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SETI1MANE DI STUDIO DEL CENTRO ITAUANO DI STUDI SULL'ALTO MEDIOEVO XXVII NASCITA DELL'EUROPA ED EUROPA CAROLINGIA: UN'EQUAZIONE DA VERIFICARE 19-25 aprile 1979 TOMO SECONDO IN SPOLETO PRESSO LA SEDE DEL CENTRO 1981

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SETI1MANE DI STUDIO

DEL CENTRO ITAUANO DI STUDI SULL'ALTO MEDIOEVO

XXVII

NASCITA DELL'EUROPAED EUROPA CAROLINGIA:UN'EQUAZIONE DA VERIFICARE

19-25 aprile 1979

TOMO SECONDO

IN SPOLETOPRESSO LA SEDE DEL CENTRO

1981

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JACQUESFONTAINE

DE LA PLURAU1'E A. L'UNIT£DANS LE «LATIN CAROUNGlEN»?

Y a-t-il un latin carolingien 1 t Double question, quel'on posera ici dans un cadre precis, dans le temps etl'espace: I'ensemble des formes evolutives de la languelatine, parlee et ecrite, tMoriquement de l'avenementdes Pippinides A la disparition du dernier Carolirigien,··pratiquement sous les regnes de Charlemagne et de ses8Uccesseurs Immediate, et sur le terrltoire de l'Empireconsidere au moment de sa plus grande extension. De-finie dans ce cadre geographiqne et chronologique, la lan-gue latine a-t-ells presentä des traits späciflquee t·Et letlatin ca.rolingient repond-Il A ee que nous venons d'ap-

• (I) Pour pOlIer le prob~me. comme Die aera ioi, du point de vue des lati-IIiateI. .,.nu- de. travaux d'Einar LoaF8TBM, Dag NoJUJBBG.Christine MOKB-~. En pe.rticulierr Einar LoanrrBM, LoH Laß.., Oslo Paris 1959, eb. IV.lredi.n.I Latin; Dag No_uo, JtGfllUl prcJIiqu du ltJIin tMd~, Paria 11168.InWod. 8W' le Iaün du Koyeo Ap, p. 15OIIq •. 1IUl' • La I'Morme oarolingienne etle latin au Nord de. Alpea et de. Pyrea.\ee avant I'an 1000.; Christine MOKB-kuJr, Btwlu ... ,.laIi..du~ • tomee publiN ,. Rome de 11158" 11177.~ lIUftoa$ Je. tome. 2, LoIiA ~ III rMtliblol, Rom .. 11161. et 4. Lalin~ III laIiA wtldNeal, Roma 1977' I8DII omettn la magistrale esqui88e duIII6me auteur (DOll republio6e cluuI .;. tltMlu) intitW8e DU KOI'IlinuiUU duLotci.. _ •• N _ 11. J~ dam, 'IV"_' &tMlicn, t. 811(- N.F~~O),lr.a, pp. t3i-US _ I'une del probl6maUquee d'~~le leB~l~ intel-Iigea_ et ~VM que 1'00 po.aWe to oe jour -. A la blbliographie. mnom-brable, de. "_"" __ • on pea.t aooUer par divers manuels, et en partieulierr-r le I'45oeot 'iN de. qUeltioaa 'tabli par }tan Van UnJ'AlfGKB dans son~ 14 laIilt flu ~,.. ~ d lG ~,. du fro~w, in~ a-dauica. to XVI. 1178, p. 1-80; et. du mAmeauteur, l'article sti-

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766 JACQUES FONTAlNE

peler eIes ambitions d'une culture unitaire s 1 Autre-ment dit: dans quelle mesure la periode creatrice eorres-pondant a la politique culturelle de Charlemagne et deses suceesseurs, entre la fin du vme sieele et celle duIXe, a-t-elle connu une veritable mutation de la languelatine padre et ecrite dans I'Empire 1 Le latin caro-lingien est-il earacterisable comme tel,' au sens Oll nousparlons de latin archaique, c1assiqueou 'tardif: bref, corn-me une etape autonome et distincte dans I'övolution dela langue latine 1

Une enquäte ideale aurait fait appel a la totalite destemoignages; elle est impossible dans l'etat actuel desrecherches. Nous avons done etudie des eprölövements sde textes aussi coherents et differents que possible. 0>-herents dans leurs series respectives, choisies parmi des

mulanl cite infra (n. 60). Pour le point de vue des ~tudes proprement «m~-dio-latinee t. deux anthologies de travaux rOOentB. aveo importantee bibliogra-phies. dans.AIr. ~B8. MitUllllteini8cM Philologie, Beiträge cur Er/or-nAvng fUr miltelallerlicAen Lociniläl (bsgg. von A. Oa.) (Coll. Wege fUr For-IlCAUft9.t. CCXCll). Dannatadt 1975; et aussi. ~jA, Ko LANOOSOH. Lamn18cÄUMitldalW. Einleitung jn Sprache "nd Literatur, 36me 6d. Darmstadt 1975.Lee problemes du latin carolingien eont ~troitement lie. A eeux de l'histoire del'~uoation, pour Iaquelle on partira des nombreux travaux de Pierre RIOBt,en oommen~t par sa tMee" EdUCiUWn eI oultur. daM "Occidenl barbar. (VI'-VlII' .ücü). Paria 1962 (36me 6d. 1973), et aurtout. maintenant. sa riobeayntbilae EeDlu d _..".._, daM le ho1AI Moyen Age, Paria 1979, aveo unetree abondante bibliographie A jour, et d'innombrables temoignages - mal-hOUJ'eUll8lDeD.t point Wujoura date. aveo une preciaion commode -. Pour 1011probl8mee de atyle. d'es~tique. de creation litteraire. outre les livree wujoureol"quee de J. ». GHELJ.Il(OJ[. LilUroIure laIiM d" Moyen Age, 2 vol.,Paria 1936, et d'Edgar »B BsUYJI., EIudu d'eelMtique mhlthale, t. 1. De Ba-ilee ~.J8an Soot Engene, Brugge 1946, on conaultera la fine hiawire ~ite parFr. Bsl1lOlOBLZL, GueAwu. fUr llIteini«Mn Literatur du MitldalW •• t. I,Von Ceaaiodor bis sum Ausklang der karolingiaohen Erneuerung. Münehen1975; _ oublier pour &ulant le livre claaique de lI.L.W. L.ulrrNBIl, T/t0U9Mond Lcu.. m W...",. Ewope, 2eme 6d., London 1957. En attendant eollimporlante tbiIae lAU' COfll~ kriU., c:ofIImtmic:GlWn orale d" VitIu Oll

IX ... ~ _ 0ceid4N laIin, Oll trouvera des ~ peraonnelles et neuvee .ur- probl8mee dana la petite aynt.bMe Bur Le lIout Moyen Ag. de lIichel B~-JIUBD, Paris oollection «Que aaia-Je' t (P.U.F.). 1979. Qu'il eoit .p6oialemeIl'~ d'.voir ~u le pnSaeut wvail.

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DE LA. PLURALITE 1L'UNlTE 767types de textes varies: hagiographie, edits et ohartes, .oeuvres des Iatinites pöripheriques a. eelle de l'Empire,historiographie, grammaire, theologie, sans oublier le Ma-nuel de Dhuoda. D'autre part, et dans la plupart des cas,nous avons .essaye de constituer des series de textes an-terieurs a. la «reforme. carolingienne, et posterieurs a. cesdeeennies decisives de la fin du vme sieole; cela pour ob-tenir, par difference, une sorte de perception en relief desmutations respectivement "intervenues dans la langueet le style I. Nous n'avons pas oublie, ee faisant,la biblio-graphie modeme, en particulier eelle du dernier quart desiecle. Toujours diluviale chez les romanistes, elle s'averesingulierement generale ou lacunaire chez les latinistes,quasi inexistante sur la latinite des osuvres et des auteurs,a fortiori sur le latin des documents dits traditionnelle-ment, et 8. tort, «non litteraires t.

Le plan de la presente esquisse peut tenir en troisformules: lingua latina mixta, latinitas in meliu« reJormata,linguae laiinae eonsenuüae. En partant de la relative etdiverse «mixiM. du latin des sieolea anterieurs a la mon-tee des Pippinides, nous essaierons de mieux percevoir,.dans revolution de la langue latine, le relief et le sens de

(t) Naua tenons ici ~ remercier apeoialement leII membres actifa de ee • &&.IIlinaire carolingien t, tenu en 11178-'19au Centre Lenain de Tillemont de rUni·Yersite de Paria-Sorbonne. Ce IIOnt (ayea le domaine actuel de leurs reoher·cbell pereonneUeII entre parenthbees): Michel BUlflAllD (communication ~oritee' communication orale dans le bau' l(oyen Age); Pierre BoNNAZ (cbroruquesaa~ Mition commentee. et civilisation mozarabe); Pierre BOVET<historiographie nonnande du baut Hoyen Age); Pierre CAZIBB (tMologied'Isädore de 8eriUe. et Mition critique de _ S"""'_'); Fran90ia DOLBIIIAl1(hagiographie antique et mMievale); Anita OVllRUAl1 (Abbon de Fleury, etlatin du X. aifoell!'); Beruadette .J.urssElfS (Gand: latin de Dhuoda); ColetteJI:t;ny (!Um, et I'ecole dee pmmairiena d'Auserre); Fran90ia KBlI.LOutGAN(Qildaa e~ le mMio.latill d'Angletene). Enfin noe oolJegu~ et amia Andre VER'1IJrr, Pierre FLOBI:RT, y". LartYJul -' Pierre RICIli. qw ont honors de ~eurPrieeooe tout OQ partie de 08 .eminNre. 0"'"" wua a pu ~tre men~ .un tra·"ail d'~uipe, modeste maia _ nous resperona - eftlcace, sur une &&Ieotion de

texte...

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768 JACQUES FONTAINE

la e reforme • carolingienne et de ses consequences im-mediates, .mais aussi les limites et les disparites de oequ'on a pu .appeler un «nouvel ancien latin s 3.

** *La crise institutionnelIe, sociale, morale du dernier

siecle merovingien se traduit, dans l'ordre linguistique,par une crise des langages ecrits et parles, Cette crise estIiee 8. I'evanouissement des institutions scolaires, et,8.l'analphabetisme croissant qui aceelere Ies processus res-pectifs et Interferents d'övclution de lalangue parlee etde la langue ecrite, sur les territoires de l'ancienne prefec-ture des Gaules c. Mais pour. juger aveo equite ce pM-

(3) Jolie formole de S. UEUVAmr, dana son et~de sur Eginhard (citee in-fra n. 32), p. 73. Le terme de , reforme t oarolingienne tend, l~gitimement ~notre IIeD8, iI remp1acer aujourd'hui oelui de , RenaiBlJlUlC8t dont on avait deslongt«npa cLmonce tonte. lea ~voquea: utile eequisse de l'histoire de oe terroedana P. RIoJm, Bcolu ., ~, p, 47sq. Lui.m6me ne l'emploie qu'en·tre guiDemets, et lui prefere oelui de ,renouveau t (ib.) de m6me que Fr. B_UN'BÖLZL (Bmcuertmv), tandis que W, von den STll:INEN parle de ,nouveauoommeneementt (Neuheginn). L'acoent mis Bur lea continuites. aveo Ies sill-clea pr8ceden~ J'amoroe importante de oe vaste mouvement culturel dans ledemi-si~le qui pnlcMe J'avbnement de Charles, invitent etTootivement iI userde prudenee envel'll un terme qui supposait la double image de mort et de re-naisMce.

(4) Nons entendons ici ,analphabetiame t en un double sens: au aeD8 pro-pre d'une ignoraoce qui eat d'abord c8ne de l'alphabet, et dono de la leoture, afortiori, de J'ecl'iUue; au sens figure d'nne absence plus ou moins complete deculture <-. dme cbes lea sujet, alphaWtiaM t, qui ne liacnt plus _. Cet canal'·pba,Wtiame cultiV1St, qu'OD pourrait auasi caracteriser comme une absencede/culture ariatocratique, se traduit d'ailJeura par un tarissement de la crea'tion liithai1'8 en langue latine dana la Gaule du Nord, tariasement comparable~ fMIttiM .. - iI ceJui qu'avaii d~tennine en latin la crise de J'Empireromain IIQ me ai8cJe. - Noua lie toucherona qu'indireotement lea probJ8Dlea.dea origines dea laDguee romanee, 1I0Ue point de vue etant _tieUemeUtcelui d'un 1atiniate et d'UII philologue, oonaiderant le probleme par 1', amont•~latin &ardif - en perticulier dana l'Eapagne viaigotique _, Sur la chronolo,gle de 1'6mergenoe dee languee romanea, 1I0ua 1I0USen tiendrona awr;VU88 pru·dentes que pnntii la quintuple caution _ plus que bourgeoise _ de E. LoB,,·~,D. NUJIlIZBO,CJm. :UOBlUUlrW, G. RJaCluDntJlolf, A. TOVAll:la IIIUta-tion decisive se Mrait produite entre 600 et BOO(of. H. van Uru.t.lfOBB. art.ciU aupra 11. I, p. GB).

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DE LA. PLURALITE 1L'UNlTE 769

nomene, il faut remonter plus haut. Car l'eclatementpolitique de la Romania occidentale n'a fait que poursui-vre et accentuer, depuis le ve siecle, un processus anciende differenciation locale de la langue latlne et, plus lar-gement, de la civilisation romaine t, '

Sous l'evolution des formes litteraires du latin tar-,dif, s'accelere aussi, des lea derniers siecles de l'Empire,,UD processus d'evolution de la langue parlee que nousaaiaissons sur le vif, avant l'an 79, dans les graffit. desvilles que le Vesuve a.llait ensevelir. LeB structures de ialangue, et en partieulier eelles de sa phonetique, commen-cent trea rot d'övoluer Ades rythmes differents: on a deja. 'entrepris de le preeiser de maniere quantifiable dans lesinscriptions, et de retrouver un phenomene analogue danslea formulaires funeraires de l'epigraphie chretienne':

"(lI) OommeYieoi dele_u-ereDClOre l'rseellente tbbse do doctor&t d'AIainhA.oT sur loGalice ~ (ell aoms d'impreaion). Sur eotte • nlgionaJj •.ation. de l'Empire, ei la dial~qae trM divoraifihe do l'aooulturation romainedea ouIt.ea in~ YOir I'euemble dN vsvaux du CongrN de la FIEe ~Ma.drid ea 1874z .A_ .. ilaIiM ., ...."._ a 10euUurf grko~'" do'" '- mond.~. Trw.'RUX du ~ Conan- International d'~tudN cl_quN. nlunia otPrieoo~ flN'D.lL PIPPlDr. B~ti Paria 1878, dod de nombreu.aea eon·tributioaa, .ur ce probleme. .on& con.ae~ ~ I'aire hiapanique jU8ClU'~ la finde I·~pire. Sur le Caeteur liDpistique oomme ~~meni important do prise deeo~ d_ ~ ftgionaJ .. pui8 national .. dllN 10 haut MoyellA,. (lID pvticuIier eArOlinsi-). dN Cait. e' oomment.airea .uggNtiä d611.1ll. Bucmr.a. K~ __ poliIi«M Z_"'_,eMrigUiUgt/1Jhü ,,,. ",.~ l'riIA.. illdn", in H~ ~I. ~ CCVU, 19G8, p, 15112·Isa, •

. (8) Voir. fIN' esemple. IIUI' _ deus point., panni IN travaus do JOMif~. eoo ,tQde sur IM A~ .10 tJiIJ~j0t6 ~ ci" foIi" _.I •• ".., iD BIIlldtA.1o ~ IÜ 1i1lP~. pon.. i. IX. 1. 1961S.pp.~'10: e$ A. Oa.u. R~ .., tu tJiIJIrftNiU I«tJlN do'" III IongM ci...._,..~ 1aIi_ ". rArthIpiII ..".... in MiltJ"9 .. OMNIi,.. MollrrlWJ"".1.7-..... ~ oft'en fIN' _ aoci ... ~liv Utzoechi Anven 1913. pp. 108·UII. M ell ~ lee hili' oaz1,eI .usgMtlVM dN pp. 13801311 qlli motten'~ 6~ IN dia""__ ~ .. d611.1la phonbt.iqu~ e' le vOO6bulaire d_1IIIeri~ ~ .vs le ne ., le ne aäic1e. en Mnque. Elpagne. aaule.~ _ Iw.Ii.. lA muta&ioD importaD&ede l'APt.iqlli~ tardive. en ce do-~ du la&iD _ daDa MIlli de _ AU~ J.anp'N que .an' IN an. pl-~ • cl'ltN o~ quaU aiPlwtauemeD" AU d6but. de no",e

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770 JACQUES FONTAlNE

Au eours des sieeles qui precedent I'avenement de Char-lemagne, cette diffärenciation regionale se ressent desdestineee politlques, de plus en plus distinetes, des diversroyaumes issus de la dislocation de l'Occident romain.

Grace aux Ostrogots puis malgre les Lombards, l'Ita-lie, surtout celle du Nord, demeure le oceur solide et vi-vant d'une latinite exceptionnellement et relativementbien conservee 7. Unifiee en un royaume visigotique delangue de plus en plus exclusivement latine, l'Espagneest dans une situation linguistique probablement moinsfavorable qu'on ne 1'80longtemps oru sur la seule foi detextes Iitteraires encore OOitesa la mode classicisante dejadis. Des le debut du VJt' sieele, quelle distance entrele la.tin vraiment c merovingien s - si 1'on ose dire - desinscriptions en cursive sur ardoise, retrouvees dans leNord-Ouest de la meseia, et la langue ecrite par Isidorede seville! lIais sur la qualitä mäme du latin d'Isidore et, de ses successeurs, le retour actuel aux donnees des manu-serits fait peser un soupcon croissant. TI semble, parexemple, qu'Isidore ait bien ecrit deja lunis pour lunaedies, ou pro id quod au lieu de eo quod 8; La latinite visi-

aiecle, par Einar LoBftTBDT et 1'6oole aoandinave pour le Lat. Latj", et pour1e11 aria plastiquell par I'archeologue austro-hongroia AlO)'ll JUBOL dan. la 8p1Jl-rcltltiac:1e KVlUlindll8lri&. .

(7) ,Bur cette IIOlidite italiqoe de la culture et de la langue latinell dana lehaut Moyen Age, lItU'tout ciaalpin, qui eera fondament&le aux originell de lalatinit.6 carolingienne, etude precise et klairante de Dag NOBBEBO, lA rUt»-~ 1I.. 14Ii" ""Italic tÜ _iN Grigoire le (haM " Paul Diacra, in OtMGtttJridd ~ VII in O«idente. Spoleto 1958 (Settimane di studio del Centro ita-Jiaiio di atudi sun'altomedioevo, V). pp. 485-603 (_ trail. all. in t. ccxn dela coD. W. rler r~, cite BOp. n. 1. p.' 88-105). Voir auaai, du m6me_tear, !IOD MGft'" pratique (aupra n. 1) aux pp. 33eq.

(8) Travaux de .Jaan GIL et Bongt LoE1'8TEDT, Bur la latinite viaigotiqueet mourabe. Voir en particulier, de _ deux auteura, 8prod1liMu n Valeri...- BÜInJJ,daos Ouad_ tle Pilologio OldWa, t. X, 1976, p. 271·304; l'~GEL dell leHn. et formulell viaigotiquell et de la VittJ Duiderii de Sisebut,daos M-.u-.. ~ Sevilla 11171, et lIOn Mo du OorptU -,pIMUIII~, 1 YOL. Madrid 11171. Enfin, leII remarquell de Bongt LoBI"BDDT. Z_ ~ MäU.lloIft", daos GloUtJ, t. LIV, 11176, pp. 117·161

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DE LA PLURALITE 1L'UNITt 771

gotique aurait-elle done ete en flagrante contradiction avecl'ambition du preeepte elatine et perspicue Ioquendum t,

~nonce par le mäme Isidore dans sa rhetorique 1 En fait,un ideal aussi classique ne masque pas 8. Isidore la reali-,te. Dans la suite de la möme page, iI enonce la primautöde l'usage contemporain: cParIe latin celui qui a'attache8. une expression propre et naturelle, sans s'ecarter dela langue et de l'usage aetnels s '. Mesurona deja, au pas-sage, quelles lectures diverses ont pu faire d'un tel textelea lecteurs d'Isidore dans l'Empire de Charlemagne, oua fortiori un pedisequU8 d'Isidore aussi inconditionnelque Rhaban Maur 10. Mais revenons 8. Isidore, pour lui

(lAIr la la.ngue des ante1U'll Jitterairea). L'etude lingnistique men~ A )'occaaionde noUe ISd. d'Jftdor., T~ tU la ftGtur8, Bordeaux 1960, p. 811.137, avaitdejA mi8 en evidence dee aiDgularitee caracterisOOs du latin tardif isidorien,ju.que lA • gouuneee t daDs lee editiona du XVI. AU XVIII· siOOJe (et A 1'8<1. Bee-ker de 1859); on Ji~ Itmü Ib, p. 183,8. lIais la diat&nce entre cette league,~ d'DDe notable correction. ei celle qu'8crivaient sur lea • a.rdoi8eB viai·&oüquee t lee ftOIorii df'8 Jatifondiail'ell de la meseta Nord A la m~me epoque(eenaiDee porten~ expn.emeni DDe detation OU figure le Dom du roi Bise-bu~) • donne one Wute autre idee de la diversi1lcation conaiderab)e de la lan.~ .tine krite daDs 1'Espagne du debu& du VII. sioo)e, qui pourrait impliquerd6jA dee ~88 de dialeetaliaation (me Bigna.le lL BüINUllD)1 voir p. ex.lea \roia documenta Do liU.liD3, dana ~. YlVB8, IMCripciottu d.la EIPGWJ ra·IIIafta • eVigodQ, 2. 8d., Barcelona 1969, pp. 326sq. 'On y lit exactementle mot ~an bMdieionu d_ le Do 1193I Pierre CAZIBB va maiDtenir,COUune iaidorien, pro id quod (au _ d'eo quod) dana son ed. dea SmUfiCUd'Iaidore (si luee l J'epoque aarolingienne: voir W. Do 10). Bur lea ,a.rdoi·~ t, YOir lL C. D1u T Diu, 1.-docv......,.,. Ailpano.eVigoticN .oor. ~,III 8W, tlMdiftoli, \. '\"lI, I, 1966, pp. '15-101 (I'M. prinoepa procuree parle ~t~ lIanuel G6mes lIoreno eat malbeureuaement peu ftable).

(11)hmo-. E~ 2 HI 2: ,Latine au~ loquitur qui uerbe~ Usa et natw.lia ~tur'nea. MnDone .tque cultu praeaen~is~'~ ~P" t. Sur a. doctrine el_qua e.xpl'ilMe dana ce texte, vo~ notreI~ fl. 84ftll.., la eWIww ~ do ... l'EIp09'M wUigoIAiqud, Pan. 19119,aQx pp. 2U, 280 e' 2S%.Cette phnM justi1le bien lee intI.ItratioDS de • prero.~ t daoa le domaine du voeabaJ.inll ~. BoRB, Lo4einilc1lu und R_IIiecAu -. ". EIJ/fAologieA tU. I~ _ SM1ltJ, Q6ttingen 1930 (- Glotlll\. XVI. I11t7, pp. 1-41: Xvn. 11128,pp. 1-48; Xvm. 1929, pp. 112.1311 •

.(10) On ... r.. DDe idee de I'jsidoriaru.me. .auven& tree litteral, des camp.·~ de Rbab&n lIanr, l tray.. I'ewde pr8ciae d'E. lIBYBII, Hrabonu..ltCllorw Z...,&podia 1>. ~ _,_,.., Untersuchungen su den Quellen undallr Methode ein Kompilatioa. lIUDcbeD IeG9. Par e~ d'abord pour lea caro·

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772 JACQUES FONTAINE

faire preciser comment il voit I'usage du latin en son pro-pre temps.

On trouve au debut des Etymologie8 une tree curieusehistoire de la langue latine. Isidore y distingue d'abordIes phases successives de la langue «ancienne, latine, ro-maine t: elles correspondent aux epoques des origines,des rois, enfin des ecrivains classiques. A ces trois eta-pes a suceöde un qustrieme etat de langue: celui de e lalangue melee (lingua mixla) qui, par suite de la vaste ex-tension de l'Empire, fit irruption dans la civilisation ro-maine avec les divers peuples et leurs moeurs, en oorrom-pant la puretä du langage par des aolecismes et des barba-rismea t u. Qu'est-ce done que le e latin d'aujourd'hui t,

liDgi--. e beaWa Isidorua t, comme l'6crit Aleuin ~ Charlemagne (ep.' j! MGH),dem~unt l'aulorit4S par exceUence en matient de definition de mot.. La eom-poaante iDdori_ dana la geM.e et la eouleur partieulient du latin oarolin-sieD - CODaidiri du double point de vue de la langue et dee .tylee. - eet en-oore ~ etudier. On De le pouna bieD que lorsqu'on poaMera lee cartee de too-tee lee ainnllations dee mana.mt. dee QlUVMI d'laidont ~ travers I'Europe.du ymo au xo '-:18. Voir, eD attendant. oelle de la difl'uaion du De ftCII-~ (dana DOVe M., ~ la p. 84), ceDe de quelquee manuacrit. majeurs deeI~, ~ ~ M. RUDIILLKT, dana le COM~u du OollopSUicIorieIt de 19;0, dane la R_ cl'J.~re du S&nu. to n, 1972, p. 186. Onpourrsit eD cl..- une autre ~ partir du eodw,u", dee t4Smoins du ~wv illv.trihu d'Isidore, d~ red. Codoller paroe • Balamanca eD 1DU.Remarquable eeqw.e d'-.nble de B. BIBCBorr, DM auropdi«lwI V~fÜr W.a lllitlar. _ Bf!IIilJA, dana lftdoritmo, Enudioe IIObnt Ban Isidoro deBmlla eD eI XIV eenteDario de BQ naoimienw, Le6n 1961, pp. 31&-3«, e' enpNticuIier pp. n&q. sur ela tndition depuis le renouveau caroliDgien t -~ par rapperi\i_ de differeDt. ocwpua dea GlU""" d'Isidontl J)ee~ t~,..&on ... releve. de rIMa «ri"'_'" MtcI •• AM HtIptS-,___ de IL C_ DIu T DIu, DOQa avoaa 60 mao. du 1%0 .. et 10 du 1°.

!lJ) luDo .. , :t~, t, J, 6-7: e Latioae _tem lingua. quaUUor_ quidam dis_t, id eet pn-m, latinam, Romanam, mistam ( ••• ).lIina. er- pan imperium la&iua promotum simili eum moribua e' homini·1nl. in Romaoam mmatem inupit, in~tatem u~i pH' barba.n.mo. e&~ ~pena t. L'in""', d. oe tede D'a pas 8cbapP' • R. BooaJlP(01'" .rp. Do 6), pour qui (po Ht ib.) Isidore D'a pas yU elee oouchee proCon-dee de r«sla'_' de la romani"'. _ CI'eet ~ dint I'evolution naiurell. de la~ la&iDe ped6e. Ce cliapoAia paniel et partial d'laidore ~ l1li' la,,_ oliob6 amique d. bubu. d'abord ~ OODUDe 1'bomme ~de pul« ~, (pM, puia la&in). L'exp!ioauon eet f_, .ursou'

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DE LA. PLURALITE 1L'UNITE 773

pour le premier locuteur ~t seripteur du royaume visigo-tique de Tolede, pour le futur «instituteur de l'Europe s- carolingienne en particulier -: une sorte de pidgin-laiin; barbarise et metisse par I'intrusion de peuples allo-phones. C'est ce «mixte. linguistique que la reforme ea-roIingienne allait s'efforcer, un siecle et demi apres Isi-dore, mais en le Iisant toujours assidüment, de ramenera plus de purete, .

.Mais cette mixiio etait bien plus grave au coeur rnämedu futur royaume des Pippinides, dans la Erancia mero-vingienne. Oll Francs germanophones et Gallo-romainalatinophones vivaient ensemble depuis le ~ sieele. Igno-rance croissante de I'orthographe, perceptible dans lacopie des textes profanes et sacres; barbarism es mor-phologiques et solecismes syntaxiques; pauvrete et con-fusion accrues d'une langue et d'un style qui. chez les ecd-'Vains - de plus en plus rares au vnO sieele -, oscillententre lea vulgarismes et les mots et tours rares employeeplus ou moins a bon escient: la surtout est sensible la bar-barie, au sens Oll elle a eM recemment definie, [ustementPOur It'S textes litteraires de la Francia merovingienne.comme • une disproportion souvent grassiere entre ~esP~tentions que l'on croit pouvoir soutenir, et les ca-pacites que I'on possede .U. Le latin, mäme ecrit, de

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774 JACQUES ·FONTAINE

l'ancienne Gaule s'acheminait done, des le courant duvne siecle,' vers une mutation. sinon une dissolutionde toute sa structure, et un tarissement litteraire eom-plet 13.

:Maispar chance, cette Gaule du Nord, Et. ~adifferencede la peninsule iberique, se trouvait sur le trajet des cir-culations les plus directes entre l'Angleterre saxonne etI'Italie du Nord et du centre, et non moins sur la routedes Irlandais vers le continent. Cette position centrale,dans I'Occident europeen, Importe aux destinees du la-tin, en cette region et rette periode egalement « cruciales ~non moins qu'e. l'ascension politique des Pippinides. Carun paradoxe ereateur voulut qu'en oes mämes temps seproduisit I'implantation solide de la langue latine en des

. Age (sup. n, I) consacre precieement a la Gaule des VI' et vn' siooIes. n illus-tre cette definition par l'exemple des lettres merovingiennes. OU I'abus desfigures coexiste avea une ineorreetion grammaticale netoire, Autre' bonneanaIyae de la ,barbarie linguiatique t merovingienne. soua la plume de DagNOJlBERG. M_uä ~ (sup. n. 1). pp. 29sq.

(13) On a insiste non aans justesee, au eours des dernieres dOOennles.8Ul'lea oontinuitee entre latin merovingien et Iatin carolingien:. voir en partieu-lier C. BATTIBTI. Semli ilktkroIi, Appunti 8Ulla Cf'Üi dellat.no prima della ri·forma corolingia. in Studi Medüroli. t. I. 1960, pp. 362·396; Chr. MollJUUliN.lA probUfM de la -'inuili de la langue liltboi,... in n paaaaggio dell' AnticAitbal MedÜHJr10i1l Occid",". Spoleto 1962 (Settimane di studio deI Centra italianodi Btudi aull'alto medioevo. IX). pp. 329·349; enfin M. van UYTFANOBE. Lo-lin mbofIingi .... Jati1l corolingim, et ,ruetico R0fIIG1ICl lillgu4 t: cooI'nuitd oudÜJoOrt.tinvill' dana le CoIloque de 197~ D'"", dl,po8ition G U1l covron_mI(17'.600). Rupture ou continuite dana la naissanee de I'Occident medieval,Bru:s:e1les L d. (1977). pp. 16.64; et l'artieIe (cite BUp. n. 1) de Chr. MOBB-

_JU.lillf dana lea Wiemr Studien de 1976. n reate que I'on ne peuteIiminer lesoonatatationa de faita linguiatiquea raasemblecs sur la langue eorite par lea tra-vaux de ~. VpqIu:an. H. F. MULLEB. L. F. SAS, Frieda et Robert L. Po-~i voir p. ex.. de ces derniera, ROfIIG1I TrmtU i1l Yllth ond YIllth Cm-twi Lot ... .Doeummu. Univ. of North Carolina Press, nO 21. 19l13; I'influencedu gennanique est peu~tre a l'origine. du moins en Fra.noe du Nord d'abord,d'un ren1'OZOemen' de l'accent d'intenaite du latin par)e qui a deaorganiB8lea atnletures phoniquea de la langue dana le coors du vn' aioo)e. Une pagedu P-.do-Fridegaire en dit plua long .ur ce chapitre qu'une bibliographiemoderne. 8ana compter avea I'ensemble de _ textee dont A. EJU{o'O'1' a dit.aveo humour et j~. que • .ana doute o'ea' encore du latin. maia noua neIIOIDIDeB plus trie loin du ~aia. (in!. n. 43).

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775terres eeltophones et germanophones, ou bien que Romen'avait jamais occupees, ou bien dont elle s'etait reti-ree tres töt, C'est pourquoi il importe a notre enquötede caracteriser rapidement I'essor parallele et respectifdu latin en trois pays qui vont jouer un röle decisif dansla mutation carolingienne: I'Irlande, l'Angleterre, la Ger-manie,

De Patriek a Colomban, I'Irlande n'est pas seulementdevenue cl'iIe des saints t. Latinite et christianisme ysont entres ensemble. Ses moines ont soigneusement ap-pris le latin comme la langue etrangere dans laquelle leureta it parvenue la Parole de Dieu. D'oü le veritable dum-ping linguistique par lequel, des le yne siecle, les mission-naires et les peregrini irlandais sont venus rapprendreun latin guinde, mais correct, a une Gaule Oll il etaiten voie de corruption avaneee, dans la parole commedansl'ecrit It. Asootes et grammairiens egalement passionnes,lea moines irlandais jet tent alors, en Angleterre aussibien que sur le continent, les bases d'une nouveIle lati-DiM, reimportee par les CeItes en des terres des longtemps

(14) Sur la JatiDj~ insuJaire, Dag No •• no, Mtmtul proltqu' (aup. n, 1)pp. 43.411. La bataiIIe .eientifique autour de la culture de pint Colomban,~ pb serMnlement de la valear Iitthaire de la pll1l ancienne I..tini~irIaod-. n'in~ qu'indirect.emeDt notnt aujet. La Tüi~ p_e ~clout. ~ mi chemin du pe-imicne d·E. Coocu, lA eulIuro ir14ndu. preca-~; .. äraeOIO 0 ,.iIo, in Studi Jrtdi.ali, t. VIII, I, 19117, pp. 267-420,-' de I'optimian. de L. Bmua. l~ 1t«6i"9ff" of IM Middle Ägu, LODdon1"1: IIai8 iI rene, poar Dotnt enqu6te, que I.. Irland ... ont bel et bien "PP~IIclepuj. de le -ye ~Ie UD .. tin ~ticeJement oorrec~, .vant de dev~~ ~ee ~YM (qui ooDtinuent d. dMerler en plelDe ~poque ~Iin.11eone) I.. maltrea de ~aire latine de la ~ouvel.le Romania. VOIr I~t.-a~ de P. RICO (ci. "I'- D. I), et 11& bibliographie dana ZoolN ., _et-"'--', p. 423eq. Pour la Graod .. Bretagne. OD De pit pM encore, - m6me~ I'ueel)ente tMee de Fr. KKaI,outOd 8U1' Lu dulinlu tH 14 culture 14--. dcau ,. ~ cl. Yl' ~ Recherch" 8U1' le D. e:ecidio B~n"ioede CiJcb.. • la IAIlIUe latine y a aurrica ans invaaions dell IV· et v· 11001..,- • eile y a E~ iniüa!fO_t riimponee. ~ la roil du eoDtiDent et d'Irlande,daaa le -.,.,_t du n. aiWe.

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776 JACQUES FONTAINE

romaines, et [sdis fort. acculturees e a la civilisation eta la langue de Rome.

Avee un decalage chronologique qui est celui de lamission gregorienne par rapport a celle de Patrick, l'An-gleterre saxonne prend brillamment le relais de ses mal-tres e romains s ou irlandals. Elle atteint en matiere delangue et de style Iatins, dans la premiere moitie du vme

siecle, ce qu'on a justement appelä un • classicisme ehre-tien s: classicisme d'une qualite hors de pair, on le sait,sous la plume d'un Bede le V~n~rable. A travers son ~leveEgbert, maitre, de l'ecole d'York, et done d'A1cuin eleveet successeur d'Egbert, Bede apparait done comme undes peres les plus directs, et les plus efficaces, de la re-forme linguistique carolingienne, et de I'originalite deson latin. Ce latin de Northumbrie acquiert, des lors,une puissance d'expansion continentale dont Bonifaceet sea compagnons sont les representants les plus dyna-miqnes.

Enfin la parole de Boniface röussit, la. oü les legionsde Varus avaient öchoue: en se christianisant, la Germa-nie commence de se latiniser a son tour, et les auteurs clas-siques reviennent aussi sur. le continent par le detourinattendu de la mission anglo-saxonne. Le destin des Ruge8lae d'Ammien est, a ee titre, exemplaire. Non loinde Fulda, fonde en 744, c'est au monastere quasi [u-meaude Hersfeld, autre fondation .monastique anglo--saxonne des annees 770, que sera transcrit au rxe slecle,~ partir d'un exemplaire insulaire, I'unique manuscrit quenotlS ayons conserve des 18 derniers llvres des Ru gestae.C'est dire le röle que les missionnaires, et les manuscritslatins venus gräee a eux et avee eux de l'Angleterre saxon-ne, vont jouer a la fois dans la latinisation initiale del'~glise de Germanie, dan.s l'elevation du niveau du latindans les ~glises et lea monasteres de la Francia et de tout

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DE LA PLURA.LITE .1 L'UNITt 777l'Empire, bref dans la «mutation oarolinglenne s de lalatinite u. '

C'est done bien avant Charlemagne que la d~g~n~-reseence du latin dans la Gaule m~rovingienne commenced'etre stoppöe, C'est la et alors, vers la fin de la premieremoiti~ du vme siecle, que tout commence ou recommence,et que la langue Iatine retrouve definitivement un avenirdans le royaume des Pippinides. Elle le doit aussi a laoonjonction providentielle 'entre les ambitions de la mai-son d'Herstal et la volont:e indissociablement mission-naire et röformstrice de la mission aoglo-saxonne. C'estcette alliance qui amene lea nouveaux rois francs a associerleur avenir politique a l'expansion continentale d'une~glise missionnaire, elle-meme etroitement fidele a l'Eglise"omaine et a sa langue. La est le point d'ancrage initial,a la fois politique et religieux, du latin carolingien 18.

Parl ant et ecrivant en un latin devenu leur seconde languelDaternelle _ celle de leur mere spirituelle la sainte Egliseromaine -,Irlandais, Anglo-saxons et bientöt, aussi, Ger-

(16) Sur la cuhure l.une dana I'Angle&en'e e&l[onne. - impon.ationa ro-IDaine. IIOCrUM aa TIl" ai~le, .oD exp&Daion eontinent.ale. travail ol_iquede W. I...neOJr. E..,km4 attd I1t4 CoNi""" itt I1t4 VIIIIh Cenltlry. OxfordlH&, till patticulier ._, le dernier chapive .ur ,Learning and Soholarship'p. 13~., et. 1. Settimana XX 1Nl' tlee problemes du VIII" .iOOle t; P. RIOld:,Roolca ., ~ (ciLll sup. n. 1), n'" 43·« et UIl de la bibliographie.et., daa. eette clerniere, le ~phe eonaacri ~ l'Angle&en'e, p. 423. SW' Bilde.trano.x de P. H. Bun, Cl. LEOtlUDl (Settimana XX). E. de BatJnm (sup.11. J" p. 64 J8Il.. qui pl __ pA«M aur mde eoua le titN ,V ere ~ oI~0ilm:e~t6eD • e' v- la courbe de l'eatlMtique iNalaire ,de l'eetMtJque bl8pen.que au ~ de BMe t. Un tel ,romant.iame dODlpte t (par rapport ~I', bi.p6riame t) ed J'aDC6tN diree' de I_ ~(onDe oaroliDgienne et de - eft'ortae!.saj. _ea. aux ... propre -' flIur'., (IS) La cbo.e ed oIaift'meo' YUe e' espoeM dana le premier ohapitre de1RoeUent line de JoeeC ~1ITJPlI' DM BiU"",,,.J- K~ du (houmala V...r~ "' • __ ~i"" t. D_ de Fribourg·en.BrisgauwaS!). pub1iM ell les3 ~ B~Ruhr· aauei bien que dana le debut de I'etude.ClOIDme toaj«uw tri. ~ de W. 'lOll den STK1Jfd, D.,. N~egi"n. inle.,. "-' 0-. '" t, Du ,....,. ~, hag. 'IOn B. BISCBOP'. Dilaeldorf

lM$ (~" ~, IIHMlI, Po 1IIq.

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778 JACQUES FONTAINE

mains. baptises en Iatin, nourris aux lettres latines parla grammaire antique et la Vulgate hieronymienne, intro-duisent, dans toutes les Eglises et Ies abbayes continen-tales Oll i1s passent, comme le ferment d'une latinite re-nouvelee.

Dans rette Francia Oll la culture Iatine, et d'abordla langue latine, se raniment sous l'impulsion des insu-laires 17, Pepin le Bref, le pere de Charlemagne, est eleve- en latin - au monastere de Saint-Denis, Les liens deplus en plus etroits de sa dynastie avec ce monastere sontle gage de la double alliance qu'elle contracte non seule-ment en Gaule duNord, mais aussi a. Rome möme, avecla tradition de l'Eglise romaine dont le latin reste lalangue vivante. Aussi, tout est pret pour que la linguamixta .s'epure en une laiinitae in melius reJormata.

•• •Un roi franc qui ne But jamais ecrire (ou du moins.

calligraphier), mais qui parlait, priait et Mgiferait enlatin, un roi qui pourfendit les solecismes - selon le motd'un contemporain - comme ses propres ennemis -, unroi qui eut mäme l'idee d'eerire une grammairede sa Ian-gue matemeIle le francique. Quel souverain, depuis oer-tains empereurs de Rome, s'etait autant et aussi tenaoe-ment,interesse aux problemes de la culture. de I'ensei-

~.gnelitent, de la. langue latine 18 1 Devenu empereur etI

{If)~CeDOIIY_ depan de. etudes monastiqnea. et donod'un ~men'du Div_, de la laIIgue latine parI~, copi8e, 8crite dana lea molllllJUreede la, Gaule lleptentricmale du YIJ. ~le an tempe de Colomban, puis an TIll. 1i6·cIe par I'effon eonjugu.6 de. IrIandaia et Anglo-llUolI8 de. UeII et du oontiJlen'(OURe la prieence 8Cenle de. Italiens), en l'i~ I.plua Douvel1ede 1. thMe deP. RxCKi (np. Do 1).

,(IS) Sur ~ peraonnalj" de Charlemagne, et le r6le qu'il • jo~ dant l'~vo·In~ du latin, par la miM ell GU,,", d'une veritable • politique cuJtureUe.,VOIr, outre lea VsTaQX ci. IlUp. Do le, I'enaemble de la publication Kari-

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patrioe des Remains; Charlemagne n'a cesse de contri-buer a rendre vie au latin, par son action directe ou indi-recte, et d'abord pas son exemple personnel.

Lorsqu'il apparait a la rete de la dynastie, pres d'unsi~cle s'est ecoule depuia la victoire de Pepin d'Herstal,qui en a fonde la puissance. Un sieole de batailles etde combinaisons politiques; mais, surtout, un demi-sioole de restaura.tion canonique et intellectuelle dsns lesmonasteres et Ies evecMs de la Eraneia, en particulier en-tre Loire, Saöne et Rhin If. La reforme monastique et ele-ricale de rtglise y fut ins6parable de l'instruetion desclercs et des moines, de la predication, de la lecture et ducommentalre des tcritures, - c'est a dire de leurs versionslatines en usage en Occident.

Reformeet evangelisation sont conjointement plaeeespar Ies moines anglo-sasons et les rois francs sous la pro-tection et I'autorite de Rome. D'oü l'importance, et lesresonanoes, de oette oonquäte du royaume lombard quielimine tout obstacle territorial entre les domaines desPippinides et la Ville de Rome, dans le domaine de saintPierre. ~pt sioolea avant la lettre, i1 importe done a no-tre enquöte de consideeee l'exp&lition de 774 comma une

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780 JACQUES FONTAlNE

«guerre d'Jtalie s menöe par le roi de eFranee s Charles.C'est la qu'il redecouvrira, dans la plus grande partie dela population des villes, une langue Iatine vivante qui,par rapport a,la langue ecrite et parlee alors en GaUleduNord, doit lui paraltre encore admirablement pure.TI yvoit les ecoles que lui transmet, aveo tout le domainede la couronne de fer, le dernier roi lombard de Pavie. TIy rencontre les premiers des maitres italiens dont il vas'entourer. Eto'est a nouveau en Italie qu'en 781, parune conjonotion riche de sens europeen, il trouve sur saroute, dans l'ancienne capitale lombarde, celui. qui va 'devenir son principal collaborateur dans la restaurationde ia langue latine an Nord des Alpes: l'öcolätre d'York,l'Anglo-Saxon Alcufu - le futur FIacous aupres du nou-veau David 16.

Cette reneentre e europeenne s d'un roi franc et d'unmaitre aazon en Italie s'inscrit dans la.grande traditiondes echanges culturels inaugures par la missiongregorienne,et developpes par la 'Venueen Angleterre de ThCodore etd'Hadrien, par les voyages de Benoit Biscop, par l'exode

(20) s~ Alcuin et IOD role, voir ici mAme le rapport de Cl. LBONABDI; etJe livre eJa.ique de L. WALLACH, .Alcui" and C1Ior~, SIudiu ." Carol."·""'" HÜIorJ and LiUrolvre. 2° ed.. New York 1969; I,a bibliographie de P. gI-CHt, toolu ., ~ (sup. Do 1) p. '215; I'analyse de IOn Qluvre lit.terairepar Fr. BB'OXHOBLZL, G~ (sup. n, I), pp. 268·288. Aucune tlt.ude .urJa JauBUeet Je style d'AIcuin, htlritier de BMe par IOn propre mattre Egberl.J.JI&ie'raide et dootoraI comme le fIItIgÜIer qu'j) fut avant tout, m4lmo comIDe• j)Orto-p1ume. de l'empereur. Si I'OD fait eft'ectivement I'exptlrience de re·erire en un latin piu. eonplement claaique le fllGrldalvm •De litteria colendd •(qui,~ Ioutes chancee d'6tre de Ba plume; er. la dtlmonatration convainoaDte ~.L. lV ALL4OB, op. eil. .upra), on peroevra Iuieux Je 06tt1 guindtl de IOn !aWltardif et quelque pea • colonial. (au aena dtlfini par Fr. KBBLQuioAJr ~ pro-potI de Gi1daa: Yoir aup. Do .. ): abua de la .ubetantivation, emboltement la-borieax cl. ~ de .ubordonntle8, deaabchement (dtlj~ iaidorien) d. la~ auüqu& et cl. rwponaiona de groupe8 de mot. et de propoeitiona-Le oonseiDer imptlrial demeura un ~lAtre, promu ~ I'tIoheIOD de l'Empire: ~_t .. grandeur et _ liIuites, dana I'ordre du .tyle beaucoup plua que de la~ (D8anmoiDa piu. • antique tardive. e* chrtItienne que proprementclal-Ilque).

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DELA. PLuluuTt 1L'mun 781

des manuscrits Iatins d'Italie et de Rome vers l'Angle-terre d'Aldhelm et de BMe Sl. Le latin carolingien vanaitre du rassemblement central de ces forces eparses, de-sormais reuniu en cette Francia septentrionale que tra-verse I'aze italo-anglais.

Le programme de cette «intervention. centraliseede latinites jusque la peripberiques, la. mise en reuvreorganisOO de leurs forces creatrices, la preparation deleurs minorites agissantes, tout eela est a ehereher d'aborddsns lea efforts reformateurs et missionnaires de l'Eglised'Occident au vme siecle.. Encore. fallait-il une person-nalite exeeptionnelle, passlonnee de culture, investie desplus hauts pouvoirs, pour mettre la. puissance seculiereau service d'une veritable e politique culturelle t. Les de-.buts precis et perceptibles de cette politique sont eonse-cutifa Ala date decisive de 782: I'snnöe Oll Aleuin et PaulDiacre Be rendent Ala cour, pour y devenir deux des plusecoutes panni eeux que 1'0n aurait appeIes, au temps dePrudence et de Theodose, lea proximi princip~ - les con-eeillers prives du prince _. Venus de Northumbrie et deCisalpine pour rejoindre le roi franc, ila Y seront rejoints

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782 JACQUES FONTAINE

a Ieur tour. et relayea, par un representant de la latinitehispanique, Theodulfe, peut-ätre natif de Saragosse.

Au cours de la döcennie qui suit I'annee 782 sont pu-blies des documents officiels, Oll I'emendation de la languelatine est publiquement ordonnee par des avertissementapressante du prince a. La. Monition generale du 23 Mars789 prescrit en effet, entre bien d'autres mesures d'ordrecultnrel, la creation 'd'ecolee pour apprendre aux enfantsla tlecture t (ce qui sous-entend l'importance aecordee a laröforme phonlJique de la prononciation du latin); la correc-tion (au sens fort de bene emendale) des tlivres catholiques t,

pour permettre aux cleres et aux moines de prier dans unlangage correct (on touche ici a la röforme de l'ortlwgraphe);la copie des manuscrits liturgiques par les adultes dümentformes. - et non plus simplement par des enfants (seionune tres ancienne tradition paleochretienne); l'etude, en-fin, des arts Iibäraux (c'est-ä-dire: du fondement tradi-tionnel de la bonne langue et du beau style). Enfin, PaulDiacre se voit ezplicitement confier la mission d'etablirun lectionnaire-type. soigneusement eorrige, afin d'evi-ter, dit le texte, t qu'au milieu des offices sacres onentende retentir la cacophonie des soleciamea t. Bref,comme le dit encore le mäme document, ils'agit de t rec-tifier les erreurs, supprimer le superflu, confirmer ce qui

. (U) ~ vau' aller direo\emen~ aus texte. dana l'6dition cl-.ique ~'MOH. Leg.. -no..:uIIdG, .. I, Copitulano r.gu'" FrallCOrU"', n, !I, p. 6'-11'(AdalOllilio,,_al~ dn 2311.,.. '1811): et Do 30, p. 80 (Karoli epWIol4 g....,....-er. 788 e$ 800 ..&oD BoretiU8 I'~ dee MaHl. probablemen~ de '188 ..,.~Fr.8c&:&JIu .... (.up. Do 18)nKOTrnl(inf. Do '6). Be cWler dee anaI~ ,.pi'dee de C. D.CLuoQ. Lo UgWloIiofI religi-. fro"'!'" et.CloN A C~ ••• ,Lou.aio Pan. 1135. Pour I. eplu.. .Olr de m6me MOH. 'i:p~"""""'""* • ioroIirM __ • tome \"lIL Pour I. canON ecnciliairN. MOH. lAP'"~ Ill. CfIIIteiliG... 2. Pour lea cUci8icmeeynodalee•• 1'~e1on dee ,~m .. ewde de O. DrrAILLT. lA ptUIorGle ... a-l. Oil I."!' eiAcü. iD s..- d'Wüire et. l"Bgl_".,~ .. CLXII. 18;3. pp. n.u. till paniauli'"• la p. 31 pour lea cliepo.iU- eonoemau' lea ...L4:oa&eure (maie ririA- 1-~). 1"-

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DE LA PLURA.LITE 1L'uNrrE 783est correct t. Tel est le fondement modeste, mais realis-te et efficace, d'une latinite renovoo.,

Dans ce document en tous sens fondamental, il fautaccorder une attention particuliere 8 une formule qui ex-prime clairement les attaches religieuses de ce grand des-sein: celui d'une rejorme qui se veut '8 la fois liturgique,canonique, monastique. Notre intention, dit Charlema-gne en parlant des lectures liturgiques, est de les «refor-mer en mieux t: reformare in melius. Apparue chez Tertul-lien, la formule est, comme l'a remarqueun patristicien,t earacteristique de la pensöe patristique occidentale, et8pecialement de saint Augustin t 13. Ce n'est pas loin dela meme annee, tant Ies preceptes et l'esprit en sont pro-ches, qu'il faut placer le fameux mandatum de CharlesSUr la culture litteraire, De lilteris colendis, dont nousavons conserve l'exemplaire adressä 8 I'abbe Baugulfede Fulda. Le mot thematique y est la rectitudo en touteschoses: les moeurs, lapriere et le chant, la Parole' de Dieu

• (%3)G. B. LADlßA, TA. I<ko of Ref-, 1,. Impad on OhNtian Thoughl:;: I4e Age of IM FaIMn, Cambridge (ll--) 1959, p. 287. Pour le eheminement

1& Cormule e' de I'idee, de TertWlien ~ saint Augustin, ~ travers toute laP&triatique latine, w. p. lU eq. C'es' dire que, par une teIle formule, la plus~ OOI'n!Ction d'une raute d'orthographe IIUI' un manl18Crit se ~uve re-eevotr un _ tbeologique proCond: eile perticipe modestement, ma~ reelle-1Dent. 1 I'achhement de la recreation d'une humanite dana le Christ: elleeat lutte et victoire oontre lea Comes aataniques de desordre dana le monde etet-. l'bomme. La liturgie de la m_ romaine.- partout ob elle tltait en llSage,~vait le rappeIer &cl moindre oopiste IOIB de la wntldietion de I'eau ~ ~·o~er.to~: I Deua qui hl1JD&lUlo8.ubetantiae dignitMem mirabiliter eondidiatl .et~ ref~i ••••• Cette 0...0- figure deja dana le SQCf'Om_enkJ_,,,e~ tIeL 3. DESlIuaaES, Fribourg 1971. p. 106, Do 59: elle. poorr&1t bien~""" 1Mint ~n lui-mllme, oomme al'amabilite de me le slgnaler le B.P.-r. ;reremercie CIaude I.ItPEu.E~ de m'.voir indiqutll'l18&ge de la Cormul~ etclu ~lIIe de nJor-tM lA Ni," .ur des inscriptioD8 africaines non ehre.tlen.:-. du tempe de Dioc:Utien: lea reelDel antiques de cette jtUe et de eette Ideo.ogie ~t profondea et div..-, et. grAce ~ eIle. !'effort enco~e par Char-~ • mscriYit. dana la double IigMe antique des empereura pweD8 e~ ehre·;:::- \~~ __ • pour I'idee YOiaine de ...,_,otio, _le .ubatantiel d0881er du--..- Jw A",;" .red Clri«~ IlOl18 la rubnque ErMtUf'Ung·

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784 JACQUES FONl'AINE

et la parole humaine, et en particulier le latin ecrit, audouble niveau de la langue et du style.

Comment eonstater les resultats concrets d'une telleimpulsion vers une t correction. unique et universelle 1En mesurant d'abord toute la distance qui separe gene-ralement aux yeux d'un philologue, dans la transmissiondes oeuvres antiques et patristiques, un manuscrit caro-lingien d'un manuscrit precarolinglen. Reecriture mate-rielle, d'abord, dans la nettete de cette minuscule sansligatures, dont le graphisme propose s lui seulI'evidencecartesienne des t idees claires et distinctes •. Mieux en-core, dans la correction grammaticale, et d'abord ortho-graphique, que I'on y constate, [usqu'ä un rewritingclassicisant: une telle t reecriture. fait de ces scribes,eorrecteurs [usqu'sux abus d'un latin neo-clasaique quigomme mäme les traits originaux du latin poatclaasique,comme les ancötres de nos predecesseurs immediate lesewteurs dn XIX· sieöle. Cette remontee de plus en plusacceIereevers un latin elassique a ete observöe, des le de-but de notre siecle, dans ces temoins evolutifs privile-gies que sont Ies .Annalu royales U. Mais iln'est pas moins

(24) Voir Je eompte-rendu dee EIvd.. eriliiuu ..". lu _reu N r~caroli"'_" I,lr11rodvaioft, Lu ,d"nalu carolingi"'_, de G. MONOD (BEB B,t. CXIX), Paria 1888, par Hermann BLOCH,dana lee OMlingi«M g.www..A,...,.. de 1801, aux pp. 8711Bq. Ce demier pr&ciM que, Juaqu'en 784, lee..A .. ,..,.. 8011' bitee ell UD _ Iatin TUIgaire. (on dirai~ aujOlud'hui, plua pru-demmeat. _mhoviDgiell .); puis tl'in1lueDOe d. Jr. Jangue al_qu •• le fai'_tir.ur la r6daeüon dee rubriqaee oorreepondant aux r.nne.. 783 ~ 807,1Mlri-tee cl-. _le atyle de la F~.; enfln. ~ partir do 808, Ir. quali~li\Uraire de 1eur Iatin eo rapproohe de oe1Iedee ,d"nalu EiMonii. par UD _ pro-&Ne IIOUdaiD -' fnp~' t: IM or.ncten.tiqaee principalee do oett. formo biato-riosraphiqae riDovee eon' r.naIy-.. de manilIre oonoiM .t ~t. 16. p.880. Le .,...... de Ir. _rMorm•• Mt eaoore plua frappant. ai I'on rapprooheIr.~. par AymoiD, ~ Ir. fin du X• .illalo (PL, t. 138, 0. Cln·Cl38), de Ir.pep o6IlIbre du PII8Qdo.Fr6cWpire I, J (MOB, Ser. rfIr. _., t. n x.ru.oh.p•.n. 1 eq.) .ur lee origiDe. tJooyeunee dee Franoa, par Je IM\ro. Franoio SIa de~ Voir aa.i lee Voie 6wte (iDeorToMion, oorreogon, r660riture) de 1'1';-....... cI'..t.._. N ~ d_ 1'p:oeIIent. 6di&;onrecent. de C. JlILAl'I~ 1'77)_

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785instructif d'observer oephönomene de nivellement et derefection linguistiques dans la transmission carolingiennedes textes patristiques des VIe et vne siecles, Car la per-ception de cc processus y est d'autant plus frappante 'queles differences de langue et de style, entre ee latin tros tar-dif et le latin classique, y est plus considerable que lorsqu'ils'agit de copier des auteurs latins d'epoque imperiale ourepublicaine. C'est ainsi qu'Isidore de Seville y reeoit unecorrection severe, par laqueIle les copistes Insulairea duVIne avaient lance un mouvement que les 8criptoria con-tinentaux du IXe n'ont fait que suivre: ainsi s'est repan-due de Germanie en Italie du Nord, par exemple, une«version longue t du traite isidorien De natura rerum,qui se caractörise comme une veritable «edition revue,COrrigoo et augmentäe t.

La formation on, plutöt, la «reformation. du latinC&rolingienapparait ainsi comme la reconquete d'un, in-strument d'expression ecrite et orale, qui se trouvait, dulnoins surtout en Gäule du Nord, gravement appauvriet corrompu. ', C'est en fait par la. graphie que la langue cerrecte ~

d ahord et surtout eM reconquise. «Pour bien vous expn-Iner, apprenez a ecrire t. TeIle est la traduction libre deI'epigraphe plaeee en täte d'un instrument majeur de lareJornuzlio in melius: le traite De orlhographia d'Aleuin 15.

lJne telle observation permet d'ailleurs de [uger mains86verement les textes ecrits ou copMs dans les sieclesIn~rovingiens. Qu'on y analyse de pres les incorrections

(IS) AJ..c'anf. t» ~ PL, L 101, 0. 8Mb (l'e\d. d:A. 14AB8lLI,I'iaa 1"2. m'en resWe introu..-able) I ,JlelegM antiqu .. uult qw proferre 10.~ I a& qui DOll MqUitur uult .me lege loqui. (vari~tes du le~ verBI

• " eupia&qui .,;,.. loqueIM •• du !lImei , lIelJ*1leD8 loqUltur mOX llUle lege~ .). RappeIooa que ~ _1OqtIelG lJicnifien'- au IeDJI premiet.l'expree.IIjOQ orale de celui qui porü. JD6me .'il faot compter ici .vea le eena figure,- piu. large. de .'erpri_.

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786 JACQUES FONTAINE

diverses d'une page hagiographique, ou d'une charte ro-yale d'exemption de tonlieu. On constate qu'en fin decompte, la. majorite' des fautes y releve inextricablementde la cacographie et de la deformation phonetique, Unplus petit nombre sont des barbarismes morphologiquesou des solecismes proprement dits. Enfin, bien des syntag-mes non classiques que l'on remarque en de tels textes serevelent, en fait, d'usage courant des le latin .tardif desIVeet ve siecles - et d'ailleurs beauooup d'entre eux nedisparaitront pas du latin carolingien le plus chätie 28 •.

Seconde etape: en reoonquerant, lentement d'ailleurs,l'orthographe usuelle du latin classique, on s'assuraitun minimumde «latinite., et l'on se preparait a une re-mise en ordre plus profonde de l'usage de la langue, a unniveau grammatical et stylistique encore modestementscolaire. Mais eette emendatio linguistique ne prend sonsens et ne reussit que dans le cadre global d'une reforma-tio d'ensemble de l'Eglise carolingienne. La lecture, lacopie, la meditation, le commentaire prive et public deI'Ecriture en etaient les fins premieres. Dans la vie de.I'Eglise reguliere et seculiere, ,00 latin e corrige s est I'in-strument de communication d'une Ecriture qui est d'abordla Parole de Dieu. Et eelle-ci est rendue a son .oralitäpar la lecture et I'homelie liturgiques, par la psalmodie etl'hymnodie, par les «conferences. monastiques et Ieslectures redo tono a la table des moines, des chanoines,

(26) C'~ IIIU' ee point precis de la syntaxe et du vooabulaire qu'j) rautdonner un plein ~timent aux der_urs de la • continuite t. La latin ee-I'Olingieo. y oompria clles _ repreaentanta lee plus raffin68, peut 6tre oOnsiderb.Y1l de I'. amont. c.b.ronologique, oomme une mutation produisant un genre par-ticulier de l'~ • Iatin tardif.; une nouvel1e .u. en un monde mental et~aI nouveao. maia appa.rienant par _ traite au m6me ~ - Lee phaae8de oette mutation BOIlt particulierement perceptiblee dans lee rMoriturea tI1JO"~v_ des Vi. de Sainte; on attend IIIU' ce sujet la publication de la th_ deWait« BDIICaDf.

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787des eveques, et mäme parfois des grands 27. En ouvrantces perspectives concretes sur un latin parze comme unelangue vivante - y compris celle des entretiens « au som-met. entre les academici de la cour -, on se trouve ache-mine vers une nouvelle position, plus realiste, des pro-blemes du latin carolingien. Car ce n'est passeulment lalangue ecrite par copistes, ecrivains, notaires et dignitai-res. C'est la langue courante de communication orale d'uncertain nombre de groupes sociaux: Iaiques, ecclesiasti-ques, et surtout monastiques. Charles a-t-il pratique au-trement le Iatin, non pas certes en ecrivant,mais d'aborden eniendani la latin - aux deux sens du mot franeais:reception auditive, et intelligence, d'une langue donnee ~Bref, ilest, du point de vue de la langue latine, le primusinter pare« de tous ceux pour qui le latin est devenu cequ'un historien a spirituellement appele leur « languepatemelle. - disons: celle d'un Dieu pere qui continuede s'adresser alors en latin a ses enfants d'Occident 28.

(t'l) L'hagiographie • pu faire robje~ de lectures de table deja. dans I'ari-Itocratie merovingienne. comme 1'. rappele M. l!BrNu:LlUNN', Nem A8peldtlder 6i0gr0pA~ uM TlDgiograplai«Aer& LiUratur in der laleinuchen Well (,. B.T~".), in FroneiG, \.. I.n73, p, U _ Do 82, en Be referant it. la Vita d'Hi.laire ,~'Arlee, qui aurait ~te le premier it. introduire cet usage. in ciu~tatibus ~.Sur 1 unport.ance de la ~ diuift4 e~ de rofficium dans la vie monastique, voiren Premier lieu la B~l. benedictine, dont on sait que Charlemagne 8'effo~ade l'IIpandre le ~~ , correc~ t, d'apree un e:xemplaire venu du Mont·Cassffi,it. tnvera taus IN mODlI8teres de l'Empire. .

(28) Le mot eR de W. VODden Snn.-.N', clans sa meditation 8~ D~ m~'.~lw.. Laut ...aü ,,~ PAä_'_', in ScJa~ Zet,:cJari/t[aro~ \..VII. 11157,pp. 1.27. On sait trie peu de ehose de I educatlo~de Cbanemagne. Mais s'i! eat vrai que SOD pere PepiD a ete eleve par lea mOI-

D4!a de Saint-Denia, il"7. des raiaons .eneU8eB de penser qu'a. la cour ou clans .IIn IIlOnaetere i! • ete lui ausai nourrl aux lettres latines des 80n enfance. LaI'~ Koroli, 26, t8m~igne d'..meura du fait que' religionem chri8~ianam, qua~ in(antia fuerat imbutua, _tissime et cum summa pietate colwt t. Et plus .loin, 16.. Eginhard dit I'empereur ,admodum eruditus t, ~ut autant dansla Ieeture que d.ana le chant des p__ . n a d'ailIeurs prOOis8~a~ eh. prece-~t, 25: 'Le.tinam (linguam) ita didieit ut aeque illa ac patria lingua orare:~.80IitU8to Le fait que le biographe remploie ici une phrase de Su6~ne sur le .l~ de l'empereur Tiro. (Tili uiltJ 3, 2: • LaUne graeceque ••• ffi orando

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788 JACQUES FONTAINE

Pour revenir a I'eerit, e'est done par mimetisme -eomme le font les jeunes peintres qui pratiquent I'exer-cice savW:J.tde la copie de maitres de la peinture - queI'eerivain carolingien commence par ecrire « ala maniere sde tel auteur qu'il a lu ou qu'il eommente. On le voit bienen divers genres litteraires, et par exemple dans la .polö-mique theologique qui se developpe au milieu du nesiecle autour du chapitre des Sentences d'Isidore «De prae-destinatione s; Horneliste habile aux amplifications, ouoateniste seripturaire, grammairien adonne a l'exercicede synonymie, ou prosateur lyrique heritier des Oonfes-sione de saint Augustin: tous les partenaires de la querelletravaillent et ecrivent a leur maniere propre, mais tous ,se comportent, finalement, 'en gl088ateurs S9. Pas plus qu'au temps d'Isidore, la theologie, encore en son. Agegram-matieal s, n'est ainsi sortie de methodes timidement e:d-gitique8. Mais l'avantage proprement linguistique de cettesituation est, ehez ces eCrlvains, une impregnation bibliqueet patristique exceptionnelle de leur latin. Car les plusdouös retrouvent ainsi la souplesse de la prose patristiquede haute epoque, d'Ambroise a Gregoire le Grand 10. Non

••• promptua ei (aclliu) paratt inviter ~ ne p88 reatreindre ~ la aeule valeurehreti_ de • prier. oe remploi d·oro,.. (_. di.acourir t) dans le texte de laViIG Korolä: la priere n'est en I'oocurrence qu'un • disooura ~ Dieu s panni biend'auWea, Charlemagne ae piquait d'~tre un ell:cellent latiniate. et un 'tudiaut;ll vie de. • artea t - ici encore, eomme Tibere clans, BB ViItJ su'tonienne.70,1._/(29) Naua venons de caractenaer ainsi rapidement lea eommenteirea divers.et de plus ell plua poJemiquea, que le obapitre d·]M •• eN. 2.8, • Gemina eatJlftledeetinatio .••• (lui·~e probablement utrait et concenW de Fulgenoe.Ad M__ 1,13, et de Gregoire le Grand, Moralia 29, 18. 32) a inspires tour• tour 8U% tbOOlogi_ caroIingiens .uivanta: Gottecbalk. Con/um prolirior(PL, " CXXI. e. 31)1); Ratramne de Corbie. D. praedutinalioM Dei 2 (PL.tb. c. 64-80); Loup de Ferneres, Co1l«f. d. 111 quam. (PL, t. CXIX. c. 857-868); J_ 8coi, 1>. fWG«lut, 3....6 (PL. " CXXII. c. 368d sq.) et Prudenoede Tro,-.. D.""_'. contro loA. St:oI.(PL, " CXV, o. 1093 q.).

(30) Ainai. la _ de. lectures carolingiennea, - Bible inoluae _, • pour_We de pa,,", le Iaün tardif de. granda proaateura ehretiena du IV. au TI·

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DE LA. PLURA.LlTE 1L'UNITE 789

rnoindre est leur impregnation par la Vulgate et'les .Vete-res laünae: c'est 8. dire par un latin paleochretien d'untYPe tres partioulier. On peut en mesurer specialementl'importance dans le latin hagiographique, et cela des Iessiecles precedents al.

Enfin, dans ee pelerinage aux sources du latin, d'au-tres iront plus loin encore et atteindront ainsi une troi-sieme etape, Ils copient, recherchent. ' corrigent. rede-COuvrent une grande partie des ceuvres de la. litteraturelatine antique. De tels Iecteurs trouvent paradoxalementdans ee depaysement, hors de l'univers quotidien et dulatin ohrötien vivant, des moyens nouvesus d'exprimerleur propre temps et leur propre personne Sl~Ainsi, pasti-cheur achame et subtil, un Eginha.rd ne se contente pas

a!~le, M lIIU'tou' de rAge d'or patristique (de 37' A '30), n en resulte que BiI on pea, parler de • claMicisme can>lingien t, il faut d'abord l'entendre (oom·~ 1'. fait Ed. de BBtrYlfW pour Bede: voir eupt'6 n. 15) IIU sens du n6oolllo88i.~e de I. lat.inite tardive:.de m6me que l'empereur mod~le est, pour Char·e~e, bien moins Augune que Conatantin. Ceux que nous appelona I~~ae.tqUN ne .on' .Ins t qu'en oertainea 6oo1ee. et. partir, aurtout, de la mOl'\i6 du IX. aiilele. Pour l'empreinte deA .tylea patriatiques aur le latin oarolin·lIen. voir B. ScmmmLB •• V_ ptJhVf~ Stil in tht'~, buottder.de. Jlilwlolter. dans lea MtlMtgu A.lUl1CX, Leipzig 1916, pp. 211·33 (qui m'estl'eate m-ible). . . .

(31) Pour Mte in1lu-. qui a·eat· ex,,"," par l'intermMiail'e de l'h_gio.8raphi~ rMigee dans lea a*lea prWdeota, voir l'exoellente thhse de ~ootora~,Procbememeot _ ~. de lIarc Van UY'!'I'.uroJIJI, BibI. eC ~AH..... ,. ro,o.- fro- ~ (.00.7 SO), reoherches sur lea CO~811de p~~ ._ d ~on dans lea preteodll8 • dark agea t. En partan~ d une all~e ~e~~ PAr\icularite. de forme. )'autellr .. teilte de mesur&r l'infillenoe du .._tm bl'Iiq~ comme tel. .ur _ hagiocrapbes. On pourra discllter le dAtail d~ C~la cn~ oar il est -w.in qu·it. inclueot bien deA traits generaux tYPlqu~dQ Iatm tardit; ma;. iln'est pu JDC)iu. oertain que 1. Bible latine .. pu oonatl'tawllll -'i ....primordial de _ toIln et emploia t,ardjfs. ..

(31, On lit M on copie lea anciena, clans la mesure 06. iIa 80nt d'abord d'ex·eeu.a. temoil18 de la • IlQC'Ulareetiwdinia t. comme 1'. jU8tement obaerve J,~n~8'R1lf (cite 8Up. no HI). p. 111.lIaie celte redeoouverte p~Mre peucl._ lea ~turea dea iloolea, du moil18 clans oertainea d'entre ellea, o~ 1on, p~ede la. Jtorture • dea paete8 ehr6\i_ • oeIJedea ~te8 paiens, en deplt de 1etrolt~ du • programma' qu·. mia en lumi~", G. GuoaD. Schua.·-. ... M~ Z",,,.,. .... ~ WGN1l..,.,.,. w' .r...wreiGtwN bit 1100IICIQ\ _ ~ ,;.,.".,. )lilDchen 111;0, pp. 3911q. sur l'eoole d'Auxerr'll.

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790 JACQUES FONTAlNE

de peindre Charlemagne par une marquetterie de textessuetoniens. TIraconte la bataille de Roncevaux en termessi rigoureusement cesariens qu'il en stylise möme Iatra-gedie grace aux souvenirs de I'öorasemenb d'une legionromaine par les Eburons d'Ambiorix, au einquieme livredu De bello Gallico 33.

Mais plus que dans ce pastiche minutieux, le genie la-tin earolingien trouve ses Iettres de noblesse en des au-teurs plus librement originaux. Devant les lettres deLoup de Ferneres ou les poemes de Theodulfe, nous voicibien au-dessus des indispensables « regratteurs a de textesgrammaticaux ou theologiques: au-delä möme du latiD.courant, et couramment parle dans öcoles,chancelleries,monasteres, et surtout dans les eglises, le latin de cesoeuvres n'est pas seulement le fruit laborieux d'une me-moire trop lourde parce que trop longue. TIa conquis sonautonomie. TI est devenu susceptible d'exprimer de ma-niere originale les idees et les sentiments d'une nouvellesociete, irreductible a. ceux des societes s Iatfnopbones equi I'ont precedee et suivie.

00 on ,lit t (sana doute gräce aux Irlandais) Juvenal et Perse, Martianus Ca·peIla et BOOce. Voir aussi la quatrieme partie de P. RIOBt, Ecolu et enuigM.menI (cite IlUp. n. I), sur ,Moyens et. methodee de I'aoquisit.ion du aavoir t.Sur I'interferenee entre latin cl888ique et. latin tardif jusque dans la prosed'Eginhard. observations preeiaee et tlOnvainoant.ee de s. HELLJUNN, EinhardUliteroria:M Stdltmg, in H~ VierWjalw.chrijt, t. XXVII, 1932, pp.,'3.74. .

(33) Le8 pieces du , puzzle t llUetonien aveo leequelles Eginhard a tlOmpoeeII!.pörtrait physique de Cbaz-Iemagne ont. ete repereee eoigneusement dans leeDot. ao eh.. 22 de la Vito KtWOli, dans red. IlALPHEN. Mais pour Ronoevaux.outre le caraetere atrietement oe.anen du vooabulaire militaire remploye, onnote ao ch.. 11de la ViIG le eouvenir (en l'ooourrence: apologetique!) de p.6ello Gollko 5, 3!: l'~. tendue d_ Zu boU .. I'armee romaine dont I.colontws de marcbe .'engage imprudemment doM un grand rollon (e cum semaior p8I1I agminia in magnam tlOnuallem demisisaet t) ot! lee Eburons vontl'anIao!tir... Le maquillage eNarien de la bataille de Roncevaux atteint ainsiUD ~ ~Ie de perfection, .. la fois formelle et apologetique. D eattYPlque du degr6 de culture le plus eleve: ce1ui des «1IolM1I de la cour.

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** *Mais pas plus qu'une hirondelle ne fait le printemps,

une lettre de Loup ou un poeme de TModulfe ne sam-aitrendre compte des caraoteres speciflques de toutes lesformes du latin carolingien. Le fait möme qu'on ait bap:'tise Loup de Ferrieres d'. humaniste • n'est passeule-ment un compliment adresse a. son maniementd'une lan-gue pure, riche, harmonieuse- Mais le mot a aussi eertainesaveur de retrait, de distance par rapport a. ee e sermopraesentis temporia s qu'Isidore estimait oonforme a la. .doctrine ciceronienne de reelamer de son lecteur, En fait,d'ailleurs, la langue de Loup se revele, a l'analyse - aussibien qu'aujourd'hui le latin de bien des humanistes. dela Renaissance du XVle siecle - plus mixta qu'il ne sem-

blerait a. I'abord " .. C'est qu'il n'y avait plus, dans la, Franeia carolin-,

gtenne, un seul sermo, une seule langue vehiculaire oou-rante - au sens Oll ilYen avait encore'une dans l'Espagned'Isidore de Seville. L'exemple de Charlemagne est ici anOU\"e&U instructif. TIparlait couramment latin, mais son8ermo patriU8, comme dit Eginhard, etait le' francique,et ilavait 'passe une grande partie de sa jeunesse dans laregion, de rustica Romana lingua, des valleesde l'Aisneet de l'Oise as. Loup de Ferrieres lui-meme etait dans le

(3.4) Ce qu'. montr8 .vea DUeprobite minutieU86 retude de ZUSTEBOlm·ll"OBDnI SKtlDEBS., Bd LoIijrt fkr Bn-- ..- LvptU de Fert'Üru, middeluu

tDlI

lIv_._. Amsterdam 1"3: voir _ oonclusioD8 de ,. p•.144: ioi.enoore, c'~tdaaa le ~u1ait'e et. I.. ayutase que l'empreinte du l.tlD tardiC et Obrßtl~ern. 1&plus aenaible.• (35) Comme il ,_rt de l'etude auggeet.lve de Ferd. LOT, Q~ela 80n' Zu

"iGkdu ~ qvc ~ (:IOIIftOilr8lu corolangieM , inRomonsG, t, LXIV.l~, pp. 433.~3: &veaIeur ~re. Charlee et Ce.rloman ont.p- une grande~e de Ieur jeu~ daDs _ v.nee.. en pleine aire linguistique romane. Dbs1Origine. Je. domain .. dell Pippiniru.. et leurs nIoJjdeDCe8,sont d'ailleurs e~ Cu·tut- pa,...... alIon. (cf. HeNtal, Jupilles. Nivellee).

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792 JACQUES FONTAIN'E

möme cas. Fils germanophone d'un Bavarois et d'uneFranque, devenu latinophone pendant ses huit anneesd'etudes a. Fulda sous la ferule de Rhaban l\Iaur, Loup seretrouve moine, puis abbe de Ferrieres-en-Gätinaia, enune terre neustrienne qui restait et resterait, sans par-tage, romanophone.:

Ces deux exemples donnent a. penser sur la triglo8siedont plus d'un dignitaire carolingien du IXe sieele dutaequerir la 'pratique. Une telle hypothese n'est pas moins·renforcöe par un eurieux passage de la correspondance deLoup. Dans une lettre adressee en 844 a I'abbe l\Iarkwardde Prüm, il sollicite, en vue de ce que nous appellerionsun «sejour linguistique t, l'accueil a. Prüm de son propreneveu et de deux autres jennes nobles, «pour apprendre'la langue germanique , ss. La möme triglossie semble doneapparaitre ici, un an seulement apres l'evenement .Iin-gnistique des Sermenl8 de Strasbourg, et I'annee mämeOT! disparait Nithard qui nous les a rapportes, d'ailleurs,an eoeur d'une Histcwia ecrite en latin 17.

(38) Loup de Ferri8ree. ep.35, .. r., t. t, p. 156sq. Levillain (2eme tinge.1964): • nepotem meum ueetrumque prcpinquum, et cum eo dU08 ali08 pue-rul08 nobilea ••• propter Germanicae linguae nanciaoendam ecientiam uestrae·aanctitati miUere cupio, qui trea duobus paedagogia oontenti Bint t. Cette re-qu6te IeDlble impliquer que les enfants en question n'avaient probablemen'pall le gennanique pour langue maternelle. ou du moilUJ pour langue originelle·-te. - maia quelque nutko Romano lingua. Elle pourrait aWlBi impliquer·que. pour • arriVal' t A la cour, et aux dignitM _ulillres et eccltSaiaatiquea leaplus baute.. il eonvenait d'6tl'e lrilingtH: il y allait de l'unitä d'un Empire,1uriJingue et de ea viabilitä - qui. il est vrai. aerait relativement breve, en .'paniculier claDa I'ordre de I'unitä 1ingbi.stique. Si le texte nr le trilinguisme·deJ'ev6Que Mummolin est eon_table. oeIui.ur le trilinguiame de l'abbe Adal·hard de Corbie est moma inoertain: on lea trouvera oommod8ment reuni. daDI .la note d'A. TEBllACJlEll, A ~ tH ltJ diMiReliOfl .,.".. ,. 1aI.,. et ,. I'OfIIGII"--10 F~ da Nard _,., ,. IX- .Mclc. in MotHrrt Longuagu RfIf1i4w,Janv•1917. pp. 33-38 (lea objec&iOlUl IW' l'utiliAtion de oea textea pour 1'4tat de la~ anWriear A I'epoque carolingienne ne valent plWl pour notl'e periode).VOIr auaai le doaaier de tute. reuni par O. P ~OJ:LI A la dn de aon articleoi~ iD£. n. ~.

(37) NI'I'ILUlD. HÜIDWa da jlü IÜ Louä. ,. PMuz. 4d. Pu. LAVBa, Paria1921 (Je tinge, 1964), p. lMaq. Sur la date de redaction, entre sn ., la

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DE LA PLUR.A.LITE 1L'UNITE . 793

Cette situation, desormais et officiellement concurren-tielle, du latin est l'une des nouveautes les plus conside-rables pour son usage avenir comme Iangue vivanteetvehiculaire. Cette situation nouvelle differe a la fois desa concurrence jadis victorieuse aveo les Iangues indige-nes des terres conquises a la romanite, mais aussi de latension ancienne et quasi eongönitale, a Rome mäme, en-tre sermo urbanus et sermo rusticU8. Car cette tensiona'est effectivement accrue jusqu'au voisinage du point derupture, dans les deux sieoles qui ont precede la reformecarolingienne. Et ce point de rupture de la communica-tion apparaissait de la maniere la plus inquietante a l'en-droit le plus sensible pour l'evangelisation: .dans I'annoncede la Parole de Dieu, dans son commentaire par la predi-cation 18. C'est la que les reformes de la fin duvrn'' ,sle-cle risquaient de produire un effet paradoxalement .con-traire a celui qu'elles cherchaient.

Mais ce problems devait etre d'autant plus ruse a re-soudre que les Anglo-saxons avaient pratique, •depuis

lI:lon de l'au~ur en 8«. voir l'introd. de I'IId. pp. V·vm. On oontinue declieouter .ur I. nature e~ l'autbentici~ du tede des S_ent6 en .Romanali~gw.. ; voir p. ex. A. CABTBLIL,", L'tmeÜIt poUmR et le problem. lingui.8Cifue du Srramü de Stnu6otug. daDs CultwG neo-Iatina. t',XXIX. 3, 196?PP. 201.234 (ce 8el'ait un dialec~ du Nord de l'Aquitaine, mBollldont la graphieebea Nithard MIte infl~ par celle du latin merovingien). . .

(38) Sur 1811 probJe_ de la communication. all niveau de laquelle on dOlt°baervv de la In&Diere la plus ooucre~ le ~e du latin .ux languea rom.·IIe8, IIOQa attend0D8 la tWae de doctora* d'Etat de 1fiCBBL B~ Burc~:~ oroh ., ~ __ .,. Ot:eiAünl du y. ou]{' eücle. ,VOIr,IIIl .H-ndNlt. _ etude pertineate e$ trN suggestive .ur Le lecI_ en Eapa·~ ~ tl'aP'V 1~ de &rtilü: de ... /(JftI!1ioM ,) fUal de la la~e.III B-. du Btudu A~. l.XXI. 1975, pp. 112-144. L~ questio~- iei oeIle de l'intellig_ auditive d'une laugue orale entend"': it fa?dr&lt~ oompl8t«: en ajouaant HMrirtg all debut, le titre de I'tltud?,. pa.r aIlleurB.~~te et juste, de R. Wama:r. SptJtJkiItg. Beadtng and Wnhng ,Late ~.... ...., Kort, B-. in N~ t. IX. 11176. pp. 178-189. C eat bien.IIIl effel ~ _ quatre op8ratlOII8 mental"; dültiDctea que peut 8e referer ~'~ed'une Iaogue donoee. _ autremen&. di&. l'etablisaement de I. oommuDlcatlon.

-tz.e lecteur et rioepteur.

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794 JACQUES FONTAINE

longtemps deja, la predication en langues vernaculaires 39.

Aleuin etait done bien place pour inspirer les solutions quis'imposaient. Faudrait-il des lors considerer, de ce point devue, le celebre canon 15 du Concile de Tours de 813, com-me un retrait sur des positions plus realistes, par rapportaune politique de latinisation a outrance dont Alcuin,disparu neuf ans plus töt de l'archevöche de cette mämecite, aurait ete run des promoteurs 1 La chose paraltpeu vraisemblable. En revanche, il ne faut pas sous-esti-mer ce texte, puisqu'en cette mäme annee, les Concilesde Reims et de Mayence· prennent des dispositions,analogues [usque dans leur libellö,.pour qlle les sermonssoient prononcös d'une maniere intelligible. if. tout l'audi-toire 40.

(39) 1I6me si BMe donne priorite au latin, eomme langue commune, lIurlEISquatl'e autre&, au «Ubut de son Hi8toir. eccUsia8tique du 1'fIUpU anglai8,I, I, p. 178. f. Mo CoIgrave Mynora: • quinque gentium linguis ••• Anglorwnuidelicet Brittonum Scottorum Pictorum et Latinorum, quae meditationescripturarom ceteris omnibus est facta communis t, il n'en atteste pas moinsla pnldication c:lJretienne en langues indigenes comma chose courante en lIOntempe: cf. p. lilt. 3,3 p. 220 ib., s.p, la traduction d'une predication (t interpresuerbi existeret caelestis t) de langue celtique (t lingua Scottorum t - iJ .'agitde l'ev~ue Aidan, un Irlandais -) en anglo-eaxon (c Anglorum linguam t)•. (40) Voir l'ensemble des textes dans MOH, legum seetio Ill, Coneilia 2.

para prior. p. 288, 14 (Concile de Tours, canon 17): p. 255, 17sq. (ConciJede Reims., canon 15): p. 271. 21 sq. (Concile de Mayence - Oll iJ ne pent 6treevidemment fait allusion qu'a lac theodisca lingua t, CMon 45). Ces dispositions.prises la wme annee. aemblent impliquer des instructions generales venuee dela cour: voir effectivement la lettre imperiale de la m6me annee, w. p. 296.

_EnSemble du doaaier. outre lee textee ci.deesus, pre..entb et commente par O.J~~GELI, UNI dieporizioM del Coneilio di Tours (81J) per la pred~in liftgtus t1Olgtw •• dans Annali ddla FacolIG di Letter •• Filaeofia (pubblioazioD1cLoU'Univenlita di Bari). to XI. 1966. pp. 213·219. m. 794. his dispositions.du ConciJe de F_f~ lItipulent au canon 52. MOH w., t. 2, p. 171. 100q.,• ut nullua eredal quod nonnisi in tnöua lingui. (os hIIbreu. grec. latin I) DeUBorandua sit, quia in omni lingua Deus adoratur et homo exauditur, si iusta pe-tierit t. Tezte OOJDmente dans L. I.ENTNBB, VolbeprocA. und S~/tfI,GucAidte __ L«Hmefroge 6ie ... m Erwh du Komiu _ Trenl (Coli. WieDerBeitrige zur Theologie. to 5), Wien 1964. p. 39. Tout le cb. 3 IU1' • le latiDoomme laugue aacnIe M officieJ1e • intereeee directement notre 8ujet. n montraoomment la tb60rie dell trois lauguea 8ACree. (a laquelle fait allusion le canonde Fl'IUlCf~) M la volonte de aWvre en tout I'usage romain ont entralne daD8

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DE LA l'LURALITE 1L'UNI'd 795Meme si la signification du detail de ces mesures est

sujette 8. de notables et legitimes differences d'interpre-tation, une chose parait ressortir clairement du canon deTours: la communication entre le predioateur et son au-ditoire, 8. tout le moins dans la vallee de la Loire du debutdn ne siecle, etait devenue si difficile en latin qu'il fal-lait desormais la faciliter par une «transposition» intel-ligible aux auditeurs. Et eels reste vrai quelle que soitla maniere dont il faille comprendre, en cette conjonctureet dans ee contexte, le sens precis du verbe transferre 41:l'important etant, au premier chef, de ne pas omettre,comme on l'a fait trop souvent, l'adverbe facili'U8 aupresde inielleqere possinl u. Depuis Augustin, et plus encore

la • reforme t bonifacienne, puis earolingienne, une latinisation rigoureusede touUl la liturgie (ou une • relatinisation t f), en partioulier sous l'infiuenoedee inaulairee, pour qui Iaague latine et liturgie romaine alla.ient. de pair.

«(1) Le texte de ToUft invite les predioaUlurB c ut easdem homili88 quisqueaperte traDsferT9 studeant in rustioam Romana.m linguam aut Theotiscam,quo facilius cuncti intellegere possint quae diountur t. Trans!6f'f'e signifie enlangue classique: CrGduin d'une langue dans une autre - au sens oouraut etlletuel de ce verba _. Mai. quaud je dia que. je traduis ma pensee d'una autrelnaniere t, on co~it que le meme verbe est 8WIOOptible de bien des acoeptions.T~ferrts implique-t-il done une _.w synonymique (la ,traduction en un18Z1g8ge plus simple t) ou une i~w (la .traduotion. dans une autre lan..8Ue. 1 proprement parler) ! AL Znnt, lA pridlcolWn en langm romane avom1100, Paria 19i8, p. 89, adop~ pour traMJ6f'f'e le mot frau~ai",' traduire t.

~ diasiper pour autant les ambiguites de sa ••• traduotion. De toute ma·1libre. 1 remonte!' aus: intentions des Peres de Tours. oe qui est viaS par eUS:est une tranapoaition linguistique ou 8tylistique (les deus: o~. pouv~ent. sePreeenter eelon les auditoireB et la difficulte de I'homelie OhOlSle) qw olarifiele .texte en le simpli6ant. et en le rendant ainai plus accessible aus: simples~i. Ce n'est qu'une application nouvelle d'un ~ou.ci P88to~ que I'on~t en Occident depuia les eermounaires de l'Antiqwte ohr8tienn

e• - O~

tlait qu'en France du Nord, le plu.a ancien t6moin d'un sermon en languelOJDane eat un (gm. de VolenciettftU U1: _ notes en .roman• sur JO~88IIOnt si&wiea entre 1137et liS! ~ Saint-Amand-)es.eaux (Nord): of. M. ZINK, ill.,P. !Iaq. Voir auai. dana le dme ou'\-rage, p. 405sq., les. idees d'ensembleOOIIeemant 1. situation poaterieure. sur • La predication en langue romane

IIOnt entre deux cultures t.(42) Beaucoup d'auteu.ra. f't non des moindres. omettent fAoheuse

ment

eet adverbe /acil'UII, qui modifie evidemmeDt tout le aens du oontenu d~ la!»reeenp\ion: ainai Dag No&sEBO, A ~ i~ 0-4-on .cusd de r:a'lef' latan'1Il Altnala, to XXI. 19M. p. MG, et encore, tout räoemment, PIerre RICHE,

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796 JACQUES FONTAINE

depuis CCsaire d'Arles, l'Eglise latine veillait et peinaita faire en sorte que sa.predication rut delivree en un latinintelligible a tous les illitterati, parfois a peine frottes d'unlatin vivant, mais peu savant, dans les provinces oil. lesIangues indigenes s'etaient longtemps maintenues. Ainsi,mömedans les futurs pays de langues romanes, la christia-nisation n'avaneait, quatre sieeles avant Charlemagne,qu'au pas d'une latinisation eIementaire, au temps oil.le Christ n'etait encore, selon le vers du Gallo-romain Se-verinus Endelechius, que «le seul Dieu qu'on adore dansles cites .t. Dans de semblables perspectives, pastoraleset missionnaires, iletait donc catastrophique, en ce debutdu !Xe sieele, que la. communication de la predication rutinterrompue.

Car des lors que la. «reforme • carolingienne tendait ageneraliser imperetivement un retour a toutes les normesdu latin elassique, la.tension entre ce latin restaurö [usquedans la. predication - par I'amelioration mäme de la. for-mation linguistique des predicateurs - et la elangue ro-maine rustique t de l'auditoire, en divergence eroissanted'a.vec l'antique sermo urbanU8, - cette tension devaitinevitablement depaseer le point' de rupture oil. toutecommunication cessait. Prödicateur et auditeurs ne par-lant plU8 la inbne langue, les seconds ne pouvaient bien

.,coli. " ~ (sup. n. I), p. 322. Mais M. ZINX (ib. n. preo.) traduit_'-ee Just- I'adverbe, _ en expliciter pour antant lee oo~quenoee eurt'iDteIIigeuoe de la phraae. Noua adherons pleinement an oommentaire nuanc6de ~G NoJUlEBO,ib. p. 147, IIUl' ee texte deTours: le texte montre que' en81* il "I .V8Ü eaaore dee 6v6quee qui pronon9&ient lel1lll sermons en latin,waiaemblablement .vee une prononciation plus ou moins adapUe t. I. lan-gue pari6e. mai8 _ que oela .wrIt pour qu'iJa CWJleJltoompria de toUB.. Enftiaon m6me du lameux adverbe Jaciliu, noUBnuanoerione eeuJement: ,pout'-qu'iJII r-t JIl- ........, eompria de tow! t. On Cera plUBde rMervee .ur leoommentaüe _jeeturaI de lL P. MULLJUI(danI un artiole publi~ danI Word.$. I. 1Nl. p. lHeq.), II8Ion qui tl'nAque lit en roman le texte latin qu'iJ •-- 1eI yeaz ••• _ prdant un ordre dee mote _ reapectueux du I.tin tU- ."1)..

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797comprendre -:- ou oomprendre tout court - le premier,que si eelui-ci adaptait son langage aux capacities et auxusages Ilnguistiques de son auditeire a. TeIle est la situa-tion de fait que le- Concile de Tours sanctionne par unpreoepte explicite, 'qui pourrait avoir ~te destinES aurtoutaux derniers defenseurs de l'usage, dans la pr~dication,d'un la.tin «reforme t.

o Cette sanction d'une rupture presque consommoo,meme dans lea pays anciennement latinisee oü la .lan-gue romaine rustique t est en train de devenir Irreversi-blement nne langue romane, est peut-etre la. limitationla. plus decisive, qui fait bien du latin carolingien un 1a-tin medieval _ comme l'etait deja, en ce möme sens, lelatin implantä en terres celtophones et germarlophones, del'Irlande ala. Germanie. Desormais, ee latin n'est plus lan-gne de communication orale que dans une frange - sans 0

doute encore Importente. - de la. societe carolingienne:tnolnes et chanoines, elercs et nobles (surtout a la cour,pour ce dernier groupe social). Voici done le latin reservepratiquement a Dieu, a eenx qui lui sont consacres delbaniere priviIegioo, et aux Ialcs dans la. mesure Oll ila&ceMent a une culture tres cMricallsOO.

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798 J.ACQUES FONTAlNE

On le pereoit bien en « testant • le latin de Dame Dhuo-da, femme du duo Bernard de Septimanie. Le Iatin de soncelebre ManueI est [ustement, a. sa maniere, une linguamixia 1. Cette pieuse dame est assurement petrie de Bible,de liturgie, de 'Ieetures patristiques. Mals les « commentai-res perpetuels s qu'elle donne de ces lectures a. I'usage deson ills sont etrangement' traverses d'anacoluthes, de [erix»rini en prose d'art sophistiquee, parfois de platitudes, oumäme de confusions inextricables. Bref, tout se passecomme si son latin se trouvait ecarteIe entre l'imitationambitieuse de ses lectures sacrees et une sorte de latintres incertain qui ressemble a. une lingua franca - au sensmetaphorique du mot -. Dhuoda croyait s'etre toujoursexprimee en un latin fort chatie, mais elle n'avait pas lesmoyens de ses ambitions, et elle s'est pour ainsi dire ex-primee au dessus de ses moyens w, TI en est resulte cettesorte de c fil sonore. inimitable qui nous atteste, autantqu'une personnalitö fort attachante, une forme parfoistres proehe de ce que 1'0n appellerait un jour du «latinumcirca romaneum •.

~Iais ce que 1'on serait tentö d'appeler le s repli so-cial. du latin carolingien, - dans l'Eglise, les chancel-leries, les notariats, - n'a pas eu que des inconvenientscomme ceux que nous venons de constater möme chezune grande dame comme Dhuoda. Car un tel repli a oonso-lid6, sur une aire sociale plus limitee, les reconquötes de

(44) TelIes 8On~ quelques unes des oonstatations majeuree que DOWl avonsf~_en anaIY8&llten eeminaire UD khantiIlonnage de textes aussi divers quetJo-oledu MOfttUl de Dhuoda dans I'M. de P. RICBE (CoU.Souroee c:Ilretiell·lIeB. '- CCXXv. Pan. 1970), en compagnie de I'Miteur et de Bernadette.JAlfIlSBX8, qui entreprend AGand une thllee de dootorat IIUr le latin de Dbuodao8ur oe llUiet, outre lea obaervations rapidOllde P. RIeBt dans la pnSf_ deBOn M. (p. 38aq.). on lira bient6t 1011notes critiquOllet linguistiquOllde Beng$LoEI'IITImr, Zu D~ Liber _UGli., Aparaitre en 1981dans lOllMilD",-M.C. DiG: r DIa:.. LM obaervations de Löf"tedt mettent en valeur l'bomO-~t.6 d'uu e.tain nombre de trait. de ce latin avea leur apparition elld'autne texte. latins du baut Moyen Age.

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DE LA. PLURA.LITE 1L'UNITE 799

la reforme carolingienne. TI a möme permis a ce Iatin,pour ainsi dire delivre de ses emplois les plus modeste-ment utilitaires, de retrouver un usage purement cultu-rel, voire gratuit, esthetique, poetique, ce qui est aussipour une langue une condition indispensable de l'enrichis-sement necessaire a. sa survie, et un facteur essentiel deresistance a la corrosion de ses structures. L'ensemble dela Iitterature carolingienne, du !Xe sieöle surtout, vientainsi prendre place, comme un quartum genua, aupres dela Vulgale biblique debarra~ de ses erreurs, de la litte-rature latine classique retrouvee, des ceuvres paleoohre-tiennes dans la lecture et la copie desquelles la continuitene fut jamais interrompue. Latinite «conservee» et done'" latinitö «en conserves s: la est le danger. Mais aussilatinite sauvee et bien sauvee (e'est le sens premier deCOn8eruata); et la resident sa valeur, sa viguEmr creatriceretrouvee.

Pourtant, l'exemple, peut-etre extreme et particu-'lier, de Dhnoda, eveille des doutes sur l'Ullification de oelatin, meme an sens materiel de l'emendalio explicitementappuyee, avec tant de perseverance, par la volontö deCharles et de ses successeurs. Les aires merldioneles del'Empire, ces 'terres de Romania ancienne, n'ont-ellesPas oppose a. la reforme linguistique une resistance 800:

Crue par la divergence relative d'une langue parlee qUIn'6tait justement pas anssi heterogene au latin que l:~tai.e~t lea Ianguesceltiquea et germaniques ? La force ~ ~er-be opposöe par lea traductions bfbliques et les traditIonsCuIturelIes de ces terres anciennement romaines et chre-tiennes a ete observee en bien des domaines de la reformecarolingienne' dans lea textes liturgiques, bibliques, ca·'noniques, et jusqne dans celui de la Regie benedictine",

(~ Le Dombre et la repartition des temoins maDuscrita de I. Vulgatll ooni-.~ par Alcuin (~ 1RU'tou~ de la revision critique ~tee par '!'Modulle), du

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800 JACQUES FONTAINE

Comment de ces faits ne jetteraient-ils pas un certainsoupcon sur l'accueil fait aux preceptes imperiaux 1Qu'onse rappelle lea admonestations polies, mais tres fermes,de Charlemagne a. certains eveques peu soucieux d'orga-niser ou de reorganiser les ecoles de leur diocese4.8; ouencore le caraetere lent, inegal, incomplet, de la pene-tration de la miriuscule caroline dans les divers 8criptoriade l'Empire 47. Bien au Sud du coeur de cet Empire, le

8GcrarMlllOir. t Hadrien t, de l'homiliaire commandt\ par Charlemagne A PaulDiacre, de la vel'llion de la Regk de saint Benoit t\mendee au Mont·Caeain.mettent en valeur lee re.uItat. nettement limiIU de I'unification BOuhaiteepar Charlemagne. L'application du programme imperial s'est heurttle, en cesdiv81'8 domaines, A bien des forces d'inertie qui ont maintenu la pluralite destraditions rtlgionales et locales, en particulier dana les regions tree ancienne-ment ehritiennes: Italie, Bourgogne, ancienne prouincia, Septimanie, Aqui-taine. Et .I'on ne peut pas y appeler anarchie la diversite des formes etdes traditions. de m6me que la fidelittl A de tellee traditions, locales ou regio-nales. n'emp6che pas. A Lyon. nn Agobard au un Florua d'Atre • un partisanet 1m gardien inoonditionnels de I'unite politique et religieuse.: demonstra-tion et conclusions de l'enquAte remarquable de B. KO'l'TJE, EinMit und Viel-Mit du ~ LebeN in ckr KfWOlinguuü, in Zeil8cAri!' für Kirc1unge-didl8, 1. LXXVI. 1965, pp. 323·342. Voir auasi, pour les divergences surlePMKIlier, et la Bible, P. RICBt, Ecolu .. ~, (sup. n. I), p. 241et 282..

(U) Sur le rappel A I'ordre adresse aux evAques Lull de Mayence et Ger-baud de Liege - ce ne BOnt pas de petit. dignitaires' -, voir J. FLECJ[JI:lfSTBor,DM Bildrmgref_ (sup. n. 16), p. 74. D'autre part, la repetition de precepteaBUr I:etabliaaement d'ecoles dana la legislation de Charlemagne (dossier com'mode de textea traduit. dana P. RIeBt, Ecolu .. .,..~, p. 354sq.)evoque, BUr l'applieation des mesures, des BOUP90ns auasi genant. que I'ac-cumulation des edit. du Cath T~ sur un sujet donne, ou des prescri-ptions des ConciJee Yiaigotiques du VII. ai8cIe: une loi que l'on repete est lepiua' IOUvent une loi pen on mal appliquee. Le Capimlair. d'Olonna de 825

- (16.) parie d'aiJleura d'un • eDaeignement ruine en toUB lieux A cause de la trapIgrande incurie et de l'ignorance d'un certain nombre de prepoetla aux Egliaee •(-v' ./(47) Comma l'ont montre, avant le present rapport d'AI, PB.A.DSI, leBquatre pegee Bi eclairantea de B. BIBCBon Bur La minuaevlc caroliM .., ,. "--- eulIurfII _ ~ dana le Bulldin de "Innitvl de r~., tl'~ du _,_, 1. XV, 1967.68, pp. 333·336. Ce que l'auteur y dit dela min1lllCule pourrait IOUvent Atre applique, tel quel, au latin carolingienl ainside la nivante vari8te et Iiberttl des style .. entre 780 et 810 (p. 333); d.tl'nniformite nlatiYe t, obtenue l8ulement apre. la diaparition de Charle-mape, maie • bien Join d'un nivellement total dea diff&rencea. (p. 334). En-fin. la notion final. de • r8animatiun coll8Ciente t, ir. la cour de I'empereur.

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801latin .dea ehartes «carolingiennes t de Cluny et de Con-ques-en-Rouergue pourrait fort souvent passer pour celuide quelque notaire mörovingien cs. "

Et que dire des Iatinites «excentriques t, exterieures8. l'Empire: des iles britanniques a l'Italie du Sud, en pas-sant par la mozarabie tolödane et cordouane 1 Il est peudoutenx que la correction et r6Iegance du latin carolin-gien en ont BUbides «interferences t qui ont aocentue samwe de fait: Surtout si l'on se rappelle le succeadu-rable remportö en Irlande, aussi bien que chez les au-teurs mozsrabes, et parfois [usque chez un Paulin d'Aqui-loo, par la descendance la plus extremiste du stilus echo-la8ticu8 de l'Antiquite tardive: ce «beau style t tarabi-8COte,dans lequel archaismes, neologismes, emprunts le-xicaux aux langues non latines, se bouscuIent dans un or-dre des mats si savamment recherche qu'il en devient BOU-

~ent pea intelligible tI.

(48) Voir l'acte de donation d'un curl"," (.tc) et d'une vigne • in villa~. ell J&Dvier 1103. daoa Ales BJU71lL,Recuail du ehGrtu d. Cl",,!!, t. I,Pane 187«1. Do 80; Ga ~jl. all milieu du IX' .ioole. it. Conques, l'aote dedonation intituJe • De iD. Beeia in Dunenae t. datee de MaJ'II 8112, dWl8 G,~üDIlf •• Cam.zo .... ".' Soiftte-FI1f ". Ccmqvu, Paria 1879, n. 212. L'UD• l'&aWe doeumeot. 'maneat d'abbayea du Sud de I. Loire. tnaia qui:---' pour .voir ete 81l ~1.tioD8 .uiviN .veo I. oour oarolingienne et• IDOrlaaterea de la ,roftCiG du Nord. A Cluny OOll1ll1e it. Conques. lealIIfU&n.ticmade • ruatiea Roman. lingua. dana le I.tin des notairea paraiasent-TOjr,~ plua fo.u. que I. • J'l!fonne. nrolingienne - m6me oelle de l'ortho.&npbe. EuelJeatea remarquec sur ('etude, _re it. faire, da latin ~es oh~,~~_ 81l ~, dana l'article de J. MolO'BIN. Lf lal." rraid~-lea r..p.1lu cAartu. iD Y;-i_, LVIII, Ig70, pp. 81·98. Lee chartee,~l'~ .. pro _, tree justifiabJe. de .. remarque humoristique (ib. p. DO)I ,lID-8*i'a&eur carolingien n'eat nai~blablemeat pail ~ par JA,.,. (Cg) Ce ~Ie. que lea IIlOClernee apptllllll' • henn~utique .' ou "gIOlllMSm..~ retrouve cbes Liotpnmd de Cremone e' Rattan de VefCeI,l; en G~ •

. ~e ~ T~. daoa lea leUl'ea de Fromon' .i la produotlon haglo,~ de Gautäer de Spire. En ,row:io Jn6me. iI dMor'e au IX" aioole oer·taiQee 1*&_ des ~ des abbN de 8ain~Wlllldrille-de-Fontenelle, it. FleuryI. ~ de ÜU8 If--. et, encore. ... ~estea des duca nonn.nds deDacta.. de 8ain~entiD, M le nyle poeuque d'Abbo~ de Saint.Gennain·dea.Pri&, Noaa ~ Fr. KP.Lorto.L" de noua .VOII' priaentela longue

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802 JACQUES FONTAlNE

De tout eela, il resulte que, sans reparler des e languesromaines rustiques t, il a existe, au plus haut niveau decorrection, des latins carolingiens. Mal gre qu'en aientles manes de Charlemagne, le latin carolingien apparaita l'image de l'Empire et de sa civilisation: e'est, comme1'0ndiralt a.ujourd'hui, une latinite cplurielle t. Done une laii-nita8mim, mais non pas au seul sens negatif qu'Isidoredonnait a cet adjectif. ~lixite de la mixture et du metis-sage, certes; mais a.ussimixite d'un riche alliage, produitde la richesse t~ diversifies d'un long heritage retrouvöet emende. La est justement ce qui permet de donner aces divers e Iatins t le commun denominateur de carolin-gien8. TI designe et rappelle en effet la. double impulsionoriginale que la. langue latine a.reeue alors. Interieurement,d'une politique culturelle reformatrice et tenace, patiem-ment poursuivie par Charlemagne, Louis le Pieux, Char-les le Cha.uve. Exterieurernent, de sa double situation coo-currentielle face aux langues germaniques du Nord, etceltiqnes du Nord-Oueat, face aussi a ses filles bien por-tantes les rusticae Romanae 50. Double defl et double op-

filihe earolingienno de ee .tyle, dont lea anoAtrea Bont Sidoine ApollinaUe.Ennode de Pavie .et Aldhelm de Malmeaburyl ee fut dono, au beroeau de la1atinit.e earolingienne, un heritage ancien et mAme. latin t.ardif t, ai I'on penae&uaai (pour De rien dire, dejk, de Pline le Jeune) A Apulee, Ammien, Martia·DQ&. Ce demier eat devenu un auteur an programme dell Aaalell carolingienneB1 penir de la mi·m- aibcle.1/ (50) En 001., le I.tin earolingien apparalt oomme une ~tape originale dans·l'wolut.ion ininterrompue de I. langue latine, A I. foia ~te et parIee. Le ~ma .latin ~t. - .Ianguell romanea parlee. t eilt ~~: le latin demenrepait6, et il '7 a tn.. töt dea doeumenta en un latin A mi-ohemin dell parlera EO-

mana (cf. "'pro, fin 11. 43). Un nIoent et .timulant travail .'eat ~Iev~ avearai80n oontre 1'id8e de voir dana 1'6poque carolingienne, du point de vue Iin·cuiat.ique, un • point de rupture t: cf. MAIlO V.ur UY'rnNOIlI:, D. eog~Iarol~ B_'_"_: _ ~ ." d. erol"''' N" tÜ Lotij_ 1D4l'in HGatÜli,., .. XXIX dttr icmiflilijb Zwidfl«lerlGndH MOGUcAoppij _1D4l'.. ktt.. lnutd. .. OudlUJ.,.ä., 1875, pp. 267.286. Noua en aommell hien d'ao-cord. maia il lau' din: • kein Bruohpunk" 80ndern ein Brennpunkt t. NoD·.- un point de rupture au _ fort, maia un point fooal de mutGti<m dhoiaiv.dana la laDgue «:rik, et done UD tempa fort dana le devenir Iinguiatique de

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DE LA. PLUBALITE 1L'UNITE 803

position. Mais avee Ies rusticae. on ne peut parler que de• divorce apparent s, s'il est vrai dans une certaine mesure,eomme I'a observe a de propos avee esprit uri de nos col-legues Italiens, que s l'on ne peut [amais. divorcer d'aveosa mere t 1i1.

** *Point de conclusion, mais un epilogue, en forme (Char-

lemagne oblige) d'admonitio generali8! Le champ du latinca.rolingien. comme tel, est encore a. defricher en grandepartie. Lea historiens ont beaucoup travailIe sur ses tex-tes. Les romanistes continuent de les sonder avee I'ob-session d'y entendre deja battre le creur des langues ro-Inanes. Liturgistes, canonistes, specialistes du'monachi-,sme et de la. theologie, en ont considerablement eclaire lecontexte politique, religieux, social. Mais ce latin consi-dare, en et pour Iui-möme, comme nous le connaissons en-COre mal f Que de textes encore inedits, que d'tSditions pe-rimees. ou viciöes par Ies prejuges symetriques des elassi-cistes et des romanistes .•• Que de richesses encore enfouiesdans Ies variations formelles et les variantes fautives destextes antiques et patristiques, non seulement reoopies.lllais un peu trop emendes, sinon proprement recrits ....

l'EUl'O~ oecidentale. Kais il hSt.e que aeUe Euto~ .era desonnais tres w·"'1lnIe da.oa _ laz>guee parlbea e\ ecrites. dana ea culture, et sn~medana 8118

t Iatina t. Car- si lee Carolingiena on\ eu jWJqUedans l'ordre ~~ique,. et pM1& ~D d'_ latin lIcrit. • lee ambitions d'nne culture ~taJl'e t! ilreste(Jllllll ra;~ Jear EmpiN ee\ ell voie d'k!.at.emellt f60dal de m01JlS en mo~ larve,'" que J'Europe da r e\ xr .er& d'autaB\ plna effectivement plurwl8ts et~ daaa _ Janpgee. ' . '

.(SI) D_ ~ Dote 41, p. 66%. de l'htnde d'Ov.olUO PABLAl'G:mLt~ Tra~ ptJrI4to. _ ~ daIla JliJongM .Amonino Cor8QNO. Umv. de!-' (..ti. UnO). p. 653-566.,:Mw lIICPL B~. II;l''', fait justement-'er que oompvaÄ8ollD'eR pM raisOD. e\ que cette ~olieunage ~e ~orres.

IlIOtId qu'. WIe panie de la rtIelitd IingUiBtique:iIm'obJects que SJ t I on nePeIl\ divoroer d'avec ... mNe to Oll pell' bien' ~ perdre dMnitivement ••• '

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804 JACQUES FONTAINE

C'est la. qu'un &liteur modeme de textes antiques ou pa-tristiques, surtout s'ils sont particulierement tardifs, esta. möme de percevoir la röforme carolingienne, et d'enmesurer I'intensite, sinon les abus, selon les 8criptoriaet les regions: devant des scribes qui ne sont de plusde simples copistes, mais des editeurs ou des c rewriters ,au sens moderne, et de möme des stylistes de proposdeliberöment classicisant. Les produits du 8criptorium deSaint-Gall sont, en la.matiere, par leur activite intense etdiverse, par la. conservation exoeptionnelle de ce fondsmanuscrit, par la.diversite des copies passees par' ce nceudde communications de l'Empire, des tömolna particuliä-rement instructifs if.n reste done de multiples travaux a.realiser. TIfaut ap-

pliquer a I'exploration de ce latin les möthodes de descri-ption synchronique de la. linguistique moderne, Ies res-sources nouvelles de la göographie codicologique alllöesa celles de la. critique textuelle, les premiers resultats del'explora.tion, en cours, du la.tin de l'Antiquite tardive etde celui du haut Moyen Age, tous deux si differeneiesdeja. dans le temps et I'espaee. Mais aussi l'etude des bi-,bliotheqnes, des manuels scolaires, et plus particulibrementgrammatica.ux, Oll se reflete la.pratique .d'un enseignementen perpötuel devenir depuis ses racines antiques u; et'

_ /(6%} x- CIlUvreIId'Iaidore prieentent l'inter6t d'avoir connu une tore. larsetliffuaon europeerme ~ l'I§poque oarolingiezme (cfr. 8Upra Do 10). Le "Ddaop'~ d-.Ie Ndre de notnl ~minaire, par P. CAZmBIUl' la d_ndan",_l'OijJIaiezme d'lID ebapitnl de. BCftÜJftCU (8Upra Do 29) mODtnIle retenti.emeDtde oeue CIlUvre_dont iI publi_ bient.n l'editiOD critique, aveo traduction etCOIDIDeIItaire, et au.i l'I§tude de la difruaiOD 1D8O. jw.qu'aux xx' et X' m~inch.. On .''end fgalemeot bien~t. dana 1M m6mM penpeotiVM, 1M lIdd.A... Ptua de. Spo...-, ehr. ÜW1IOJr d'eeeL oJ!., et le debut de 1. publ~tion, ~ Paria (BeIlee Lettre.) de I'M. internationale elM E~ (li~Xm. par J. Almu, __ ~). ,

(63) n -vieD' de~, en oe doroaine, l'imp..-ion, en coura, de la t.J*ede ~ de Lovu BOLft IW' DortG4 ., Ita lrGdiliorl gro",~ cM rOcei·fÜItI. _ten ... _ It18, eile. reDouvelil l'hinoire conCrite de l'eDMipemeDt

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805la lexicographie et la diplomatique, en renversant les der- 'niers murs qui ont trop lontemps isole nos diverses spe-cialites. Nous avona encore besoin de beaucoup de mo-nographies linguistiques et stylistiques sur bien des au-teurs importants, et d'abord eeuvre par oouvre. Car rienne peut autant permettre d'approfondir notre connais-sanee de la langue et du style d'un auteur, qu'un travail,philologique qui ne borne pas ses ambitions etroitement 'Specialisees au texte seul: il faut, en mäme temps, seDlettre en mesure d'en retracer l'histoire, et d'aboutir atracer une petite t grammaire • de l'oouvre, graromairedont la stylistique .ne soit point exclue. Nous avons be-soin, enfin, d'etudes, pour ainsi dire longitudinales, ~'un'Nachleben saisi dans sa plus longue diachronie, a traverstout un haut MoyenAge qui däborde, par l'aval et parl'amont, l'epoque carolingienne entendue meme en sonBens le plus large. TI y a ainsi de t~ belles' theses qui at-tendent leur auteur, sur les destinees carolingiennes des8enlenu& d'Isidore, ou sur l'impact de sea Synonymes surla spiritualite carolingienne ... Je donne a tous Ies [eu-nes chercheurs rendez-vous a la cinqua.nti~m~ Settimanaqui, bien sur, sera. t carolinzienne '•. Ou un peu avant, 'siPOssible.

de la «nmmaire dana I'Antiqui'" tardive et le haut Moyen Age (oarolingienillelua,. Voir aa.i 1. tnlnux de CoLft'l'll ,r.11DT (cr. P. RIod. B~ ~......,__,. Do !3i. 411. 411. 4(3). qui p~pare une th_ .ur B~Y ~ lenHl'".__, fÜ lG gra,.'_',.. aA_"': wir. en dernier lieu, tI& contribUtiO,D .oxlIa.uon O. Vorn (_ Stwli Medt.aU. t.. xvm. 11. (977). p. 181S-248.