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Etude de la filière apiculture en vue du développement de l’exportation SAHA – FSP/GDRN 1 E E T T U U D D E E D D E E L L A A F F I I L L I I E E R R E E A A P P I I C C U U L L T T U U R R E E E E N N V V U U E E D D U U D D E E V V E E L L O O P P P P E E M M E E N N T T D D E E L L E E X X P P O O R R T T A A T T I I O O N N - REGIONS AMBOSITRA – FIANARANTSOA - Rapport définitif Mars 2004 EQUIPE DE REALISATION Coordination Karine LAGARDE Nirinarisoa RAKOTOVELO Avec la collaboration de Fanja RATSIMBAZAFY Razafindramboa ANDRIANARIVONY PROGRAMME DE DEVELOPPEMENT RURAL SUISSE - MADAGASCAR

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Etude de la filière apiculture en vue du développement de l’exportation SAHA – FSP/GDRN

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EETTUUDDEE DDEE LLAA FFIILLIIEERREE AAPPIICCUULLTTUURREE EENN VVUUEE DDUU

DDEEVVEELLOOPPPPEEMMEENNTT DDEE LL’’EEXXPPOORRTTAATTIIOONN

- REGIONS AMBOSITRA – FIANARANTSOA -

Rapport définitif

Mars 2004

EQUIPE DE REALISATION

Coordination Karine LAGARDE

Nirinarisoa RAKOTOVELO

Avec la collaboration de Fanja RATSIMBAZAFY

Razafindramboa ANDRIANARIVONY

PROGRAMME DE DEVELOPPEMENT RURAL

SUISSE - MADAGASCAR

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SOMMAIRE

I Contexte régional 3

II Les principales caractéristiques de la production 4 II.1 La saisonnalité des activités 4

II.2 Les zones apicoles et estimation de l’offre régionale 5

II.3 Les systèmes d’exploitation 9

II.3.1 Les techniques de production 9

II.3.2 Les matériels 11

II.3.3 La conduite du rucher 11

II.3.4 Les techniques de traitement 15

II.3.5 Les fournisseurs d’intrants et de matériels 17

II.4 Place de l’activité apicole 17

II.5 Typologie et stratégies des acteurs de l’amont 18

II.5.1 Ambositra 18

II.5.2 Fianarantsoa 21

II.6 Evaluation financière de l’activité apicole 24

II.7 Le miel et les ressources naturelles 29

II.8 Les activités concurrentes 29

III Le fonctionnement du système de commercialisation 30 III.1 Les Typologies et les stratégies des preneurs des produits apicoles 31

III.1.1 Ambositra 31

III.1.2 Fianarantsoa 33

III.2 Les différents circuits de commercialisation 34

III.3 Relations et conflits entre acteurs 37

IV La fiscalité 37

V Les contraintes et atouts pour la région du Betsileo 37 V.1 Les contraintes 37

V.2 Les atouts 38

VI Les perspectives 39

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I Contexte régional

Dans la région d’Ambositra, l’apiculture est une activité présente depuis des années et fait la

renommée de la région. En effet, la région de l’Amoron’i Mania est une zone apicole s’étalant

au Nord jusqu’à Fandriana et à l’Ouest jusqu’à Ambatofinandrahana.

Bon nombre de familles exercent cette activité et sa pratique se transmet de génération en

génération. Toutefois, des évolutions se sont manifestées surtout en matière de technicité.

La région du Nord bénéficie des interventions même ponctuelles des organismes de

développement: SAF FJKM, Programme SAHA, ONG Haingoniala, La Pépinière de la

Mania, pour les appuis technique et en formation, la caisse mutualiste CECAM pour l’appui

financière, l’ADITE Fitarikandro pour la documentation technique, les échanges et

rencontres. De ce fait, il est observé que la capacité technique des apiculteurs est nettement

meilleure. Par contre, la région du Sud n’a bénéficié de formations et interventions

d’organismes d’appui (hormis le service public) que depuis trois ans. L’exploitation reste

encore traditionnelle dans la majorité des cas.

L’invasion acridienne entraînant les luttes chimiques menées à l’époque (vers 1997) ont

engendré un bouleversement du peuplement d’insectes dans la région et des abeilles en

particulier. Les abeilles n’en sont pas épargnés car une perte de plus de la moitié du cheptel

a été enregistrée. Mais depuis deux ans, la situation s’est nettement améliorée. Certains

apiculteurs ont même affirmé que le nombre des essaims dépassent actuellement la

situation d’avant.

Après la mise en vigueur de la politique de désengagement de l’Etat (depuis 1993) les

services publics jouent uniquement le rôle d’organe de contrôle et de suivi pour le bon

fonctionnement des activités. C’est le cas de la DRDR (Direction Régional du

Développement rural).

Concernant la région de Fianarantsoa, elle s’étale sur une vaste couverture géographique.

Pour la filière apiculture, quatre sous préfectures de la région de la Haute Matsiatra peuvent

être prises en considération : Fianarantsoa I, Fianarantsoa II, Ambohimahasoa et

Ambalavao.

Dans la région de la haute Matsiatra, l’apiculture est une activité exercée depuis fort

longtemps mais c’est seulement dans quelques localités comme Ambohimahasoa qu’elle a

le plus de renom. Dans tous les cas, beaucoup de familles exercent cette activité et sa

pratique se transmet de génération en génération.

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La couverture végétale est formée de forêts d’eucalyptus plus ou moins dégradée surtout

dans les régions de Fianarantsoa II. Dans la région du corridor forestier, la couverture

forestière est beaucoup plus dense.

En général, les couvertures forestières exploitables se trouvent sur le flanc Est de la région

de la Haute Matsiatra (corridor entre Ranomafana et Ambalavao) s’étendant sur plusieurs

dizaines de kilomètres

Quelques organismes autant publics que privés interviennent dans la région pour promouvoir

et développer les activités apicoles : Le (PSDR) Projet de Soutien au Développement Rural

– Unité d’Exécution de Projets de Fianarantsoa travaille étroitement depuis 2001 avec des

partenaires stratégiques, le Programme SAHA, LDI.

Remarque : Les deux fivondronana d’études (Ambositra et Fianarantsoa) ont des

caractéristiques différentes en matière d’activités apicoles si bien qu’ils vont être traités

séparément sur les différents thèmes à traiter dans ce document.

II Les principales caractéristiques de la production

II.1 LA SAISONNALITE DES ACTIVITES

Ambositra est marquée par deux zones distinctes en matière d’apiculture. Ces zones ont

leurs caractéristiques respectives de par les couvertures végétales ce qui engendre une

saison apicole hétérogène :

- les zones Nord et Est caractérisées par des plantations d’eucalyptus

- la zone Sud où il y a une dominance des essences forestières naturelles et des arbres

fruitiers, même si les eucalyptus sont toujours présents.

Ainsi, la saison apicole se présente comme suit :

Tableau 1 : Saison apicole région Ambositra

j f m a m j jl a s o n d

Zone Nord et Est ----Floraison eucalyptus---- Capture essaim xxxx

Récolte miel ______Récolte miel__________

Evolution du prix

producteur zone nord15 000 f/l

10 à 11 000 f/l

13 à

Zone Sud Floraison

forêt

-------Floraison

arboriculture et

autres essences

forestières----------

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5

j f m a m j jl a s o n d

Zone Nord et Est ----Floraison eucalyptus---- Capture essaim et

transvasement

xxxxxxxxxxxxxxxxx

Récolte miel _____Récolte miel__

Prix producteur sud 1 seau de contenance 12

à 15 l : 40 à 75 000 f

brèche

ou 5 à 6000 f/l

Prix miel marché

Ambositra

20 000 f/l--- ---15 à 17 000 f/l-- ------

Pour Fianarantsoa, la saison apicole est beaucoup plus homogène. Il existe différentes

variétés d’eucalyptus qui ont chacune leur période de floraison mais qui s’échelonnent dans

le temps.

Tableau 2 : Saison apicole région Fianarantsoa

j f m a m j jl a s o n d ---Floraisons eucalyptus--

(kininina mena)

Floraison kininina

fotsy

Capture d’essaim xxxxxxxxxxxxxxxx xxxx

Transvasement des

essaims

xxxxxxxxxx

Récolte miel +++++++++---------------+++++++++++++

Prix producteur Sup ou = à 15 000

f/l

-------10 à 15 000 f/l------- --Sup ou= à 15 000f/l------

Sahambavy (cas d’un

grand exploitant qui arrive

à vendre 500 à 1000 kg

par an)

------------------------12 500 f/kg de miel pendant toute l’année-------------------------

II.2 LES ZONES APICOLES ET ESTIMATION DE L’OFFRE REGIONALE

Dans la région Ambositra, les communes de Imady, Marosoa, Fahizay, Ambohimitombo,

Kianjandrakefona, Antoetra, sont les plus importantes localités apicoles de la zone Nord.

Dans la partie Sud, situées environ à 40 km d’Ambositra il y a les communes

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d’Ambalamanakana et d’Ambatofitorahana (près de la forêt naturelle d’Ankazomivady).

Néanmoins, la concentration de l’activité se trouve à plus de 80 % dans la partie Nord.

La carte de la page suivante illustre les zones apicoles d’Ambositra

Dans la région de Fianarantsoa, les zones de Androy, Alatsinainy Ialamarina, Sahambavy,

Andrainjato Centre / Sahamena, Mahasoabe, Ivoamba, dans la préfecture de Fianarantsoa II

sont les plus actives dans l’apiculture.

D’autres fivondronana sont également des zones apicoles dans la région de la Haute

Matsiatra mais n’ont pas fait vraiment l’objet d’une enquête approfondie dans le cadre de

cette étude. Il s’agit du fivondronana d Ambohimahasoa, une importante zone de production

de miel avec les communes comme Vohiposa, Kalalao, Ambalakindresy et le fivondronana

d’Ambalavao moins producteur avec les communes de Sendrisoa et Miarinarivo

Ambohimahamasina, Ambohimandroso, Iarintsena, Ambalavao et Anjomà.

Cette localisation est représentée sur la carte de la page suivante :

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Carte 1 : Carte de localisation des zones apicoles Ambositra – Fianarantsoa

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A partir de l’importance de la concentration de l’apiculture dans les différentes localités, du

niveau technique utilisé, de l’importance du nombre d’apiculteurs et celle de l’activité au

niveau des apiculteurs, les estimations ont ressorti les quantités de production mentionnées

dans le tableau suivants pour Ambositra et Fianarantsoa

Tableau 3 : Quantification de la production de miel Ambositra et Fianarantsoa (élevage et cueillette)

Ambositra Fianarantsoa Total

Production de miel en litre 84 500 58 700 143 200

Production de miel en kg1 118 300 82 180 200 480

Source : Enquête – août 2003

Pour Ambositra, le chiffre traduit un accroissement significatif. D’après les données

statistiques du DRDR Ambositra, car après la chute de la production enregistrée en 1998 à

l’issue d’une importante utilisation d’insecticide (lutte anti-acridienne), l’apiculture a repris du

terrain. Le tableau suivant montre cette évolution :

Tableau 4 : Evolution de la production de miel à Ambositra de 1997 à 2000

Année Production de miel

(kg)

Pourcentage

d’augmentation

1997 86 064

1998 64 419 - 25 %2

1999 70 317 + 9 %

2000 97 701 + 38,9 %

Source : DRDR Ambositra 2003

1 La densité du miel est de 1,4 2 Effet de la lutte chimique anti-acridienne en 1997 où plus de la moitié du cheptel a disparue

LLeess ddeeuuxx rrééggiioonnss dd’’ééttuuddeess pprroodduuiirraaiieenntt uunnee qquuaannttiittéé ddee mmiieell ddaannss lleess

220000 ttoonnnneess eennvviirroonn cchhaaqquuee aannnnééee ddoonntt 111188 ttoonnnneess ((6688,,55%%)) sseerraaiieenntt

pprroodduuiittss àà AAmmbboossiittrraa eett 8822 ttoonnnneess àà FFiiaannaarraannttssooaa ((3311,,55%%))..

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Il est tiré de ces chiffres du DRDR que la production est en évolution sur Ambositra ces

quelques dernières années et qu’elle a dû bel et bien dépassé largement le cap des 100

tonnes si on s’appuie sur les pourcentages de l’accroissement. Cette situation est en plus

soutenue par les récentes interventions du SAHA et du PSDR sur la filière : formation

technique et socio-organisationnelle, financement, équipement.

II.3 LES SYSTEMES D’EXPLOITATION

II.3.1 Les techniques de production

II.3.1.1 Région Ambositra

Ayant fait la renommée d’Ambositra depuis fort longtemps, l’apiculture a connu une nette

évolution en partant des techniques purement traditionnelles vers les pratiques améliorées et

modernes. Actuellement, les techniques traditionnelles et ancestrales cèdent

progressivement la place aux techniques modernes notamment dans les zones Nord et Est :

- les ruches à cadre type langstroth confectionnées à partir du bois d’eucalyptus et de pin

sont de plus en plus utilisées et il n’est pas rare que les apiculteurs s’y investissent. Mais

les ruches en barrettes existent toujours.

- L’emploi de ruches modernes ont nécessité le recours à des techniques modernes, que

ce soit en conduite de l’élevage qu’en matériels utilisés.

Sur la partie Sud, la technique d’exploitation est encore traditionnelle dans majorité des cas

avec une dominance des ruches en tronc d’arbre de plus d’un mètre de longueur et de 70

cm de diamètre environ (variable selon les cas). Quelques ruches à barrettes sont aussi

toujours présentes.

A gauche : Disposition des ruches en tronc

d’arbre évidé avec quelques ruches en

caisse

AMBOSITRA

A droite : La taille d’une ruche

traditionnelle en tronc d’arbre évidé

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En moyenne, un apiculteur possède une dizaine à une vingtaine de ruches (moderne ou

traditionnelle). La moyenne est de 15 ruches chacun que ce soit pour un apiculteur

traditionnel ou moderne.

L’enruchement est encore assuré par des essaims sauvages.

En général, les apiculteurs d’Ambositra s’orientent de plus en plus vers l’utilisation de ruches

modernes selon les recensements de la DRDR :

Tableau 5 : Evolution des nombres de types de ruches – Région Ambositra

Année Nombre de ruches

traditionnelles

Nombre de ruches

modernes

1990 104 2398

1991 259 3179

1992 290 3410

1993 198 3641

1994 107 3795

1995 59 4422

1996 45 5621

1997 41 5720

1998 37 4279

1999 32 4675

2000 21 6505

Source : DRDR Ambositra 2003

II.3.1.2 Région de Fianarantsoa

L’exploitation des techniques modernes est de plus en plus en émergence actuellement :

utilisation de ruches à cadres avec une conduite de l’exploitation plus rationnelle. Cette

pratique est encore assez récente et le développement de cette technique a surtout été

entrepris avec les interventions des programmes de développement tels LDI, SAHA, PSDR.

Mais l’apiculture a été déjà exploitée dans la région depuis fort longtemps avec les pratiques

traditionnelles qui sont encore actuellement une réalité.

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II.3.2 Les matériels

Avec les techniques d’exploitation moderne, les matériels requis sont plus sophistiqués. A

part les ruches à cadres3 (à 9, 10 ou 11 cadres pour les deux régions), les apiculteurs

utilisent également des extracteurs souvent de fabrication artisanale, confectionnée en

planche ou en fût métallique. A Fianarantsoa, en plus des extracteurs artisanaux, l’extracteur

en inox commence à être employé (cas d’un apiculteur).

D’autres petits outillages sont encore indispensables :

- masque à voile

- enfumoir. Avec la pratique traditionnelle, du tissu brûlé est utilisé en remplacement d’un

enfumoir

- fourchette pour le désoperculation,

- cage à reine pour l’exploitation moderne

- cuvette ou seau pour mettre les brèches récoltées (ruches à barrettes ou ruches

traditionnelles). Si les ruches ne sont pas à cadres mais juste à barrettes, un couteau est

nécessaire pour détacher les brèches des barrettes.

- bidons en plastiques pour stocker le miel liquide.

II.3.3 La conduite du rucher

Les ruches sont installées proche des maisons d’habitation pour faciliter les suivis et les

entretiens. En général, on les met loin des sources de pollution comme les routes à grande

circulation.

3 Les cadres sont munis de fils étamés pour tenir les cires gaufrées.

La cage à reine est confectionnée par

l’apiculteur lui-même

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Toutefois, à Fianarantsoa, des apiculteurs perchent leurs ruches en caisses (confectionnée

avec du bois d’eucalyptus) dans les arbres de la forêt environnante.

Dans la région d’Ambositra, la conduite du rucher est caractérisé par les opérations

suivantes :

Tableau 6 : Conduite du rucher - Ambositra

Opérations Descriptions

Achat ou capture des

essaims

Si la ruche n’est pas encore peuplée, les essaims sont achetés

auprès des chasseurs d’essaims ou capturés. Un essaim coûte

entre 50 000 à 75 000 Fmg.

Pour la capture, des attires essaims sont utilisés : cire brûlée,

essence de citronnelle, essence de térébenthine, un produit de

mélange de cire et des racines de plantes dont le secret n’a pas

été révélé par les apiculteurs. Les essaims sont surtout capturés

dans la forêt Zafimaniry à l’Est ou aussi au Sud.

Un tronc d’arbre dénoyauté sert de capture d’essaim dans la

pratique traditionnelle de la partie Sud. Mais pour être vendu, les

essaims sont mis dans des paniers munis d’un dispositif

d’aération.

Notons qu’un grand apiculteur d’Ambositra va jusqu’à

Moramanga pour acheter et piéger des essaims.

Transvasement de la

colonie

Cette opération consiste à transférer la colonie dans sa ruche

définitive : ruches en caisse, à cadres ou un tronc d’arbre de

plus grande taille (courant surtout dans la partie Sud). Pour

permettre à la colonie de rester, des attires-essaims peuvent

être utilisés..

Rajouts de cadres vides4 Une fois que les premiers cadres seraient remplis, les

apiculteurs mettent de nouveaux cadres armés de cire gaufrée.

Mise en place de la

hausse5

Une fois que le corps de la ruche est rempli (après 1 à 2 mois),

la hausse est mise en place pour les ruches modernes

Récolte Seules les brèches operculées à 75 % sont récoltés pour les

ruches modernes ou à barrettes. Les brèches sans cadres sont

tout de suite mises dans des cuvettes pour être pressées par la

4 Pour les ruches à cadres 5 Pour les ruches à cadres

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Opérations Descriptions

suite. Les cadres à cires gaufrées seront installées dans les

extracteurs après avoir été enlevés des ruches. On note

toutefois que des apiculteurs se servent d’extracteur artisanal en

bois sans avoir besoin d’utiliser de la cire gaufrée. Ils ont l’art

d’extraire le miel sans abîmer les brèches.

Pour les apiculteurs traditionnels du Sud, seule la moitié de la

production (operculée) est récoltée. Le but étant de faciliter

l’activation des travaux des abeilles dans la fabrication des

rayons (les abeilles mettent du temps pour reprendre à fabriquer

les cires).

La récolte est effectuée tous les 3 à 4 semaines si les conditions

météorologiques sont favorables. S’il pleut, on doit encore

attendre une semaine pour faire la récolte.

Tout au long d’une campagne, l’apiculteur arrive à faire en

moyenne 3 récoltes. Une ruche lui demanderait environ 1 heure

pour les 3 récoltes. En une récolte, le miel produit remonte entre

5 à 12 litres par ruche dans le Nord et 3,5 litres par ruche

traditionnelle dans le Sud.

Entretien - visite L’entretien consiste au nettoyage des ruches et à l’élimination

des ennemis des abeilles, en particulier les fausses teignes. Les

visites facilitent le suivi de l’état de la colonie. En moyenne, une

visite de 3 minutes par ruche toutes les deux semaines est

effectuée.

Les opérations d’entretien et de visite sont de plus en plus

facilitées si les ruches sont modernes.

Un apiculteur en train de faire la

visite de sa ruche à cadre

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Dans la région de Fianarantsoa, le tableau ci-après décrit la conduite du rucher :

Tableau 7 : Conduite du rucher - Fianarantsoa

Opérations Descriptions

Achat ou capture des

essaims

Une petite boîte en plastique munie d’un système d’aération sert

de transport des reines.

Les chasseurs d’essaims utilisent également des produits

naturels comme attire-essaims : essence de térébenthine,

essence de citronnelle ou la cire.

Un essaim coûte 50 000 à 75 000 Fmg mais une reine peut aussi

s’acheter à 10 000 Fmg.

Transvasement des

essaims

Le transfert de la colonie vers sa ruche définitive se passe

habituellement à partir du mois de mars.

Mise en place de la

hausse

Pour les ruches, une fois que le corps de la ruche à cadres

armés de cire gaufrée est rempli (environ 1 à 2 mois après le

début de la campagne, généralement à l’issu de la période de

floraison des plantes mellifères dominantes de la région), la

hausse est mise en place.

Visites et entretiens Il s’agit de vérifier l’état des ruches et de la colonie contre les

attaques des ravageurs: fausses teignes

Récolte Les brèches à 75 % operculées (au minimum) sont coupées

(pour les ruches à barrettes) ou enlevées (pour les ruches à

cadres). Généralement, il peut être effectué 2 à 3 récoltes tout au

long de la campagne. Deux à trois semaines séparent deux

prélèvements successifs et il faut encore attendre une semaine

après s’il pleut.

Le rendement varie entre 14 à 40 kg de miel pour les ruches à

Les dispositions des rayons dans une ruche en

tronc d’arbre évidé rendent impossible

l’entretien et la visite de l’intérieur

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cadres avec hausse. Une ruche traditionnelle ne donne qu’en

moyenne 3,5 litres par campagne

II.3.4 Les techniques de traitement

Deux techniques sont encore bien distinctes pour les traitements post-récolte du miel :

- Le traitement par égouttage qui est encore très dominante

- L’utilisation d’extracteur

Les différentes opérations suivantes sont retenues pour le traitement par égouttage :

Tableau 8 : Traitement par égouttage du miel

Ambositra Fianarantsoa

- Emiettage des brèches à l’aide d’une

grande cuillerée en bois. Les brèches

sont disposées dans une cuvette ou dans

un seau

- Egouttage à travers un tamis en voile.

Des feuilles de fougères peuvent

également servir de tamis.

- Récupération du miel liquide et stockage

dans un bidon en plastique.

- Pressage des brèches dans un sac de riz

en plastique

- Egouttage par un tamis en voile

- Stockage du miel liquide dans un bidon

en plastique

Après un simple chauffage, la cire est récupérée.

Pour ceux qui n’utilisent pas ce dire gaufrée mais se sert d’un extracteur artisanal, seuls les

vieux rayons sont soupés pour être transformés en cire.

Avec l’utilisation des ruches à cadres, la technique d’extraction du miel est tout à fait

différente :

- Après enlèvement des cadres renfermant les brèches déjà désoperculées, ceux-ci sont

installés dans l’extracteur (traditionnel ou en inox) ;

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16

- Le système de centrifugation de l’extracteur enlève le miel liquide qui sera récupéré dans

un récipient.

- Le stockage se fait dans des bidons en plastiques.

Un extracteur en inox d’un apiculteur à

FIANARANTSOA

Un extracteur artisanal en bois

AMBOSITRA

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II.3.5 Les fournisseurs d’intrants et de matériels

Les fournisseurs artisans de matériels sont considérables mais ils travaillent à travers un

réseau de connaissances sans passer par un circuit formel. Ils fabriquent des ruches, des

petits outillages, des attires-essaims.

Sur Ambositra, La Pépinière de la Mania (LPM) propose différents matériels apicoles. A

Fianarantsoa, il y a AFAFI (Andrin’ny Fambolena sy ny Fiompiana) qui vend des matériels de

LPM (Cf prix en Annexe). L’entreprise se spécialise dans le conseil et la vente de matériels

et intrants agricoles. Pour l’apiculture, les matériels et intrants non disponibles en stock

peuvent être commandés directement.

II.4 PLACE DE L’ACTIVITE APICOLE

L’apiculture est une occupation masculine dans les régions d’Ambositra et de Fianarantsoa.

C’est une activité qui est déjà héritée des grands parents à une époque où les ressources

étaient encore abondantes. Après les activités agricoles (cultures vivrières, élevages),

l’apiculture vient en deuxième position en terme d’occupation des temps des apiculteurs.

Le miel participe à hauteur de 50 % environ au revenu des ménages apiculteurs. C’est la

première activité qui fait rentrer le plus d’argent et les revenus issus de la vente de miel

participent considérablement à la satisfaction des besoins courants du ménage : produits de

première nécessité, habillement. Mais l’apiculture finance également les autres travaux

agricoles et la scolarité des enfants sans oublier les « adidy6 ».

Dans la partie Sud de la région d’Ambositra, même si l’apiculture fait partie des activités des

paysans, il y a une dominance de la culture de pomme de terre qui enregistre actuellement

fort développement dans cette zone avec deux à trois saisons de culture par an. Pour cela,

la pomme de terre intervient jusqu’à 60 % du revenu global des ménages.

Pour Ambositra vu l’état de la destruction de la forêt, l’apiculture est un thème autour duquel

les paysans s’associent pour réfléchir ensemble sur des actions de préservation de

l’environnement.

Dans la région de Fianarantsoa, il y aussi cette manifestation d’intérêt pour la préservation

de l’environnement à travers l’apiculture.

6 Argent destiné à faire face aux dépenses qui seront occasionnées par les festivités ou évènements

familiaux (de sa propre famille mais également des familles proches et voisins)

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Que ce soit à Ambositra ou à Fianarantsoa, l’apiculture est une activité qui subit la

dégradation très avancée des couvertures forestières.

II.5 TYPOLOGIE ET STRATEGIES DES ACTEURS DE L’AMONT

II.5.1 Ambositra

Les critères suivants sont utilisés pour établir les typologies des apiculteurs d’Ambositra :

- niveau d’encadrement et de technicité

- niveau d’organisation

- répartition géographique

Deux grands types d’apiculteurs sont alors distingués :

- l’apiculteur « techniquement avancé »

- l’apiculteur traditionnel

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L’apiculteur « techniquement avancé » L’apiculteur « traditionnel »

Selon cette catégorisation, l’apiculteur travaille avec une technique d’exploitation plus

améliorée : utilisation de matériels modernes tels les ruches à cadres armés de cires

gaufrées, l’extracteur, l’enfumoir.

C’est un paysan agriculteur qui a opéré depuis longtemps dans la filière apicole. Dans la

pratique des méthodes traditionnelles il s’est progressivement converti vers l’exploitation

moderne à l’issu des assistances successives d’organismes d’appui à partir de l’année 1987

où le programme FAO a eu des actions de développement de la filière apiculture à

Madagascar. Viennent par la suite d’autres appuis : SAF FJKM, ONG HAINGONALA, PSDR

(à partir de 2000). Les thèmes « techniques de production » et « commercialisation » sont

les deux thèmes véhiculés lors des appuis.

Cet apiculteur se retrouve principalement dans les zones Nord et Est de la région

d’Ambositra. Deux types d’apiculteurs constituent cette catégorie : « l’apiculteur associatif »

et « l’opérateur apicole »

Cet apiculteur pratique encore la technique

traditionnelle. Il est donc techniquement en retard par

rapport à son homologue même s’il a aussi de longues

expériences dans l’activité (depuis une trentaine

d’années).

C’est un paysan agriculteur également qui est localisé

surtout dans la partie Sud de la région d’Ambositra

Ce n’est que depuis 8 ans environ qu’il s’est manifesté

un intérêt particulier de certains apiculteurs sur l’activité

apicole lesquels se sont concentré beaucoup plus sur

cette activité. Depuis 3 ans environ, des apiculteurs ont

pu bénéficié de l’appui technique d’un technicien de

l’agriculture.

Quelques uns commencent à se regrouper dans une

association pour mieux bénéficier des intérêts que

peuvent procurer cette forme de solidarité

Etude de la filière apiculture en vue du développement de l’exportation SAHA – FSP/GDRN

20

L’apiculteur « associatif » Ce type d’apiculteur appartient en majorité

à une association pour des appuis

technique et commercial (PSDR et SAF

FJKM par exemple).

L’appui commercial du SAF FJKM procure

une sécurité pour ce type d’apiculteur dans

l’écoulement de son miel.

En moyenne, ils possèdent une quinzaine

de ruches et en se regroupant, ils ont eu la

possibilité de se doter d’un extracteur

artisanal.

L’« opérateur apicole » C’est un apiculteur qui au fil de plusieurs

années de pratiques, s’est émergé de la filière

en devenant des opérateurs plus ou moins

professionnels.

Il travaille individuellement et peut disposer

jusqu’à 80 ruches améliorées.

Ces apiculteurs ont développé différentes

stratégies pour marquer son importance dans la

filière et prennent en même temps une fonction

commerciale : pour leurs propres production

mais également pour les autres apiculteurs qui

sont devenus leurs associés. La location de

matériel apicole et la multiplication d’essaims

sont des pratiques qui commencent à être

adoptées par quelques uns de cette typologie.

Etude de la filière apiculture en vue du développement de l’exportation SAHA – FSP/GDRN

21

STRATEGIES DES APICULTEURS D’AMBOSITRA

Pour les apiculteurs d’Ambositra, l’apiculture est un thème autour duquel les paysans

s’associent pour réfléchir ensemble sur la préservation de l’environnement. En raison de la

pression sur les ressources forestières (fabrication de charbon, exploitation de bois

forestiers), ils ont trouvé le soutien des organismes d’appui comme un moyen pour arriver à

étaler voire prolonger le calendrier de la floraison des plantes mellifères : essai avec DRDR

de la culture de grévilia et acacia qui sont des plantes mellifères – relance de la plantation

d’arbres fruitiers.

Vis-à-vis des non paiements de certains collecteurs, le regroupement en association

est une occasion pour être solidaire mais également pour avoir assez de force à ne

plus avoir recours aux services de ces collecteurs malhonnêtes.

Entre producteurs, il s’établit maintenant de fortes concurrences dans l’approvisionnement

des collecteurs ou des consommateurs directement. Les clients (surtout les transformateurs

et les industriels d’Antananarivo) imposent des normes sur certains critères de qualité : taux

de sucre, taux d’humidité. Les apiculteurs essayent au maximum de préserver la qualité

naturelle du miel afin de toujours garder la confiance des preneurs de leurs produits. Il y a

alors un souci de la qualité qui se manifeste au niveau des producteurs.

Comme le miel est une importante source de revenu et constitue également de l’argent

rapide, les apiculteurs essayent au mieux d’avoir le maximum de moyens possibles

pour agrandir la taille de leurs exploitations. Certains ont su profiter des formations

qu’ils ont pu bénéficier et commencent à faire la multiplication des essaims et donc des

ruches : en période de floraison, ils suivent l’évolution de l’état des cadres si une reine

est en train de se préparer (les ouvriers la nourrissent de gelée). Si tel est le cas, ils

enlèvent ce cadre et le met dans une nouvelle ruche.

Face aux problèmes d’approvisionnement en tronc d’arbre, car les grands arbres inutilisés

sont rarement disponibles, l’apiculteur traditionnel s’oriente progressivement vers la ruche à

barrette.

Les participations à des manifestations développent les échanges et les contacts avec

les opérateurs.

II.5.2 Fianarantsoa

Pour la région de Fianarantsoa, le niveau de technicité et l’ancienneté dans la filière ont été

les deux principaux critères qui ont permis de classifier les apiculteurs.

Etude de la filière apiculture en vue du développement de l’exportation SAHA – FSP/GDRN

22

Ainsi, les apiculteurs de Fianarantsoa ont été classifiés en deux grands catégories :

- l’apiculteur traditionnel

- l’apiculteur moderne

L’apiculteur « traditionnel »

L’apiculteur « moderne »

L’« expérimenté » Le « nouveau » C’est un paysan

agriculteur. En

apiculture, il fait

l’élevage avec une

technique encore

très traditionnelle en

ayant recours à des

ruches en troncs

d’arbre vidés. La

taille de son

exploitation est très

réduite ; 3 à 4

ruches et son

rendement est

faible : 3 litres par

ruche par an.

Il travaille

individuellement

sans être dans une

quelconque forme

d’organisation. Il est

plutôt localisé sur le

côté Ouest de la

région de

Fianarantsoa.

Toutefois, il est aussi

présent dans la zone

Est.

Ce type d’apiculteurs est pour la plupart

des agriculteurs. Il y a quand même des

bureaucrates.

L’« apiculteur moderne expérimenté » a

plusieurs années d’ancienneté dans la

filière. Il possède une grande

exploitation d’élevage d’abeilles avec

une technique moderne. Là dessus, sa

particularité est d’avoir une finance

solide pour se doter d’extracteur (en

inox mais surtout artisanal). Il arrive à

trouver un rendement de 20 à 25 kg de

miel en brèche par an.

Ces apiculteurs sont encore en faible

nombre dans la région

Ils ont préféré travailler individuellement

sans être adhéré dans une organisation

d’apiculteurs.

Avec leurs expériences, certains

participent dans le développement de la

filière en devenant des prestataires de

service pour des organismes d’appui

(ex : formation).

Ils sont plutôt localisés dans la partie

Est de la région de Fianarantsoa, là où

l’apiculteur traditionnel opère aussi

Le nouvel apiculteur moderne

est un paysan agriculteur qui a

déjà fait l’apiculture depuis

plusieurs années déjà mais

avec une exploitation

traditionnelle. Ce n’est que

récemment que ces types

d’apiculteurs sont passés

progressivement vers une

technique moderne suite aux

appuis des programmes de

développement tels que : LDI,

SAHA.

Ils sont alors pour la plupart

regroupés dans une association

de paysans ou d’apiculteurs.

A titre d’exemple l’union

FALIALA (appuyée par le

Programme SAHA) a eu sa

première formation en 1997 et

s’oriente petit à petit vers

l'apiculture moderne.

Ils ont une taille assez moyenne

de l’exploitation et avec leur

technique d’exploitation, ils

arrivent à avoir en moyenne 10

litres de miel par ruche par an

Etude de la filière apiculture en vue du développement de l’exportation SAHA – FSP/GDRN

23

STRATEGIES DES APICULTEURS DE FIANARANTSOA

Les apiculteurs de la région de Fianarantsoa préfèrent toujours traiter directement avec les

consommateurs pour la commercialisation. C’est une stratégie leur permettant de profiter du

cours du marché en évitant au mieux les intermédiaires. Et là encore la vente en détail est

plus bénéfique.

Afin d’assurer une meilleure qualité du miel, les apiculteurs veillent toujours à ce que la

récolte ne se fait que lorsque les brèches sont au moins operculées à 75 %.

L’union FALIALA a développé certaines stratégies permettant de prouver leur volonté à aller

de l’avant dans l’apiculture :

Pour cibler un nouveau marché avec une nouvelle clientèle, par exemple les touristes du

Parc National de Ranomafana, l’union FALIALA a apporté une innovation en améliorant le

conditionnement de leur miel avec une boîte en plastique produit par SFOI

Les échanges d’expériences avec des apiculteurs d’autres régions ne font que renforcer leur

volonté de développer davantage la filière. C’est par exemple l’échange de l’union FALIALA

avec les apiculteurs de Manakara. Dans ce sens, ils souhaitent que les foires doivent

toujours être organisées par des promoteurs (des ONG par exemple) pour les apiculteurs qui

n’ont pas les moyens de se déplacer.

Etude de la filière apiculture en vue du développement de l’exportation SAHA – FSP/GDRN

24

II.6 EVALUATION FINANCIERE DE L’ACTIVITE APICOLE

Dans les différents cas de figure de calcul de rentabilité suivants, il est pris comme

hypothèse que l’apiculteur vend ses produits sur le lieu d’exploitation.

Tableau 9 : Cas d’une exploitation avec des ruches à barrette et dont la production par ruche par an est de 5 litres - Ambositra

CHARGES ANNUELLES

Taux Coût unitaire

(Fmg)

Coût total

(Fmg)

Coût par ruche

(Fmg)

Amortissement

ruche durée de vie 10 ans 0,100 30 000 3 000 3 000

essaim durée de vie 10 ans 0,100 62 500 6 250 6 250

voile durée de vie 3 ans et sert 15 ruches 0,333 24 000 8 000 533

couteau durée de vie 5 ans et sert 15 ruches 0,002 10 000 16 1

seau durée de vie 3 ans et sert 15 ruches 0,333 10 000 3 333 222

cuillère en bois durée de vie 1 an et sert les 15

ruches

1,000 0 0

1 bidon plastique de 10 l pour le transport qui

dure 10 ans et sert les15 ruches

0,100 20 000 2 000 133

Main d'œuvre par ruche

entretien et visite 0,125 5 000 625 625

récolte 0,063 5 000 313 312,50

broyage des brèches 0,125 5 000 625 625,00

Total charges par ruche: 11 702

Total charges pour 15 ruches 177 037

Coût de production du litre de miel 2 360

PRODUITS ANNUELS

Nombre (litre) Coût unitaire

Vente miel 4,7 10 000 47 000

Autoconsommation miel 0,3 10 000 3 000

Total produits par ruche: 50 000

Total produits pour 15 ruches: 750 000

BENEFICE ANNUEL 572 963

Marge au litre de miel 7 640

Etude de la filière apiculture en vue du développement de l’exportation SAHA – FSP/GDRN

25

Pour toutes les exploitations qui utilisent les ruches modernes, une rendement moyen de 10

litres par ruche par an a été adopté.

Tableau 10 : Cas d’une exploitation moderne avec des ruches à cadres et utilisant un extracteur artisanal en bois

CHARGES ANNUELLES

Taux Coût unitaire

(Fmg)

Coût total

(Fmg)

Coût par ruche

(Fmg)

Amortissement

extracteur durée de vie 5 ans et sert 10 ruches 0,200 250 000 50 000 3 333

ruche durée de vie 10 ans 0,100 30 000 3 000 3 000

essaim durée de vie 10 ans 0,100 62 500 6 250 6 250

voile durée de vie 3 ans et sert 10 ruches 0,333 24 000 8 000 533

couteau durée de vie 5 ans et sert 10 ruches 0,002 10 000 16 1

fourchette durée de vie 1 an 0,008 1 500 12 1

cire gaufrée renouvelée au bout de 4 ans 0,250 24 000 6 000 6 000

cuvette durée de vie 3 ans et sert 10 ruches 0,333 20 000 6 667 444

3 bidons plastique de 50 l servant 10 ruches et dure

10 ans

0,100 150 000 15 000 1 000

2 bidons plastique de 10 l pour le transport qui dure

10 ans et sert les10 ruches

0,100 40 000 4 000 267

Autres consommables 0

0,5 bobine de fil étamé de 250 g 0,500 42 000 21 000 21 000

attire essaim (essence citronnelle) pour les 10

ruches

2,000 2 500 5 000 333

Main d'œuvre par ruche

entretien et visite 0,125 5 000 625 625

récolte 0,125 5 000 625 625,00

extraction 0,156 5 000 781 781,25

Total charges par ruche: 44 194

Total charges pour 10 ruches 662 914

Coût de production du litre de miel 4 419

PRODUITS ANNUELS

Nombre Coût unitaire

Vente miel 9,8 10 000 98 000

Autoconsommation miel 0,2 10 000 2 000

Total produits par ruche: 100 000

Total produits pour 15 ruches: 1 500 000

BENEFICE ANNUEL 837 086

Marge au litre de miel 5 581

Etude de la filière apiculture en vue du développement de l’exportation SAHA – FSP/GDRN

26

Tableau 11 : Cas d’une exploitation avec des ruches à cadres moderne et utilisant un extracteur en fut métallique à 3 cadres7

CHARGES ANNUELLES

Taux Coût unitaire

(Fmg)

Coût total

(Fmg)

Coût par ruche

(Fmg)

Amortissement

extracteur métallique durée de vie 7 ans et sert 15 ruches 0,143 800 000 114 286 7 619

ruche durée de vie 10 ans 0,100 30 000 3 000 3 000

essaim durée de vie 10 ans 0,100 62 500 6 250 6 250

voile durée de vie 3 ans et sert 15 ruches 0,333 24 000 8 000 533

couteau durée de vie 5 ans et sert 15 ruches 0,002 10 000 16 1

fourchette durée de vie 1 an 0,008 1 500 12 1

cire gaufrée renouvelée au bout de 4 ans 0,250 24 000 6 000 6 000

cuvette durée de vie 3 ans et sert 15 ruches 0,333 20 000 6 667 444

3 bidon plastique de 50 l servant 15 ruches et dure 10 ans 0,100 150 000 15 000 1 000

2 bidons plastique de 10 l pour le transport qui dure 10 ans

et sert les15 ruches

0,100 40 000 4 000 267

Autres consommables 0

0,5 bobine de fil étamé de 250 g 0,500 42 000 21 000 21 000

attire essaim (essence citronnelle) pour les 15 ruches 2,000 2 500 5 000 333

Main d'œuvre par ruche

entretien et visite 0,125 5 000 625 625

récolte 0,125 5 000 625 625,00

extraction 0,156 5 000 781 781,25

Total charges par ruche: 48 480

Total charges pour 15 ruches 727 200

Coût de production du litre de miel 4 848

PRODUITS ANNUELS

Nombre (litre) Coût unitaire

Vente 9,9 10 000 99 000

Autoconsommation 0,1 10 000 1 000

Total produits par ruche: 100 000

Total produits pour 15 ruches: 1 500 000

BENEFICE ANNUEL 772 800

Marge au litre de miel 5 152

7 Ce cas peut à la fois être prix pour Ambositra et Fianarantsoa

Etude de la filière apiculture en vue du développement de l’exportation SAHA – FSP/GDRN

27

Pour les trois cas précédents, le chiffre d’affaire va du simple au double lorsque l’on passe

d’une exploitation traditionnelle vers une exploitation plus moderne (750 000 fmg vers 1 500

000 fmg). Entre exploitations modernes, le niveau d’équipement importe sur les bénéficies

réalisés : en raison des charges d’amortissement des équipements, le bénéfice est moins

important par rapport à une exploitation dont l’extracteur est en bois de fabrication artisanal.

L’apiculteur avec extracteur en fut métallique a donc intérêt d’augmenter la taille de son

exploitation.

A Fianarantsoa, la taille moyenne d’une exploitation est de 8 ruches pour les apiculteurs

ayant des ruches à cadres de type langstroh et utilisant un extracteur artisanal. L’extracteur

métallique rencontré à Fianarantsoa est muni de 4 cadres et peint avec une peinture

alimentaire. Il coûte 1 000 000 Fmg.

Un cas particulier nécessite d’être mentionné car l’apiculteur possède 80 ruches et utilise un

extracteur en inox de 20 cadres.

Les comptes d’exploitation de ces deux cas sont les suivants :

Tableau 12 : Cas d’une exploitation à ruches à cadres modernes employant un extracteur artisanal en métal

Taille de l’exploitation : 8 ruches

CHARGES ANNUELLES

Taux Coût unitaire

(Fmg)

Coût total

(Fmg)

Coût par ruche

(Fmg)

Amortissement

extracteur métallique durée de vie 7 ans et sert 8

ruches

0,143 1 000 000 142 857 17 857

ruche durée de vie 10 ans 0,100 30 000 3 000 3 000

essaim durée de vie 10 ans 0,100 62 500 6 250 6 250

voile durée de vie 3 ans et sert 8 ruches 0,333 24 000 8 000 1 000

couteau durée de vie 5 ans et sert 8 ruches 0,002 10 000 16 2

fourchette durée de vie 1 an 0,008 1 500 12 2

cire gaufrée renouvelée au bout de 4 ans 0,250 24 000 6 000 6 000

cuvette durée de vie 3 ans et sert 8 ruches 0,333 20 000 6 667 833

3 bidons plastique de 50 l servant 8 ruches et dure 10

ans

0,100 150 000 15 000 1 875

2 bidons plastique de 10 l pour le transport qui dure 10

ans et sert les 8 ruches

0,100 40 000 4 000 500

Autres consommables 0

0,5 bobine de fil étamé de 250 g 0,500 42 000 21 000 21 000

attire essaim (essence citronnelle) pour les 8 ruches 1,000 2 500 2 500 313

Etude de la filière apiculture en vue du développement de l’exportation SAHA – FSP/GDRN

28

Main d'œuvre par ruche

entretien et visite 0,125 5 000 625 625

récolte 0,125 5 000 625 625,00

extraction 0,078 5 000 391 390,63

Total charges par ruche: 60 272

Total charges pour 8 ruches 482 178

Coût de production du litre de miel 6 027

PRODUITS ANNUELS

Nombre (litre) Coût unitaire

Vente 9,9 10 000 99 000

Autoconsommation 0,1 10 000 1 000

Total produits par ruche: 100 000

Total produits pour 8 ruches: 800 000

BENEFICE ANNUEL 317 822

Marge au litre de miel 3 973

Tableau 13 : Cas d’une exploitation qui a 80 ruches à cadres et équipé d’un extracteur à 20 cadres

Taille de exploitation : 80 ruches

CHARGES ANNUELLES

Nombre Coût unitaire

(Fmg)

Coût total

(Fmg)

Coût par ruche

(Fmg)

Amortissement

extracteur en inox durée de vie 20 ans et sert 80

ruches

0,050 5 800 000 290 000 3 625

ruche durée de vie 10 ans 0,100 30 000 3 000 3 000

essaim durée de vie 10 ans 0,100 62 500 6 250 6 250

voile durée de vie 3 ans et sert 80 ruches 0,333 24 000 8 000 100

couteau durée de vie 5 ans et sert 80 ruches 0,002 10 000 16 0

fourchette durée de vie 1 an 0,008 0

cire gaufrée renouvelée au bout de 4 ans 0,250 24 000 6 000 6 000

cuvette durée de vie 3 ans et sert 80 ruches 0,333 20 000 6 667 83

3 bidons plastique de 50 l servant 80 ruches et dure

10 ans

0,100 150 000 15 000 188

2 bidons plastique de 10 l pour le transport qui dure 10

ans et sert les80 ruches

0,100 40 000 4 000 50

Autres consommables 0

0,5 bobine de fil étamé de 250 g 0,500 42 000 21 000 21 000

attire essaim (essence citronnelle) pour les 8 ruches 10,000 2 500 25 000 313

Etude de la filière apiculture en vue du développement de l’exportation SAHA – FSP/GDRN

29

Main d'œuvre par ruche

entretien et visite 0,125 5 000 625 625

récolte 0,125 5 000 625 625,00

extraction 0,015 5 000 73 72,92

Total charges par ruche: 41 931

Total charges pour 8 ruches 3 354 516

Coût de production du litre de miel 4 193

PRODUITS ANNUELS

Nombre (litre) Coût unitaire

Vente 9,9 10 000 99 000

Autoconsommation 0,1 10 000 1 000

Total produits par ruche: 100 000

Total produits pour 80 ruches: 8 000 000

BENEFICE ANNUEL 4 645 484

Marge au litre de miel 5 807

Avec une taille importante de l’exploitation même si son investissement est coûteux, cet

apiculteur dégage un revenu annuel de 4 600 000 fmg.

II.7 LE MIEL ET LES RESSOURCES NATURELLES

Une forêt sous tutelle de la direction provinciale des Eaux et Forêts est en cours de transfert

de gestion dans la commune de l’Androy (Sous Préfecture de Fianarantsoa II) avec l’appui

du Programme SAHA à travers une ONG locale. Pour que les apiculteurs puissent mieux

protéger la foret laquelle reste la principale raison d’être de leur activité, les apiculteurs de

l’union FALIALA demandent pour qu’ils soient majoritairement représentés dans le

groupement de base (VOI).

Dans la région, c’est la seule expérience rencontrée qui associe le développement des

activités apicoles avec la protection de l’environnement.

II.8 LES ACTIVITES CONCURRENTES

Les activités dévastatrices de l’environnement entrent directement en concurrence avec

l’apiculture dans les régions d’Ambositra et de Fianarantsoa. Les forêts reculent avec une

vitesse alarmante suite à la fabrication du charbon, à l’exploitation de bois pour le chauffage,

pour la construction et aussi pour l’artisanat.

Etude de la filière apiculture en vue du développement de l’exportation SAHA – FSP/GDRN

30

Il arrive même que des exploitants forestiers originaires d’autres régions viennent exploiter

les forêts d’Ambositra car ils n’ont plus une latitude de manœuvre dans leurs régions. C’est

le cas par exemple des gens d’Ambatolampy qui arrivent jusqu’à Ambositra pour exploiter

les arbres dans le but de faire du charbon8.

III Le fonctionnement du système de commercialisation

Le miel est un produit qui se vend beaucoup en dehors de la région pour Ambositra. Les

apiculteurs assurent le traitement de leurs miels et les collecteurs se chargent de trouver le

marché. Le miel se vend toutefois au niveau des marchés locaux déjà liquide ou encore en

brèche.

A Fianarantsoa, Les collecteurs ne sont pas encore nombreux et les ventes se font

généralement de l’apiculteur vers le consommateur.

8 A Ambatolampy, les actions de protection des ressources naturelles menées par la GTZ ne

permettent plus aux exploitants d’exploiter la forêt comme ils veulent.

Etat de la dégradation de la

forêt à AMBOSITRA

Etude de la filière apiculture en vue du développement de l’exportation SAHA – FSP/GDRN

31

III.1 LES TYPOLOGIES ET LES STRATEGIES DES PRENEURS DES PRODUITS APICOLES

III.1.1 Ambositra

Trois typologies de preneurs de miel ont pu être identifiés à Ambositra :

III.1.1.1 Les grands collecteurs individuels

Ce sont des opérateurs qui n’ont pas de moyens de transport mais qui se déplacent en taxi-

brousse. Ils assurent l’acheminement du miel du lieu de production vers le lieu de vente ou

vers d’autres preneurs situés dans un autre marché : Antsirabe et Antananarivo.

Pour eux, la vente se fait à la fois à crédit mais également au comptant avec des prix

variables selon le cours du marché.

Ils font la collecte de miel auprès des paysans apiculteurs si les qualités sont satisfaisantes.

Souvent, ils sont aussi des grands apiculteurs (type « opérateur apicole »). Ainsi, ils vendent

également leur propre production. Un collecteur de ce type arrive à traiter un volume de 600

litres de miel par an et ils constituent les fournisseurs de grands clients d’Antananarivo.

Ce type de preneur développe une grande stratégie dont l’objectif est de toujours marquer la

dominance sur le marché :

Pour assurer l’atteinte de la quantité voulue, il développe le système de

métayage : Il installe des ruches à cadres peuplées auprès des apiculteurs à qui

ils donnent des consignes techniques. 4/5 de la production lui reviennent et 1/5

sera pour l’apiculteur. Cette dernière peut toutefois être achetée par le collecteur

au prix du marché. Avec ce système, il peut déplacer ses ruches d’une zone à

une autre selon l’importance des ressources. Le miel ne peut être extrait que

chez lui qui a le moyen de s’équiper en extracteur.

Aussi, un grand apiculteur, qui est en même temps collecteur, se déplace jusqu’à

Moramanga pour trouver des essaims qui sont là-bas moins chers (à titre

indicatif, à Manjakandriana, un essaim coûte dans les 25 000 fmg) au lieu de

l’acheter très cher à Ambositra (entre 50 000 et 75 000fmg). Lors d’un

déplacement, il ramène jusqu’à 120 ruches. Si ses apiculteurs arrivent un jour à

faire l’acquisition d’une ruche, il déménage ses ruches pour rechercher de

nouveaux paysans intéressés.

Quand la quantité collectée n’est pas suffisante, ce collecteur achète quand même

chez d’autres apiculteurs si le miel est jugé de bonne qualité (sans déchets – bien

operculé)

Etude de la filière apiculture en vue du développement de l’exportation SAHA – FSP/GDRN

32

III.1.1.2 Les petits collecteurs intermédiaires « irakely »

Ils s’approvisionnement directement chez des apiculteurs villageois sans aucune forme de

contrat. Ils se déplacent également en taxi-brousse. Ils ne sont pas des apiculteurs mais sont

justes des acteurs démarcheurs. Ce type de preneur est moins solide financièrement si bien

qu’il ne peut collecter qu’environ 50 litres de miel par an. Il livre le miel chez des

commerçants détaillants et il ravitaille des fois le grand collecteur métayer. Antsirabe et

Ambositra sont les deux principaux lieux d’écoulement de son miel.

Avec ce type de preneur, les paysans apiculteurs se plaignent du non règlement des achats

du miel.

Pour s’assurer que les apiculteurs leur réservent le miel, certains « irakely »

développent le système d’avance sur récolte ou système de « vary maitso »

(littéralement traduit riz encore non mûr) appliqué souvent avec la riziculture. Le

petit collecteur avance une certaine somme d’argent à l’apiculteur au cours d’une

période située en dehors de la récolte, surtout en période de soudure. Le prix est

défini au moment de la négociation et ne change plus au moment de l’achat

(période de récolte) quelque soit le prix du marché.

Pour le « irakely », c’est en fonction du taux d’impuretés / déchets dans le miel

qu’il établit le prix. Il n’a pas de relations contractuelles avec les apiculteurs

comme les grands collecteurs (car il a peu de moyen) mais il se base sur la

connaissance de la région pour trouver le miel (approche géographique)

Afin de réduire le coût du transport pour aller vendre à Antananarivo, les deux types de

collecteurs ont recours aux camionneurs qui acceptent de transporter les bidons pleins de

miel à des frais assez faibles. A titre indicatif, voici les frais de transport pour aller d’Imady9

vers Antananarivo :

Un bidon de 20 l : 5000 Fmg d’Imady vers Ambositra

Un bidon de 20 l : 7000 Fmg d’Ambositra vers Antananarivo

Une personne paye 35 000 Fmg

III.1.1.3 Les ONG de développement

En tant qu’ONG d’appui, le SAF FJKM fait un encadrement technique et assure la

commercialisation du miel des groupements qu’il appuie. Il est garant de la qualité du miel

car assure lui même l’encadrement des apiculteurs avec qui ils travaillent.

Il achète à prix fixe le miel des paysans mais également ceux d’autres apiculteurs en dehors

de ses groupements appuyés et assure l’acheminement des produits jusqu’au lieu de

9 Une zone productrice de miel à Ambositra.

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33

destination. Avec sa propre voiture, il assure le ramassage du miel et la livraison à

Antananarivo. En général, il paie au comptant les apiculteurs mais cela dépend surtout de sa

disponibilité financière.

Sur le plan de la commercialisation, le SAF FJKM a déjà un réseau de distribution à travers

la crèmerie « Tsena Zina » où il vend à prix fixe.

Par an, le SAF FJKM d’Ambositra arrive à collecter jusqu’à 3000 litres de miel dont le

stockage s’effectue dans des bidons en plastique. Une vente dans la région se réalise

toutefois et le miel est conditionné dans des bouteilles en plastique de 1,5l.

Pour SAF FJKM, ses actions sur la filière de collecte revêtent en partie une

promotion régionale car auprès du « Tsena Zina », les consommateurs habitués

à y acheter le miel apprécient le produit d’Ambositra à travers son miel

d’eucalyptus. C’est aussi pour une éducation environnementale car l’apiculture

est la meilleure spéculation qui favorise la protection des ressources naturelles.

Le centre fait d’ailleurs une vulgarisation à la plantation de plantes mellifères et

soutien l’introduction de l’éducation environnementale dans le programme

scolaire.

La collecte et la vente de miel est une activité génératrice de revenu pour le

fonctionnement du centre et le développement de ses activités d’appui.

C’est également le cas de l’ONG Haingoniala mais cette dernière vend elle même du miel

issu de son exploitation. Les foires et manifestations agricoles sont les grandes occasions

pour la vente de ses produits.

III.1.2 Fianarantsoa

Dans la région de Fianarantsoa, l’existence de collecteurs individuels n’est pas très

remarquée. Les producteurs essayent pour la plupart de vendre leurs miels soit

individuellement soit à travers les groupements d’apiculteurs. D’ailleurs, c’est le marché local

qui est pour le moment approvisionné par le miel des apiculteurs de Fianarantsoa.

Deux sortes de preneurs de miel ont été identifiés pour Fianarantsoa :

III.1.2.1 L’entreprise CHAN FOUI :

Elle se fait livrer le miel par des apiculteurs lesquels assurent donc l’acheminement de la

marchandise. Elle fait une filtration du miel pour se débarrasser des impuretés et fait le

conditionnement ‘sous la marque « Miel raffiné de Fianarantsoa », dans des pots en

plastiques de 200, 300 et 500 g. Les apiculteurs sont payés au comptant.

Etude de la filière apiculture en vue du développement de l’exportation SAHA – FSP/GDRN

34

En 2001, CHAN FOUI a traité 400 kg de miel et approvisionne la grande surface et les

grandes épiceries de la ville de Fianarantsoa.

L’entreprise fait une appréciation visuelle de la viscosité et de la couleur de miel pour juger la

qualité du miel et transmet ses exigences à ses fournisseurs.

III.1.2.2 Le groupement « Filantsoa »

Le groupement Filantsoa fait l’achat et le conditionnement de miel.

En matière de stratégies, les preneurs de miel appliquent un prix d’achat fixe pour ne pas

toujours entrer en discussion permanente avec les apiculteurs. Ils préfèrent se faire livrer sur

un point fixe afin de faciliter le ramassage du produit. Aussi, ils exigent une qualité vis-à-vis

de leurs fournisseurs : viscosité – couleur.

III.2 LES DIFFERENTS CIRCUITS DE COMMERCIALISATION

Malgré la présence de plusieurs acteurs d ‘appui, le marché du miel des régions d’Ambositra

et de Fianarantsoa manque de structuration. Chaque acteur est libre de vendre sur le

marché qui le convient et adopte le circuit qui l’arrange.

Pour Ambositra, le miel trouve surtout preneur en dehors de la région : Antsirabe et

Antananarivo. Mais on a l’impression que toutes les transactions se passent inaperçues sans

un moyen permettant de suivre leurs traces. En partant des ruches des apiculteurs, le miel

circule d’une main à une autre entre plusieurs acteurs intermédiaires et parfois, la qualité du

miel change entre deux acteurs intermédiaires : fraude.

Sur le marché local, le miel est vendu à l’état liquide (en bouteille de différente contenance)

mais surtout en brèches notamment dans les marchés des communes. Les apiculteurs à

proximité des routes nationales ont la possibilité de vendre sur les bords des routes

directement aux consommateurs qui y passent.

Le prix du miel varie de 10 000 à 15 000 fmg /l auprès des producteurs. Le prix est devenu

beaucoup plus élevé sur le marché d’Ambositra comme le montre le tableau suivant :

Etude de la filière apiculture en vue du développement de l’exportation SAHA – FSP/GDRN

35

Tableau 14 : Variation du prix du miel - Ambositra

j f m a m j jl a s o n d

Zone Nord et Est Evolution du prix

producteur zone nord15 000 f/l

10 à 11 000 f/l

13 à

Zone Sud

Prix producteur sud 1 seau de contenance 12

à 15 l : 40 à 75 000 f

brèche

ou 5 à 6000 f/l

Prix miel marché

Ambositra

20 000 f/l--- ---15 à 17 000 f/l-- ------

Pour la région de Fianarantsoa, et dans la majorité des cas, les apiculteurs vendent

directement leurs produits soit sur les marchés communaux soit sur d’autres lieux

d’attraction comme à Ranomafana.

Pour le cas des organisation paysannes KOLOHARENA appuyées par le programme LDI,

une structure spécialisée (responsable marketing) essaie de prospecter des marchés et

organise en cas de besoins des rencontres entre les opérateurs concernés.

En général, les intermédiaires sont rares dans la région contrairement à la situation

rencontrée à Ambositra.

La variation du prix est la suivante au cours d’une année :

Tableau 15 : Variation du prix du miel – Fianarantsoa

j f m a m j jl a s o n d

Prix producteur Sup ou = à 15

000 f/l

--- --10 à 15 000 f/l------- --Sup ou= à 15 000f/l---

Sahambavy (cas d’un

grand exploitant qui

arrive à vendre 500 à

1000 kg par an)

------------------------12 500 f/kg de miel pendant toute l’année--------------------

Que ce soit pour la région d’Ambositra ou celle de Fianarantsoa, l’adhésion à des

associations paysannes est un moyen utilisé pour rechercher du marché et d’écouler le

produit sur un circuit assuré.

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36

Les figures suivants représente les circuits de commercialisation du miel dans les régions

d’Ambositra et de Fianarantsoa.

Figure 1 : Circuit de commercialisation du miel - Ambositra

Figure 2 : Circuit de commercialisation du miel - Fianarantsoa

Fournisseursd ’essaims

SAF FJKMCollecteurs

intermédiaires

Grandscollecteursapiculteurs

Apiculteurs individuels ou groupements

Transformateurs/RevendeursAntananarivo

Commerçantsmarché urbain

Commerçantsmarchésruraux

La Pépinière dela Mania

RevendeursAntsirabe

CONSOMMATEURS

SAHA - Haingoniala - DRD

Distributeurs

Apiculteurs

Individuel et Association

Revendeurambulant

Organisationconfessionnelle

(Maromby)

Collecteursconditionneurs

CONSOMMATEURS

Fournisseurd ’essaims

Commerçantsmarché

communauxGMS et épiciers

Fianarantsoa

Programme SAHA - LDI - PSDR

GMSAntananarivo

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III.3 RELATIONS ET CONFLITS ENTRE ACTEURS

Les différents acteurs arrivent généralement à établir des relations de confiance. C’est

principalement le paiement de certains preneurs qui constitue le sujet de conflit entre

apiculteurs et acteurs commerciaux.

Entre acteurs commerciaux, il règne un fort atmosphère de concurrence. Cette concurrence

ne se passe pas uniquement au niveau des acteurs internes à la région mais également

avec les acteurs des autres régions exploitant aussi le miel.

IV La fiscalité

Dans la région d’Ambositra, un opérateur a avancé que les collecteurs sont taxés de 500

fmg par litre pour la collecte de miel. A Fianarantsoa, on n’a pas entendu parlé de ristournes

à la collecte de miel.

V Les contraintes et atouts pour la région du Betsileo

V.1 LES CONTRAINTES

La filière apiculture de la région du Betsileo fait face à un certain nombre de problèmes :

A- Sur le plan environnemental

- la plus importante de la contrainte de la filière est fortement liée à la diminution des

ressources naturelles.

En effet la dégradation tendant vers l’irréversible de certaines couvertures forestières fait

diminuer les potentiels apicoles de cette région de Madagascar. Cette dégradation est

surtout due aux activités humaines telles : la production de charbon, l’exploitation pour

les bois de chauffe et les bois d’œuvre. Cette situation concerne Ambositra et

Fianarantsoa II.

- Suite à des actions de lutte anti-acridienne (1997) à Ambositra, l’utilisation des

insecticides a causé d’énormes pertes au niveau du cheptel apicole d’Ambositra.

Actuellement, ce dernier est en train de reprendre progressivement.

- L’irrégularité des conditions météorologiques se répercute sur le volume de la production

d’une année à une autre. Cette irrégularité est en grande partie liée à la quasi

dégradation de la couverture végétale de la région.

Etude de la filière apiculture en vue du développement de l’exportation SAHA – FSP/GDRN

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B- Sur le plan de la production

- L’insuffisance de moyens financiers handicapent les paysans qui veulent à la fois

s’investir dans la production d’une façon conséquente et développer les activités

apicoles. Ainsi, soit que les apiculteurs restent au stade du traditionnel dans ses

exploitations, et c’est d’ailleurs le cas le plus fréquent, soit que ceux qui ont plus de

moyen limitent le nombre de ruches modernes. La réalité est que ce sont les ruches

modernes qui procurent le plus de rendement.

- La plupart des modes de production actuels, de traitement et de conditionnement du miel

ne permettent pas d’assurer une meilleure qualité du miel.

- La désertion des essaims est fréquente et reste un domaine non maîtrisé par les

apiculteurs

C- Sur le plan commercialisation

- Pour une région où le miel fait sa renommée depuis plusieurs années, il n’y pas de

structure ni d’organisation forte arrivant à réunir les acteurs de la filière. Par conséquent,

ce sont les acteurs intermédiaires qui profitent le plus souvent des difficultés financières

des apiculteurs. En plus, il n’y a aucune structure qui permet de garantir les qualités du

miel une fois qu’il quitte le producteur.

- Les marchés régionaux ne sont pas de grands consommateurs de produits apicoles si

bien que les producteurs et autres acteurs économiques de la région sont contraints de

toujours prospecter des marchés hors régions pour écouler leurs produits.

Individuellement cette situation élimine les petits paysans incapables d’assurer cette

fonction.

A un niveau global le manque de moyens et de personnel du secteur d’appui public constitue un handicap à l’harmonisation de toutes les actions qui se font au sein de la filière

V.2 LES ATOUTS

- L’émergence des organisations paysannes est remarquable. Une preuve de maturité

émerge de ces organisations et peut toujours être renforcée. Pourtant cette situation

risque de devenir un blocage s’il y a trop de groupements qui se forment et lesquels

restent très dispersés dans leurs activités car dans toute l’Amorin’i Mania, 200

groupements d’apiculteurs existent.

Etude de la filière apiculture en vue du développement de l’exportation SAHA – FSP/GDRN

39

- La présence des acteurs d’appui : technique – financier – organisationnel – en

équipement, privilégie le développement de la filière dans ces régions par rapport à

d’autres.

- Le miel est un produit ayant toujours fait la renommée de la région du Betsileo. C’est

encore le cas aujourd’hui et Ambositra est même appelé comme « la capitale de

l’apiculture ».

- Les couvertures forestières constituant un avantage de la région du Betsileo peuvent

encore être protégées.

- Les principales zones apicoles sont généralement accessibles

VI Les perspectives

D’une vue synthétique, c’est la région de Fianarantsoa qui a encore le plus de potentiel

quant à un développement de l’activité apicole. Les actions d’appui sont encore récentes et

tout le potentiel mellifère des réserves forestières n’est pas encore tout à fait exploité.

Un Centre de Traitement des Produits Apicoles a été implanté par l’Etat à Fianarantsoa en

1972. Il a arrêté de fonctionner dans les années 80 suite à des problèmes financiers.

Actuellement, ce centre n’est pas encore très fonctionnel. Aucun opérateur privé n’a encore

pris sa gérance. Mais les apiculteurs doivent tirer profit de son existence dans la région pour

produire du miel de qualité.

Quant à la région d’Ambositra le dispositif nécessaire pour mener une exploitation tendant

vers l’intensification est presque déjà mis en place : efficacité des actions des acteurs

d’appui – importance des effectifs des apiculteurs – évolution du nombre de ruches

modernes exploitées – évolution de la technicité – niveau d’exploitation du potentiel

mellifère. C’est au niveau organisation de la commercialisation que les lacunes se posent

encore.

Aussi l’apiculture d’Ambositra privilégie les acteurs locaux lesquels prennent eux-mêmes en

main les différentes étapes de la filière (fabrication de matériels apicoles - production –

commercialisation). Des apiculteurs d’Ambositra intensifient même leurs activités vers

d’autres régions de Madagascar : Moramanga – Sud Est. Ce n’est pas le cas pour d’autres

régions où ce sont les collecteurs étrangers qui tirent profit de leurs miels.

Etude de la filière apiculture en vue du développement de l’exportation SAHA – FSP/GDRN

40

TABLE DES ILLUSTRATIONS

Carte 1 : Carte de localisation des zones apicoles Ambositra - Fianarantsoa .........................7

Figure 1 : Circuit de commercialisation du miel - Ambositra ..................................................36

Figure 2 : Circuit de commercialisation du miel - Fianarantsoa .............................................36

Tableau 1 : Saison apicole région Ambositra...........................................................................4

Tableau 2 : Saison apicole région Fianarantsoa ......................................................................5

Tableau 3 : Quantification de la production de miel Ambositra et Fianarantsoa (élevage et

cueillette)...........................................................................................................................8

Tableau 4 : Evolution de la production de miel à Ambositra de 1997 à 2000 ..........................8

Tableau 5 : Evolution des nombres de types de ruches – Région Ambositra........................10

Tableau 6 : Conduite du rucher - Ambositra ..........................................................................12

Tableau 7 : Conduite du rucher - Fianarantsoa......................................................................14

Tableau 8 : Traitement par égouttage du miel .......................................................................15

Tableau 9 : Cas d’une exploitation avec des ruches à barrette et dont la production par ruche

par an est de 5 litres - Ambositra ....................................................................................24

Tableau 10 : Cas d’une exploitation moderne avec des ruches à cadres et utilisant un

extracteur artisanal en bois .............................................................................................25

Tableau 11 : Cas d’une exploitation avec des ruches à cadres moderne et utilisant un

extracteur en fut métallique à 3 cadres ...........................................................................26

Tableau 12 : Cas d’une exploitation à ruches à cadres modernes employant un extracteur

artisanal en métal............................................................................................................27

Tableau 13 : Cas d’une exploitation qui a 80 ruches à cadres et équipé d’un extracteur à 20

cadres .............................................................................................................................28

Tableau 14 : Variation du prix du miel - Ambositra ................................................................35

Tableau 15 : Variation du prix du miel – Fianarantsoa...........................................................35