat-docentwww.unige.ch/cyberdocuments/theses2004/MaggiS/meta.html

> Miekountima, Léa-EdithLes effets bénéfiques de l’hydroxyu-rée dans l’anémie falciforme del’enfantTh. méd. Genève, 2004; Méd. 10400Directrice de thèse: Professeure Claire-Anne Seigristwww.unige.ch/cyberdocuments/theses2004/MiekountimaL-E/meta.html

> Ödman, Micaela LouiseInfluence de l'alimentation dansl'émergence de la lithiase salivaireTh. méd. Genève, 2005; Méd. 10414Directeurs de thèse:Docteur Francis Marchal, privat-docent,Professeur Willy Lehmannhttp://www.unige.ch/cyberdocuments/theses2005/OedmanM/meta.html

> Reverdin, StéphaneLa transplantation cardiaque:contexte et réorganisation àGenève, 1998-2001Th. méd. Genève, 2004; Méd. 10395Directeur de thèse: DocteurAfksendiyos Kalangos, privat-docentwww.unige.ch/cyberdocuments/theses2004/ReverdinS/meta.html

> Steiner, Anne-SylvieEvolution de la composition corpo-relle sur trois ans de sujets sainsâgés de plus de 65 ansTh. méd. Genève, 2004; Méd. 10409Directeur de thèse: Docteur Claude Pichard, privat-docentwww.unige.ch/cyberdocuments/theses2004/SteinerA-S/meta.html

> Vlastos, Anne-ThérèseExpression de la cycline B1 dansles lésions intraépithéliales du col utérinTh. méd. Genève, 2004; Méd. 10403Directeur de thèse:Professeur Paul Bischof

> Wong Christen, Cindy Wai YinPlatelet endothelial cell adhesionmolecules (PECAMs) and junctio-nal adhesion molecules (JAMs): differential cellular targeting andpermeability functionsTh. biol. Genève, 2004; Sc. 3499Directeur de thèse:Professeur Beat A. Imhof

LETTRES> Birchler, PatriziaL’iconographie de la vieillesse enGrèce archaïqueTh. lett. Genève, 2004; L. 559Directeur de thèse:Professeur Jean-Paul Descoeudres

> Pennone Autze, FlorenceEntwicklungslinien in PaulCelans Übersetzungspoetik: eineUntersuchung seiner Übertragun-gen der französischen DichterBenjamin Péret, GuillaumeApollinaire, Arthur Rimbaud, Paul Valéry, Jules Supervielle undAndré du BouchetTh. lett. Genève, 2004; L. 550Directeur de thèse:Professeur Bernard Böschenstein

SES> Garchery, StéphaneAnimation faciale temps réelmulti-plateformesTh. sc. écon. et soc. Genève, 2004;SES 569Directrice de thèse: Professeure Nadia Magnenat-Thalmann

> Leiggener, RéginaLes relations technologiqueslocales: une technologie médicaleentre convergences etdivergencesTh. sc. écon. et soc. Genève, 2004;SES 570Directeur de thèse:Professeur Antoine Bailly

> Rousset, MichelAspects controversés de l’imposi-tion des gains en capital: analysemulti-critères à partir du cas suisseTh. sc. écon. et soc. Genève, 2004;SES 576Directeur de thèse:Professeur Beat Bürgenmeier

> Sintes Vinent, JosepEssays on production and business cyclesTh. sc. écon. et soc. Genève, 2004;SES 560Directeur de thèse:Professeur Ulrich Kohliwww.unige.ch/cyberdocuments/theses2004/SintesVinentJ/meta.html

FPSE> Cronel-Ohayon, StéphanyEtude longitudinale d’une popula-tion d’enfants francophones pré-sentant un trouble spécifique dudéveloppement du langage: aspectssyntaxiquesTh. psychol. Genève, 2004; FPE 338Directeurs de thèse: Professeur PascalZesiger, Professeur Uli Frauenfelderwww.unige.ch/cyberdocuments/theses2004/Cronel-OhayonS/meta.html

IUHEI> Böhlen, NadiaLes sociétés allemande et françaiseface à l’immigration, 1945-1974Th. sc. pol. Genève, 2004; HEI 678Directeur de thèse:Professeur Philippe Burrin

> Brenninkmeijer, OlivierConflict prevention by the OSCEhigh commissioner on nationalminorities: its origins and develop-ment from 1992 to 2001Th. sc. pol. Genève, 2004; HEI 677Directeur de thèse:Professeur Victor-Yves Ghebali

> Diatta, Moustapha LôLes unions monétaires en droitinternationalTh. sc. pol. Genève, 2004; HEI 679Directeurs de thèse: Professeur LuciusCaflisch, Professeur Jean-Pierre Laviec,chargé d’enseignement

> Jung, GeroInternational financial integrationin developing countries: three essaysTh. écon. intern. Genève, 2004; HEI 680Directeur de thèse:Professeur Hans Genberg

> Moreno-Fontes Chammartin,GloriaThe impact of the 1985-2000 tradeand investment liberalisation onlabour conditions in MexicoTh. sc. pol. Genève, 2004; HEI 675Directeurs de thèse: Professeur Richard Balckhurst, professeur associé,Professeur Pierre Du Boiswww.unige.ch/cyberdocuments/the-ses2003/MorenoFontesG/meta.html

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