L’ANALISI LINGUISTICA E LETTERARIA · l’analisi linguistica e letteraria xxviii (2020) 185-192...

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L’ANALISILINGUISTICA E LETTERARIA

FACOLTÀ DI SCIENZE LINGUISTICHEE LETTERATURE STRANIERE

UNIVERSITÀ CATTOLICA DEL SACRO CUORE

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ANNO XXVIII 2020

PUBBLICAZIONE QUADRIMESTRALE

Comitato EditorialeGiovanni Gobber, Direttore Maria Luisa Maggioni, DirettoreLucia Mor, DirettoreMarisa Verna, Direttore Sarah BigiElisa BolchiGiulia GrataChiara PiccininiMaria Paola Tenchini

Esperti internazionaliThomas Austenfeld, Université de FribourgMichael D. Aeschliman, Boston University, MA, USAElena Agazzi, Università degli Studi di BergamoStefano Arduini, Università degli Studi di UrbinoGyörgy Domokos, Pázmány Péter Katolikus EgyetemHans Drumbl, Libera Università di BolzanoJacques Dürrenmatt, Sorbonne UniversitéFrançoise Gaillard, Université de Paris VIIArtur Gałkowski, Uniwersytet ŁódzkiLoretta Innocenti, Università Ca’ Foscari di VeneziaVincenzo Orioles, Università degli Studi di UdineGilles Philippe. Université de LausannePeter Platt, Barnard College, Columbia University, NY, USAAndrea Rocci, Università della Svizzera italianaEddo Rigotti, Università degli Svizzera italianaNikola Rossbach, Universität KasselMichael Rossington, Newcastle University, UKGiuseppe Sertoli, Università degli Studi di GenovaWilliam Sharpe, Barnard College, Columbia University, NY, USAThomas Travisano, Hartwick College, NY, USAAnna Torti, Università degli Studi di PerugiaGisèle Vanhese, Università della Calabria

L’ANALISI LINGUISTICA E LETTERARIAFacoltà di Scienze Linguistiche e Letterature straniereUniversità Cattolica del Sacro CuoreAnno XXVIII - 1/2020ISSN 1122-1917ISBN 978-88-9335-663-3

© 2020 EDUCatt - Ente per il Diritto allo Studio universitario dell’Università CattolicaLargo Gemelli 1, 20123 Milano | tel. 02.7234.2235 | fax 02.80.53.215e-mail: [email protected] (produzione( ); [email protected] (distribuzione)web: www.educatt.it/libri

Redazione della Rivista: [email protected] | web: www.analisilinguisticaeletteraria.eu

Questo volume è stato stampato nel mese di aprile 2020presso la Litografi a Solari - Peschiera Borromeo (Milano)

I contributi di questa pubblicazione sono stati sottopostialla valutazione di due Peer Reviewers in forma rigorosamente anonima

Indice

Variations et répétitions dans le récit de voyageDirigé par Véronique Magri et Odile Gannier

Répétition et voyage 7Véronique Magri et Odile Gannier

Approche linguistique et stylistique

Variations de la répétition dans les récits de voyage 13Guy Achard-Bayle

Antonomase et reformulation dans le récit de voyage 27Véronique Magri

« Partir, sans partir ». Répétitions, polyptotes et dérivationsdans Mercier et Camier de Samuel Beckett et dans sa traduction en italienr 43

Alberto Bramati

Bourrit à la caverne de l’Arveyron.Répétitions, variations, adaptations pour un motif 63

Alain Guyot

Approche imagologique

La description du sultan du Maroc. Répétition et reformulation 79Abdelmajid Senhadji El Hamchaoui

« C’est au soleil couchant qu’il faut voir les pyramides ».Les images solaires récurrentes dans le Voyage en Orient de Gustave Flaubert 93

Małgorzata Sokołowicz

Henry James : souvenirs vénitiens et variations 107Isabelle Le Pape

Les Souvenirs de la Sicile du comte de Forbin entre originalité et reprise 121eStefana Squatrito

4 Indice

Approche générique

Contrainte répétitive et variations dans le journal de bord 137Odile Gannier

(Re) dire son voyage. Singularité(s) de la répétitiondans le récit de voyage en ligne 151

Élisabeth Richard et Intareeya Leekancha

Oreille Rouge d’Éric Chevillard. Répéter pour déconstruire 167eStéphane André

Rassegne

Rassegna di Linguistica generale e di Glottodidattica 179a cura di Giovanni GobberRassegna di Linguistica francese 185a cura di Enrica Galazzi e Michela MuranoRassegna di Linguistica inglese 193a cura di Maria Luisa Maggioni e Amanda C. MurphyRassegna di Linguistica russa 201a cura di Anna Bonola e Valentina NosedaRassegna di Linguistica tedesca 205a cura di Federica Missaglia

Indice degli Autori 211

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Rassegna di Linguistica francese

a cura di Enrica Galazzi e Michela Murano

L. Santone – E. Galazzi ed., Hommage à Pierre Léon, Au prisme de la voix, GREF,Toronto 2018, 291 pp.

Trois ans après sa disparition, les deux éditricesde l’ouvrage, Enrica Galazzi et Laura Santoneorganisèrent à Rome en 2016 un colloque in-ternational en l’honneur de Pierre Léon. Ce futl’occasion d’un hommage sincère et parfois poi-gnant rendu à un homme, admiré et aimé, dontla polyédricité définit l’identité : entre deuxpays, la France et le Canada, homme de scienceet de lettres, artiste à ses heures. Mais le fil rougede toute sa vie et de son œuvre scientifique oucréatrice, c’est l’attention à la voix. C’est doncautour de ses différents « prismes de la voix »que les deux éditrices ont choisi de regrouper lesquinze communications publiées : la voix quis’écrit dans (En)jeux d’écriture, la voix qui parledans Phonostylistique, études et applications et la voix chantée dans La voix chantée et l’écoute.

La seconde partie, la plus nourrie avec huitinterventions, s’inspire des travaux du phonéti-cien aussi bien théoriques que pratiques puisqueson apport a été déterminant pour l’enseigne-ment de la prononciation comme l’analysentE. Galazzi et E. Guimbretière. Avec sa théoriela plus innovatrice, la phonostylistique, ce quePierre Léon a légué, selon Albano, c’est d’abordune revalorisation du paralinguistique indispen-sable à la construction du sens de l’énoncé et P.Martin rappelle comment Pierre Léon a été lemoteur des études qui ont inscrit l’intonationdans le champ du linguistique. En second lieu,la phonostylistique sera déterminante pour la linguistique de la variation comme le rappelle J.Tenant. E. Bordas plaide pour l’étude les stylesde groupes en tenant compte de leur ancrage his-torique ; W. Cichocki étudie le rythme en fai-sant varier genre de discours (lu et spontané) etorigine géographique (le français d’Acadie) ; L.Fauré, dans une intéressante mise au point théo-

rique sur l’intersection entre phonostylistiqueet analyse de discours, propose des études de cas sur le discours radiophonique. Enfin le dis-cours pathologique peut aussi être abordé par lebiais de la phonostylistique comme le suggère P.Bhatt avec son étude sur l’aphasie a-prosodiqueoù il montre le rôle interprétatif de l’auditeurclinicien, or la posture de l’auditeur est fonda-mentale pour la phonostylistique de Léon. Etc’est dans cette même lignée que l’on aurait puplacer la contribution de F. Galimberti sur lesstyles d’écoute en psychanalyse, alors qu’elleconclut dans le livre la troisième partie consa-crée à la voix chantée. Sur ce dernier sujet, troiscontributions permettent d’établir des liens avecla phonostylistique dans la mesure où la voixchantée présente des variations récurrentes duesau culturel comme l’affirment G. Giurati et I.Meloni, tandis que R. Doati étudie l’articula-tion de la parole et de la musique dans une œuvrelittéraire de Joyce, Thema, portée à la scène.

Quant à la première partie, c’est un véri-table hommage au créateur qu’a su être PierreLéon. Henri Mitterand, son ami proche, MarcoModenesi et Laura Santone montrent combienle scientifique a su traduire et faire vibrer par l’écriture la voix de ses personnages ; ils fontl’éloge de l’artiste des mots qui sonnent et s’en-trechoquent, dans une veine presqu’oulipienne,tandis que le poème pour petits – et grands –,le papillon à bicyclette, choisi par l’éditeur etami, Alain Baudot, vient avec bonheur clore levolume nous donnant à entendre la voix mali-cieuse – et sage – de celui que tous regrettent.

Marie-Christine Jamet

J. Humbley, yy La néologie terminologique, Lambert-Lucas, Limoges 2018, 472 pp.

Comblant une lacune dans la recherche ensciences du langage, cet ouvrage a l’ambition de rendre compte de l’apparition des nouveaux

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termes dans les domaines de spécialité. Aprèsavoir résumé les fondements théoriques de la néologie et de la terminologie, Humbley revientsur la notion de « néonymie » élaborée parRondeau. Sont ensuite abordés les principauxmodèles théoriques susceptibles d’expliquerle phénomène néologique en terminologie : lemodèle incrémental de Kageura, illustré notam-ment par le biais de la composition et de la ré-duction ; le modèle discursif, lié aux travaux deHalliday, insistant davantage sur la dimensionsyntagmatique ; le modèle métaphorique deTemmerman, soulignant le rôle de la métaphoredans la conceptualisation et la vulgarisation desconnaissances. Dans le sillage de la lexicologiefrançaise, l’approche de Humbley privilégie la néologie rétrospective (diachronique) de ma-trice onomasiologique. Un chapitre importantest consacré à la néologie officielle, dans le sensde normalisation scientifique et de standardisa-tion linguistique, relevant du niveau politique.Est ensuite analysé le cas de la « néologie detransfert » (ou secondaire), basée surtout surl’emprunt lexical, ainsi que ses implicationsjuridiques. Enfin, l’auteur propose deux casd’études concrets pour illustrer sa démarche denéologie diachronique : les domaines de la nou-velle économie et du commerce électronique,tributaires, dans une mesure différente, des do-maines ancêtres.

Giovanni Tallarico

J. Pruvost, Pleins feux sur nos dictionnaires,Honoré Champion, Paris 2018, 664 pp.

Dans Pleins feux sur nos dictionnaires, Jean Pru-vost réalise un dictionnaire de citations conte-nant le mot dictionnaire, dont l’imposante no-menclature compte 2000 articles. De Académieà nausée, de longévité à é poison, 2500 citationsprouvent que le dictionnaire est vivant dansl’imaginaire des écrivains et d’autres savants,des journalistes, des humoristes et des chan-teurs. Les voix de plus de 700 personnalités duXVIe au XXIe siècle sont convoquées dans cetouvrage et montrent que le dictionnaire est non

seulement un outil qu’on consulte et qui « sus-cite constamment la réflexion sur la langue », mais aussi un objet qui intrigue si on réfléchità son processus de fabrication et à l’immensi-té de la tâche qu’entreprend son auteur. Essaisscientifiques d’éminents métalexicographes,romans, chansons, discours officiels évoquentainsi les milles facettes du dictionnaire : produitéditorial à commercialiser, compagnon de routedes écoliers et des étudiants, mine inépuisable d’informations pour les amoureux des mots, ledictionnaire s’avère un précieux témoin de l’évo-lution de la langue et de la société.

Michela Murano

A. Steuckardt – K. Collette, Ecrits hors-normes, Les Éditions de l’Université deSherbrooke, Sherbrooke 2019, 173 pp.

Cet ouvrage analyse les discours hors-normesdans le contexte écrit, prolongeant une recherchedes auteures sur ces discours à l’oral (2016). Si l’attention à la norme à l’écrit porte d’habitudesur un ensemble de règles linguistiques et socialescodifiées – orthographiques, typographiques,lexicales, syntaxiques –, les articles de ce volumeobservent l’écrit hors-normes en le rapportant à son contexte de production, aux traits linguis-tique, discursif, social : des frontières poreusesentre transgression et interprétation, qui offrentdes cas d’étude très intéressants. Le volume estorganisé en deux parties. La première (articles deS. Bikialo, A. Steuckardt, É. Lang, N. Mathieu, L. Maturafi, P. Brunner, pp. 10-91) interroge la catégorie de l’écrit hors-normes par ses caractèreslinguistiques, surtout dans des écrits non-litté-raires (de peu-lettrés, de migrants et d’étudiantsallophones). Dans la deuxième partie (contribu-tions de O. Galatanu, A. Bellachhab, N. Garric,K. Collette et J. Drigny, pp. 93-170) est exami-née la position occupée par les scripteurs dansl’espace social : à partir des opérations énoncia-tives de l’acte criminel ou psychotique à la com-munication médicale et institutionnelle, l’écrithors-normes, voulu ou subi, met en évidencetous les problèmes d’une institution sociale. Ce

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type d’écrit a su susciter beaucoup d’intérêt dansdes projets littéraires, mais il signale aussi la forced’une forme d’expression marquant la singulari-té de tout locuteur.

Maria Teresa Zanola

I. Behr – F.r Lefeuvre ed., Le genre bref. Descontraintes grammaticales, lexicales et énoncia-tives à une exploitation ludique et esthétique,Frank&Timme, Berlin 2019, 230 pp.

Irmtraud Behr et Florence Lefeuvre rassemblentdans cet ouvrage des contributions portant surdes textes dont la caractéristique commune estla brièveté. Les aspects linguistiques et pluslargement sémiotiques de ces textes de petiteenvergure sont éclairés par onze études menéesdans divers espaces linguistiques : allemand, an-glais, espagnol, français et japonais. L’étiquette« genre bref » permet d’aborder un éventailde messages sous le prisme de la contrainte spa-tiale ou temporelle et de la relative autonomielinguistique par rapport à l’environnement. La diversité des textes concernés ressort à la fois dessupports (de l’affiche au texto en passant par lemessage laissé sur un livre d’or), de la formelinguistique (les énoncés formés d’un ou deplusieurs termes s’opposant aux énoncés-pro-positions), ou encore de la valeur sémantiqueou pragmatique du discours. Un premier voletd’études s’intéresse, d’un point de vue sémio-linguistique, aux panneaux de signalisation ouaux affiches numériques. Une deuxième sériede contributions porte sur quelques singularitéslexicales, grammaticales et énonciatives rencon-trées dans les textes de petite envergure. Enfin,un troisième volet aborde le message délivréet la dimension esthétique et ludique. Ce pa-norama illustre, entre autres, que le genre bref occupe une place particulière dans les différentsscripts sociaux et représente un lieu où observerl’articulation entre message linguistique et en-vironnement.

Cécile Desoutter

R. Delamotte ed., Mixités conjugales au-jourd’hui, Presses universitaires de Rouen et duHavre, Mont Saint Aignan 2018, 312 pp.

La presente miscellanea, scaturita dal progettoMixclasis (mixité conjugale, langues, socialisa-tion et identités sociales), a cavallo tra sociolo-gia e sociolinguistica, offre un’appassionantegalleria di casi di unioni linguisticamente miste,colti in contesti geografici e socioculturali di-versi (Francia, Svizzera, Italia, Etiopia, Tunisia),illustrati nell’eterogeneità delle loro scelte lin-guistiche in famiglia, nella professione, nell’e-ducazione dei figli. Gli autori mettono a fuocola questione della diversità di lingua e si inte-ressano alle varie strategie di gestione del plu-rilinguismo che può coinvolgere due, tre o piùlingue e mette in gioco i concetti di prestigio,patrimonio culturale, immaginario linguistico.Gli autori maggiormente coinvolti sono i mem-bri del progetto che vivono in coppie miste (perla coppia italiano-francese si veda in contribu-to di Cécile Desoutter), alle quali si aggiungeil caso originale della coppia udente-sordo,ancora poco studiato da questa angolatura. La tematica della designazione si sé e degli altri èaffrontata attraverso la scelta dei nomi attribuiti ai figli che sono stati anch’essi testimoni inter-vistati nel corso delle inchieste. L’esplorazione,di taglio qualitativo, che coinvolge talora aspet-ti intimi difficilmente osservabili, si è avvalsa diuna metodologia mista (questionari, interviste,autobiografie) volta a catturare non le pratichelinguistiche bensì i discorsi su di esse e le rap-presentazioni. Il volume che presenta temi eapprocci innovativi in consonanza con i muta-menti della società contemporanea è di sicurointeresse tematico e metodologico.

Enrica Galazzi

P. Caraffini – F.M. Giordano ed., Les peurset la construction de l’Europe, “De Europa”, 2019

Dans le premier numéro de 2019 de la revuesemestrielle De Europa sur “Les peurs et laconstruction de l’Europe”, la contribution d’Ali-da Maria Silletti prend en considération treize

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tracts du mouvement parus entre 2008 et 2017pour analyser le positionnement du Front Na-tional, mouvement d’extrême droite qui a misen acte la diabolisation de l’immigration etqui se veut le défenseur des valeurs nationalescomme l’identité, la sécurité et la prospérité.Silletti retrace l’évolution du discours du FNdéclinant les aspects du rôle joué par la peuren particulier contre l’Union européenne vuecomme responsable politique et économiquede la crise traversée par la France. L’analyse sepenche sur la portée argumentative des tracts,sur leurs aspects visuels et sémiotiques, sur leschoix lexicaux et modalisateurs et surtout surles illustrations utilisées pour éveiller, sinonrenforcer, les sentiments d’insécurité et de peur.Silletti montre comment le discours politiqueet les propos du FN ont évolué grâce au chan-gement dû à l’ascension de Marine Le Pen à la tête du mouvement en 2011 : ce renouvelle-ment a été évident d’abord dans les symbolesde la campagne pour la présidentielle de 2017,visiblement chargée du redressement futur dela France et de sa symbolique guérison possiblegrâce à la sortie de l’UE. En rappelant les carac-téristiques qui font du FN un mouvement po-pulaire et antimoderne et malgré les tentativesde dédiabolisation opérées par Marine Le Pen,on parvient à l’évaluation des contenus du FN,au-delà du renouvellement affiché.

Paola Salerni

Th. Guilbert – F. Lebaron – R. Peñafieled., Discours austéritaires. Histoire, diffusion et enjeux démocratiques, “Langage et Société“, 166,2019, pp. 9-138

En tant que discours économique, le discoursaustéritaire, qui fait l’objet de ce numéro deLangage & Société dirigé par Tierry Guilbert,éFrédéric Lebaron et Ricardo Peñafiel, a étérarement analysé. Ce discours est considéréici comme apte à produire l’« adhésion auxmesures de restriction budgétaire » (p. 17).Les articles abordent ce sujet d’après trois ap-proches complémentaires – foucaultienne,

bourdieusienne et « discursive » – et per-mettent d’observer, à travers l’analyse de corpusvariés (médiatiques, politiques, institutionnels),les formes spécifiques de l’interdiscours quilégitime l’institutionnalisation des politiquesnéolibérales. L’analyse textométrique des direc-tives économiques européennes effectuée parCorinne Gobin met en évidence comment cesdiscours se posent en simulacre d’un discoursconstituant, tout en restant, de fait, absolumentpolitiques. L’enquête lexicometrique et inter-disciplinaire menée par Thierry Guilbert et parFrédéric Lebaron sur des discours de la BCElaisse émerger la manière dont ces discours sontressentis comme encore plus légitimes après la crise de 2007, notamment après 2011. ArthurBoriello fait la comparaison des discours desleaders politiques nationaux José Luis Rodrí-guez Zapatero, Mariano Rajoy et Mario Montientre 2010 et 2013 pour souligner la volontéde ces leaders de s’appuyer sur une rhétorique consensuelle. Les réactions de la presse françaiseet anglaise à la parution de trois articles écono-miques publiés dans une revue du FMI fontl’objet d’étude de Stéphane Longuet et JaimeMarques Pereira. Ces auteurs observent qu’enfait, le contre-discours émergeant finit par légi-timer le discours néolibéral, en n’accordant quede rares concessions à la partie adverse. Enfin,Mathieu Dufour, Audrey Laurin-Lamothe etRicardo Peñafiel étudient un corpus très large (1980-2015) d’articles du quotidien québécois La Presse pour montrer la mise en place de lieux ecommuns venant des théories économiques.

Ce dossier montre comment le discours néo-libéral s’est institué comme discours hégémo-nique, qui est désormais perçu comme normal.

Rachele Raus

M. Lecolle, Les noms collectifs humains enfrançais. Enjeux sémantiques, lexicaux et discur-sifs, Lambert-Lucas, Limoges 2019, 312 pp.

Cet ouvrage de Michelle Lecolle est consacré à une étude des noms collectifs humains (Ncoll·H)en français, c’est-à-dire des noms – comme foule,

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parti, peuple, conclave, famille, etc. – « dont la signification ou une des acceptions renvoie demanière codée à des groupes constitués d’êtreshumains » (p. 18). Le caractère /humain/ nefait pas néanmoins de cette catégorie une classesémantique fermée de mots qui constitueraientune taxonomie clairement définissable, dénouéede tout glissement sémantique de ses éléments.La perspective essentiellement sémantique etlexicale qui préside à l’analyse de ces noms, prisdans leur comportement discursif, permet d’ou-vrir la réflexion sur la multiplicité de leurs em-plois en contexte, et corollairement de poser desfrontières entre « les noms codés (en langue)comme Ncoll·H » et ceux qui « ne prennentque conjoncturellement un sens de ‘collectif hu-main’ en discours » (ibid.). La première partie de l’ouvrage s’attaque à la définition de l’objetNcoll·H, alors que la deuxième est centrée sur lescritères pertinents pour les distinguer. Au classe-ment typologique, impossible à ses yeux, Lecolledistingue entre trois séries de Ncoll·H selon lerassemblement fonctionnel, identitaire et de co-présence de ses membres. Enfin, elle se penchesur les différentes modalités de formation desNcoll·H, ainsi que sur leur emploi dans le dis-cours politique et en relation avec les procédésde nomination et prédication.

Francesco Attruia

M. Piacentini, L’oralité et la musicalité dansla traduction du théâtre jeunesse français : du Pe-tit Chaperon Uf à Capuccetto Uf de Jean-Claude Grumberg, “Palimpsestes“, 39, 2019, pp. 82-94gg

Dans cet article, la traductrice italienne deGrumberg s’interroge sur la difficulté de trans-poser l’interaction ludique entre sons et sensque « l’auteur tragique le plus drôle de sa géné-ration » met en jeu dans sa pièce pour alerter« les chaperons d’aujourd’hui » face à la mon-tée des intolérances haineuses et du racisme.S’inscrivant dans une démarche traduction-nelle qui s’attache à préserver entre autres la singability du texte, concept qu’elle emprunteà Riitta Oittinen, l’auteure illustre les moyens

théoriques et pratiques adoptés lors du pro-cessus de traduction pour chercher à exalter cequ’elle appelle la mise en voix et la dimensionauditive de l’œuvre originale.

Elio Ballardini

A.-M. Velincu – S. Berbinski ed., Termino-logie(s) et traduction. Les termes de l’environne-ment et l’environnement des termes, Peter Lang,Berlin 2018, 398 pp.

S’inscrivant dans la direction des recherchesmenées en écologie des langues (ou du langage)et en écolinguistique, le volume soumet le lien entre études terminologiques et traductolo-giques au prisme de la notion d’environnement,sous sa double acception de domaine référen-tiel (la terminologie de l’environnement) etde problématique linguistique et métalinguis-tique (l’environnement des termes). Les contri-butions, au fort caractère multidisciplinaire,s’organisent selon cette double acception. Lesanalyses menées, remarquables pour la richessedes perspectives et des problématiques abordéeset/ou soulevées, posent un continuum entre les terminologies proprement dites et le langagegénéral (la notion de « couche moyenne », quiouvre la seconde partie du volume, est signifi-cative à cet égard). Elles signalent égalementla contiguïté entre terminologie et traduction,soulignant le rôle actif du traducteur lorsqu’il passe de consommateur passif de terminologiesà producteur actif de termes et prônant l’inté-gration de syllabi de terminologie et de traduc-tion dans les parcours de formation des futurstraducteurs et interprètes.

Mirella Piacentini

F. Regattin, Traduction et évolution culturelle, L’Harmattan, Paris 2018, 181 pp.

Malgré l’impasse dans laquelle les tentatives derapprochement entre évolution darwiniennede la culture et études traductologiques – dont l’ouvrage rend soigneusement compte –semblent coincées, dans ce volume Regattin

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insiste sur la nécessité de poursuivre dans cettevoie, ouvrant deux possibilités de lecture : à une« hypothèse évolutionnaire forte », qui confir-merait l’évolution des objets culturels selon lesdynamiques propres à la sélection naturelle,s’opposerait une version « faible », qui, touten se limitant à poser le caractère métaphoriquede l’évolution mémétique, ne contribuerait pasmoins à jeter un regard nouveau sur la traduc-tion. Avant de tester ses deux versions de l’hy-pothèse, Regattin élabore une définition évo-lutionnaire de la traduction, ressortissant à desconclusions paradoxales, qui, d’un côté, confir-ment le caractère intrinsèquement évolutif de la traduction, de l’autre en mettent en question la spécificité, renversant notamment les rapportsqui lient traduction et adaptation, la traductions’avérant être, en dernière analyse, une formed’adaptation. Poursuivant sa réflexion, Re-gattin soumet à une vision évolutive quelquesquestions traductologiques majeures et fournitdes propositions pratiques pour la didactique de la traduction, ayant posé le caractère évolutif de la notion de compétence traductive. Par la ri-chesse de ses suggestions le volume ouvre incon-testablement de nouvelles pistes de recherche,entre traduction et traductologie.

Mirella Piacentini

M. Naugrette-Fournier – B. Poncha-ral ed., La réception de la « pensée française »contemporaine dans le monde anglophone auprisme de la traduction, “Palimpsestes“, 33,2019, 226 pp.

Alors que la traductologie s’intéresse aux textestechniques et scientifiques, d’une part, et auxtextes littéraires, d’autre part, on constate l’en-core trop faible intérêt qu’elle porte aux spécifi-cités des textes de sciences humaines et sociales(SHS). Ainsi, ce numéro de la revue « Palimp-sestes » remplit-il un vide dans la réflexion tra-ductologique, ses contributions portant sur lesdéfis que les textes de SHS posent aux traduc-teurs, notamment lorsque ces textes relèvent dudomaine de la philosophie. Difficiles à situer,

puisque placées, comme le veut Foucault, à «l’interstice » de plusieurs savoirs, les SHS sontdes lieux de débats, forgées par les tensions quiles traversent. Bien qu’elle jouisse d’un statutd’exception en raison de son universalité et deson rôle fondateur dans la pensée occidentale, la philosophie s’avère être source de nombreux dé-fis traductionnels : les différentes contributionsfont ressortir de manière nette la spécificité del’écriture philosophique, marquée par un styleque l’on peut qualifier de littéraire ou poé-tique et que le traducteur se doit de prendre encharge et restituer au même titre que l’apparatnotionnel qui accompagne la réflexion aucto-riale. Les différentes contributions témoignentégalement de la valeur intrinsèquement heuris-tique de la traduction : l’analyse des problèmesque peut soulever la traduction d’un conceptmontre à quel point les stratégies adoptées parles traducteurs peuvent contribuer à faire émer-ger des aspects d’une pensée qui seraient restéscachés en l’absence d’une relecture traduction-nelle. Centré sur la question de la réceptionde la pensée française contemporaine dans le monde anglophone, ce numéro, dont il faut sa-luer le rôle pionner, est présenté comme la pre-mière pierre d’un programme de recherche quis’étendra au-delà de la sphère anglophone.

Mirella Piacentini

M. Pantazara – E. Tziafa, Les termes de lacrise économique grecque dans les corpus, “Meta”, 63, 2018, 3, pp. 739-765

L’article se focalise sur l’utilité de l’explorationde corpus dans la traduction et dans la forma-tion des traducteurs. Point de départ : un glos-saire multilingue rassemblant 822 termes repré-sentatifs de la crise grecque. Son objectif, grâceà la plateforme Sketch Engine, est de vérifier lesoccurrences de ces termes dans des corpus exis-tants et d’en analyser la fréquence et la variationafin de mettre à jour le glossaire initial et de pro-poser aux traducteurs et rédacteurs techniques« les corpus comme un outil d’aide et une res-source de référence efficace » (p. 740). S’agis-

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sant d’un lexique dynamique, une mise à jourrégulière du glossaire s’avère nécessaire.

Danio Maldussi

R. Loock, Traduction automatique et usage linguistique : une analyse de traductions an-glais-français réunies en corpus “Meta”, 63, 2018,3, pp. 786-806

Le dilemme entre traduction automatique ettraduction humaine s’enrichit d’une autre alter-native : outils de traduction automatique neuro-naux ou à base de statistiques ? Si la traductionmachine ne peut plus être ignorée et l’essor ré-cent de la traduction neuronale « a permis unbond qualitatif indiscutable » (p. 787), l’analysemontre une surreprésentation des phénomèneslinguistiques « pour lesquels il existe une diffé-rence interlangagière significative entre les deuxlangues originales» (p. 794) en français traduitautomatiquement par rapport au français origi-nal. Encore de beaux jours pour le « biotraduc-teur » (p. 787) ?

Danio Maldussi

L. Puren – B. Maurer ed. La crise de l’ap-prentissage en Afrique francophone subsaha-rienne, Peter Lang, Bruxelles 2018, 449 pp.

Il filo rosso che collega i 17 contributi di questocorposo volume molto stimolante è la disamina critica, mai puramente compilativa, dell’inse-gnamento della lingua francese e delle lingue na-zionali in alcune realtà – a volte poco conosciu-te – dell’Africa francofona (Maghreb, Senegal,Burkina Faso, Niger, Costa d’Avorio, Benin, Ca-

merun, Isole Comore) attraverso l’analisi privi-legiata della dialettica che si instaura tra le poli-tiche educative e le loro applicazioni concrete da parte dei soggetti coinvolti, in particolar modo,gli insegnanti. Il bilancio che emerge da questistudi mostra un certo scollamento tra i principipedagogici alla moda e la loro effettiva efficacia nonché il bisogno di prestare maggiore attenzio-ne ai problemi dell’insegnante in materia di for-mazione, programmi da svolgere e strumenti perrealizzarli. Si segnalano a tal proposito una seriedi contributi che tentano un primo bilancio de-gli approcci a orientamento situazionale – mag-gioritari in area africana, ma elaborati altrove – iquali ambiscono a superare un modello di scuola tradizionale poco attenta al vissuto degli studen-ti. Ma questo paradigma è veramente applicabilenei contesti plurilingui africani? La questione non è solo quella delle risorse (non sempre èchiaro, per esempio, come creare delle situazionidi apprendimento in cui gli studenti siano attoriattivi e non puramente degli osservatori, in cuiimparino qualcosa di nuovo e non ripetano sem-plicemente quello che già sanno), ma riguarda,più radicalmente, i fondamenti teorici di que-ste metodologie di insegnamento, la vaghezza dei concetti che esse utilizzano e la loro poten-ziale innovatività; è il caso, per esempio, della competenza situazionale (come acquisirla? perraggiungere quali obiettivi? come interagiscel’apprendimento linguistico «sul campo» conla riflessione metalinguistica?) oppure dell’usodelle tipologie testuali per raggiungerla (quali scegliere e come insegnarle?).

Oreste Floquet